• Aucun résultat trouvé

Chapitre 5 : Résultats

5.4 Recommandations formulées afin d’optimiser la pratique des IPSPL dans le domaine des maladies

5.4.1 Réunir les conditions organisationnelles favorables à une pratique optimale des IPSPL

Selon les informateurs clés rencontrés, l’arrivée des IPSPL dans les milieux de soins de première ligne serait l’occasion de repenser l’organisation des services du réseau de la santé québécois en matière de gestion des maladies chroniques. Il serait nécessaire que les milieux de soins de première ligne et l’ensemble du système de santé s’adaptent à la présence de ce nouveau rôle professionnel. Afin de faciliter l’intégration et le déploiement des IPSPL au Québec et d’optimiser leur pratique auprès des personnes atteintes de maladies chroniques, des ajustements organisationnels, une meilleure planification de l’offre de services, des efforts de représentation et une évaluation de leur pratique et ses impacts seraient à réaliser.

5.4.1 Réunir les conditions organisationnelles favorables à une pratique optimale

des IPSPL

Selon les informateurs clés rencontrés, la conjoncture de certaines conditions jugées essentielles serait nécessaire afin d’assurer une implantation réussie de l’IPSPL dans les milieux de soins de première ligne. En premier lieu, une attention particulière devrait être accordée à la sélection des milieux les plus propices à l’implantation de ce nouveau rôle professionnel au sein d’une équipe de soins : des milieux ouverts, favorables à la venue d’une IPSPL et croyant en la valeur ajoutée qu’elle peut apporter à l’équipe de soins en place. Il a

61

été mentionné que certains médecins ne possèderaient pas les aptitudes de collaboration nécessaires pour devenir médecin partenaire d’une IPSPL, et qu’il vaudrait mieux que ces milieux s’abstiennent tout simplement de recevoir une IPSPL.

C'est sûr qu'il faut avoir une ouverture, il faut que les gens soient déjà ouverts à du changement, parce que ça change une pratique, autant pour le médecin, c'est de voir. Il faut qu'il accepte qu'y ait un changement dans sa pratique, si pour lui, l'IPSPL apporte rien, puis qu'il y a pas de changements, puis qu'il continue de fonctionner de façon, heu, en parallèle, c'est clair que ça fonctionnera pas, y'a pas grands liens qui vont se créer. (ENT 09, directrice de soins infirmiers)

Une fois un milieu propice identifié, une étape cruciale de préparation préalable du milieu à l’arrivée de l’IPSPL devrait être réalisée. Il s’agirait d’un processus qui prendrait un minimum de six mois à réaliser avant l’arrivée en poste de l’IPSPL, et qui serait souvent mené par la direction des soins infirmiers (DSI) du milieu. L’implication active de la DSI ou du gestionnaire responsable de l’implantation ainsi que leur conviction profonde de l’utilité du rôle de l’IPSPL dans leur organisation seraient des facteurs importants de réussite du processus d’implantation d’une nouvelle IPSPL. Un travail de concertation devrait intervenir entre les médecins partenaires, les gestionnaires, les directeurs de soins infirmiers et la future IPSPL du milieu. Des rencontres devraient être tenues régulièrement entre ces acteurs avant l’arrivée en poste de l’IPSPL afin de bien préciser les attentes et les besoins du milieu, de clarifier le rôle de l’IPSPL et de réfléchir à l’arrimage entre les différents professionnels du milieu. Ces rencontres permettraient aussi d’élaborer les modalités de l’entente de partenariat entre l’IPSPL et les médecins partenaires et de déterminer les grandes lignes du fonctionnement de l’IPSPL au sein de l’équipe de soins.

C’est également lors de l’étape préparatoire que devraient être prévues les ressources matérielles nécessaires à l’IPSPL. Il serait primordial que le milieu assure à l’IPSPL une pratique optimale dans un bureau adéquat, avec une table et du matériel d’examen, un ordinateur avec accès aux ressources informatiques du milieu et de l’information sur les divers services de santé et services sociaux offerts dans le milieu. Afin d’assurer une intégration réussie de l’IPSPL, il y aurait également un important travail de communication à mener à travers le milieu, tant à l’interne, auprès des autres professionnels de l’équipe de soins et du personnel administratif, qu’au niveau de la population et des partenaires externes tels que les pharmaciens communautaires, le personnel de laboratoire et d’imagerie de l’hôpital ou des autres cliniques ou les intervenants des organismes communautaires. Ces efforts de communication permettraient d’annoncer l’arrivée d’une IPSPL dans le milieu et d’informer sur les spécificités de son rôle, ce qui faciliterait la pratique de l’IPSPL par la suite. Globalement, la préparation préalable du milieu permettrait à l’IPSPL d’être la plus fonctionnelle possible dès son entrée en poste.

62

Dans un contexte où on change toute la structure, de façon importante, je pense que les décideurs, et médicaux et infirmiers, doivent se concerter au préalable sur le rôle qu'on veut développer puis l'évaluation des besoins non comblés. […] c'est une des étapes importantes qui doit se faire avant même que la personne n’arrive. On pense souvent que c'est un processus qui peut prendre six mois à douze mois même avant que l'IPS arrive en poste pour être capable d'amorcer tout ce travail-là de préparation puis de déblayage aussi ; qu'on discute avec les équipes que ce rôle-là s'en vient, quelle est la vision des gestionnaires, et médicaux et infirmiers, au niveau de la première ligne, que ce soit directeur de la clinique et de la DSI. (ENT 07, chercheur en sciences infirmières)

Donc, y'a tout un volet de préparation qui est très important et de communication; y'a eu beaucoup de rencontres pour établir les fonctionnements, pour expliquer le rôle; faire la différence entre le rôle d'une clinicienne et le rôle d'une IPSPL. […] C'était vraiment, on écoute, on prend en compte les craintes, on, on démystifie heu, puis je pense que c'est ce qui a fait que l'intégration s'est bien passée là à ce moment-là. Y'a tout le volet communication dans le reste de l'organisation aussi, tant au niveau des directions, du comité de direction, heu, des partenaires dans la communauté, les pharmaciens communautaires, heu laboratoires, radiologies, bon, la communication dans les journaux locaux aussi, qui a été importante pour bien faire connaître le rôle des IPS auprès de la population aussi, pas uniquement à l'interne mais à l'externe auprès des gens de la communauté. (ENT 09, directrice des soins infirmiers)

Une fois l’IPSPL bien implantée et intégrée dans le milieu, certaines autres conditions organisationnelles devraient être réunies afin de favoriser une pratique optimale. Parmi ces conditions, plusieurs informateurs clés ont insisté sur la nécessité de la présence minimale de deux IPSPL dans un même milieu. La présence d’une deuxième IPSPL permettrait d’assurer une couverture alternative pour la clientèle en cas d’absence prolongée d’une des deux IPSPL. Le travail en duo favoriserait également le partage d’expérience entre pairs et les échanges sur des cas plus complexes, ce qui serait identifié comme un élément facilitant et sécurisant dans la pratique de l’IPSPL.

C'est un des enjeux, certaines IPS se sentent un peu seules dans leur milieu. Donc ça, c'est un des enjeux qui fait en sorte que y'a un risque de décrochage là. J'en connais beaucoup des, pas beaucoup mais, j'en connais des IPS qui vont pas renouveler leur contrat, qui vont changer de milieu, qui vont, mais là c'est lié à ça là, à la pratique, qui sont seules dans leur milieu. Seules pour répondre à leurs propres questions, mais seules aussi pour tout ce qui a trait au fait de se remplacer mutuellement, ou s'entraider mutuellement. (ENT 16, responsable de la formation des IPSPL)

Il faudrait par ailleurs clarifier la question de la gestion de la pratique de l’IPSPL en termes d’autorité hiérarchique et fonctionnelle. Selon plusieurs informateurs clés, alors que la consigne du Ministère souligne que l’IPSPL relève directement du directeur ou de la directrice des soins infirmiers (DSI) de l’organisation, la gestion de sa pratique serait en réalité partagée entre le DSI et le gestionnaire. Les rôles et responsabilités de chacun ne seraient toutefois pas bien définis et très variables d’un milieu à l’autre, et la cogestion serait parfois difficile. Certains aspects de la pratique de l’IPSPL seraient généralement pris en charge par le DSI, comme le processus d’embauche et d’implantation et le soutien professionnel. D’autres aspects plus fonctionnels

63

touchant la pratique au quotidien de l’IPSPL relèveraient quant à eux plus souvent du gestionnaire (horaires de travail, gestion des congés, réponse aux demandes matérielles, etc.). Les informateurs clés ayant abordé le sujet sont partagés quant à l’acteur le mieux placé pour assurer la gestion la plus adéquate de la pratique de l’IPSPL. Certains croient qu’il s’agit du DSI, en raison du rôle autonome distinct de l’IPSPL qui nécessiterait une gestion particulière convenant plus à son expertise, alors que d’autres sont d’avis que l’IPSPL devrait plutôt relever du gestionnaire au même titre que tous les autres rôles infirmiers.

Moi aussi je suis toujours dans l'incompréhension, quand elle [l’IPSPL] me pose des questions, je sais jamais si je peux répondre directement ou faut que je passe par la DSI. […] Ce n'est pas clair, mon rôle au niveau de l'IPS exactement. […] ça a besoin d'être éclairci, c'est sûr, puis moi je vois pas pourquoi c'est différent des autres infirmières, je vois pas pourquoi faudrait qu'elle relève directement de la DSI. (ENT 37, gestionnaire de soins infirmiers)

Je crois que c'est pas une bonne solution d'avoir une gestionnaire qui s'occupe de la pratique professionnelle et d'autres qui s'occupent de l'aspect administratif et fonctionnel au quotidien. Ça prendrait une même approche. C'est que je crois qu'une directrice des soins infirmiers qui prône l'autonomie professionnelle, le développement, de prendre sa place dans le nouveau rôle, aurait sans doute plus de latitude que certains autres gestionnaires qui traitent peut-être sur le même pied que toute autre infirmière au sein de l'organisation. (ENT 23, gestionnaire de soins infirmiers)

5.4.2 Établir une meilleure planification des services pour les personnes atteintes