chrome (cas des trois alliages) et de tungstène (uniquement dans le cas de l’alliage
Haynes230). Ainsi, l’excellente résistance apparente à la corrosion de l’alliage Haynes230
pourrait être due à une simple perte de masse consécutive aux phénomènes de volatilisation.
V.1.1.3.Morphologie des couches d’oxyde
L’observation au MEB de l’alliage Crofer22APU non revêtu (Figure V.5.a) confirme les
observations macroscopiques. La surface oxydée est homogène, adhérente au substrat et
constituée de petits grains riches en Cr et Mn, correspondant à la phase spinelle (Cr, Mn)
3O
4révélée en DRX (Tableau V.1). L’image en électron rétrodiffusés d’une coupe transversale
(Figure V.5.b) montre que la couche a une épaisseur d’environ 4,2µm, parfaitement
homogène, ne présentant ni pores ni fissures. La structure double, constituée de la strate
interne de chromine et de l’oxyde spinelle en surface, est toujours observée. En raison de la
taille importante de la poire d’interaction générée par le faisceau d’électron, il est difficile de
déterminer les épaisseurs respectives de la chromine et de l’oxyde spinelle. Par ailleurs,
l’enrichissement en Ti de la couche semble nettement plus important et se caractérise
notamment par la présence de cristaux de TiO
2de type rutile (fiche ICDD n°70-7347) à la
surface. A l’interface oxyde/métal la corrosion interne du Ti est nettement plus importante
qu’après 100 h de vieillissement et s’étend jusqu’à 15 µm de profondeur. Il est intéressant de
remarquer que la taille des nodules de TiO
2s’accroit lorsque la profondeur augmente. Enfin, à
l’aplomb des joints de grains du métal (qui sont des court-circuit de diffusion), la couche
d’oxyde est légèrement plus épaisse. D’autre part, quelques petites régions de l’oxyde de
surface présentent un enrichissement notable en lanthane
isans qu’il soit possible d’identifier
de phases cristallines associées. La très bonne tenue à l’oxydation de l’alliage non revêtu tient
peut-être à ce dopage. Une analyse chimique à une soixantaine de micron de la surface ne
montre pas d’appauvrissement en Cr.
(a) (b)
Figure V.5 : Observation MEB de l’acier Crofer22APU non revêtu après oxydation sous air à la pression atmosphérique pendant 320 jours à 800°C. (a) Image en électrons secondaires de la surface. (b) Image en électrons rétrodiffusés d’une coupe transversale.
(a) (b)
Figure V.6 : Observation MEB de l’acier Crofer22APU revêtu de La2O3 après oxydation sous air à la pression atmosphérique pendant 320 jours à 800°C. (a) Image en électrons secondaires de la surface. (b) Image en électrons rétrodiffusés d’une coupe transversale.
2
(a) (b)
Figure V.7 : Observation MEB de l’acier Crofer22APU revêtu de Y2O3 après oxydation sous air à la pression atmosphérique pendant 320 jours à 800°C. (a) Image en électrons secondaires de la surface. (b) Image en électrons rétrodiffusés d’une coupe transversale.
sont similaires entre elles mais très nettement différentes de celle de l’alliage non revêtu. Les
couches de corrosion ont respectivement une épaisseur de 2,9 et 3,6 µm. Les revêtements
d’oxyde d’éléments réactifs permettent donc de diminuer nettement la couche continue
d’oxyde. Si la strate interne d’oxyde se compose toujours de chromine, la couche externe en
revanche se compose de deux couches d’oxyde spinelle bien distinctes. La première,
totalement non couvrante, se compose de très larges cristaux d’oxyde de type spinelle proche
de la phase CrMn
2O
4(Figure V.8) pouvant atteindre une taille de 50 µm. Ces oxydes sont très
facettés et sont la cause de l’aspect macroscopique brillant des couches d’oxyde. Cependant,
ces oxydes ne semblent pas être très adhérents au substrat, comme le montre l’image d’une
coupe transversale de l’acier Crofer22APU revêtu de La
2O
3(Figure V.6.b). Des pores sont
fréquemment présents à l’interface de ces cristaux spinelle et de la couche continue. La
deuxième couche, beaucoup plus adhérente, est complètement couvrante et se compose de
grains d’oxyde plus petits, proche de la phase MnCr
2O
4. Dans le cas du revêtement de La
2O
3,
ces grains d’oxyde ont une forme pyramidale alors que, pour le dépôt de Y
2O
3, les grains sont
plus allongés. En outre, les fractures détectées à la surface de l’yttrine après 100 h
n’apparaissent plus. Cette dernière couche est très intéressante puisqu’elle permet de limiter la
formation des espèces volatiles d’oxyde de chrome.
Figure V.8 : Détail d'un grain d'oxyde spinelle à la surface de l’acier Crofer22APU revêtu de La2O3 oxydé 320 jours sous air à la pression atmosphérique à 800°C
Les analyses DRX révèlent des résultats assez déroutants : en effet, la phase pérovskite
LaCrO
3détectée après 100 h d’oxydation a complètement disparu. Néanmoins, l’image de la
coupe transverse (Figure V.6.b) présente des taches plus brillantes proches de l’interface
externe correspondant à cette pérovskite LaCrO
3, mais cette phase ne constitue pas une
couche complètement continue. L’élément réactif semble s’être partiellement dilué dans toute
l’épaisseur de la couche d’oxyde. Le revêtement de Y
2O
3, qui avait très peu évolué au cours
des premières heures d’oxydation, a disparu et a finalement réagi pour former principalement
YMn
2O
5(fiche ICDD n°34-0667) et quelques grains de chromite d’yttrium YCrO
3(fiche
ICDD n°34-0365). Ces deux phases forment un film continu à l’interface oxyde/gaz.
L’épaisseur de film est de 200 nm environ, ce qui correspond à l’épaisseur du film d’yttrine
de départ. Contrairement au La, l’Y ne s’est pas dilué dans la couche d’oxyde, ceci étant
certainement lié à sa plus faible réactivité avec la chromine.
Concernant l’oxydation du Ti, les éléments réactifs semblent toujours bloquer la
formation de l’oxyde rutile en surface. Dans le cas du revêtement de La
2O
3, la corrosion
interne du Ti est extrêmement faible et ne s’étend que sur 2 µm en profondeur. En revanche,
le revêtement de Y
2O
3ne stoppe pas ce phénomène de corrosion interne. Comme dans le cas
de l’alliage non revêtu, aucun appauvrissement en chrome n’a pu être mis en évidence.
(a) (b)
Figure V.9 : Observation MEB de l’acier Fe30Cr non revêtu après oxydation sous air à la pression atmosphérique pendant 320 jours à 800°C. (a) Image en électrons secondaires de la surface. (b) Image en électrons rétrodiffusés d’une coupe transversale.
(a) (b)
Figure V.10 : Observation MEB de l’acier Fe30Cr revêtu de La2O3 après oxydation sous air à la pression atmosphérique pendant 320 jours à 800°C. (a) Image en électrons secondaires de la surface. (b) Image en électrons rétrodiffusés d’une coupe transversale.
2
(a) (b)
Figure V.11 : Observation MEB de l’acier Fe30Cr revêtu de Y2O3 après oxydation sous air à la pression atmosphérique pendant 320 jours à 800°C. (a) Image en électrons secondaires de la surface. (b) Image en électrons rétrodiffusés d’une coupe transversale.