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Chapitre 5 : Résultats

5.2 Perceptions du rôle et des pratiques des IPSPL dans le domaine des maladies chroniques

5.3.4 Un nombre insuffisant d’IPSPL au Québec qui compromettrait la diffusion du rôle et la

chroniques

Plusieurs informateurs clés ont soulevé le trop faible nombre d’IPSPL dans le réseau de santé québécois, en- deçà des cibles prévues par le Ministère. La présence encore discrète des IPSPL dans les milieux de soins de première ligne contribuerait à entretenir la méconnaissance sur le rôle, avec les difficultés qui en résulteraient telles qu’élaborées précédemment. Selon plusieurs informateurs clés, cette situation découlerait principalement de la grande difficulté à trouver des places de stages dans les milieux cliniques de première ligne, et ce, pour de multiples raisons. D’abord, plusieurs milieux auraient déjà atteint leur capacité maximale

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d’enseignement, tant au niveau des ressources humaines que matérielles, avec la présence de plus en plus nombreuse de résidents et d’externes à la suite de l’augmentation des cohortes en médecine. Il est d’ailleurs perçu par certains répondants que les étudiants en médecine seraient préférablement accueillis dans les milieux cliniques au détriment des étudiantes IPSPL, en raison entre autres de la plus grande aisance des médecins à superviser de futurs médecins plutôt qu’un rôle infirmier encore mal compris. De plus, certains médecins et même IPSPL seraient réticents à s’engager dans d’autres activités de supervision pour des considérations de rémunération insuffisante ou encore à cause de l’empiètement sur leur temps clinique destiné au suivi de leurs patients. Au final, le manque de places de stages nuirait au recrutement universitaire de futures IPSPL.

L'enjeu que je vous mets en amont là, on veut des infirmières praticiennes de première ligne mais pour ça il faut que on puisse sortir des stages ces infirmières praticiennes spécialisées. Trouver des stages, c'est de plus en plus difficile. […] c'est que si elles ont pas de stage, elles finissent pas leur programme, si elles ne finissent pas leur programme, elles ne sont pas diplômées. Celles qui sont pas diplômées, elles sont pas dans les milieux. (ENT 04, représentant d’une organisation gouvernementale)

Une autre raison, que j'aime beaucoup, c'est qu’ils ont plus d'étudiants en médecine. Des étudiants en médecine, puis t'es un médecin… c'est normal que tu vas plus privilégier ta catégorie professionnelle. Toutefois, pour faire une parenthèse par rapport à ça, le gouvernement a donné la commande aux médecins, à la faculté de médecine, de produire plus de médecins par année. En même temps, il veut déployer 500 IPS. Je pense qu'il faut qu'il réalise qu'il ne peut pas demander… Ils vont à la même place en stage, fait que y'a un embouteillage qui va se faire ! (ENT 11, responsable de la formation des IPSPL)

Une des difficultés aussi, c'est qu’on est vraiment à pleine capacité, au point où est-ce que parfois quand tous nos apprenants là, les résidents, les externes et les stagiaires travaillent et voient des patients, les médecins qui n'ont pas à superviser ces apprenants-là ne peuvent même pas faire du bureau et faire du suivi de patients là parce qu’on manque de place. […] alors c'est un petit peu ça qui nous empêche d'aller de l'avant pour être à deux postes supplémentaires là de stagiaires IPS par année. (ENT 22, médecin partenaire)

Le petit nombre d’IPSPL diplômées rendrait difficile leur répartition sur le territoire québécois et ne suffirait pas à répondre à la demande des milieux de première ligne. Par souci d’équité, elles seraient dispersées parmi l’ensemble des régions de la province. En raison de leur faible nombre, plusieurs IPSPL se retrouveraient seules dans leur milieu. Cette situation amènerait un grand sentiment de solitude et de démotivation chez certaines IPSPL, et serait parfois à l’origine de leur départ du milieu. La présence d’une seule IPSPL poserait aussi un défi quant à la continuité des soins en cas d’absence prolongée de l’IPSPL, que ce soit par exemple dans le contexte d’un congé de maternité ou de maladie. La situation deviendrait alors très problématique pour le médecin partenaire, à qui serait soudainement transférée la charge de patients de l’IPSPL. De plus, le petit nombre d’IPSPL ferait en sorte que certains milieux devraient composer avec des postes laissés vacants faute de candidates pour les combler. Le faible nombre d’IPSPL au Québec ne permettrait donc pas de répondre

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adéquatement aux besoins des milieux, notamment au niveau de la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques.

Ben je pense un des enjeux, ça va être de former assez d'IPS pour répondre aux besoins de notre réseau de santé. Ça, c'est un gros enjeu. (ENT 22, médecin partenaire)

[Université X] offre je sais pas, va avoir quinze finissants cette année. À [région X] même je pourrais avoir 15 postes, tous les milieux lèveraient la main [pour en avoir], mais comme on veut plus qu'il y en ait un tout petit peu partout, ben on va peut-être en mettre disons, encore ce sont des chiffres abstraits, on va peut-être en mettre huit à [région X], mais on va en à mettre dans les régions autour aussi pour que ce soit distribué. (ENT 04, représentant d’une organisation gouvernementale)

J'ai deux postes [d’IPSPL] à découvert dans des secteurs hyper vulnérables là, où on avait décidé de les placer parce qu'y avait des conditions de vulnérabilité […] des familles défavorisées avec comorbidités etc., t'sais. Fait que j'ai deux postes à découvert depuis plusieurs mois […] (ENT 20, directrice des soins infirmiers)

Malheureusement, c'est qu’à un moment donné, rapidement elles [les IPSPL] ont une grosse clientèle, là. Elles prennent en charge un grand nombre de clients. Alors on n’a pas actuellement assez d'IPS pour répondre à ça, mais il faut, il faut. (ENT 18, directrice des soins infirmiers)

5.4 Recommandations formulées afin d’optimiser la pratique