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Rapport à l’environnement

Dans le document Td corrigé Synthèse - HAL-SHS pdf (Page 30-33)

1. Les dimensions sociales des associations d’habitants

1.2. Rapport à l’environnement

Par leur nature, ces associations locales entretiennent un rapport spécifique avec leur territoire et ont des liens particuliers avec les politiques publiques locales.

1.2.1. Le rapport au territoire

La plupart des actions et des dimensions de ces associations d’habitants ont forcément une déclinaison territoriale, et beaucoup des éléments analysés jusqu’ici pourraient s’inscrire dans ce thème. Il ne sera donc traité ici que de la dialectique qui existe entre la raison de leur création et l’impact qu’elles ont sur le territoire, de leur façon d’être en contact avec leur territoire et du rôle de celui-ci sur leur fonctionnement.

75 Mais nous n’avons pas interrogé l’ensemble des habitants de leur territoire d’action.

La proximité géographique est la condition de leur action. Celle-ci doit être entendue dans ses différentes dimensions, c’est-à-dire géographique, sociale et administrative, comme un ensemble de réseaux juxtaposés et coordonnés. Mais la délimitation du territoire associatif n’est pas une donnée : elle est le fruit des interactions entre ces caractéristiques locales et celles du champ d’action des associations.

Ce conditionnement est plus marqué pour certaines associations que pour d’autres, par exemple, une association rurale (l’Association artistique) est forcément limitée par le critère de la distance géographique, d’une façon analogue aux associations du cadre de vie, mais dans le premier cas cette limitation est une contrainte « physique » objective, alors que dans le second c’est une autolimitation de l’action dans le but d’être plus efficace sur un secteur.

Ces associations apportent également des éléments importants pour le territoire. car, à vocation socio-politique, elles l’enrichissent qualitativement et socialement. Dans tous les cas, ces associations sont créatrices de liens sociaux de proximité : elles permettent de créer des espaces de rencontre, d’ouvrir des horizons culturels nouveaux, d’élargir le champ des possibles pour des groupes sociaux enfermés dans des espaces limités (groupes informels), d’exprimer et de faire reconnaître des identités culturelles (associations communautaires).

Elles sont aussi créatrices d’activités (sportives, culturelles…) sans pour autant être fortement créatrices d’emplois. Cependant, elles suscitent de nombreux engagements bénévoles qui dynamisent le territoire. Et bien sûr, elles contribuent à améliorer le cadre de vie.

Il est par contre plus difficile de mesurer leurs effets indirects sur le développement local : ont-elles des effets d’entraînement socio-économique au-delà de leurs activités ? ou bien leur trop petite taille et leur logique plus socio-politique qu’économique les empêchent-elles de créer des dynamiques territoriales ?

On peut constater que certains territoires sont plus propices que d’autres à la vie associative. Ainsi :

• La tradition d’un lieu peut être déterminante pour l’implantation d’associations (par exemple, le quartier de la Croix Rousse à Lyon).

• Un effet de seuil peut encourager la création d’associations, là où d’autres associations sont déjà regroupées, de la même façon que des commerçants d’une même spécialité s’implantent dans un secteur particulier.

• Il semble que, pour les petites associations, la nature des politiques publiques locales est un facteur déterminant de leur consolidation.

La réussite des petites associations locales dépend avant tout d’une combinaison des facteurs humains et des politiques publiques locales, en l’absence de construction de partenariats locaux durables.

Par exemple, une des associations étudiées (association sportive de jeunes) s’est développée de façon importante (avec des locaux, une salariée…) parce qu’elle est implantée dans une banlieue et qu’elle a bénéficié de soutiens importants dans le cadre de la politique de la ville, avec le soutien des acteurs locaux (élus, MJC, Centre social…).Ayant perdu le soutien de ses partenaires initiaux, elle est cependant amenée aujourd’hui à réorienter ses activités, par manque de financements.

Les groupes informels soutenus par des travailleurs sociaux sont dans une situation analogue, car le territoire est la condition de leur création, mais leur survie dépend des objectifs et de l’attitude de leurs partenaires, principalement des collectivités locales.

Ainsi, dans le cadre de ces petites associations d’habitants, certains territoires conditionnent certains types de politiques publiques, et celles-ci déterminent la vie associative plus que le territoire par lui-même.

1.2.2. Le rapport aux politiques publiques locales

Les associations d’habitants, par leur action au niveau local, ont en général des contacts réguliers avec les pouvoirs politiques locaux, dont elles peuvent être des interlocuteurs privilégiés. Par leur action de

représentation « socio-politique »76, elle acquiert un pouvoir d’influence ; par l’octroi de financement, elles peuvent entrer dans des relations d’instrumentalisation.

Tout d’abord, les interlocuteurs publics les plus directs de ces associations sont principalement les municipalités, et parfois les équipes de la politique de la ville. Ces dernières sont en contact avec les associations lorsqu’elles financent des projets, soit directement, soit dans le cadre des Fonds d’Initiatives Habitants. Ces dispositifs sont adaptables par chaque commune : certaines incluent directement des habitants dans les membres des jurys (par exemple des membres des conseils de quartier). Les motivations qui président à l’octroi de ces subventions dépendent des objectifs politiques et des réalités de la vie associative des quartiers.

Parmi les associations étudiées, quatre ont bénéficié ou bénéficient régulièrement de ces Fonds pour mener des actions ponctuelles.

De façon plus générale, la plupart des associations étudiées bénéficient de subventions publiques locales, soit pour leur fonctionnement global77, soit pour des actions précises (notamment par les Fonds d’initiatives habitants mentionnés ci-dessus).

Les subventions ont une action à double sens : elles permettent à l’association de se financer, et aux pouvoirs publics d’agir sur des thèmes ou des publics sur lesquels ils ne pourraient pas agir de la même façon que les associations. On peut même considérer que les associations sont des partenaires indispensables aux pouvoirs publics, qui peuvent ainsi agir sur : les jeunes d’un quartier sensible par l’intermédiaire de leur mères ; la responsabilisation d’un public en difficulté par rapport à sa santé ; le tourisme ; une communauté…

Au regard des associations étudiées, les subventions de fonctionnement orientent peu l’action des associations. On peut donc penser que les pouvoirs publics considèrent que l’action de l’association s’inscrit dans leur vision de l’intérêt général.

Par contre, le subventionnement de projets (sans prendre en compte ceux du FIH) a un impact plus direct sur les actions de l’association, notamment parce qu’il peut amener l’association à transformer ces actions ponctuelles en activités régulières, ou bien à transformer les actions ou les publics. Ainsi, nous avons constaté que les subventions sur projets amènent parfois l’association à élargir son action dans le sens de l’intérêt général (par exemple, l’ouverture de la table d’hôtes de l’association sur la santé à un public en difficulté, ou l’organisation d’une fête de quartier ouverte à tous les habitants).

Enfin, pour analyser l’indépendance d’une association par rapport aux subventions qu’elle reçoit des pouvoirs publics, il est nécessaire de considérer l’importance qu’ont ces subventions en valeur absolue et non pas en valeur relative. En effet, les petites associations peuvent se passer des subventions car, même si elles représentent une part importante de leur budget, elles ne sont pas indispensables à leur action. Par exemple, une association du cadre de vie dont 50% du budget provient de la municipalité n’est pas dépendante de celle-ci, car son action est avant tout conditionnée par l’activité de ses membres et non par ses dimensions économiques, qui sont très restreintes. Inversement, une association qui a un volume d’activités et un budget importants dépend davantage d’une subvention représentant une petite part de son budget. Ainsi, l’association sur la santé peut difficilement se passer des 16 000 euros de subvention de la Sécurité sociale, (qui ne représentent que 12% de son budget) car ils servent de levier à d’autres subventions qui financent l’activité.

Si les associations d’habitants sont relativement indépendantes des pouvoirs publics par rapport aux subventions qu’ils peuvent octroyer (parce que dans la plupart des cas leur activité socio-politique ne nécessite pas de financements importants), on peut mentionner d’autres éléments qui conditionnent de façon plus primordiale la réussite associative. Celle-ci est alors conditionnée par le positionnement

76 Ce sont principalement les associations du cadre de vie qui mènent ce type d’action. Et parmi toutes les associations étudiées, une seule fait partie d’une commission municipale.

77 La moitié des associations étudiées bénéficient de subventions de fonctionnement. Leurs montants varient de 75 euros, pour les petites associations subventionnées par des petites communes, à plusieurs dizaines de milliers d’euros pour des associations entièrement financées par les pouvoirs publics (principalement municipalités et politique de la ville). Ces dernières sont au nombre de deux dans notre échantillon (association sportive de jeunes et groupe informel d’habitants).

d’autres acteurs (institution scolaire, municipalité…) ; l’association joue alors un rôle de proposition ou d’intermédiaire entre l’institution et le public. L’influence de certaines associations est confortée par l’appartenance à une fédération (cas des associations de parents d’élèves), dont elles sont dépendantes économiquement.

Dans le document Td corrigé Synthèse - HAL-SHS pdf (Page 30-33)