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5. Tests

5.1. Test 1: comparaison entre respeakers avancés et débutants sur une vidéo du 19:30

5.1.7. Comment progresser ?

Nous allons maintenant proposer des recommandations qui pourraient aider les respeakers débutants à progresser dans le respeaking du 19:30. Nous allons procéder étape par étape, en partant d’exercices à faire en entraînement jusqu’à la phase de postproduction.

Le respeaking du 19:30 étant un exercice qui peut générer du stress chez les respeakers qui n’ont pas l’habitude de le faire ou qui débutent, il est important de pouvoir réduire au maximum ce stress avant le direct afin que le respeaker n’arrive pas paniqué au moment de faire son respeaking.

Nous allons partir de la première étape, c’est-à-dire l’entraînement. Pour s’habituer à la gymnastique du changement des couleurs et à la vitesse des échanges entres les

interlocuteurs dans les directs du 19:30, le respeaker débutant pourra se faire la main lors de ses entraînements hebdomadaires (deux heures par semaine chez SWISS TXT). Il pourra choisir des vidéos avec une difficulté croissante, c’est-à-dire en choisissant d’abord des thèmes qu’il maîtrise mieux et avec des interlocuteurs qu’il connaît (que ce soit des journalistes ou des invités) et dont il sait que la vitesse d’élocution n’est pas trop élevée.

Commencer avec des vidéos simples mettra le respeaker en confiance alors que commencer directement par des vidéos difficiles risquerait de décourager le respeaker qui pourrait trouver la tâche trop difficile. Le respeaker pourra d’abord s’autoriser à mettre la vidéo sur pause, à revenir en arrière, pour parvenir au final à faire la vidéo d’une traite comme lors d’un vrai direct.

En répétant cet exercice lors de ses entraînements, le respeaker débutant pourra ainsi avoir une première approche et se rendre compte des difficultés qui peuvent se présenter lors de ce type de direct. Au fur et à mesure de ses entraînements, le respeaker pourrait noter les caractéristiques qui lui semblent les plus problématiques et continuer de tenir ce « journal » afin qu’il puisse avoir une idée de son évolution et de ses erreurs les plus courantes.

De plus, les journalistes du 19:30 étant trois ou quatre, il serait bon que le respeaker s’exerce sur des vidéos avec tous ces journalistes différents, pour qu’il s’habitue à leur façon de parler et aussi à leur manière d’amener les questions. Par exemple, est-ce que tel journaliste va droit au but en posant sa question directement, ou bien est-ce qu’il va d’abord donner beaucoup d’informations avant d’amener sa question ? Tout cela donnera des indices au respeaker et cela lui permettra de ne pas être surpris lors du direct.

Après s’être entraîné régulièrement sur des vidéos de difficulté croissante, le respeaker pourrait par exemple choisir des vidéos au hasard, c’est-à-dire sur un thème qu’il ne connaît pas à l’avance et sans savoir qui sont les interlocuteurs. Ce petit exercice lui permettra de s’habituer à l’effet de surprise qui peut parfois bloquer le respeaker pendant quelques secondes et lui faire manquer des informations importantes. Pour les directs du 19:30, le respeaker sait à l’avance le sujet dont il sera question, mais il arrive qu’il doive aussi prendre la main si un reportage n’a pas pu être sous-titré à temps. Dans ce cas-là, il faut que le respeaker puisse être réactif et qu’il ne perde pas ses moyens face à cet effet de surprise (sujet sur lequel il n’a pas pu se préparer ou intervenants inconnus et dont il ne connaît pas les points de vue).

Passons maintenant aux recommandations pour l’étape qui précède le direct. Le respeaker qui débute au 19:30 va forcément éprouver de l’appréhension lors de ses

premiers directs : peur de perdre le fil des idées, de faire des contre-sens, de laisser passer des erreurs de reconnaissance et que la phrase devienne absurde ou incompréhensible. Ce stress peut être contre-productif car le respeaker risque d’être paralysé dès qu’il aura pris trop de retard par rapport à ce qui est dit ou s’il se rend compte qu’il passe à côté d’informations importantes.

Pour éviter cela, le respeaker débutant pourra se rassurer en se renseignant le plus possible sur le sujet du direct lors de la préparation du 19:30. Comme nous l’avons expliqué au début de ce travail [voir chapitre 2, section 2.2], le sous-titrage du 19:30 commence à partir de 17h. Les sujets qui seront diffusés arrivent au fur et à mesure et l’on sait aussi sur quels sujets porteront les parties à faire en respeaking. La plupart du temps, l’invité qui répondra aux questions du journaliste est également connu, il peut s’agir soit d’un journaliste de la RTS, soit d’un invité (professeur, médecin, avocat etc.).

Dès que ces premières informations sont connues, le respeaker débutant va pouvoir se renseigner sur le sujet. Il devra donc aller chercher sur Internet des articles ou des vidéos dont il pourra tirer les informations essentielles. Cela lui permettra aussi de rentrer les mots que Dragon n’aurait pas dans son vocabulaire et de le tester pour s’assurer que les mots en question soient bien reconnus. Par exemple, si le direct porte sur le conflit au Mali, le respeaker ira chercher les derniers articles parus sur ce sujet et aura certainement à rentrer les mots suivants : AQMI, le massif des Ifoghas, le président Traoré etc. Si cela peut rassurer le respeaker, il pourra rentrer un maximum de mots de façon à être « couvert » quoi qu’il arrive. Le pire étant de se retrouver dans un direct où le journaliste commence à parler de quelqu’un dont le nom n’a pas été rentré dans Dragon et dont le respeaker ne connaît pas l’orthographe. Il s’agit typiquement d’une situation qui peut paniquer un respeaker débutant et qui va le conduire à faire beaucoup d’erreurs, voire à passer complètement à côté de son direct.

Si cela peut l’aider, le respeaker pourra imprimer les articles qu’il aura trouvés lors de ses recherches, puis surligner les passages importants, les mots clés et les noms propres, pour pouvoir se raccrocher à cela si jamais les mots qu’il a rentrés dans Dragon ne passent pas au dernier moment. Psychologiquement, avoir l’article à portée de main pourra être très rassurant pour un respeaker débutant, même si au final, il ne s’en servira peut-être pas.

Enfin, si c’est un invité qui est sur le plateau, il est important que le respeaker débutant aille se renseigner sur cet invité, afin de savoir quelle est son opinion sur le sujet dont il vient discuter. En connaissant l’opinion de l’intervenant, le respeaker débutant se sentira plus à l’aise et même si à un moment il perd le fil du discours, il ne fera pas de

contre-sens s’il s’est bien renseigné sur l’invité et son positionnement sur le sujet.

S’assurer de ne pas faire de contre-sens sera un aspect rassurant pour le respeaker débutant et cela l’aidera à aborder le direct avec sérénité.

De plus, si le respeaker ne connaît pas l’invité, il sera utile pour lui de chercher des vidéos où il apparaît afin de se faire à sa façon de parler, sa façon d’exposer ses idées et aussi de se rendre compte de sa vitesse d’élocution. Tout cela afin d’éviter l’effet de surprise dont nous venons de parler et qui peut générer un temps d’adaptation au respeaker pendant lequel il risque de pas dicter des informations importantes.

Passons maintenant à l’étape centrale : celle du direct. Si le respeaker s’est entraîné régulièrement sur des vidéos du 19:30 et qu’il s’est bien renseigné sur le sujet qu’il devra faire en respeaking, le respeaker débutant devrait déjà arriver beaucoup plus serein.

Pendant son direct, le respeaker débutant pourrait être tenté de tout répéter littéralement mais sans vraiment comprendre le sens de ce qui est dit. Il faut qu’il évite cela car dès qu’il devra se concentrer sur la correction des erreurs dans la boîte de dictée de Dragon, il risque de perdre le fil du discours, et c’est là qu’il pourra soit faire des erreurs graves de type contre-sens, soit ne rien dicter en attendant de retomber sur quelque chose qu’il comprend mieux.

Le respeaker devra également éviter de tout répéter littéralement, car parfois les intervenants peuvent faire des phrases longues, avec beaucoup de relatives ou de juxtapositions, ce qui rend les sous-titres beaucoup plus « lourds » et difficiles à lire pour le téléspectateur qui s’en sert. De plus, il faut toujours garder à l’esprit que le direct du 19:30 va très vite et qu’il faut donc optimiser au mieux ces quelques minutes pour diffuser les informations les plus importantes et enlever tous les éléments « parasites ».

Le respeaker débutant doit donc trouver le bon équilibre : il faut qu’il attende de pouvoir identifier une idée avant de commencer à dicter, mais sans pour autant prendre trop de décalage avec ce qui est dit, car plus le décalage s’agrandit, plus il sera difficile pour le respeaker débutant d’arriver à tout mémoriser puis à tout dicter sans paniquer, sans oublier qu’il peut être amené à faire des corrections dans la boîte de dictée de Dragon.

Pour identifier une idée, le respeaker devra se concentrer sur les mots-clés, qui en général désignent une idée. Si lorsqu’il est en train de dicter sa phrase, le respeaker identifie une nouvelle idée, il faut qu’il la mémorise en attendant de pouvoir la dicter.

Se raccrocher à des mots-clés peut être très utile. En effet, si le respeaker arrive à identifier les clés du discours, il va pouvoir construire sa phrase autour de ces mots-clés, quitte à trouver des synonymes ou à faire des périphrases, l’essentiel étant qu’il arrive

à rendre l’idée qui a été émise par l’intervenant. Ne pas tout répéter littéralement mais bien comprendre le sens de ce qui est dit et identifier les mots-clés devrait aider le respeaker débutant à garder les informations essentielles. Il devrait ainsi réduire son nombre d’omissions moyennement graves et graves, qui représentent les erreurs les plus courantes dans l’analyse de nos tests sur les respeakers débutants.

Toujours pendant le direct, le respeaker débutant devra s’efforcer de dicter des phrases « simples », c’est-à-dire sujet, verbe, complément, car cela l’aidera à structurer ses sous-titres et donc ses idées. De plus, les phrases de ce type seront aussi plus faciles à lire pour les téléspectateurs, à l’inverse des phrases longues et avec beaucoup de relatives, dont on ne sait pas toujours où elles veulent en venir et où se trouve l’idée principale. Plus le respeaker débutant fera des phrases simples, plus il devrait réduire le risque de perdre le fil du discours. Cela réduira aussi le problème de la ponctuation, que nous avons déjà évoqué [voir chapitre 3, section 3.2], car une phrase simple n’aura pas besoin de beaucoup de signes de ponctuation.

De plus, n’oublions pas que Dragon est un système de reconnaissance vocale basé sur des corpus de textes dont il va extraire les combinaisons de mots ayant la plus forte probabilité de correspondre aux phonèmes qui ont été reconnus. Pour Dragon, il devrait donc être plus aisé de retranscrire les phrases correctement si elles suivent une structure basique. Dans tous les cas, il vaut mieux éviter les phrases avec inversions de sujets ou trop longues, car cela rend la tâche plus difficile pour Dragon, et aussi pour le respeaker débutant qui devra ensuite prendre du temps et de la concentration pour corriger les possibles fautes de reconnaissance.

Enfin, toujours dans le but de se concentrer sur les informations essentielles lors du direct, le respeaker débutant devra uniquement corriger les erreurs de reconnaissance compromettant le sens de la phrase. Si les erreurs sont peu graves, comme une faute d’accord par exemple, il vaudra mieux qu’il laisse passer cette petite erreur, plutôt que de perdre du temps à la corriger et laisser passer des informations qui auraient été importantes pour le téléspectateur. Si la phrase est vraiment agrammaticale ou sans aucun sens à cause de plusieurs erreurs de reconnaissance, le respeaker débutant aura meilleur temps de tout effacer et de redicter sa phrase, plutôt que de corriger les erreurs une à une.

Il en va de même pour les erreurs de mise en forme, qui en général ne compromettent pas le sens de la phrase. Pour un respeaker débutant, il vaudra mieux laisser tel quelle la mise en forme de Dragon, plutôt que de perdre du temps à vouloir corriger des erreurs peu graves et ne compromettant pas la compréhension.

Après le direct, il serait utile pour le respeaker débutant d’enregistrer les sous-titres qu’il a diffusés puis de les examiner lors de son prochain entraînement, le mieux étant de se repasser la vidéo avec les sous-titres. Ainsi, il pourra se rendre compte de ses erreurs les plus fréquentes et profiter de ses entraînements pour s’efforcer de réduire ces erreurs récurrentes.

Ces recommandations sont utiles sur le moyen terme et il faudra de toute façon quelques semaines pour que le respeaker débutant se rende compte d’une évolution. Il serait intéressant de voir si ces recommandations aident les respeakers débutants à réduire leur appréhension du direct du 19:30. Cela serait aussi intéressant d’analyser les résultats de respeakers débutants qui suivraient ces recommandations sur plusieurs semaines afin d’observer s’ils parviennent à réduire le nombre d’omissions moyennement graves et graves et se rapprocher petit à petit des résultats que nous avions observés chez les respeakers expérimentés sur les directs du 19:30.

Pour conclure ces recommandations, nous dirons que l’évolution positive des respeakers débutants ne sera possible que si chaque étape est prise en compte, car les différentes étapes du respeaking (avant, pendant et après) sont liées les unes aux autres et chacune d’elle peut permettre de progresser.

Concernant les respeakers avancés, l’on pourrait imaginer un outil qui permettrait de réduire les fautes de reconnaissance. Par exemple, avec un outil qui permettrait de détecter certaines fautes récurrentes de Dragon afin de pouvoir les corriger automatiquement. Pour donner un exemple de type de faute récurrente, prenons l’exemple des noms propres que les respeakers ajoutent dans Dragon avant une émission en direct.

Si un respeaker ajoute dans le vocabulaire de Dragon le nom propre Tallinder et que le respeaker dicte la phrase Tallinder a amené le puck, il y a des chances que Dragon retranscrive la phrase de cette façon : Tallinder à amener le puck. Ou pour la phrase C’est Tallinder le plus âgé du groupe, une faute récurrente est la suivante : Ces Tallinder le plus âgé du groupe. Cela est certainement dû au fait que c’est un mot qui a été rajouté dans Dragon. Ce dernier ne possède pas de séquences de mots avec Tallinder et cela provoque des fautes de reconnaissance, qui peuvent être grammaticales ou sémantiques.

Les fautes que nous avons prises en exemple sont récurrentes, et le développement d’un outil spécifique pourrait permettre de la corriger automatiquement avant que le sous-titre soit diffusé.

Nous avons mis le doigt sur un point essentiel dans ces recommandations, qui correspond à l’appréhension que peut avoir un respeaker débutant face à un direct du

19:30. Dans notre prochain test, nous essaierons donc d’évaluer comment le stress du direct peut avoir un impact sur le résultat des sous-titres diffusés, toujours en comparant un respeaker débutant dans le respeaking du 19:30 à un respeaker expérimenté.

Comme pour le premier test, nous décrirons d’abord comment nous avons procédé, puis nous analyserons les résultats que nous avons obtenus avec les deux respeakers qui se sont prêtés à notre test.