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3. Sensibilité à la récompense et à la punition dans la dépression

3.2. L’anticipation de récompenses et de punitions dans la dépression

3.2.2. Absence d’un comportement d’approche dans la dépression

Plusieurs théories convergent vers l’idée que les personnes dépressives souffrent d’un déficit fondamental dans le système d’affect positif lié à l’approche. En effet, les théories comportementales ont tout d’abord suggéré que la personne dépressive apprend à travers ses expériences vécues que certaines actions n’aboutissent pas à des renforcements positifs provenant de l’environnement. Ainsi, le comportement qui devrait produire des conséquences positives est petit à petit abandonné (voir le chapitre 2.3. pour plus de détails sur le modèle comportemental; Beck et al., 1979; Jacobson, Martell, & Dimidjian, 2001). Des théories plus biologiques ont également été proposées. Klein (1974) a mis en évidence la perte de la capacité à répondre affectivement à l’anticipation du plaisir dans la dépression endogénomorphe. Costello (1972) a affirmé que la dépression résultait d’une diminution de l’efficacité des renforcements, et Meehl (1975) a suggéré que les personnes dépressives ne percevaient pas la récompense comme un renforcement. Quant à Depue et Ianoco (1989), ils ont relevé un déficit au niveau du système de facilitation comportementale dans la phase hivernale de la dépression saisonnière. Au niveau neuroscientifique, Davidson (1992, 1994) a postulé l’existence d’une hypoactivation des régions préfrontales gauches dans la dépression.

Selon cet auteur, un manque d’activation dans ces régions antérieures se refléterait au niveau du comportement, impliquant une diminution du comportement d’approche. Cette diminution comportementale devrait ensuite diminuer la propension à expérimenter le plaisir et à développer un engagement positif envers l’environnement. Tout cela aboutirait finalement au développement des symptômes dépressifs. Par ailleurs, se basant sur la théorie de la sensibilité au renforcement de Gray (1987), Fowles (1994) a présenté une approche motivationnelle de la psychopathologie. Il a suggéré qu’il y avait un manque d’activation du BAS dans la dépression. Finalement, il a été montré que les personnes dépressives avaient tendance à générer moins de buts d’approche que ne le font les personnes non dépressives (Dickson & MacLeod, 2004, 2006). Ainsi, toutes ces théories convergent vers la conclusion que la dépression serait liée à une absence de comportement d’approche. Les études portant sur ce sujet seront présentées en détail plus loin dans ce travail (voir chapitre 3.4.).

Partie théorique: Sensibilité à la récompense et à la punition dans la dépression 29 3.2.3. Présence d’un comportement d’évitement passif dans la dépression

En psychopathologie, l’évitement a souvent été mis en lien avec les troubles anxieux (Barlow, 2002). Cependant, la présence d’un comportement d’évitement chez les personnes dépressives est incontestable (voir Ottenbreit & Dobson, 2004; Trew, 2011, pour revues). En effet, la littérature relève plusieurs liens entre évitement et dépression. Tout d’abord, Ferster (1973) suggère que la dépression est caractérisée par une augmentation de l’évitement des stimuli négatifs et que cet évitement prend souvent la forme de plaintes. D’autres auteurs ont montré un lien positif entre la stratégie de coping d’évitement (également nommée stratégie de suppression de pensée) et la dépression (Blalock & Joiner, 2000; Kuyken & Brewin, 2000;

Spurrell & McFarlane, 1995). Ce phénomène pourrait s’expliquer par le fait que les personnes dépressives ont tendance à percevoir les situations stressantes comme plus menaçantes et qu’en réponse, elles s’engageraient plus facilement dans des stratégies de coping d’évitement (Kuyken & Brewin, 2000). Certains auteurs ont également montré un lien positif entre le style de résolution de problème évitant et la dépression (D’Zurilla, Chang, Nottingham, & Faccini, 1998). Dans cette approche, il est à noter que le style évitant est considéré comme inefficace, alors que le style approchant est considéré comme optimal (D’Zurilla et al., 1998). Finalement, il a été suggéré dans la littérature que la dépression était associée à un plus grand nombre de buts et de plans d’évitement. En effet, Dickson et MacLeod (2006) ont montré que les personnes dépressives avaient tendance à générer plus de buts d’évitement que ne le font les personnes issues d’un groupe contrôle.

Par ailleurs, la dépression a souvent été mise en lien avec un comportement de passivité. En effet, il a été montré que la dépression était caractérisée par le désengagement (Rottenberg, Gross, & Gotlib, 2005) et par le désespoir ou la résignation apprise (Abramson et al., 1978). Ainsi, une des réponses comportementales les plus fréquentes chez les personnes dépressives serait la passivité.

Prenant en compte la présence d’un comportement d’évitement ainsi que d’un comportement de passivité dans la dépression, il a été suggéré dans la littérature que le comportement d’évitement utilisé par les personnes dépressives était passif. En effet, Ferster (1973) suggère que l’évitement des personnes dépressives est caractérisé par la passivité, car celles-ci agissent de façon indirecte et que leur action a peu de chance d’influencer la situation. Fowles (1994), quant à lui, affirme que la dépression est caractérisée par un haut niveau du système d’inibition comportementale, système qui déclenche un comportement d’évitement passif. Finalement, Cloninger (1987) postule l’existence de trois dimensions indépendantes dans son modèle de personnalité: la recherche de nouveauté, l’évitement du danger et la dépendance à la récompense. L’évitement du danger se réfère alors à la tendance à répondre de façon intensive à des stimuli aversifs en adoptant un comportement d’inhibition ou d’évitement passif dans le but d’éviter les punitions, la nouveauté et la frustration liée à

30 Partie théorique: Sensibilité à la récompense et à la punition dans la dépression l’absence de récompense. La littérature a alors montré un lien positif consistant entre cette dimension d’évitement du danger et la dépression (par ex., Hansenne et al., 1997). Ainsi, toutes ces théories convergent vers la conclusion que la dépression serait liée à la présence d’un comportement d’évitement passif.

Pour résumer les comportements d’approche et d’évitement dans la dépression, le comportement des personnes dépressives face aux récompenses et aux punitions diffère : le comportement d’approche est absent face aux récompenses, alors qu’il y a la présence d’un comportement d’évitement passif face aux punitions. Concernant la récompense de façon spécifique, nous avons vu que la dépression est liée à une absence de comportement d’approche. Cela signifierait alors que les personnes dépressives seraient moins motivées à obtenir une récompense que les personnes issues de la population normale, et que leur réponse serait réduite durant l’anticipation d’une récompense. Concernant la punition, la présence d’un comportement d’évitement dans la dépression semble incontestable. Cela serait alors lié à la présence d’une motivation à éviter une punition chez les personnes dépressives. Cependant, comme celles-ci ont perdu la confiance qu’elles pouvaient éviter les punitions et qu’elles évaluent la probabilité d’apparition des conséquences négatives comme étant très élevée (Fowles, 1994), leur comportement d’évitement serait passif. La présence de cet évitement passif serait alors liée à une réponse à la punition réduite durant l’anticipation de la punition. Ainsi, les personnes dépressives auraient une motivation différente face aux récompenses et aux punitions, mais leur réponse donnée en vue de l’obtention des récompenses et de l’évitement des punitions serait similaire, c’est-à-dire réduite en comparaison aux personnes non dépressives.

Pour illustrer le comportement des personnes dépressives et non dépressives face à l'anticipation d'une récompense, imaginons leur réaction lorsqu’on leur promet une somme d’argent si elles réussissent à résoudre un problème mathématique. La personne non dépressive sera motivée à gagner cette somme d’argent et fera tout son possible pour résoudre le problème. La personne dépressive, quant à elle, ne sera pas motivée par le gain d’argent et ne mettra rien en œuvre afin de réussir à résoudre le problème. Imaginons maintenant le comportement d’une personne dépressive et d’une personne non dépressive face à l'anticipation d'une punition. Si on leur demande de résoudre le problème mathématique le plus rapidement possible sous peine de perdre une somme d'argent qu'elles ont préalablement gagnée, les personnes dépressives et non dépressives seront motivées à ne pas perdre cette somme d'argent. Cependant, leur comportement sera différent. Alors que les personnes non dépressives agiront de manière active afin de résoudre le problème rapidement, les personnes dépressives resteront passives et ne parviendront donc pas à résoudre le problème à temps.

Partie théorique: Sensibilité à la récompense et à la punition dans la dépression 31 3.3. La consommation de récompenses et de punitions dans la dépression

Alors que la littérature est florissante concernant l’anticipation des récompenses et des punitions dans la dépression, il y a beaucoup moins de théories portant sur la composante consommatoire des processus de récompenses et punitions. Comme la composante consommatoire fait référence à la réponse affective face à la récompense ou à la punition, il serait alors important d'investiguer l'affect positif et l'affect négatif chez les personnes dépressives.

3.3.1. Affect positif et affect négatif

Les modèles contemporains portant sur la structure de la personnalité ont suggéré que la personnalité était organisée de façon hiérarchique, comprenant des facteurs globaux, qui comprennent à leur tour de nombreux sous-facteurs, appelés traits ou facettes. Les deux facteurs qui sont inclus dans tous les modèles structurels principaux de la personnalité sont l'affect positif, nommé également extraversion ou émotionnalité positive et l'affect négatif, appelé également neuroticisme ou émotionnalité négative. Ces deux facteurs apparaissent comme les deux dimensions dominantes de l'état affectif (Klein, Durbin, Shankman, &

Santiago, 2002; Watson & Tellegen, 1985).

La dimension d’affect positif se réfère à la tendance d’un individu à interagir avec son environnement et reflète le degré d'enthousiasme ou d'activité d'une personne. Ainsi, les personnes ayant un haut niveau d'affect positif sont caractérisées par une énergie débordante, une pleine concentration, un engagement vers le plaisir et apprécient la présence d'autrui. Les personnes ayant un bas niveau d'affect positif sont réservées, socialement distantes, manquent d’énergie et sont souvent dans un état de tristesse et de léthargie. L'affect négatif représente une dimension générale de stress subjectif et d'engagement vers le déplaisir, et reflète la sensibilité aux stimuli négatifs. Les personnes ayant un haut niveau d’affect négatif ressentent beaucoup d’émotions négatives, comme la colère, le mépris, le dégoût, la culpabilité, la peur et la nervosité. Elles perçoivent aussi le monde comme étant menaçant ou pénible. Les personnes ayant un bas niveau d’affect négatif sont calmes, sereines, émotionnellement stables et contentes d’elles-mêmes. Ces dimensions sont indépendantes les unes des autres étant donné qu’elles subissent l’influence de systèmes biologiques internes différents (Clark & Watson, 1991; Klein et al., 2002; Watson, Clark, & Tellegen, 1988).

3.3.2. Présence de l’affect positif et de l'affect négatif dans la dépression

Plusieurs théories se sont intéressées à la présence de l'affect positif et/ou de l'affect négatif dans la dépression. Dans leur modèle tripartite, Watson et ses collaborateurs (Clark &

Watson, 1991; Watson, Clark, & Carey, 1988) ont voulu différencier les troubles dépressifs

32 Partie théorique: Sensibilité à la récompense et à la punition dans la dépression des troubles anxieux. Ils ont alors suggéré qu'un haut niveau d'affect négatif était présent à la fois chez les dépressifs et les anxieux, alors que les dépressifs se distinguaient des anxieux par de bas niveaux d’affect positif.

Plusieurs théories se sont penchées spécifiquement sur la présence de l'affect négatif ou de l'affect positif chez les personnes dépressives. En ce qui concerne l'affect négatif, il a été suggéré à maintes reprises qu'il s'agit d'une caractéristique principale de la dépression (American Psychiatric Association, 2013). De plus, la présence de l'affect négatif serait considérée comme un facteur de risque menant à la dépression (Davey et al., 2015). Par ailleurs, les théories comportementales postulent l’hypothèse de potentialisation négative.

Celle-ci part du constat que les personnes dépressives ont une humeur négative élevée et suggère que ces personnes vont montrer une réactivité émotionnelle accrue aux stimuli émotionnels négatifs. L’humeur négative activerait les structures cognitives qui distordent négativement le traitement des stimuli émotionnels. Une fois activées, ces structures précipiteraient les réponses émotionnelles dépressogènes, comme les sentiments actuels de tristesse (Dimidjian, Martell, Addis, & Hermann-Dunn, 2008; Manos, Kanter, & Busch, 2010).

Enfin, la théorie cognitive de Beck (Beck et al., 1979) postule que les affects sont intimement liés aux cognitions. Comme cette théorie postule que les cognitions sont négatives dans la dépression, les affects le seraient alors également.

En ce qui concerne l'affect positif de façon spécifique, Klein (1974) a mis en évidence la perte de la capacité à ressentir du plaisir dans la dépression endogénomorphe. Meehl (1975) représente la capacité hédonique sur un continuum allant d’une très faible capacité hédonique à une très haute capacité hédonique et affirme que la dépression est localisée vers le pôle le plus bas de ce continuum. Depue et Iacono (1989), quant à eux, suggèrent que la dépression est caractérisée par un manque de réactivité affective aux stimuli positifs.

Pour conclure, la littérature relève de façon consistante la présence réduite de l'affect positif ainsi que la présence marquée de l'affect négatif dans la dépression. En comparaison aux personnes non dépressives, les personnes dépressives devraient alors montrer des réponses positives réduites lorsqu’elles reçoivent une récompense, ainsi que des réponses négatives similaires lorsqu’elles reçoivent une punition.

3.4. Etudes comportementales et neuroscientifiques

Dans les sous-chapitres précédents, nous avons présenté les théories sous-jacentes du comportement des personnes dépressives et non dépressives face à l'anticipation et la consommation des récompenses et des punitions. Dans ce sous-chapitre, nous souhaiterions présenter les différentes études qui ont été menées jusqu'à maintenant sur ce sujet.

Partie théorique: Sensibilité à la récompense et à la punition dans la dépression 33 La récompense et la punition ont longtemps été considérés comme des concepts uniques. De nombreuses études comportementales et neuroscientifiques ont d’ailleurs été menées dans une population de personnes souffrant d’un épisode dépressif majeur ou de personnes sous-cliniques. Puis, les études se sont approfondies, se focalisant sur les composantes anticipatoires et consommatoires des processus de récompense et de punition.

Dans ce chapitre, nous nous focaliserons donc tout d’abord sur les études qui ont pris en compte les récompenses et les punitions comme des construits uniques. Puis, nous parlerons des études qui se sont focalisées sur les composantes d’anticipation et de consommation des récompenses et des punitions. Enfin, nous analyserons ces différentes études en amenant un regard critique.

3.4.1. Sensibilité à la récompense et à la punition

De nombreuses études comportementales et neuroscientifiques ont été menées au niveau de la sensibilité à la récompense et à la punition en considérant la récompense et la punition comme des construits uniques. Au niveau comportemental tout d'abord, plusieurs études se sont basées sur la théorie de la détection du signal et ont montré que les personnes dysphoriques, dépressives et les patients en rémission présentaient une sensibilité réduite à la récompense, la sensibilité à la récompense étant opérationnalisée par un biais de réponse libéral (Henriques & Davidson, 2000; Henriques, Glowacki, & Davidson, 1994) ou un biais de réponse envers les stimuli les plus renforcés (Liu et al., 2011; Pechtel, Dutra, Goetz, &

Pizzagalli, 2013; Pizzagalli, Iosifescu, Hallett, Ratner, & Fava, 2009; Pizzagalli, Jahn, &

O’Shea, 2005). Le concept de biais de réponse sera défini dans le chapitre 4.2.1. D’autres études ont montré que les personnes dépressives avaient un déficit au niveau de la prise de décision relative à la récompense (Forbes, Shaw, & Dahl, 2007; Kunisato et al., 2012).

Concernant la punition, la littérature est nettement moins florissante et il n’y a pas de véritable consensus au niveau des résultats. En effet, certaines études ont montré une diminution des réponses comportementales aux conséquences positives et négatives dans la dépression (Steele, Kumar, & Ebmeier, 2007). D’autres études n’ont pas trouvé de réduction de la réponse aux punitions monétaires (Henriques & Davidson, 2000) et des auteurs ont remarqué que les personnes ayant un haut score de dépression avaient une meilleure performance que les personnes non dépressives lorsqu’elles devaient minimiser la punition (Beevers et al., 2013).

Au niveau neuroscientifique, des études ont montré que les personnes dépressives (pour revues, voir Eshel & Roiser, 2010; Nestler & Carlezon, 2006), les patients en rémission (McCabe, Cowen, & Harmer, 2009) et les filles de mères dépressives (Gotlib & Joormann, 2010) présentaient un dysfonctionnement dans les régions impliquées dans le circuit neuronal de la récompense. D’autres études ont confirmé l’existence d’une hypoactivation des régions préfrontales gauches chez les personnes dépressives (Tomarken & Keener, 1998), les

34 Partie théorique: Sensibilité à la récompense et à la punition dans la dépression personnes en rémission d’une dépression (Gotlib, Ranganath, & Rosenfeld, 1998; Henriques

& Davidson, 1990) et les enfants de mères dépressives (Hammen, 1991; Tomarken, Dichter, Garber, & Simien, 2004), reflétant alors une diminution du comportement d’approche ainsi qu’une réduction de l’affect positif. Concernant la sensibilité à la punition, certaines études (Steele et al., 2007) ont montré que les personnes dépressives présentaient une réponse réduite au feedback négatif. D’autres études ont utilisé la négativité liée au feedback (feedback-related negativity, FRN) comme indice électrophysiologique des réponses au feedback et ont montré que les enfants et les adolescents ayant de hauts scores de dépression présentaient une plus faible négativité liée au feedback, que celui-ci soit négatif ou positif (Bress, Smith, Foti, Klein, & Hadjcak, 2012 ; Foti, Kotov, Klein, & Hajcak, 2011). Ces résulats indiquent alors que les dépressifs seraient hyposensibles à la punition. Par contre, d’autres auteurs (Tucker, Luu, Frishkoff, Quiring, & Poulsen, 2003 ; Santesso et al., 2008) ont rapporté que les dépressifs présentaient une plus grande négativité relative au feedback, en particulier après un feedback négatif. Ces résultats indiquent alors que ces personnes seraient hypersensibles au niveau électrophysiologique à la punition.

Ainsi, les différentes études portant sur la récompense en tant que concepts uniques convergent vers la conclusion que les personnes dysphoriques et dépressives ont une sensibilité réduite à la récompense. Concernant la punition, les études n'aboutissent pas à un consensus, certaines études montrant une sensibilité réduite et d'autres une sensibilité accrue à la punition dans la dépression.

3.4.2. Anticipation et consommation des récompenses et des punitions

Plusieurs études ont investigué les composantes anticipatoires et consommatoires du processus de récompense dans la dépression. Concernant la composante d’anticipation de la récompense, la plupart des études ont révélé que les personnes dépressives et dysphoriques ont montré une réponse électrophysiologique, auto-reportée ou comportementale réduite face à l'anticipation d'une récompense. En effet, les études électrophysiologiques ont montré une réduction de l’activation du striatum (Forbes et al., 2009; Olino et al., 2011; Pizzagalli et al., 2009; Smoski et al., 2009), une réduction du cortex orbitofrontal droit (Smoski, Rittenberg, &

Dichter, 2011) ainsi qu’une hypoactivation des régions préfrontales gauches (Shankman et al., 2013) durant l’anticipation de gains monétaires chez les personnes dépressives. Les études comportementales ont révélé que les personnes dépressives (Treadway, Bossaller, Shelton,

& Zald, 2012) et dysphoriques (Treadway, Buckholtz, Schwartzman, Lambert, & Zald, 2009) dépensaient moins d’effort que les personnes non dépressives pour obtenir une récompense monétaire. Les études auto-reportées, quant à elles, ont révélé qu’en comparaison aux personnes non dypshoriques, les personnes dysphoriques montraient moins de biais positifs durant l’anticipation de réponses hédoniques (Chentsova-Dutton & Hanley, 2010). Seules

Partie théorique: Sensibilité à la récompense et à la punition dans la dépression 35 quelques études n’ont pas répliqué complètement ces résultats, en indiquant que les personnes dépressives ne montraient pas de différences avec les personnes non dépressives au niveau de l’activation du striatum (Knutson, Bhanji, Cooney, Atlas, & Gotlib, 2008), ou que les personnes en rémission montraient une hyperactivation des régions impliquées dans le circuit de la récompense (Dichter, Kozink, McClernon, & Smoski, 2012).

La composante de consommation de la récompense a moins été étudiée, mais les résultats ont principalement montré que la réponse affective aux récompenses était plus basse chez les personnes dépressives et dysphoriques. En effet, les études électrophysiologiques ont montré une hypoactivation des régions impliquées dans le circuit de la récompense chez les personnes en rémission (Dichter et al., 2012), une hypoactivation des régions préfrontales gauches chez les personnes dépressives mélancoliques (Shankman, Sarapas, & Klein, 2011) ainsi qu’une réduction de l’activation du striatum chez les personnes dépressives (Forbes et al., 2009; Pizzagalli et al., 2009; Smoski et al., 2009) lors de la consommation de la récompense. Seules quelques études n’ont pas trouvé de différences entre les personnes dépressives et les personnes non dépressives concernant cette composante de consommation, indiquant que les personnes dépressives rapportaient autant de plaisir que les personnes non dépressives lorsqu’elles voyaient des images positives (Sherdell et al., 2012).

En ce qui concerne la punition, quelques études ont utilisé des tâches impliquant des gains ou des pertes d’argent, investiguant de ce fait à la fois l’anticipation et la consommation des récompenses et des punitions. Alors que la majorité d’entre elles n’ont pris en compte que

En ce qui concerne la punition, quelques études ont utilisé des tâches impliquant des gains ou des pertes d’argent, investiguant de ce fait à la fois l’anticipation et la consommation des récompenses et des punitions. Alors que la majorité d’entre elles n’ont pris en compte que