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4. Discussion

4.1 Choix de la formation

De nombreux participants ont découvert la formation en éducation spéciale par l'intermédiaire de connaissances ou directement à l'Université (documents informatifs, réorientation). Les gens de l'entourage plus ou moins proche communiquent donc sur ces études et transmettent peut-être aussi l'envie de s'inscrire. Puisque les relations communiquent sur cette formation, c'est également fort probable qu'elle soit connue dans divers milieux et nous pouvons alors imaginer qu'elle jouit d'une certaine visibilité.

L'Université et ses différents acteurs jouent également un rôle informatif important puisque plusieurs participants ont découvert ces études de l'intérieur lorsqu'ils cherchaient des renseignements divers. Même si les intermédiaires comme Internet, les offices pour l'orientation et le collège ont été moins souvent choisis, nous pouvons constater que la formation y est présente et que les individus peuvent y trouver des indications.

De plus, la deuxième question nous a permis de constater que la majorité des participants était intéressée par une formation de type universitaire et par les cours qu'elle propose.

L'engagement en formation était donc généralement motivé par la nature universitaire des études et ses différentes qualités. Ils sont peu nombreux à avoir invoqué la proximité de l'établissement, le manque de connaissances sur les autres formations ou un choix par défaut et l'intérêt pour les enseignants est à prendre ici de manière anecdotique puisque ceux-ci ne sont généralement pas connus du public avant les premiers cours.

Cependant, la troisième question nous révèle que bien que les participants choisissent majoritairement la formation en éducation spéciale pour son caractère universitaire, paradoxalement, ils n'envisagent initialement que peu les postes de responsables, de chercheurs ou encore dans l'enseignement supérieur. Il s'agit pourtant de postes en lien direct

avec les compétences recherchées chez les universitaires. Au contraire, ils aspirent majoritairement à des métiers découlant de formations professionnalisantes, c'est-à-dire éducateur spécialisé et enseignant spécialisé, alors que la formation en éducation spéciale de la FPSE ne donne pas directement droit à une reconnaissance professionnelle absolue pour le premier et que pour le second, il faut actuellement un diplôme reconnu par la CDIP27.

De plus, le pourcentage élevé des réponses liées à un intérêt général pour le domaine des activités éducatives et sociales, nous amènent à penser que puisque plusieurs répondants n'avaient pas d'idées précises de professions à exercer - car certains se seraient alors sûrement dirigé vers des formations professionnalisantes (ex : IES) - ils avaient alors peut-être un intérêt plus poussé à ne pas devenir de "simples" éducateurs mais attendaient quelque chose de plus de la part de cette formation universitaire. Le fait que cette formation ne cantonne pas dès le départ à un métier précis peut donc être attrayant pour certaines personnes.

Par ailleurs, si l'on compare les résultats de la troisième et de la quatrième question, on constate que si seulement 18 participants sur 107 aspiraient à un poste de responsable pédagogique ou de membre de direction, 39 sur 107 ont répondu avoir pensé que ces études universitaires les mèneraient à un poste à responsabilités. Il y a donc d'avantage de participants qui ont pensé que ces études universitaires les mèneraient à un poste à responsabilité sans forcément y aspirer au début de leurs études.

Ce décalage peut aussi s'expliquer par les deux raisons suivantes. Premièrement, tout dépend de comment chaque personne a interprété la définition d'un poste à responsabilité. En effet, cela peut également rejoindre l'hypothèse selon laquelle plusieurs participants aspiraient à des postes plus intéressants au niveau des responsabilités, en encadrant ou formant par exemple d'autres personnes, sans forcément vouloir devenir responsable ou directeur. Deuxièmement, nous n'avons pas précisé un laps de temps à l'intérieur de cette question. Il peut donc s'agir d'avoir un poste à responsabilité tout de suite ou dans un avenir plus ou mois lointain.

Pour finir, la cinquième question nous permet d'attester que depuis les années 2000, la grande majorité des étudiants en éducation spéciale à la FPSE se trouve en formation initiale. La

27 anciennement la formation LME était la prescription à Genève pour l’enseignement spécialisé même si elle

n'est pas reconnue par la CDIP

tendance nette d’une évolution du public cible de la formation universitaire genevoise en éducation spéciale se confirme, par rapport à la volonté de départ des années 1975-1976, d'accueillir des étudiants avec soit déjà un diplôme professionnel ou pouvant attester d’une expérience professionnelle préalable. La plupart des aspirants à ces études ne viennent pas dans l’optique de se spécialiser ou de se perfectionner (ex : formation continue) pour leur pratique professionnelle. Ils n’ont pas de métiers préalables et considèrent donc cette formation comme une formation de base dans le domaine. Le rôle de l'Université d'offrir une formation supérieure et supplémentaire (complémentarité souhaitée avec les autres formations) est moins évident aujourd'hui puisque pour la plupart des étudiants, il s'agit d'une formation initiale.

En 1990, un professeur de la FPSE a remarqué que les étudiants en formation initiale paraissaient plus incertains sur leur avenir, leurs motivations et leurs perspectives professionnelles que les autres. Ce flou pourrait s'expliquer par la nature même de la formation initiale. En effet, comme les étudiants sont de plus en plus jeunes et sans expériences préalables, il est normal que certains éprouvent des difficultés à définir leurs attentes professionnelles. C'est sûrement aussi pour cette raison que nous répondants ont mentionné à 36% un intérêt pour les professions éducatives et sociales.

Nous pouvons alors nous demander si ce large public à véritablement conscience, lorsqu'il commence la formation, de la dimension non professionnalisante de celle-ci. En effet, le nombre important d'anciens étudiants convoitant les métiers d'éducateur et d'enseignant spécialisé est élevé et il est légitime de se demander si la FPSE communique suffisamment sur ce sujet. Une amélioration a été fournie en 2008-2009 avec l'introduction des perspectives professionnelles dans le programme des cours mais celui-ci ne mentionne pas clairement le caractère non professionnalisant des études et laisse planer certaines interrogations avec sa mention "selon les règles cantonales" ajoutée en 2011-2012. Il serait peut-être important et utile d'améliorer encore la transmission d'informations sur la question des débouchés, ce qui pourrait éviter par exemple certaines déconvenues (ex : l'obligation de compléter sa formation pour obtenir le poste désiré).