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Pour le mot inducteur sexualité, des 244 associations qui ont été émises par l’ensemble des 96 participants, 110 formes lexicales distinctes ont été recensées. Les associations les plus valeur propre associée à l’axe considéré, elle traduit la part de la variance expliquée, elle est associée à la statistique du khi2. Avec des données de ce type, l’interprétation du Phi2 total pose des problèmes et il vaut mieux s’en abstenir ». L’analyse factorielle apporte des éléments qui permettent d’interpréter les données, telles les coordonnées α des modalités des événements (associations de mots ou équivalences) sur les facteurs retenus, les COS2, appelés contribution relative (contribution d’un facteur à la modalité de variable), la CPF (contribution par facteur) appelée contribution relative qui correspond à la fréquence d’apparition des associations ou événements. Si chaque événement avait la même CPF, chacun aurait un CPF de 100 Σ (somme de contributions des événements)/Nombre d’événements. Ainsi, pour chaque facteur, on considère les événements dont la contribution est supérieure à la moyenne. Dans cette lignée, il est aussi possible de voir par la même analyse les modalités des variables significatives, c'est-à-dire les modalités dont la contribution sur les facteurs est supérieure à la moyenne (100/nombre de modalités de variable).

fréquentes sont : « Sexe » (30) « Amour » (24) et « Abstinence » (18). Dans la lemmatisation (regroupement des associations semblables), 8 formes ont été éliminées32 et 31 équivalences (ou événements) ont été établies. L’analyse des correspondances réalisée sur ces équivalences montre que les deux facteurs principaux dégagés expliquent 59,15% de la variance de la table des correspondances ; l’illustration de ces combinaisons est présentée dans le Tableau 10. Le facteur 1 en explique 36.7% et le facteur 2 en explique 23.8%. La somme des valeurs propres est égale à .15. Les variables illustratives qui ont une contribution absolue supérieure à la moyenne (Moyenne : 100/15 = 6.6) sur les deux facteurs sont présentées en caractères gras dans ce tableau :

Pour le premier facteur (valeur propre = .05), sur l’axe horizontal (formes en rouge : associations avec contribution relative supérieure à la moyenne (Figure 2, p. 77), se dégage une vision générale de la sexualité. Du côté gauche de l’axe, le mot « sexualité » est associé à : sexuel, sexe, relation-sexuelle, précaution montrant une vision plutôt

32 Les formes qui sont éliminées du dictionnaire sont celles qui relèvent de la déformation (ex.

Vagasin, vaksel, etc.) ou des bouts de mots « raturés ». Tableau 10

Contributions absolues des différentes modalités des variables sur les deux premiers facteurs (associations au mot Sexualité).

Contributions par facteur Modalités des variables (α 1) Fact1 COS2 CPF1 (α 2) Fact2 COS2’ CPF2 Catholiques -.10 .22 1.9 -.12 .30 4.2 Pentecôtistes .10 .22 1.9 .12 .30 4.2 Favorisés -.36 .92 27.7 .02 0 .10 Défavorisés .49 .92 37 -.02 0 .10 16-17ans .01 0 0 -.23 .23 5.3 18-19ans 0 0 0 .05 .23 1.1 Filles 0 0 0 -.37 .89 38 Garçons 0 0 0 .35 .89 35.9 Diffusion .77 .67 16 -20 .04 1.7 Forclusion .31 .04 1.1 .58 .15 6.3 Moratoire .22 .02 .40 .40 .07 1.9 Diffusion-forclusion -.15 .58 5.6 0 0 0 Forclusion-Moratoire -.06 .01 .10 -12 .05 .90 Indifférencié 87 .40 8 .04 0 0

rudimentaire de la sexualité, centrée principalement sur l’activité coïtale avec un certain

souci de précautions à prendre. Ces associations se rapportent davantage aux participants dont le profil identitaire est diffusion et à ceux des milieux défavorisés.

Figure 2

Analyse des correspondances simples sur le mot « sexualité » à partir des associations émises

À l’opposé, sur le côté droit de l’axe, se dégage une vision marquée par l’expression d’un certain romantisme, d’inquiétude à travers des associations telles : plaisir, femme, affection, confiance, bonheur, viol, homme. Ces associations sont surtout émises par des jeunes de milieux favorisés.

Pour le second facteur (Valeur propre=.03), sur l’axe vertical (formes carrées en bleu, avec contribution relative supérieure à la moyenne), les associations se distinguent par leur modalité d’appréhension de la sexualité. Dans la partie supérieure, les associations:

Koupe33, sensation, danger-peur, désir témoignent d’une vision à la fois alarmiste et

érotique. C’est la position des filles et, en moindre importance, celle des 16-17 ans (n =

22). À l’opposé, dans la partie inférieure, se dégage une vision plus rationnelle-

idéaliste avec les associations engagement, mariage; il s’agit d’une position qui semble

être associée aux participants catégorisés dans le profil indifférencié (n = 3) qui se distinguent sensiblement des autres même si leurs contributions absolues ne sont pas significatives sur ce facteur. Dans cette même partie, on peut également voir que l’association sida se situe près des pentecôtistes et l’association danger-peur plus près des catholiques. Ces deux positions pourraient traduire, dans une certaine mesure, le discours

alarmiste qui circule dans ces milieux religieux, tel que souligné dans la recension des

écrits; mais ceci n’est qu’une inférence puisque la contribution de la variable allégeance religieuse (catholique et pentecôtiste) est faible. De manière significative, nous observons que les associations MST et Sida traduisent la position des garçons.

En bref, parmi les dimensions dégagées, les principales distinctions portent sur la vision globale de la sexualité (vision rudimentaire vs symbolique) et sur les modalités de l’appréhender (érotique-émotionnelle vs rationnelle-idéaliste). À noter que la variable allégeance religieuse révèle ici une vision de la sexualité plutôt consensuelle et de type alarmiste. Quant au profil identitaire indifférencié, dont les caractéristiques sont peu précisées dans le modèle d’Adams (1998), aucun élément, à ce stade, ne permet d’en clarifier les caractéristiques particulières sinon par leur position distincte sur l’axe 1. Les résultats aux autres mots inducteurs offriront peut-être des indices plus explicites sur ce profil. L’appréhension (par l’association Viol) soulignée dans la représentation de la sexualité des jeunes des milieux favorisés pourrait être liée à une préoccupation en ce qui concerne la violence à l’égard des femmes; cette hypothèse s’appuie sur le rapport de l’Institut haïtien de l’Enfance de 2006 qui avance ce qui suit :

En dépit des interventions effectuées pour juguler la violence, on a assisté à une recrudescence des violences sexuelles faites aux femmes et à l’émergence du viol collectif. Ce qui augmente le risque d’exposition des femmes aux ITSS et au

VIH/SIDA. Le nombre de cas de viols déclaré est passé de 362 à 722 en 2005, 33% des cas des viols reçus sont des viols collectifs (p. 7).

Cependant, étant donné que les deux axes obtenus n’expliquent qu’environ 60% de l’inertie, l’interprétation de ces données doit être faite avec prudence.