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Chapitre 5 - Présentation et discussion des résultats

5.9 Démarche exploratoire

Pour approfondir la réponse à notre sous-question b Dans quelle mesure le vécu personnel, d’ordre professionnel et/ou privé, influe-t-il sur leurs conceptions et gestes ? nous aurions voulu comparer les réponses des enseignants avec vécu personnel de l’épilepsie (en classe, à l’école et/ou privé) avec celles des enseignants sans aucun vécu.

Comme nous n’avions pas choisi notre échantillonnage en fonction de ce critère nous n’avons pas pu comparer les réponses des 14 enseignants avec vécu à celles des 2 enseignants sans

vécu. En effet la différence entre le nombre de personnes dans chaque groupe est trop marquée.

Dans notre échantillon nous savons qu’aucun des enseignants avec vécu privé n’a côtoyé de façon régulière une personne proche avec épilepsie (père, mère, fils, fille, frère, sœur).

A titre exploratoire nous avons alors comparé les réponses des enseignants avec vécu en classe (9) avec celles des enseignants sans vécu en classe (7).

Nous présentons ici cette comparaison à titre exploratoire car les deux groupes, bien que proches en nombre, ne sont pas égaux. Ceci constitue une limite aux résultats obtenus.

Nous présentons les principaux résultats dans le tableau ci-dessous présentant uniquement les catégories pour lesquelles l’écart est supérieur ou égal à 30%.

Tableau 5.7 : Connaissances et besoins des 16 enseignants à propos de l’épilepsie en fonction de leur vécu en classe (avec vécu en classe vs sans vécu en classe)

Axe 1

Tableau 5.8 : Emotions des 16 enseignants à propos de l’épilepsie en fonction de leur vécu en classe (avec vécu en classe vs sans vécu en classe)

Axe 2

Tableau 5.9 : Enjeux de l’épilepsie selon les 16 enseignants en fonction de leur vécu en classe (avec vécu en classe vs sans vécu en classe)

Axe 3

Tableau 5.10 : Gestes professionnels en classe rapportés par les 16 enseignants en fonction de leur vécu en classe (avec vécu en classe vs sans vécu en classe)

Axe 4

Légende : élève au singulier signifie l’élève avec épilepsie. La catégorie proposer du « soutien pédagogique » à l’élève concerne uniquement les trois contextes d’enseignement ordinaire (12 enseignants).

A la lecture de ces quatre tableaux il ressort que ce sont l’axe des gestes (écart de plus de 30%

pour 6 catégories) et l’axe des connaissances (écart de plus de 30% pour 4 catégories) où l’influence du vécu en classe semble avoir le plus d’effet. Pour l’axe des émotions et l’axe des enjeux une seule catégorie par axe présente un écart supérieur à 30%.

Certains des résultats présentés dans les tableaux 5.7, 5.8, 5.9 et 5.10 peuvent être mis en lien avec nos résultats du chapitre 5 et peuvent nous permettre de repérer si le vécu en classe en lien avec l’épilepsie a contribué à infléchir certains résultats.

Nous présentons ci-dessous l’analyse de quelques résultats uniquement et cela en raison du caractère exploratoire de la démarche. Nous en avons choisi au moins un par axe thématique en prenant ceux qui montrent l’écart le plus important entre les réponses des enseignants avec vécu en classe et ceux sans vécu en classe. Cependant toutes les catégories de cette sélection mériteraient peut-être d’être étudiées de façon plus approfondie.

Premiers secours

Pour la catégorie connaissances correctes sur les premiers secours à donner de l’axe des connaissances et besoins, le tableau 5.7 montre que les six enseignants qui connaissent les premiers secours sont ceux qui ont eu un élève avec épilepsie de type grand mal dans leur classe (6/9).

Peur

Dans le tableau 5.8 nous constatons que la catégorie peur de l’axe des émotions est absente chez les enseignants de notre étude qui n’ont pas de vécu en classe en lien avec l’épilepsie.

Dans la partie 5.2 nous avons vu à la lecture du tableau 5.2 que cette émotion était cependant présente de façon uniforme dans chaque contexte scolaire spécifique (1 par contexte).

L’expérience professionnelle en classe semble donc avoir de l’influence pour notre échantillon concernant la présence chez les enseignants de cette émotion alors que le niveau de formation/information ainsi que la nature du contexte d’enseignement (ordinaire vs spécialisé) n’en a pas dans notre étude.

Impliquer les autres élèves

Dans le tableau 5.10 les résultats montrent que les enseignants qui citent la catégorie impliquer les autres élèves sont majoritairement des enseignants qui n’ont pas de vécu en classe. On pourrait avancer que les enseignants qui ont du vécu en classe et savent que les crises peuvent être impressionnantes à voir ainsi que complexes à gérer, ont plus de réticences à impliquer les autres élèves.

S’adresser à une personne compétente

Cette catégorie est proportionnellement plus citée par les enseignants qui n’ont pas de vécu en classe (6/7) que par les enseignants qui ont du vécu en classe (4/9). On pourrait imaginer que l’expérience professionnelle d’une situation d’épilepsie en classe donne aux enseignants des connaissances et des repères qui font qu’ils ressentent moins le besoin de s’adresser à une personne compétente en épilepsie.

Eviter la surprotection de l’élève avec épilepsie et renforcer l’estime de soi de l’élève

La catégorie éviter la surprotection de l’élève avec épilepsie de l’axe des enjeux et la catégorie renforcer l’estime de soi de l’élève de l’axe des gestes, apparues comme enjeux significatifs dans d’autres études (voir le chapitre 2), sont mises en évidence respectivement par nos résultats dans le tableau 5.9 et dans le tableau 5.10 en lien avec le vécu professionnel en classe.

Dans l’étude tchèque de Brabcova, et al., Familiarity with and attitudes towards epilepsy at Czech elementary schools - The effect of personnal experience and subspecialization (2012)

60% des enseignants interrogés ont une expérience personnelle en lien avec l’épilepsie. En comparaison, l’échantillon de notre étude présente un taux plus élevé d’enseignants ayant une expérience personnelle d’ordre professionnel et/ou privé en lien avec l’épilepsie (88%).

L’étude de Brabcova, et al. (2012), qui s’intéresse aux effets de l’expérience personnelle des enseignants et de son effet sur leurs connaissances et sur leurs pratiques, dégage trois constats principaux. Premièrement les enseignants qui ont une expérience personnelle connaissent mieux la maladie, deuxièmement les auteurs ont pu observer des effets positifs sur la réalisation personnelle des élèves avec épilepsie (self realization) et troisièmement ils ont pu observer des effets positifs sur l’intégration des élèves avec épilepsie dans le groupe de camarades de la classe. Les résultats de notre étude exploratoire montrent également un effet de l’expérience personnelle des enseignants sur leur pratique puisque six enseignants avec vécu personnel (6/9) pensent à renforcer l'estime de soi de l'élève avec épilepsie alors qu'un seul enseignant sans vécu personnel en parle (1/7). Ceci en considérant que la pratique de ce geste aurait un effet positif pour l’élève.

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