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Les résultats thermogravimétriques et les observations MEB ont montré que l’oxydation sous atmosphère anodique était complètement différente de celle sous milieu cathodique. La

distribution des éléments chimiques établie par SIMS sur les aciers Crofer22APU et Fe30Cr

non revêtus et revêtus d’oxyde d’éléments réactifs confirme ce phénomène. Le profil de

l’alliage Crofer22APU non revêtu oxydé sous H

2

/10%H

2

O (Figure III.39.a) présente

quelques différences par rapport à celui obtenu sous air. La ségrégation du titane à l’interface

interne est toujours présente ; néanmoins, le signal du Ti dans la couche de chromine semble

plus élevée que dans celle formée sous air. La diffusion du Ti semble donc plus rapide en

présence de vapeur d’eau. Cette observation est parfaitement cohérente avec ce qui a été

rapporté dans la littérature. Wouters et al. [33] ont établi par exemple que la présence de

vapeur d’eau dans l’atmosphère corrosive augmente d’un facteur 3 la cinétique

(a) (b)

Figure III.36 : Observation MEB de l’alliage Haynes230 non revêtu après oxydation sous H2/10%H2O sous 150 mbar pendant 100 h à 800°C. (a) Image en électrons secondaires de la surface. (b) Image en électrons rétrodiffusés d’une coupe transversale.

(a) (b)

Figure III.37 : Observation MEB de l’alliage Haynes230 revêtu de La2O3 après oxydation sous H2/10%H2O sous 150 mbar pendant 100 h à 800°C. (a) Image en électrons secondaires de la surface. (b) Image en électrons rétrodiffusés d’une coupe transversale.

(a) (b)

Figure III.38 : Observation MEB de l’alliage Haynes230 revêtu de Y2O3 après oxydation sous H2/10%H2O sous 150 mbar pendant 100 h à 800°C. (a) Image en électrons secondaires de la surface. (b) Image en électrons rétrodiffusés d’une coupe transversale.

s’expliquant vraisemblablement par l’absence d’oxyde rutile. Par ailleurs, ce profil indique

certes un signal faible en Fe dans la partie externe du spinelle mais relativement élevée dans

la couche de chromine. Cette manifestation a déjà été discutée par Larring et al. [34].

L’augmentation de la concentration en protons dans la couche de chromine augmente

indirectement la solubilité et la diffusion du Fe dans les couches de chromine. Ce même

phénomène est accentué lors de l’oxydation sous atmosphère duale (c'est-à-dire lorsque

l’alliage métallique est exposé simultanément d’un côté à de l’air et de l’autre à de

l’hydrogène humide). Yang et al. observent par exemple que, du côté cathodique, la couche

d’oxyde contient des oxydes de type spinelle (Fe, Cr)

3

O

4

et des nodules de Fe

2

O

3

(hématite)

[35]. Enfin, la partie externe de la couche présente toujours des signaux en Mn et Cr plus

élevés, correspondant à l’oxyde de type spinelle et à l’oxyde de manganèse.

Le profil SIMS obtenu sur l’acier Crofer22APU revêtu de La

2

O

3

(Figure III.39.b) est

nettement différent de celui obtenu sous air et illustre le caractère néfaste du milieu anodique

sur l’effet bénéfique du revêtement de La

2

O

3

. Les signaux du La et du Mn atteignent leur

maximum à l’interface externe, correspondant aux phases LaMnO

3

et MnO caractérisées

précédemment. En revanche, contrairement au chromite de lanthane qui, sous air, avait agi

comme barrière de diffusion au Fe et au Ti, le manganite de lanthane n’a pas empêché une

légère ségrégation du fer à l’interface externe. En outre, l’enrichissement en Fe et surtout en

Ti de la couche interne de chromine observé sur l’échantillon non revêtu est toujours présent.

Le profil SIMS de l’acier Crofer22APU revêtu d’yttrine (Figure III.39.c) confirme le fait que

le revêtement de Y

2

O

3

est plus perméable aux éléments d’alliage. En effet, même si l’yttrine

reste concentrée à l’interface externe, celle-ci présente un net enrichissement en Mn

correspondant à l’oxyde de manganèse MnO. Cependant, la diffusion du Fe et du Ti vers

l’interface externe est toujours stoppée, ceux-ci se retrouvant alors dans la couche interne de

chromine.

Les profils SIMS réalisés sur l’acier Fe30Cr non revêtu et revêtu oxydé sous H

2

/10%H

2

O

présentent de nettes différences par rapport aux vieillissements sous air. La couche de

chromine de l’alliage non revêtu (Figure III.40.a), nettement plus épaisse que celle obtenue

sous air, présente à l’interface externe une nette décroissance du signal du Cr, liée sans doute

à un enrichissement notable en Fe. En présence d’un dépôt de lanthane (Figure III.40.b), la

terre rare est concentrée à la surface de l’alliage, correspondant aux phases La

2

O

3

et La(OH)

3

.

En revanche, même si le Fe est présent dans la strate de chromine, aucune ségrégation de cet

élément n’est présente à la surface, contrairement à l’acier Crofer22APU revêtu de La

2

O

3

. Il

semble donc que le lanthane sous sa forme La

2

O

3

soit capable de stopper la diffusion des

éléments d’alliages. Le revêtement d’yttrine (Figure III.40.c) stoppe, comme dans le cas de

l’acier Crofer22APU, la diffusion du fer et du chrome.

III.2.4.Mesure de conductivité

Pour l’instant, sans mesure du paramètre ASR sous H

2

/10%H

2

O, il est très difficile de

déterminer l’influence de la vapeur d’eau sur les propriétés électriques, cependant quelques

pistes peuvent être émises. Dans la littérature, le paramètre ASR mesuré sous atmosphère

anodique est supérieur au paramètre ASR mesuré sous air [28, 36, 37]. Cette différence est

tout d’abord due à la différence d’épaisseur de la couche d’oxyde. De plus, il est très clair que

la présence de microporosités observées dans les couches d’oxyde formées sur les alliages

revêtus et non revêtus sous H

2

/10%H

2

O est très préjudiciable pour la conductivité électrique

de la couche d’oxyde. A. Holt et P. Kofstad [38] ont de plus démontré que la conductivité

électrique de la chromine peut être affectée par la dissolution de protons.

Figure III.39 : Profil de composition réalisé par SIMS de l’acier Crofer22APU non revêtu (a), revêtu de La2O3 (b) et de Y2O3 (c) après oxydation sous H2/10%H2O sous 150 mbar pendant 100 h à 800°C.

Figure III.40 : Profil de composition réalisé par SIMS de l’acier Fe30Cr non revêtu (a), revêtu de La2O3 (b) et de Y2O3 (c) après oxydation sous H2/10%H2O sous 150 mbar pendant 100 h à 800°C.

(a) (a)

(b) (b)

EHT) une très nette augmentation du paramètre ASR de l’alliage Crofer22APU, avec un

paramètre frôlant les 1 Ω.cm

2

. La modification des phases cristallines due à la présence de

vapeur d’eau dans l’atmosphère corrosive peut évidemment modifier la conductivité

électrique de la couche d’oxyde. Dans le cas de l’alliage Crofer22APU oxydé sous

H

2

/10%H

2

O, la présence de MnO qui a une conductivité électrique plus faible que l’oxyde

spinelle (Cr, Mn)

3

O

4

devrait diminuer la conductivité électrique de la couche d’oxyde. Cette

diminution de conductivité a déjà été observée par Y. Liu [37]. Il observe également, comme

England et Virkar [28], une importante augmentation du paramètre ASR de l’alliage

Haynes230 non revêtu sous atmosphère anodique. Plusieurs explications peuvent expliquer

cette augmentation. La première est une couche d’oxyde nettement plus épaisse sous H

2

/H

2

O

que sous air. La formation, lors de l’oxydation sous air (et pas sous H

2

/10%H

2

O), de NiO

ayant une conductivité électrique élevée explique la meilleure conductivité de l’alliage

Haynes230 non revêtu sous air que sous H

2

/10%H

2

O. Enfin, la présence nettement plus

importante du mélange Al

2

O

3

/SiO

2

sous H

2

/10%H

2

O peut aussi expliquer l’augmentation du

paramètre ASR. Sous air, la présence d’une pérovskite telle que LaCrO

3

augmente

considérablement la conductivité de la couche d’oxyde. Sous H

2

/10%H

2

O l’absence de ce

type d’oxyde pourrait expliquer une augmentation du paramètre ASR, en particulier dans les

cas où le revêtement de départ (La

2

O

3

ou Y

2

O

3

), ayant une conductivité nettement inférieure à

celle de la chromine (Tableau I.2), est encore présent. En revanche, la présence d’un oxyde

pérovskite LaMnO

3

(Alliage Crofer22APU revêtu de La

2

O

3

oxydé 100 h à 800°C sous

H

2

/10%H

2

O), qui a une conductivité supérieure à celle de la chromine (Tableau I.2 – page

15), pourrait améliorer les propriétés électriques de la couche d’oxyde.

En résumé…

En premier lieu, il faut noter que la croissance de la couche d’oxyde à la surface des

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