• Aucun résultat trouvé

5. Tests

5.2. Test 2 : comparaison de sous-titres réalisés en direct puis en entraînement

5.2.2. Résultats du respeaker débutant en direct

Nous allons maintenant analyser les résultats du respeaker débutant, d’abord en commençant par les résultats qu’il a obtenus en direct, puis nous analyserons ses résultats en entraînement. Nous verrons ainsi quelle est la différence dans le type et dans le nombre d’erreurs qu’il a fait entre les résultats du direct puis de l’entraînement. Si ses résultats sont meilleurs à l’entraînement, nous pourrons en déduire que le stress du direct a un impact immédiat sur les sous-titres produits par un respeaker débutant lors du respeaking du 19:30. La figure 12 résume les résultats du respeaker débutant obtenus en direct :

Nombre de mots avant 584

Nombre de mots après 158 (27%)

Nombre total d'erreurs 37

Omission peu grave 11 (30%)

Omission moyennement grave 9 (24%)

Omission grave 9 (24%)

Glissement de sens 2 (5,5%)

Contre-sens 1 (3%)

Mise en forme 3 (8%)

Reconnaissance 2 (5,5%)

Nombre total de techniques de respeaking 7

Synthèse 4 (57%)

Reformulation 3 (43%)

Ajout 0 (0%)

Figure 12: Résultats du respeaker débutant en direct

Commençons par observer le nombre de mots avant et après le respeaking. Le discours original contenait 584 mots. En entraînement, le respeaker débutant a produit 158 mots, signes de ponctuation compris. C’est un écart assez important, mais nous avons vu que dicter plus de mots n’est pas forcément un gage de qualité. Regardons maintenant les erreurs et les techniques de respeaking que nous avons observées.

Concernant les omissions peu graves, nous en avons comptabilisé onze. Rappelons que les omissions peu graves ne compromettent ni le sens ni la logique des sous-titres, cela reste des erreurs minimes. Cela montre d’ailleurs que les respeaker a fait un effort pour ne pas tout répéter littéralement, mais qu’il s’est concentré afin de ne garder que les informations essentielles.

Les omissions moyennement graves sont au nombre de neuf. Ce type d’erreur est déjà plus gênante quand elle revient souvent. Les omissions moyennement graves correspondent à une information qui n’était pas essentielle pour le téléspectateur, mais qui aurait pu être utile ou qui peut apporter un plus aux sous-titres. Répétées régulièrement, les omissions moyennement graves peuvent donc priver le téléspectateur de plusieurs informations qui lui auraient été utiles pour mieux comprendre le sujet.

Les omissions graves sont aussi au nombre de neuf, ce qui est assez élevé, si l’on prend aussi en compte les neuf omissions moyennement graves. Un respeaker débutant peut facilement être perturbé par un évènement extérieur au sujet lui-même, et c’est peut-être ce qu’il s’est passé lors de ce direct. Par exemple, se tromper de couleur ou se demander quelle couleur employer pour l’intervenant (blanc s’il s’agit d’un journaliste de la RTS, jaune s’il s’agit d’un invité) demande un moment de concentration supplémentaire pendant lequel le respeaker ne va plus concentrer toute son attention sur le discours mais sur des considérations concernant la mise en forme. Pendant ce temps, il passe donc à côté d’informations importantes, et lorsqu’il est de nouveau concentré sur le discours, il faut encore qu’il attende de retrouver le fil des idées avant de pouvoir dicter une nouvelle phrase. Il peut s’agir de problèmes liés à la mise en forme des sous-titres, mais des problèmes purement informatiques peuvent aussi fortement perturber un respeaker débutant, comme par exemple une panne de micro ou un bug avec Dragon. De plus, après ce petit moment de panique, le respeaker voudra peut-être dicter plus vite pour rattraper son retard, ce qui pourra avoir pour effet de créer des erreurs de reconnaissance, que le

respeaker perdra du temps à corriger. Et une fois que les omissions et les erreurs s’accumulent, un respeaker débutant aura plus de mal à se rattraper dans la suite de son direct.

Nous avons compté deux glissements de sens et un contre-sens dans les sous-titres réalisés en direct. C’est certainement dû à ce que nous venons d’expliquer. Une fois que le respeaker commence à prendre du retard ou qu’il sent qu’il est passé à côté d’informations importantes, le risque est qu’il perde ses moyens et qu’il n’arrive plus à bien suivre la trame des idées. Dans ce cas, il est facile de commettre des erreurs de sens. Nous verrons si elles ont pu être réduites dans des conditions d’entraînement.

Les erreurs de reconnaissance sont peu nombreuses, cela montre qu’à ses débuts, un respeaker débutant va faire de son mieux pour éviter de laisser passer des fautes de reconnaissance, même minimes. Au fur et à mesure de son évolution, le respeaker devra apprendre à distinguer les erreurs de reconnaissance graves nécessitant une correction, de celles qui ne compromettent pas le sens de la phrase et qui peuvent tout de même être envoyées dans les sous-titres. Cela permet ainsi au respeaker de pouvoir dicter davantage de mots et de garder un maximum de concentration sur ce que disent les intervenants.

Dans les sous-titres du respeaker débutant, nous avons relevé trois erreurs de mise en forme. C’est un résultat tout à fait acceptable, d’autant plus qu’il s’agit d’oubli de majuscules en début de phrases essentiellement, ce qui ne compromet absolument pas le sens de la phrase. De plus, un respeaker débutant fait bien de ne pas corriger systématiquement les erreurs de mise en forme, car ce sont des erreurs secondaires et un débutant doit plutôt se concentrer sur le discours plutôt que de corriger ce type d’erreurs.

Nous passons maintenant aux stratégies de respeaking qui ont été adoptées par le respeaker débutant lors de son direct. Nous pouvons constater qu’il n’a fait aucun ajout, quatre synthèses et trois reformulations. Nous verrons si les stratégies de respeaking qu’il a employées en entraînement sont différentes, et nous pourrons aussi les comparer à celles employées par le respeaker expérimenté, même si le test entre les deux respeakers n’a pas été effectué sur la même vidéo.

En analysant les sous-titres du respeaker débutant réalisés en direct, nous nous sommes rendu compte que les erreurs les plus communes étaient essentiellement des omissions, notamment celles moyennement graves et graves. Cela entraîne une grosse perte d’informations et il sera intéressant de voir si ces omissions ont pu être réduites lors du respeaking de la même vidéo mais en entraînement.