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Chapitre 5 - Présentation et discussion des résultats

5.2 Résultats : Emotions suscitées par des situations d’épilepsie

De nombreuses émotions sont suscitées par l’évocation de l’épilepsie à l’école, même si la situation de l’accueil d’un élève présentant une épilepsie est uniquement imaginée par certains enseignants de notre étude. Pour une majorité d’enseignants une situation d’épilepsie à l’école représente une grande charge émotionnelle.

Tableau 5.2 : Émotions suscitées chez les 16 enseignants par des situations d’épilepsie à l’école en fonction des contextes professionnels

Types d’émotions contexte 1 Formation

Le tableau 5.2 comprend les résultats liés aux émotions que suscite chez les 16 enseignants une situation d’épilepsie.

Ces émotions sont éprouvées aussi bien à la lecture des vignettes qu’aux souvenirs de différentes situations vécues en lien avec l’épilepsie et que la situation présentée leur rappelle.

Emotions suscitées par des situations d’épilepsie

Nous dégageons de ce tableau le constat que les enseignants, tous contextes confondus, parlent dans l’ordre de prévalence d’empathie (14/16), de confiance (11/16) et de stress positif (9/16).

« Donc euh… il a besoin d’empathie de tout le monde. » (contexte 3-Sans F/I)

« Si on sait comment réagir, on a moins peur et puis on se dit, on a plus confiance, on se dit : « oui, je peux prendre cet enfant parce que je sais comment réagir. » (contexte 3-Sans F/I)

« […] ça engendre beaucoup de choses je trouve chouette hein je pense que ça peut tout à fait se faire […] » (contexte 4-Spécialisé)

Le stress (négatif) est lui évoqué par la moitié des enseignants (8/16).

« […] ça vient d’abord réveiller une crainte, de… quel serait mon rôle là-dedans ? qu’est-ce que j’ai à faire ? » (contexte 2-Information)

« […] parce que ça c’est impressionnant, ça fait peur, c’est… on se demande ce qu’il va se passer, on se demande ce qu’il faut faire euh […] » (contexte 3-Sans F/I)

La peur est représentée dans chacun des contextes de manière faible mais uniforme (1/4 pour tous les contextes).

« […] on a vraiment eu peur, peur pour l’élève et puis après c’est, si par malchance vraiment il était décédé mais je dis, il nous aurait fallu du temps pour nous, s’en remettre pour euh pis c’est tout… non on a eu très très peur. » (contexte 1-Formation)

Concernant ces résultats nous mettons en avant le constat que la grande majorité des enseignants de notre échantillon accorde une importance majeure à la nécessité de développer l’empathie lors de l’accueil d’une personne avec épilepsie (14/16) tout en relatant que cet accueil est pour la majorité d’entre eux une source d’une grande charge émotionnelle.

Cela dit leur sentiment de confiance déclarée semble peu altéré (11/16).

Emotions suscitées par des situations d’épilepsie en fonction des quatre contextes professionnels

Les enseignants du contexte 3 qui n’ont eu ni formation, ni information ne parlent pas de sidération, d’impuissance, de souci de bien faire ni de distanciation.

Les enseignants du contexte 4-Spécialisé n’ont pas cité le stress, le mal-être, la sidération ni l’impuissance.

La sidération apparait uniquement dans le contexte 1-Formation et l’impuissance apparait uniquement dans le contexte 2-Information.

Le souci de bien faire est fortement représenté (4/4) dans le contexte 2-Information alors qu’il ne l’est pas dans le contexte 3-Sans formation/information (0/4) et peu dans les contextes 1-Formation (1/4) et 4-Spécialisé (2/4).

« C’est dur… dur de se dire qu’on est pas euh toujours au top (bruit de respiration). » (contexte 2-Information)

Nous nous sommes aussi intéressés aux prévalences par contexte.

Pour le contexte 1-formation le stress et l’empathie sont cités par trois enseignants sur quatre (3/4).

Pour le contexte 2-Information le souci de bien faire et l’empathie sont cités par les quatre enseignants (4/4), tandis que le stress est cité par trois enseignants (3/4).

Pour le contexte 3 qui n’a bénéficié ni de formation ni d’information l’empathie est citée par les quatre enseignants (4/4), tandis que le stress positif et la confiance sont cités par trois enseignants (3/4).

Pour le contexte 4-Spécialisé le stress positif et la confiance sont cités par les quatre enseignants (4/4) et l’empathie par trois d’entre eux (3/4).

Comme nous l’avons vu précédemment la catégorie empathie est prévalente pour l’ensemble des enseignants des quatre contextes et ceci de manière quasiment uniforme (3/4, 4/4, 4/4, 3/4).

De manière comparative il ressort d’une part que les enseignants du contexte 4-Spécialisé à l’opposé de ceux des trois contextes ordinaires ne mentionnent ni le stress, ni le mal-être, ni la sidération, ni l’impuissance (0/4).

Le contexte 2-Information a un score élevé concernant la catégorie souci de bien faire (4/4) sans que nous y trouvions une explication particulière.

Parmi les enseignants de l’ordinaire, ceux du contexte 3-Sans formation/information citent plus souvent le stress positif (3/4) et la confiance (3/4) que les contextes 1-Formation (1/4, 2/4) et 2-Information (1/4, 2/4). Toujours pour ce contexte 3-Sans formation/information, les enseignants n’ont pas cité la sidération (0/4) et l’impuissance (0/4) ainsi que le souci de bien faire (0/4) et la distanciation (0/4). Une explication pourrait résider dans le fait qu’être non formés/informés sur la maladie pourrait réduire l’appréhension. On pourrait y voir l’absence de formation/information comme un facteur de baisse du niveau d’anxiété de type

« innocence du novice ». Ceci pourrait être confirmé par l’addition des résultats des catégories stress, peur, colère, mal-être, sidération et impuissance plus bas dans ce contexte (5/24) que dans le contexte 1-Formation (7/24) et dans le contexte 2-Information (9/24).

Au contraire le contexte 4-Spécialisé fait ressortir le stress positif et la confiance de manière élevée (4/4 pour les deux émotions) ce qui nous paraît être en lien direct avec leur contexte professionnel, dans lequel tous les enseignants ont une ou plusieurs expériences d’accueil d’élève avec épilepsie dans leur classe ou dans leur institution. Dans ce contexte, pour confirmer cela, les catégories d’émotions dites « négatives » ne sont pas ou peu présentes, à savoir le stress, la peur, la colère, le mal-être, la sidération, l’impuissance (0/4, 1/4, 1/4, 0/4, 0/4, 0/4).

Emotions suscitées par l’épilepsie : Discussion

Les résultats montrent des différences à propos des émotions suscitées par une situation d’épilepsie entre les réponses des enseignants ordinaires et leurs collègues spécialisés.

Cette différence de résultats nous semble significative et provenir du fait que l’enseignant spécialisé est d’une part formé à des formes de prise en charge multiples pour des élèves souffrant de pathologies diverses, qu’il a choisi un cursus d’études visant à travailler avec des élèves présentant plus de probabilité de présenter de l’épilepsie et d’autre part qu’il est conscient d’avoir une autre mission, un environnement de travail différent, des contraintes autres que les enseignants de l’ordinaire.

« […] j’ai jamais travaillé dans le milieu ordinaire, on est déjà préparés à travailler avec des spécialités, avec d’autres maladies, avec d’autres troubles du comportement. Donc je pense que l’appréhension elle est aussi différente parce que ces problématiques qui peuvent être médicales, elles font aussi partie de notre

travail et elles sont aussi, on est aussi peut-être plus préparé à avoir ce de genre de situation. » (contexte 4-Spécialisé)

5.3 Résultats : Enjeux de l’épilepsie pour la classe, l’enseignant, les élèves