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Recommandations de politiques économiques

CHAPITRE 4: RÉSULTATS, INTERPRETATIONS ET RECOMMANDATIONS

4.4 Interprétations des résultats et recommandations

4.4.2 Recommandations de politiques économiques

A partir des résultats obtenus et analysés précédemment, nos recommandations concourent à la mise en place d'une politique d'investissement public au Niger mieux ciblée, plus performante, et porteuse de croissance. Dans le cadre de la politique nationale d'investissement public, les actions suivantes peuvent être proposées :

Assurer une meilleure allocation des dépenses d'investissement public

La présente étude a mis en exergue l'effet positif des investissements en infrastructures routières et dans une certaine mesure en capital humain sur la production rurale et l'effet insignifiant de l'investissement direct dans la production rurale. Les résultats de l'étude ont également permis de voir l'impact du développement financier sur la production rurale.

A partir de ces constats, l'étude montre que, dans le contexte nigérien, les dépenses publiques d'investissements devraient être orientées en priorité vers les infrastructures routières, d'électrification et d'autres types d'investissement touchant le capital humain comme la santé, l'éducation et l'hydraulique.

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Revoir les modalités d'allocation des ressources provenant des prêts et des subventions L'étude ayant montré l'inefficacité de l'investissement direct dans l'agriculture traditionnelle, il y a lieu de repenser les stratégies de mobilisation des financements à des fins d'investissement.

A l'avenir, il est important de revoir les programmes d'utilisation des financements obtenus auprès des différents bailleurs de fonds internationaux suite à des prêts ou des subventions.

Les financements doivent être plus orientés vers les infrastructures (principalement les routes), le capital humain et les autres secteurs confirmés porteurs de croissance et non vers les projets d'agriculture de type traditionnel ou extensif pour lequel les actions sont mal ciblées, mal gérées et sans impact réel durable. Pour ce secteur d'intervention, une partie de l'aide subventionnée pourrait être investie et selon les précautions décrites au point suivant.

Axes possibles d'intervention de l'Etat dans le monde rural

Il est important de rappeler au préalable que cette étude ne remet nullement en cause la pertinence et l'opportunité des investissements productifs directs dans l'agriculture irriguée.

Pour cette composante du développement rural, la rentabilité économique n'est ni abordée ni remise en cause par les résultats de notre étude.

Sur cette base, les propositions suivantes sont formulées au cas où l'Etat tiendrait à investir directement dans l'agriculture extensive (les précautions suivantes devraient être prises) :

Allouer si possible des ressources provenant de subventions pour assurer le financement de l'agriculture extensive à travers les projets de développement rural centrés sur l'agriculture traditionnelle ;

Réduire les dépenses de fonctionnement surtout dans les projets : en effet, l'étude faite par Rampnoux et Beidou (1992) a montré qu'à peine 38,5% des dépenses des projets de développement rural sont consacrées à l'investissement productif contre 52,6% aux dépenses à caractère administratif(fonctionnement pour 42,1% et appui administratifpour 10,5 %). Il en est de même pour les secteurs relevant du capital humain. Dans le secteur de la santé, Rampnoux et Beidou (1992) ont montré que 40,58% des dépenses sont affectées au fonctionnement des projets et 15,5% à l'administration publique alors que l'appui aux populations ne retient que 21,78% et les infrastructures sanitaires 22,09%.

Au niveau de l'éducation, seulement 50,4% des dépenses sont affectées à la construction d'infrastructures c'est-à-dire à la fonction éducation représentant l'investissement productif.

Dans ces conditions, il est important d'assurer un meilleur suivi pour l'affectation judicieuse et l'utilisation rationnelle des ressources mises à la disposition des projets de développement pour augmenter la production, réaliser des infrastructures socio-économiques et accroître les capacités organisationnelles et de gestion des populations.

- Accroître les dépenses d'investissement qui ont un effet à court et long terme comme les routes rurales, l'éducation, la santé et l'hydraulique dans le cas des projets intégrés ;

Accorder une importance à la formation des agriculteurs d'abord pour renforcer leurs capacités organisationnelles et de gestion en vue d'augmenter la productivité et ensuite en vue de redéployer la population agricole supplémentaire à des métiers autres que l'agriculture dans le monde rural.

- Redéfinir le rôle de l'Etat dans la mise en œuvre des programmes de développement

La redéfinition du rôle de l'Etat en cours dans le cadre des réformes institutionnelles devra prendre également en compte la mise en œuvre des programmes d'investissement public.

Compte tenu de l'absence d'impact des projets de développement rural exécutés par les services publics ou assimilés, il semble plus viable que l'Etat ne soit plus opérateur (à travers ses multiples démembrements) dans la mise en œuvre des programmes d'investissement.

L'Etat devra plutôt assurer la mobilisation des financements, créer un cadre incitatif pour la promotion de la production et assurer le suivi efficient de la mise en œuvre des dépenses d'investissement par les différents intervenants.

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Poursuivre l'intensification de la production agricole

L'ETAT doit poursuivre et encourager l'intensification de la production agricole en privilégiant l'irrigation à travers la maîtrise des eaux souterraine, de surface et de ruissellement, des actions d'intensification des systèmes de production, la poursuite des actions de recherche sur les spéculations économiquement rentables.

Diversifier la production et assurer la transformation des produits

Pour mieux valoriser la production du secteur rural, il est important d'assurer non seulement la diversification des activités _de production mais aussi et surtout la transformation de la production qui est créatrice de valeurs ajoutées.

Poursuivre et améliorer la gestion du foncier

La pression foncière étant forte, il est important d'améliorer la politique nationale actuelle en matière de gestion du foncier et de continuer la mise en œuvre de la politique de planning familial pour lutter contre ses effets négatifs.

Politique d'accompagnement en matière de développement financier

Compte tenu de l'importance du rôle que peut jouer le système financier dans le développement de la production, il est recommandé de favoriser l'émergence d'institutions de financement (décentralisation des banques commerciales et agricoles, mise en place d'institutions décentralisées de micro finance) et de créer un cadre réglementaire plus incitatif à même de promouvoir la décentralisation effective des structures et des systèmes de financement du monde rural.

Rehausser le niveau d'investissement

Compte tenu du faible niveau du taux d'investissement, qui tourne autour de 12% en moyenne sur la période 1990 à 2000, il est important d'augmenter le niveau d'investissement (au moins au niveau de convergence des pays de l'UEMOA) afin de stimuler davantage la croissance de la production rurale et une croissance économique plus durable.