• Aucun résultat trouvé

4. Discussion

4.4 Reconnaissance du diplôme en Suisse et ailleurs

Les résultats de cette section ont une grande importance parce qu’ils nous permettront d’ajuster notre réflexion et nos hypothèses.

La dixième question sur les formations complémentaires nécessaires à l’engagement des diplômés en éducation nous a révélé que pour environ le tiers des participants, la reconnaissance de leur papier n’a pas été évidente. En effet, ils ont été obligés de suivre des formations internes ou même de recommencer une nouvelle formation pour pouvoir obtenir les postes qu’ils désiraient.

Si nous regardons les résultats de plus près, 68% des réponses concernent des postes dans l’enseignement spécialisé. Les participants ont également mentionné deux postes de direction. Les compléments demandés ("gestion d’équipe" et "management") dans ces deux cas, semblent relever de formations internes ou de spécialisation. On constate que si la formation universitaire peut préparer les étudiants à occuper des postes à responsabilité, elle doit parfois être complétée.

Pour les postes dans le domaine éducatif et social, une formation complémentaire n'a été demandée que pour trois postes. Logiquement du point de vue de la formation, les étudiants ont moins de difficultés à s’insérer dans ce champ professionnel que dans celui de l'enseignement spécialisé.

En ce qui concerne la onzième question qui traite de la concurrence pour l’obtention de postes, nous avons pu définir que sur les 39 répondants qui se savaient en concurrence lors d’entretiens d’embauche, 73% des postes indiqués ont finalement été obtenus. Cette question est surtout intéressante car elle nous permet de constater que ces anciens étudiants ont obtenu la majorité des postes auxquels postulaient également des concurrents de filières voisines, ce qui représente un résultat positif. Ces postes concernent aussi bien l’enseignement que le social-éducatif. Nous pouvons donc encore en déduire que les compétences des étudiants en éducation spéciale sont appréciées, qu’ils savent mettre en avant leurs compétences et faire parfois la différence.

De plus, la douzième question nous apprend que plus de la moitié des répondants (64%) affirme qu’on ne leur a jamais refusé un poste parce que leur formation n’était pas reconnue (contre 19% de "oui"). Dans les postes signalés comme refusés, il y a autant de postes d’éducateurs spécialisés que d’enseignants spécialisés. Si nous séparons les résultats selon les diplômes, nous avons vu qu’un plus grand pourcentage d’étudiants en maîtrise répond positivement à cette question (30% contre 13% en licence). Ce résultat semble confirmer notre hypothèse selon laquelle la problématique de l’harmonisation et de la reconnaissance des diplômes prend de l'ampleur en Suisse et à Genève. Elle risque de devenir un enjeu important pour la formation en éducation spéciale de la FPSE.

De plus, la moitié des répondants a signalé des difficultés particulières lors des recherches d’emploi. La plupart des participants citent un manque de reconnaissance. Cependant, malgré

la problématique complexe autour de la reconnaissance du diplôme, ils sont engagés par les employeurs (parfois sous certaines conditions). Malgré un diplôme universitaire, la plupart des participants se présentent pour des postes à qualifications moins élevées. Ce constat peut paraître à première vue paradoxal puisqu'ils ont suivi une formation de niveau universitaire mais même un poste de cadre nécessite de l'expérience pratique. Comme cette expérience est insuffisamment donnée à l'Université, ils doivent l'effectuer après les études.

Par ailleurs, ils sont quelques-uns à nous alerter sur un sujet sensible, c’est-à-dire les problèmes d’équivalences salariales. La reconnaissance ne passe pas simplement par l'obtention d'un emploi dans le domaine plus ou moins large d’une formation. La question de la rémunération est également très importante. C'est pourquoi, une question spécifique à ce sujet aurait également été intéressante. Avec une formation de niveau universitaire, il est inquiétant et dommageable que certains, même s’il ne s’agit pas de la majorité, se plaignent de cette situation. D’autres racontent qu'ils se sont vus proposer des postes sous-qualifiés, ce qui est également regrettable. Cette situation tient sans doute au manque d'informations sur les qualités et les spécificités de la Maîtrise en éducation spéciale.

De plus, 29% des participant ont été confrontés à des jugements négatifs sur la formation en elle-même. Ces réponses sont intéressantes, car elle nous donne un aperçu du regard porté sur la formation en éducation spéciale dans le monde du travail, par certains employeurs. Le manque de pratique contrebalancé par la vision trop théorique et académique de la formation revient plusieurs fois dans les propos des anciens étudiants. Certains employeurs pourraient donc être moins motivés à engager des étudiants en éducation spéciale pour cette raison.

D’autres commentaires sont à prendre en considération. En effet, 16% des répondants ont soulevé un problème de préférence dans l’attribution des postes. Selon certains, le système dans son ensemble privilégie les étudiants qui sortent des Hautes Ecoles pour des raisons politiques. La formation en éducation spéciale serait ainsi en partie mise à part, à l’écart.

Toutes ces données nous amènent à penser qu’il devient nécessaire de positionner cette formation, ses principes et ses qualités dans le champ professionnel. Plus particulièrement, il vaudrait la peine de mettre en place une communication efficace quant aux enjeux de la prise en charge des personnes présentant des besoins éducatifs particuliers et de mettre en avant les

atouts de la formation à la FPSE et les particularités des outils enseignés, ainsi que leur efficacité.