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Dans ce chapitre, nous allons nous intéresser aux résultats obtenus dans les différentes études présentées de manière détaillée dans la partie expérimentale. Nous allons tout d'abord résumer les résultats obtenus au niveau des deux composantes des processus de récompense et de punition, que sont les composantes anticipatoire et consommatoire.

Nous passerons en revue les études qui ont été menées dans une population de personnes dysphoriques et celle qui a été menée dans une population de personnes dépressives. Ainsi, nous répondrons à quatre objectifs de notre travail de thèse, qui visaient à prendre en compte de manière parallèle les différentes composantes des processus de récompense et de punition (objectif 1), à utiliser des mesures objectives spécifiques pour les évaluer de manière approfondie (objectif 2), à mettre un accent particulier sur l’anhédonie qui représente l’un des symptômes les plus importants de la dépression (objectif 4), ainsi qu’à mesurer la sensibilité à la récompense et à la punition à différents niveaux du continuum allant de l’absence de dépression à la présence d’une dépression sévère (objectif 5). Enfin, nous relaterons les résultats obtenus dans deux études prenant en compte les mécanismes psychologiques sous-jacents. Ainsi, nous répondrons au troisième objectif de notre travail de thèse, qui visait à prendre en compte les différents mécanismes psychologiques qui peuvent avoir une influence sur le comportement des personnes dépressives durant les phases anticipatoire et consommatoire des processus de récompense et de punition.

1.1. Composante anticipatoire de la récompense et de la punition

Dans ce travail de thèse, nous avons mené six études (études 1, 2, 3, 4, 5 et 7) qui avaient pour but d'investiguer la composante anticipatoire des processus de récompense et/ou de punition chez les personnes dysphoriques ou dépressives. En abordant cette composante

160 Discussion: Résumé des résultats de manière théorique, nous avons vu qu'il était très important de faire la différence entre la motivation des personnes à obtenir une récompense ou à éviter une punition et le comportement utilisé pour assouvir cette motivation. Ainsi, nous avons choisi de mesurer ces deux aspects de manière spécifique. La motivation à obtenir une récompense ou à éviter une punition a été mesurée à l’aide de questions spécifiques auto-reportées (voir sous-chapitre 4.3. de la partie théorique), alors que le comportement des personnes dépressives face à l'anticipation des récompenses ou des punitions a été évalué à l'aide de mesures cardiovasculaires (voir sous-chapitre 4.1. de la partie théorique).

Intéressons-nous tout d'abord aux résultats obtenus au niveau de la récompense. Les résultats ont montré de manière consistante que les personnes dépressives et dysphoriques avaient une motivation réduite à obtenir une récompense, en comparaison aux personnes issues du groupe contrôle. En effet, les études 3 et 7 ont démontré que les personnes dysphoriques et dépressives rapportaient une motivation plus basse à obtenir une récompense que les personnes non dépressives. Quant à l'étude 2, elle a permis de montrer une corrélation négative entre l'anhédonie et la motivation à obtenir une récompense. En ce qui concerne le comportement des personnes dépressives et dysphoriques face à l'anticipation des récompenses, les résultats ont montré que celles-ci mobilisaient moins d'effort pour obtenir une récompense que les personnes non dépressives. En effet, les études 1, 3 et 7 ont démontré que les personnes dysphoriques et dépressives avaient une réactivité de la PEP plus basse que les personnes non dépressives lors de l'anticipation d'une récompense.

Concernant nos mesures cardiovasculaires secondaires, il a été montré que la réactivité de la HR (étude 1) et que la réactivité de la SBP (étude 7) étaient plus basses chez les personnes dysphoriques ou dépressives en comparaison aux personnes non dépressives. L'étude 2, quant à elle, a montré une corrélation négative entre l'anhédonie et la réactivité de la PEP, ainsi qu'une corrélation négative entre l'anhédonie et la réactivité de la HR.

Si nous observons les résultats obtenus au niveau de la punition, nous constatons qu'ils sont tous consistants entre les différentes études. Les études 4, 5 et 7 ont montré que les personnes dysphoriques et dépressives rapportaient une motivation à éviter une punition similaire aux personnes non dépressives. En ce qui concerne le comportement des personnes dysphoriques et dépressives face à l’anticipation d’une punition, les résultats ont révélé que ces personnes mobilisaient moins d’effort pour éviter une punition que les personnes non dépressives. En effet, les études 1, 4, 5 et 7 ont démontré que les personnes dysphoriques et dépressives avaient une réactivité de la PEP plus basse que les personnes non dépressives lors de l'anticipation d'une punition. Concernant nos mesures cardiovasculaires secondaires, il a été montré que la réactivité de la HR (étude 1) et que la réactivité de la SBP et de la DBP (étude 7) étaient plus basses chez les personnes dysphoriques ou dépressives en comparaison aux personnes non dépressives.

Discussion : Résumé des résultats 161 1.2. Composante consommatoire de la récompense et de la punition

Cinq études (études 2, 3, 4, 6 et 7) de notre travail de thèse avaient pour but d'investiguer la composante consommatoire des processus de récompense et/ou de punition chez les personnes dysphoriques ou dépressives. Selon le modèle théorique le plus important des composantes des processus de récompense et de punition (Berridge & Robinson, 2003), il est nécessaire d’utiliser des mesures objectives et subjectives pour investiguer ces différentes composantes. En se basant sur ces recommandations, nous avons choisi de mesurer la composante anticipatoire de deux manières différentes. Tout d’abord, le plaisir ressenti lors de la réception d’une récompense ou le déplaisir ressenti lors de la réception d’une punition ont été évalués à l’aide de questions spécifiques auto-reportées (voir sous-chapitre 4.3. de la partie théorique). Le comportement des personnes dépressives et dysphoriques lors de la consommation des récompenses et des punitions a été évalué à l’aide de mesures musculaires d’expressions faciales (voir sous-chapitre 4.2. de la partie théorique).

En ce qui concerne les résultats obtenus au niveau de la récompense, ils indiquent tout d’abord que les personnes dépressives et dysphoriques rapportent moins de plaisir lorsqu’elles reçoivent une récompense que les personnes non dépressives (études 3, 6 et 7).

Cependant, il est à noter que l’étude 2 n’a pas montré de corrélation négative significative entre l’anhédonie et le plaisir rapporté. En ce qui concerne le comportement des personnes dépressives et dysphoriques lors de la consommation de récompenses, les résultats ont montré que leurs réponses affectives face à la récompense étaient réduites en comparaison aux réponses affectives des personnes non dépressives. En effet, les études 3 et 6 ont montré que le score maximum de la réactivité du muscle zygomatique était réduit chez les personnes dysphoriques en comparaison au score obtenu par les personnes non dysphoriques. L’étude 7 a montré les mêmes résultats au niveau du score maximum, mais elle a également relevé que le score moyen de la réactivité du muscle zygomatique était réduit chez les personnes dépressives en comparaison au score obtenu par les personnes non dépressives. Quant à l’étude 2, elle n’a pas montré de corrélation négative significative entre l’anhédonie et l’activité du muscle zygomatique, que ce soit au niveau du score moyen ou du score maximum.

Concernant les résultats obtenus au niveau de la punition, ils montrent tout d’abord que les personnes dépressives, dysphoriques et non dépressives rapportent un déplaisir similaire lorsqu’elles reçoivent une punition (études 4 et 7). Concernant le comportement des personnes dépressives et dysphoriques lors de la consommation de punitions, les résultats ont relevé que les réponses affectives des personnes dépressives, dysphoriques et non dépressives face à la punition étaient similaires. En effet, les études 4 et 7 ont montré que le score maximum de la réactivité du muscle corrugateur ainsi que le score moyen de la réactivité

162 Discussion: Résumé des résultats du muscle corrugateur était similaire chez les personnes dépressives, dysphoriques et non dépressives.

1.3. Mécanismes psychologiques impliqués

Dans la partie théorique, nous avions relevé que la plupart des études précédentes se focalisant sur la sensibilité à la récompense et à la punition dans la dépression étaient restées descriptives (voir sous-chapitre 3.4. de la partie théorique). Or, notre travail de thèse avait également pour but d’investiguer les mécanismes psychologiques sous-jacents qui pouvaient avoir un impact sur la sensibilité des personnes dépressives à la récompense et à la punition.

Après une analyse de la littérature et des différentes théories de la dépression, nous avions relevé trois mécanismes qui pouvaient avoir un important impact sur la réponse donnée par les personnes dépressives face à l’anticipation ou la consommation de récompenses et de punitions : le biais de mémoire négatif, le locus de contrôle et la rumination (voir sous-chapitre 3.5. de la partie théorique). Une étude s’est focalisée sur l’impact du locus de contrôle lors de l’anticipation d’une punition (étude 5), alors qu’une deuxième étude a investigué le rôle de la rumination durant la consommation d’une récompense (étude 6).

Les résultats de l’étude 5 ont montré que le locus de contrôle avait un rôle médiateur significatif sur le lien entre dysphorie et mobilisation de l’effort. Ainsi, ces résultats montrent qu’en raison de la présence d’un locus de contrôle plus externe, les personnes dysphoriques vont adopter un comportement d’évitement passif lors de l’anticipation d’une punition. En conséquence, elles mobiliseront moins d’effort pour éviter cette punition. En revanche, la présence d’un locus de contrôle plus interne permet aux personnes non dépressives de développer un comportement d’évitement actif lors de l’anticipation d’une punition. En conséquence de cela, les personnes non dépressives mobiliseront plus d’effort pour éviter la punition.

L’étude 6, quant à elle, a montré que la rumination avait un impact médiateur significatif sur le lien entre la dysphorie et les expressions faciales. Cela indique que durant la consommation d’une récompense, les personnes dysphoriques vont avoir tendance à ruminer.

Comme la valence négative de la rumination va interférer avec la valence positive de la récompense, les personnes dysphoriques vont ainsi exprimer moins de plaisir au niveau de leurs expressions faciales lors de la réception de la récompense. Les personnes non dysphoriques, quant à elles, vont exprimer plus de plaisir au niveau de l’expression de leur visage étant donné qu’elles sont moins sensibles à la rumination.

Discussion: Discussion des résultats 163