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2. Le sous-titrage chez SWISS TXT

2.2. Différentes manières de sous-titrer

Il existe deux catégories de titres : les titres faits à l’avance et les sous-titres faits en direct. Nous verrons que ces deux types de sous-sous-titres peuvent être combinés dans certaines émissions.

Les sous-titres sont faits à l’avance pour les émissions enregistrées. Dans ce cas, les vidéos des émissions sont transmises à SWISS TXT et les sous-titres sont réalisés à l’aide du logiciel Fab Subtitler [voir p.26]. Ce logiciel permet d’écrire et de mettre en forme les sous-titres. Le sous-titreur ne doit pas se contenter de retranscrire tout ce qui est dit par le locuteur, car il faut bien sûr prendre en compte le temps de lecture lorsque le sous-titre s’affichera à l’écran. L’esprit de synthèse est donc essentiel pour le sous-titreur, car il doit rendre l’idée contenue dans le discours, en résumant le plus possible. Parfois, il doit aussi reformuler les propos de l’intervenant pour que le sous-titre soit intelligible pour les téléspectateurs qui activent la fonction de sous-titrage. Par exemple, les personnes interrogées pour une interview télévisée et qui ne sont pas forcément habituées à s’exprimer face à une caméra peuvent avoir un discours peu structuré. Dans ce cas, le sous-titreur doit faire appel à sa capacité de synthèse pour structurer le propos, mais sans le réduire, de la personne interviewée, pour produire des sous-titres qui seront clairs et structurés. Tout cela en conservant la véracité des propos tenus et la spontanéité des intervenants.

Une fois que l’émission a été sous-titrée dans son intégralité, il revient à une tierce personne de visionner l’émission avec les sous-titres, pour s’assurer qu’il n’y ait pas de fautes de frappe ou d’orthographe ni d’omissions. Les sous-titres faits à l’avance sont pour ainsi dire « collés » à la vidéo et ils seront diffusés automatiquement lors du passage de l’émission à l’antenne, si la fonction de sous-titrage est activée par le téléspectateur.

Depuis les premiers sous-titres, les avancées techniques ont participé à améliorer la vitesse de sous-titrage. Lorsque SWISS TXT a commencé ses activités de sous-titrage il y a plus de vingt ans, il fallait près de quarante minutes pour sous-titrer une minute d’émission. Maintenant, grâce aux progrès techniques et aux outils informatiques toujours plus perfectionnés, il faut une dizaine de minutes pour sous-titrer une minute d’émission [Emission « Signes » du 26 mars 2011, http://www.rts.ch/video/emissions/signes/3041859-evolution-du-teletexte.html, consulté le 1er juillet 2012]. Le temps de sous-titrage a donc été grandement réduit, mais cela reste une activité qui demande du temps et qui est donc exigeante en termes de ressources humaines.

Nous arrivons maintenant à la deuxième catégorie de sous-titres : ceux faits en direct. Ils concernent essentiellement les retransmissions sportives, les débats d’actualité et les interviews lors des journaux du soir.

Auparavant, le sous-titrage en direct se faisait en dactylographie rapide. Mais la technique de sous-titrage par reconnaissance vocale étant plus rapide, elle a supplanté la dactylographie : un bon dactylographe pourra produire 70 mots à la minute, contre 160 à 190 mots avec un logiciel de reconnaissance de la parole [Romero-Fresco, 2011, pp.13-15]. La reconnaissance vocale offre un grain de temps considérable et permet ainsi de pouvoir transmettre plus d’informations au téléspectateur, avec un décalage réduit si l’on compare avec la méthode par dactylographie.

SWISS TXT a commencé à utiliser la reconnaissance vocale à partir de 2004, avec l’outil ViaVoice d’IBM. Les résultats étant peu probants, la reconnaissance vocale a été interrompue jusqu’en 2008, lorsqu’une nouvelle version de ViaVoice a été utilisée. C’est depuis 2009, avec l’arrivée du logiciel Dragon, que la technique de sous-titrage par reconnaissance vocale s’est vraiment développée dans les bureaux de SWISS TXT.

Le sous-titrage en direct ou « respeaking » se fait donc actuellement à l’aide de l’outil de reconnaissance de la parole Dragon Naturally Speaking et les sous-titreurs qui réalisent cette tâche sont appelés des « respeakers » ou encore des « sous-titreurs vocaux ».

Avant chaque émission en direct, le respeaker a une heure de préparation pendant laquelle il prend connaissance du sujet dont il sera question dans l’émission. Ainsi, il va pouvoir effectuer des tests avec le logiciel Dragon pour s’assurer que les expressions, termes spécifiques et noms propres liés au sujet de l’émission soient bien reconnus. Cette heure de préparation est essentielle pour optimiser la reconnaissance vocale pendant l’émission en direct. Elle permet au respeaker de se documenter sur le thème qui sera abordé pendant l’émission. Nous verrons d’ailleurs par la suite qu’une meilleure connaissance du sujet facilite le sous-titrage en direct. Cette méthode de sous-titrage en direct étant l’objet de notre travail, le chapitre 4 y sera entièrement dédié.

Certaines émissions mêlent sous-titres faits à l’avance et respeaking. Parmi elles, l’émission d’informations régionales Couleurs Locales et le journal de 19:30. L’émission Couleurs Locales est diffusée du lundi au vendredi, et le 19:30 est lui diffusé tous les soirs de la semaine. Du lundi au vendredi, une équipe de six sous-titreurs travaille sur ces deux émissions dès 17h00. L’effectif est réduit le week-end, l’émission Couleurs Locales n’étant pas diffusée, et ce sont alors quatre sous-titreurs qui travaillent pour sous-titrer le journal de 19:30.

Dans l’équipe qui sous-titre les journaux du soir, les tâches sont bien réparties. Une personne est chargée de la coordination. Le coordinateur ouvre un programme qui permet d’avoir tout le déroulement détaillé du journal télévisé du jour. Les reportages qui y seront diffusés arrivent petit à petit, et c’est le coordinateur qui est chargé de les distribuer aux sous-titreurs présents dans l’équipe ce soir-là. Ces reportages arrivent soit sous forme de texte rédigé par le journaliste ayant réalisé le sujet, soit directement monté sous forme de vidéo. Une fois qu’un reportage a été sous-titré, il est relu par une autre personne de l’équipe avant d’être validé pour la diffusion.

Une autre personne est chargée de sous-titrer tous les lancements des reportages ou tout autre texte dit par le présentateur entre les reportages. C’est cette même personne qui est ensuite chargée de diffuser à l’antenne tous les sous-titres du journal télévisé. La diffusion des sous-titres se fait manuellement, la personne chargée de la diffusion doit donc se concentrer sur les reportages et sur les lancements du présentateur pour que le sous-titre qu’il envoie à l’écran corresponde à ce qui est dit et à ce que l’on voit. La personne qui diffuse doit aussi rester attentive car il arrive que des reportages ne soient pas diffusés à la dernière minute ou que l’ordre des reportages change. Dans ce cas-là, il faut savoir réagir rapidement pour diffuser les bons sous-titres à l’écran. La Figure 1 est un exemple de lancement de sujet, c’est-à-dire la petite introduction que fait le journaliste avant de le lancer un reportage, avant et après sous-titrage. Le lecteur pourra ainsi mieux se rendre compte de ce que garde un sous-titreur du texte original du journaliste.

AVANT APRES

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Nouvo et Antoine Silacci. XXX

Figure 1: Texte du 19:30 avant et après sous-titrage

Dans la colonne de gauche, nous pouvons voir le texte tel qu’il a été rédigé par le journaliste. Puisque c’est un texte destiné à être lu au prompteur et non pas à être diffusé, il arrive qu’il y ait des erreurs de ponctuation ou des fautes d’orthographe. C’est donc au sous-titreur de vérifier les noms propres pour être sûrs qu’ils soient correctement orthographiés et de faire des phrases correctes d’un point de vue orthographique et grammatical. Dans la colonne droite se trouvent les sous-titres tels qu’ils ont été diffusés.

Si nous prenons la première phrase, nous pouvons tout de suite nous rendre compte du travail de synthèse qui a été fait. Le sous-titreur a ajouté le business qui reprend l’idée da la deuxième phrase du journaliste Le marché est en plein essor…, ce qui lui a permis de raccourcir son deuxième sous-titre. Nous pouvons aussi noter que la dernière phrase du journaliste n’a pas été gardée par le sous-titreur car il s’agit des noms des journalistes ayant réalisé le reportage et non pas d’informations essentielles concernant le sujet dont il est question. Ce petit exemple pourra donner une idée au lecteur du travail de synthèse et de reformulation qui est effectué pour chaque texte et reportage.

Toujours dans l’équipe chargée de sous-titrer les journaux du soir, vient ensuite la personne chargée de sous-titrer les reportages. Et enfin, le respeaker est là pour aider à sous-titrer les différents reportages et pour sous-titrer les interviews en direct ou les reportages n’ayant pas pu être titrés à temps. Il faut encore préciser que les sous-titreurs sont formés à toutes ces tâches et non pas à une tâche en particulier.

Cette description détaillée des différentes fonctions remplies par les sous-titreurs montre que le travail en équipe est essentiel lors de la réalisation des sous-titres chez SWISS TXT. De plus, les sous-titres des journaux du soir étant préparés peu de temps avant le passage de l’émission à l’antenne, les sous-titreurs doivent faire preuve d’une grande efficacité pour que tous les sous-titres soient prêts à temps, tout en étant d’une bonne qualité tant du point de vue de l’information contenue dans les sous-titres que du point de vue linguistique.