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Chapitre 3 Méthode de recueil des données

3 Modalités de recueil de données

3.2 Recueil des données dites « intrinsèques » lors des entretiens d’autoconfrontation

Nous présentons en suivant, d’une part les modalités d’organisation des EAC et, d’autre part, la procédure adoptée pour la réalisation des EAC.

3.2.1 Organisation des entretiens d’autoconfrontation

À l’issue de chacun des temps constitutifs du dispositif de formation (dans un délai maximum de 48 heures), chaque participant a été invité à réaliser un EAC avec le chercheur. Les EAC ont été réalisés à chaque étape du dispositif par l’ensemble des acteurs impliqués, excepté pour l’Étape 1.

Ces EAC ne portaient pas sur la totalité de l’enregistrement audio vidéo des séquences de formation ou de classe. En début d’EAC le chercheur et les acteurs autoconfrontés sélectionnaient ensemble les différentes séquences supports à l’autoconfrontation. Pour ce faire, il était conventionnellement convenu que chaque EAC dure entre une heure et une heure trente minutes, et prenne appui sur deux à trois séquences d’une durée totale comprise entre 15 et 20 minutes.

Chaque EAC a été réalisé avec l’aide d’une ou deux caméras numériques, positionnées sur pied fixe enregistrant en continu, d'une part, la diffusion de l'enregistrement audio vidéo du temps de la formation des TN sur un écran d’ordinateur et, d'autre part, les verbalisations de l’acteur autoconfronté et du chercheur. Durant chaque EAC, le chercheur et l’acteur pouvaient arrêter l’enregistrement audio vidéo et revenir en arrière en fonction du caractère significatif des évènements visionnés (Photo 9 et 10).

Au total, 16 EAC ont été réalisés pour mener cette étude (Tableau 6). Ils étaient dans le détail répartis comme suit :

- Étape 1 : aucun EAC n’a été mené lors de cette étape.

Photo 9 : Extrait de prise de vue d’EAC entre le chercheur et la TN1

Photo 10 : Extrait de prise de vue d’EAC entre le chercheur et le TN2

- Étape 2 : 2 EAC ont été réalisés suite à la formation avec la TN1 et le TN2 qui vont suivre l’ensemble de la formation (la TN3 a uniquement été filmé dans l’usage de la plateforme).

- Étape 3 : des EAC ont été réalisés suite à ce temps de formation à chacun des TN et au FU. 4 EAC ont été réalisés.

- Étape 4 : 4 EAC ont été réalisés suite à l’ECP de chacune des dyades (ES-TN), soit un avec chacun des membres de chaque dyade.

- Étape 5 : 4 EAC ont été réalisés soit un avec chacun des membres de chaque triade. - Étape 6 : 2 EAC ont été réalisés à chacun des TN.

3.2.2 Procédure adoptée lors des entretiens d’autoconfrontation

Pour l’ensemble des EAC menés, une procédure identique a été respectée.

Au préalable, le choix des séquences audio vidéo supports aux EAC a été opéré en fonction de leur pertinence au regard des règles faisant l’objet du conseil. Ainsi, à chaque EAC, les acteurs et le chercheur ont sélectionné collectivement les extraits les plus significatifs de l’ECP ou de la leçon au regard des règles objet de formation. Il s’agissait plus précisément de retenir les extraits lors desquels les règles avaient été enseignées et/ou expliquées en ECP ou lors desquels elles avaient été suivies en leçon. Compte tenu de la multiplicité des données enregistrées, une sélection a été réalisée sur la base de quatre critères avant de s’engager dans les EAC :

- La durée de la séquence : nous avons cherché à identifier des séquences de formation suffisamment longues dans le temps (entre 5 et 10 minutes chacune pour un total de 15 à 20 minutes) ;


- La nature de l’activité des acteurs pendant la séquence : les séquences retenues étaient celles au cours desquelles tous les acteurs étaient impliqués ;

- L’objet de la discussion entre les acteurs : les séquences sélectionnées portaient sur un temps d’échange entre les acteurs à propos d’une règle objet de la formation ;
 - L’intérêt de la séquence par rapport au suivi des règles enseignées, expliquées et/ou

suivies dans la formation.

Avant chaque EAC, le chercheur décrivait à l’acteur concerné le déroulement de l’entretien (par exemple : « nous allons regarder ta première activité d’enseignement, je vais

te poser quelques questions sur ce que tu fais et ce que tu en penses, puis on parlera sur ça. Surtout tu peux arrêter la vidéo quand tu le souhaites, si tu veux me dire quelque chose qui te

semble important, qui est significatif pour toi à un moment de l’activité d’enseignement par exemple »).

Lors de chaque EAC, l’objectif du chercheur consistait à remettre en situation les acteurs en provoquant les conditions d’une immersion mimétique dans la situation d’enseignement travail et/ou de formation observée (Durand, 2008). L’enjeu était pour le chercheur de demander à l’acteur autoconfronté de suspendre toute analyse de son expérience. Plus précisément, le chercheur a accédé aux critères d’intelligibilité de l’activité de l’acteur « en se faisant instruire » par lui sur la signification de son activité visionnée, et ce par l’engagement d’un questionnement permettant de soutenir une sorte « d’étayage à l’envers » (Ogien, 2007) lui permettant d’apprendre à signifier comme lui et à faire comme si c’était à lui d’agir conformément aux modes opératoires énoncés. Dans le détail, les EAC ont été conduits de façon à pouvoir reconstituer a posteriori les règles suivies par les acteurs au cours des séquences de formation et/ou de classe. Par un questionnement semi-structuré, le chercheur incitait l’acteur interviewé à :

- Identifier l’objet de son activité visionnée sur la vidéo (par exemple : « qu’est-ce que

tu fais à ce moment-là ? »)

- Porter un jugement sur son activité (par exemple : « comment juges-tu l’action que tu

viens de réaliser ? Qu’est-ce que tu penses de cette remarque ? ») et l’objet qui y était

associé (par exemple : « quand tu dis : « ce n’est pas clair ». Qu’est-ce que tu estimes

efficace ? »).

- Justifier (au sens d’étayer) son jugement (par exemple : « qu’est-ce qui te fait dire que

le conseil que tu lui donnes n’est pas pertinent ? »). Cette demande de justification

s’est accompagnée le plus souvent de relances. Celles-ci ont été effectuées soit par une demande de précision (par exemple : « je ne comprends pas pourquoi tu considères

cette action comme intéressante, peux-tu m’expliquer ? »), soit par la mise en jeu d’une

controverse plaçant l’acteur autoconfronté face à des contradictions apparentes (par exemple : « tu me dis là que c’est plutôt bien de séparer l’enseignement et la

présentation de la situation alors que tu disais juste avant que c’est à cause de cette séparation que tu as perdu trop de temps ») ;

- Décrire les résultats potentiellement attendus compte tenu de l’activité menée (par exemple : « qu’est-ce que tu attends quand tu lui poses cette question ? »).

Chapitre 4

Méthode de traitement de données

Ce chapitre décrit le cadre et la procédure de traitement des données recueillies. Toutes les données recueillies ont été traitées à partir de la procédure proposée par Chaliès et al. (2008 ; 2010). Cette procédure a néanmoins été aménagée compte tenu de l’objet singulier de la recherche. Les données recueillies ont été traitées en six temps successifs présentées en suivant.