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5. Tests

5.1. Test 1: comparaison entre respeakers avancés et débutants sur une vidéo du 19:30

5.1.4. Classification des techniques de respeaking et des erreurs

Pour ce test visant à comparer les résultats de respeakers de différents niveaux sur une même vidéo, voici comment nous avons procédé pour analyser les sous-titres obtenus:

après avoir retranscrit mot pour mot toute la vidéo qui a été proposée aux quatre respeakers, nous avons créé un tableau pour que les résultats soient plus lisibles [voir Annexes]. Dans la colonne de gauche, nous avons placé la retranscription. Dans la colonne du milieu, nous avons mis les sous-titres réalisés par le respeaker. Ensuite, nous avons

comparé les sous-titres à la retranscription et nous sommes ainsi parvenu à une classification des erreurs et des stratégies de respeaking [voir section 5.1.1].

Puisque nos analyses se basent sur cette classification, nous allons maintenant faire une description de chaque erreur et stratégie de respeaking, en les illustrant à chaque fois par un exemple.

Pour définir de quel type d’erreur ou de technique de respeaking il s’agissait, nous avons comparé chaque sous-titre au discours original. En analysant le sous-titre, nous avons ainsi pu lui attribuer une observation. Par exemple, si le sous-titre dit l’inverse du discours original, il s’agit d’un contre-sens et c’est donc ce type de faute que nous lui avons attribué. Nous allons commencer par définir les erreurs que nous avons relevées.

• L’omission peu grave : c’est le type de faute la plus commune car, dans un souci de synthèse, le respeaker ne peut pas répéter mot pour mot tout ce qu’ont dit les intervenants, il doit donc éliminer tout ce qui n’est pas nécessaire pour le téléspectateur. L’omission peu grave est donc une information non nécessaire à la compréhension du sujet. Par exemple, lorsque le présentateur relance son invité en lui disant Deux mots encore. et que le respeaker ne va rien dicter pour cette phrase, il s’agit typiquement d’une omission peu grave, car le respeaker préfère éliminer cela afin de garder de la place pour des informations vraiment utiles.

• L’omission moyennement grave : assez courante aussi, l’omission moyennement grave correspond à une information qui aurait pu être utile au téléspectateur, mais qui n’est pas non plus essentielle pour la compréhension du sujet. Par exemple, pour la phrase Les chiffres le disent : 350'000 hectares détruits dans le sud de l’Australie., il s’agit d’une omission moyennement grave si le respeaker ne transmet pas cette information. Le téléspectateur aurait pu trouver cette information intéressante, mais son omission ne compromet pas la bonne compréhension de la suite du direct.

• L’omission grave, elle, correspond à une information essentielle pour le téléspectateur et dont l’omission peut compromettre la logique des sous-titres. Par exemple, lorsque le respeaker omet la question du journaliste Le rouge là, ça veut dire quoi ? mais qu’il donne quand même la réponse de l’invité à la question, cela créé une confusion car on ne sait pas à quoi

répond l’invité et la logique des sous-titres est alors compromise. Les erreurs graves restent rares, et même lorsqu’elles arrivent, elles sont légitimes car il est parfois difficile lors d’un direct de savoir où veut en venir l’intervenant et à quel moment il va vraiment donner une information essentielle.

• Les erreurs de reconnaissance sont dues, comme leur nom l’indique, à une mauvaise reconnaissance de la part de Dragon. Ces erreurs de reconnaissance peuvent causer des fautes grammaticales ou sémantiques.

Lorsqu’elles sont graves, ces fautes peuvent rendre une phrase complètement incompréhensible, voire absurde. Si le respeaker s’aperçoit de la faute avant d’envoyer son sous-titre à l’écran, il peut la corriger manuellement ou redicter la phrase si les fautes sont trop nombreuses. Mais si le sous-titre reste compréhensible malgré l’erreur de reconnaissance, alors le respeaker enverra son sous-titre plutôt que de perdre du temps à corriger une faute qui ne compromet pas la compréhension de l’information donnée.

En voici un exemple, Le rouge, ces 5 degrés au-dessus de la norme. Ici, Dragon a confondu ces et c’est, le respeaker n’a pas corrigé l’erreur mais le sous-titre reste compréhensible. Il y a des erreurs de reconnaissance qui peuvent être plus ennuyeuses. Par exemple lorsque Dragon retranscrit L’Australie est dans un bandeau très chaude au lieu de L’Australie est dans un bain d’eau très chaude, cela peut causer une incompréhension.

• L’erreur de mise en forme, elle, vient souvent d’un mauvais formatage de Dragon qu’il faut en général corriger à la main. Dans le sous-titre Ils ont passé 3 :00 à respirer dans cet endroit, il aurait été préférable d’écrire trois heures en toutes lettres car cela aurait été plus correct. Mais répétons-le encore une fois, la vitesse lors d’un direct du 19:30 est tellement élevée que le respeaker ne peut pas toujours tout corriger. Dans les erreurs de mise en forme, nous prenons aussi en compte les fautes de frappe lorsque le respeaker a voulu corriger un sous-titre ou les majuscules mal placées. Les erreurs de mise en forme comprennent aussi la mauvaise utilisation des codes couleurs, mais nous n’avons pas eu ce type d’erreur dans nos tests.

Concernant les fautes de frappe, nous avons cet exemple : 6 degrésc’est énorme non ?. Le respeaker a certainement voulu corriger une faute et il a enlevé un espace en trop entre degrés et c’est. Et voici un exemple pour la

majuscule : Sandy, C’est un indice encore plus probant. Ici, il ne devrait pas y avoir de majuscule à C’est. Le lecteur l’aura compris, les erreurs de mise en forme restent des détails et ne compromettent généralement pas les informations contenues dans les sous-titres.

• Le glissement de sens est une erreur qui peut facilement arriver lorsque les intervenants parlent vite et que le respeaker va retenir des mots-clés du discours mais pas forcément toutes ses nuances. Le glissement de sens est un changement du sens de l’information qui était donnée à l’origine, mais sans dire radicalement l’inverse de ce que disait le locuteur. L’exemple qui suit illustre bien ce qu’est un glissement de sens. La phrase originale était Effectivement, c’est l’équivalent du passage d’une période glaciaire à la période interglaciaire que nous connaissons. Voici le sous-titre correspondant C’est l’équivalent d’une période glaciaire à une période interglaciaire. Ici, le sous-titre ne dit pas complètement le contraire de ce qui est dit dans l’original, mais en omettant certaines nuances du discours, cela crée un sens différent de l’original. Le glissement de sens ne crée pas forcément une incompréhension dans le discours mais il transmet une information qui ne traduit pas parfaitement ce qu’entendait dire l’intervenant.

• Le contre-sens est la dernière erreur que nous allons décrire avant de passer aux stratégies de respeaking. Le contre-sens survient lorsque le sous-titre dit l’inverse de ce que disait l’intervenant. C’est sûrement l’erreur la plus grave car en plus de donner une information fausse, cela fait dire quelque chose que n’a pas dit la personne qui s’exprimait. Le plus simple sera de l’illustrer avec l’exemple suivant. Ce qui était dit dans l’original était Disons que ça ne contredit pas la thèse du réchauffement, qui devient dans le sous-titre Ca ne contribue pas à la thèse du réchauffement. On voit bien que le sous-titre dit l’inverse de ce qui était dit dans l’original et qu’il s’agit bien d’un contre-sens.

Maintenant que nous avons défini ce que nous entendions par omission peu grave, omission moyennement grave, omission grave, erreur de reconnaissance, erreur de mise en forme, glissement de sens et contre-sens, le lecteur saura précisément à quoi correspondent ces erreurs et pourra comprendre comment la comptabilisation des fautes a été effectuée.

En outre, la description de chaque erreur aura permis au lecteur de savoir différencier les

erreurs graves que sont par exemple les contre-sens ou les omissions graves, des erreurs moins graves n’ayant pas ou peu d’incidence sur l’information transmise par les sous-titres, comme par exemple l’erreur de mise en forme, l’erreur de reconnaissance ou encore l’omission peu grave.

Nous allons maintenant décrire les stratégies de respeaking que nous avons relevées en analysant le résultat des tests.

• Tout d’abord, la synthèse, qui revient le plus souvent dans nos tests. Quand le respeaker fait une synthèse, nous entendons par là qu’il reprend les mêmes mots que ceux qui ont été dits dans l’original, mais en enlevant tout ce qui n’est pas forcément nécessaire. Cela permet d’être fidèle à ce qui a été dit, mais en gardant seulement l’idée principale. Par exemple, pour la phrase Mais c’est clair, maintenant qu’on a vu Sandy qui a si fortement touché New York une fois, ça va certainement se répéter. le respeaker en a fait la synthèse dans son sous-titre Maintenant qu’on a vu Sandy qui a touché New York, ça va certainement se répéter. Le respeaker a donc gardé l’idée principale, ainsi que les mots exacts qui ont été dits par l’invité, mais en enlevant les mots en trop afin que le sous-titre ne soit pas trop long.

• Contrairement à la synthèse qui reprend les mots exacts de l’intervenant, la reformulation est une stratégie qui consiste à transmettre la même idée mais avec d’autres mots et en arrangeant parfois les propos originaux afin de produire un sous-titre qui soit clair et bien mis en forme pour le téléspectateur. Pour la phrase Six degrés étant un changement immense, le respeaker a dicté le sous-titre 6 degrés, c’est un changement phénoménal.

On voit que le respeaker a conservé l’idée initiale mais en utilisant l’adjectif phénoménal. Dans cet autre exemple, on voit que la phrase a été reformulée pour que la phrase soit plus joliment formulée que dans l’original. La question du journaliste était La prévision dit quoi ? et le respeaker a choisi de reformuler la phrase en la tournant de cette façon Que dit la prévision ? , que l’on peut considérer comme plus correcte.

• Nous terminerons la classification des stratégies de respeaking par l’ajout.

Lorsque le respeaker dicte un sous-titre qui n’a pas de correspondance dans ce qui a été dit, il s’agit d’un ajout. Par exemple dans nos tests, un des respeaker a dicté le sous-titre C’est anormal. alors que rien ne correspond à ce moment-là à ce qu’ont dit le journaliste et son invité. Ici, l’ajout n’est pas

négatif car il n’amène pas de contre-sens ou de glissement de sens, il vient même renforcer l’idée générale véhiculée lors de l’échange en direct.

L’ajout est donc une technique utilisée par le respeaker lorsque ce dernier a compris l’idée générale mais qu’il a peut-être un peu perdu le fil du discours ou ce que disaient précisément les intervenants. Par contre, l’ajout est ennuyeux s’il amène une faute de sens dans les sous-titres qui seront diffusés.

Nous avons défini chaque erreur et technique de respeaking que nous avons identifiées lors de l’analyse des tests, en les illustrant à chaque fois par un exemple. Pour chaque respeaker, nous avons comparé ses sous-titres à l’original pour définir de quelle erreur ou technique de respeaking il s’agissait, puis nous les avons comptées et mises en forme dans un tableau récapitulatif [voir figure 9]. Le lecteur pourra aussi se rendre dans les annexes [voir Annexes] où il trouvera les tableaux de chaque respeaker en intégralité.