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Faire une recherche sur le risque en Sociologie : théories, méthodes, méthodologies méthodologies

Au-delà de toutes les difficultés énoncées précédemment, nous croyons que le risque peut être très utile, et même essentiel pour comprendre les sociétés actuelles. Dans les sections précédentes, nous avons vu que le risque peut être étudié selon quatre niveaux : le niveau psychologique (la situation est définie par rapport à un individu), le niveau culturel (la situation est définie par rapport à un groupe culturel), le niveau sociologique (la situation est définie par rapport à un groupe social) et le niveau anthropologique (la situation est définie par rapport à l‟espèce humaine). Comment avons-nous mené notre recherche en Sociologie sur le risque ? Nous allons maintenant présenter les théories, les méthodes et les méthodologies que nous avons utilisées au cours de notre propre enquête.

4.1. Le risque comme thème de recherche

Choisir le risque comme thème de recherche nous a conduite presque automatiquement à inscrire notre travail dans le domaine de la Sociologie du Risque. Oui, mais fallait-il choisir entre l‟une ou l‟autre des deux types de Sociologie du Risque précédemment identifiées ? Nous avons pris le parti de ne pas d‟emblée choisir entre l‟un ou l‟autre de ces deux types de Sociologie du Risque, c‟est-à-dire que le risque apparaît comme subi

1

Il a toutefois utilisé le terme "post" dans un article intitulé Living in a post-industrial society, Reflexive Modernization : Politics, Tradition and Aesthetics in the Modern Social Order, Ulrich Beck, Anthony Giddens et Scott Lash (dir.), Polity Press, Cambridge, 1994/2000, p.56-109.

2

"modernité avancée" est en français l'expression qui est la plus souvent utilisée pour traduire celle de "late modernity". Concernant Giddens, voir Michel Audet et Hamid Bouchikhi (dir.), Structuration du social et modernité avancée. Autour des travaux d’Anthony Giddens, Les Presses de l‟Université de Laval, Sainte-Foy (Québec), 1993, 537 p. Voir aussi Yves Bonny,

Sociologie du temps présent. Modernité avancée ou postmodernité ? Armand Colin, Paris, 2004, 248 p., note de bas de page p.5. Concernant Beck, voir Ulrich Beck, La Société du risque. Sur la voie d’une autre modernité. Alto Aubier, Paris, 2001, p.157.

ou affronté car cela nous aurait entraînée à choisir de traiter des aspects soit négatifs soit positifs du risque. Au

contraire, nous avons cherché à ne pas présumer, en ce qui concerne nos enquêtés, de la manière dont ils

considéraient le(s) risque(s), soit subis soit affrontés. Nous nous sommes beaucoup inspirée de la définition donnée par Duclos, qui décrit la "Sociologie des Risques" comme étant caractérisée par deux maximes : "la première, c‟est que l’objet sociologique reste bien le mode collectif d’élaboration des critères de perception de la réalité. La seconde, c‟est que cette réalité n’en disparaît pas pour autant sous le symbolisme, et qu’elle se manifeste par la dangerosité des substances, par l’insécurité des systèmes organisationnels et techniques, et enfin par les réactions des individus."1.

Dans les pages précédentes, nous avons vu qu‟il existe en Sociologie deux types de travaux sur le risque, qui correspondent à deux grands types de conceptions du risque. Dans un premier type de recherches, le risque

est considéré comme objet de perceptions et de représentations : il s‟agit de considérer que chaque époque a

connu ses peurs, ses dangers et ses catastrophes et que chaque groupe social a un rapport au risque qui lui est propre (théories des perceptions du risque, des représentations du risque, de la construction sociale du

risque). Dans un deuxième type de recherches, le risque est considéré comme un concept pour comprendre

les transformations que connaissent actuellement les sociétés (la Société du Risque de Beck, la théorie sociologique du risque de Luhmann, les réflexions de Giddens sur la notion de risque). Il s‟agit de dire que les pays qui ont atteint le stade de la modernité avancée connaissent, à cause d‟un rapport (nouveau) aux risques, une transition vers un changement d‟organisation sociale car les sources et les conséquences du risque ont disqualifié les modes (anciens) d‟organisation (politique, famille, travail). Notre but a été de mener une recherche prenant en compte ces deux conceptions du risque. Dans les deux cas, il s‟agit d‟adopter une vision du risque en terme de problème au sens d‟une question d'ordre théorique ou pratique impliquant des difficultés à résoudre ou à surmonter. Ainsi, nous essayerons de montrer en quoi le risque peut être utile pour comprendre les changements que connaissent actuellement les sociétés ET en quoi le risque est une notion construite socialement.

4.2. Le risque pour interroger la modernité

En considérant le risque comme un concept pour comprendre les changements que connaissent actuellement les sociétés, nous choisissons d'inscrire nos travaux dans le cadre d'une théorie de la Modernité, en partie puisque les trois analyses sociologiques du risque (Beck, Giddens et Luhmann), nous l‟avons vu, s‟y réfèrent toutes trois. Nous avons ainsi suivi la ligne tracée par les théories sociologiques de la Modernité pour qui, comme le signale André Akoun, "Prendre la modernité comme notion centrale, c‟est privilégier en sociologie le sens, la façon dont s‟organise le rapport des hommes à leur monde, à eux-mêmes et la façon dont est réfléchi et légitimé leur vivre-ensemble"2.

Considérer que le risque permet d‟interroger la modernité nous engage à mener notre enquête selon les deux niveaux opératoires suivants :

- étude des risques pour produire des connaissances sur les processus normaux de la société ;

- mise en relation des risques et des dangers avec le mode "normal" de fonctionnement des sociétés.

1

Denis Duclos, Les travailleurs de la chimie face aux dangers industriels, p. 241-265, La société vulnérable. Evaluer et maîtriser les risques. Textes réunis et présentés par J.-L. Fabiani et J. Theys, Presses de l‟ E.N.S., Paris, 1987, 674 p., p.247.

2

4.2.1. Étude des risques pour produire des connaissances sur les processus normaux de la société

Nous avons suivi la proposition de Luhmann pour qui il ne faut pas se contenter de décrire les régularités qui peuvent être observées dans la vie sociale. En effet, nous pensons que l‟étude des risques et de la préoccupation qu‟ils engendrent permet au sociologue de produire des connaissances sur les processus normaux de la société.

4.2.2. Mise en relation des risques et des dangers avec le mode "normal" de fonctionnement des sociétés

Nous croyons, comme l‟affirmait Luhmann dans sa théorie sociologique du risque, que le fait que l‟attention sur les risques et la préoccupation qu‟ils engendrent soient si grandes dans les sociétés actuelles peut rendre plus compréhensible leur mode normal de fonctionnement. De même, nous sommes d'accord avec

Duclos lorsqu'il annonce dans un article publié en 1988, L'individu et les risques de la technoscience, que,

contrairement à ce qui se fait dans la Sociologie qu‟il qualifie de moraliste (dont le but est de dénoncer les dangers et les difficultés des modes de traitement des risques), il préfère décrire les dangers comme des

conséquences normales d‟un style de société1

. "Les défaillances, les erreurs et les dangers induits ou laissés en suspens par la techno-science, écrit-il dans cet article, semblent beaucoup plus compréhensibles si on les relie au fonctionnement normal de la modernité que lorsqu‟on cherche à les interpréter d‟après l‟idée d‟une rupture ou d‟une dégénérescence du tissu social"2

. "Ce n‟est que depuis peu, poursuit-il, que les dégâts de la technoscience commencent à être considérés comme les conséquences normales d‟un style de société, et pas seulement comme des exemples de défaillances. Encore cette perspective nouvelle n‟est-elle envisagée que parce que les analyses du risque en termes de défaut de rationalité ou de maîtrise, d‟absence de communication ou d‟immoralité, se sont heurtées à des difficultés grandissantes et ont dû progressivement laisser une place à d‟autres explications. On pourrait dire, pour schématiser, que l‟on passe progressivement à l‟étude de l‟impact présumé des événements néfastes (erreurs, accidents, catastrophes, etc.) sur la société, à celle de la façon dont celle-ci suscite et utilise ces événements ou ces comportements, voire même se régénère à travers le danger ou le potentiel désastreux de certains actes."3. Ce sont toutes ces formes d‟explication que nous passerons en revue et que nous discuterons dans le chapitre suivant.

4.3. Le risque est construit socialement et le danger est "réel"

Les auteurs que nous citons et auxquels nous nous sommes référée tout au long de notre travail considèrent que le risque est à la fois réel et construit. En considérant nous aussi que le risque est à la fois réel et construit, nous proposons de mener notre enquête selon les deux niveaux opératoires suivants :

- prise en compte de la crainte du risque et de la réalité du danger ; - analyse de la signification culturelle et symbolique du risque.

4.3.1. Prise en compte de la crainte du risque et de la réalité du danger Si nous inscrivons notre travail dans le cadre de la construction sociale des risques, nous devons nous efforcer de prendre en compte la réalité du danger, en nous informant sur les éléments qui le constituent.

1

Denis, Duclos, L'individu et les risques de la technoscience, Les Annales de la recherche urbaine, n°40, 1988, p.109-116.

2

Duclos, ibid., p.109.

3

Ces derniers peuvent concerner les lieux, les manières d‟organiser les tâches, les opérations, les objets, les événements, les produits, etc.

Comment avons-nous tenté de caractériser les éléments qui constituent le danger dans le cas de notre propre objet d'étude ? Au début de notre enquête, nous nous trouvions confrontée à notre manque de compétences techniques pour analyser les situations de danger, les procédés, les matériaux, etc. relatifs aux essais sur les armements dans les centres d‟expertises et d‟essais de la DGA. En effet nous n‟avions, avant de commencer notre recherche, que peu de connaissance sur les méthodes de travail dans les industries, aucune sur celles qui sont en vigueur dans les institutions militaires, et a fortiori, nous n‟en avions pas sur celles des industries d'armements appartenant au Ministère de la Défense. Il a donc fallu faire l‟effort de nous documenter et de nous informer très sérieusement sur les produits, objets, matériaux, sites et modes d'organisation dans les sites de ce Ministère. Nous avons donc entrepris un gros travail de lecture de documents : rapports annuels d'activités, bilans sociaux, textes réglementaires, textes et documents publiés par les organismes qui en dépendent (centres de recherches, associations) et articles de périodiques. Nous avons ainsi compris que les réglementations qui s‟appliquent aux centres d‟expertises et d‟essais de la DGA en matière de sécurité sont imposées (et leurs applications contrôlées), en première et dernière instance, par les directions du Ministère de la Défense – et non par celles du Ministère de l‟Ecologie et du Développement Durable comme c‟est le cas pour les installations dites civiles1. Ainsi, dès le début de notre recherche, nous avons décidé de rencontrer des "informateurs" travaillant au sein des instances de direction et de contrôle des activités industrielles du Ministère de la Défense pour connaître les divers aspects relatifs à la réalité du danger et de la manière dont les risques sont traités, tout en gardant à l‟esprit que les discours sur les risques sont toujours empreints d‟une certaine représentation sociale ou construction sociale. Avant de mener notre enquête dans l'un des centres d'essais des armes, nous avons rencontré, en entretien individuel, douze responsables de la sécurité au niveau du Ministère de la Défense, de la DGA et des centres d'expertise et d'essais pour nous informer sur les éléments qui constituent le danger. Dans l'un des centres d'essais également, nous avons considéré certains travailleurs comme des "informateurs" – et pour deux d‟entre eux des informateurs que nous avons qualifiés de privilégiés – pour mieux connaître les méthodes, les produits et les outils de travail que les employés utilisent dans toutes les situations de travail envisagées. Le fait d‟assister à des réunions (réunions dites de sécurité) a été très instructif à cet égard. Cela nous a permis de nous rendre compte des points considérés comme importants pour les employés, du rôle de chacun, de la place qu‟ils s‟assignaient les uns par rapport aux autres ainsi que de ce qui posait problème pour eux. Nous avons pu observer comment les acteurs, dans une même situation de travail, définissent la réalité du risque.

4.3.2. Analyse de la signification culturelle et symbolique du risque

Le fait de considérer que le risque est construit implique de le voir comme étant chargé de signification sociale. Tout comme Gusfield l'avait proposé, nous nous sommes donné pour but de mener une analyse de la signification culturelle et symbolique du risque. Cela signifie aussi que nous avons préféré, à l'instar de

Gusfield, considérer l'action comme la résultante d'un contexte, plutôt que de focaliser notre attention sur

les caractéristiques individuelles des enquêtés2. Nous avons également suivi les idées de Duclos pour qui "le choix d‟une peur ou d‟un risque, la perception d‟un danger ou son oblitération […] peuvent dépendre exclusivement du référentiel symbolique établi en commun, même sur une base coopérative explicite et la

1

Nous verrons cela plus en détails dans le prochain chapitre ainsi que dans la deuxième partie.

2

Joseph R. Gusfield, Aspects symboliques du risque sociétal : l‟aliment et la boisson comme source de danger, La société vulnérable. Evaluer et maîtriser les risques, Textes réunis et présentés par J.-L. Fabiani et J. Theys, Presses de l‟ E.N.S., 1987, Paris, 674 p. p.121-137.

moins idéologique possible."1. Nous nous sommes également inspirée des réflexions de Beck, sans toutefois souscrire à son concept de Société du Risque, pour qui la perception du risque s‟inscrit toujours et nécessairement dans un contexte particulier et revêt un caractère local. Nous nous sommes donné pour tâche de présenter le(s) contexte(s) de notre objet d'étude, comme expliqué ci-dessous.

Ces quelques considérations nous amènent désormais à expliciter de manière plus approfondie le choix des méthodes d‟investigation que nous avons suivies au cours de notre recherche pour étudier le rapport au(x) risque(s) des individus.

4.4. Le choix des méthodes d’investigation

Nous avons mis en place un protocole d‟enquête original qui a mobilisé plusieurs techniques d‟investigation : l‟observation directe, la réalisation d‟entretiens, le dépouillement d‟archives, l‟analyse de la

documentation écrite et l‟analyse secondaire de données quantifiées. Dans un premier temps, notre but était

de caractériser les contextes institutionnels dans lesquels les centres d‟expertise et d‟essais de la DGA sont placés afin de comprendre quels contextes évoluent les personnels.

4.4.1. Caractériser les divers contextes institutionnels : la bibliographie, les observations et les entretiens occasion d'information

Nous avons entrepris un travail de caractérisation des contextes institutionnels, le terme "institution" étant ici compris dans un sens large, que l'on peut définir comme "une structure stabilisée d‟interactions

juridiquement ou culturellement réglées"2. Le sociologue Emile Durkheim donnait la définition suivante du

terme institution que l'on peut également reprendre à notre compte : "On peut […] appeler institution toutes les croyances et tous les modes de conduites institués par la collectivité"3. Pour le dire comme Durkheim, nous avons cherché, dans un premier temps, à "expliquer une institution", dans le sens où "rendre compte des éléments divers qui servent à la former, c‟est montrer les causes et leurs raisons d‟être"4

. Cela nous a conduite à nous pencher sur l'histoire des institutions en question. "Mais comment découvrir ces causes, disait Durkheim, sinon en se reportant au moment où elles ont été opérantes, c‟est-à-dire où elles ont suscité les faits que l‟on cherche à comprendre ? […] ce moment est derrière nous. Le seul moyen d‟arriver à savoir comment chacun des éléments est né, c‟est de l‟observer à l‟instant même où il est né et d‟assister à sa genèse : or cette genèse a eu lieu dans le passé et, par conséquent, ne peut être connue que par l‟histoire."5. Nous avons donc suivi, dans une certaine mesure, les recommandations de Durkheim qui dans ses travaux utilisait l'histoire comme instrument d'analyse. C'est aussi Giddens qui nous a inspiré dans ce travail, puisque, comme nous l'avons déjà signalé, il décrit la sociologie comme ayant comme principal objectif l'étude des sociétés modernes et de leurs changements. Pour lui, il s'agit de comprendre comment la société se maintient à travers le temps, comment le

social se produit et se re-produit sans cesse6. Nous signalons que, pour notre part, nous considérons que la

société se reproduit par l'intermédiaire des institutions, qui sont dotées d'une capacité plus ou moins grande d'intégrer des conduites individuelles et de les obliger à se conformer à telles ou telles représentations. Nous

1

Denis Duclos, L’homme face au risque technique, L‟Harmattan, Paris, 1991, 255 p., p.45.

2

Philippe Braud, Sociologie politique, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence (LGDJ), Paris, 1998, 602 p., p.578.

3

Emile Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, P.U.F., Paris, 1996, p.31-33, coll. Quadrige, p.XXII.

4

Emile Durkheim, La Sociologie en France au XIXe siècle, Revue bleue, 4ème série, t. XIII, n°20 (réédité dans La science sociale et l’action, P.U.F., Paris, 1970, p.154-155.

5

Durkheim, ibid.

6

avons retrouvé cet intérêt central pour les institutions dans la théorie de la construction sociale de Berger et Luckmann. Dans La construction sociale de la réalité, ils écrivent que les institutions sont des représentations "vécues comme détentrices d‟une réalité propre, une réalité qui affronte l‟individu comme un fait extérieur et coercitif"1. Tout comme eux, nous nous sommes donc intéressée à ce qu‟ils appellent le processus d‟institutionnalisation. "L‟institutionnalisation se manifeste chaque fois que les classes d‟acteurs effectuent une typification réciproques d‟actions habituelles"2

écrivent Berger et Luckmann : dans leurs pratiques quotidiennes, les individus endossent des rôles, qui représentent la réalité quotidienne de l‟institution et les sociétés (les interactions sociales) produisent des "machineries conceptuelles" (mythologies, théologies, théories et idéologies, univers symboliques) pour ordonner l‟ensemble des représentations et des institutions en un tout relativement cohérent. En suivant les travaux des constructivistes, l‟un des enjeux était pour nous de comprendre l‟articulation entre les comportements individuels et les comportements collectifs dans les situations à risques. Nous avons également suivi les traces de Duclos qui, dans ses recherches sur les perceptions des risques dans les industries du secteur de la chimie, s'intéresse lui aussi aux institutions et au processus d'institutionnalisation. "Ces contextes, écrit Duclos, rendent compte assez bien à la fois des phénomènes de construction collective de la perception, et des divers types de clivages et de conflits qui peuvent apparaître à l‟intérieur de cette élaboration commune ou contre elle."3

. Nous croyons comme Duclos que la genèse de la mise en forme du danger se situe dans "l‟institution et les relations que celle-ci instaure entre les êtres humains et les objets de leurs pratiques communes"4. "C‟est dans les institutions, note-t-il, et tout particulièrement dans les faisceaux de relations tissées autour du travail et de la production, que le risque se charge de signification sociale"5. Tout comme Duclos, nous avons considéré que la prise en considération des impacts et des effets de tel danger ou de telle nuisance dépend en grande partie de la façon dont fonctionnent les institutions6.

Les questions que nous nous sommes posées ont alors été les suivantes : quels sont les divers contextes institutionnels qui concernent notre objet d'étude ? Quand sont-ils apparus ? Comment ont-ils été formés ?

Comment perdurent-ils ? Nous avons constaté que ces contextes institutionnels étaient, dans le cadre de

notre travail, de deux types : les institutions qui ont permis l'émergence du concept de risque et les