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L’accessibilité universelle dans le Quartier des spectacles : Enjeux, constats et éléments de solutions

RÉSULTATS DES ENTRETIENS Résultats du sondage

L’échantillon obtenu présente une bonne représentativité des sexes (53 % de femmes et 47 % d’hommes) et une plus forte représentation des personnes de 65 ans et plus. Le graphique suivant nous indique la répartition des types de limitation des personnes sondées. On observe que les personnes avec une déficience motrice (poussette, canne, fauteuil motorisé, etc.) sont plus nombreuses que les personnes avec une déficience visuelle apparente (canne blanche, chien guide).

D’une manière générale, il apparaît que les répondants sont familiers avec le Quartier des spectacles et que la majorité vient dans le quartier pour se promener ou se divertir. Près d’un tiers des répondants (31 %) viennent dans le quartier en transport actif donc en marchant ou en roulant pour ceux en chaise roulante alors que la majorité vient en transport collectif (44 %).

Concernant leur appréciation des aménagements, les répondants sont satisfaits à 88 % de la facilité à s’orienter et à 87 % de la facilité à se déplacer dans le quartier (Graphique 3). Ces répondants évoquent comme raisons de leur satisfaction, leur connaissance du secteur, les trottoirs et rues qui sont faciles à traverser et le fait que les trottoirs sont larges et la surface uniforme.

Une grande part des répondants qui se disent insatisfaits de la facilité de s’orienter ou de se déplacer le sont pour des raisons qui dépassent l’aménagement de l’espace public (leur méconnaissance du secteur, la disponibilité en stationnement, l’accessibilité du transport en commun, absences de cartes, etc.) alors qu’une plus petite part évoque les surfaces non uniformes (dénivelés, escaliers).

GRAPHIQUE 3. Satisfaction des répondants envers l’orientation et les déplacements

Il est par ailleurs intéressant de noter que les taux de satisfaction demeurent les même en isolant les personnes avec une déficience motrice autre que les personnes avec poussette. Par contre, en isolant les personnes avec une déficience visuelle, ces taux diminuent respectivement à 64 % et 67 %.

Finalement, la plupart des répondants trouvent qu’il est plus facile ou équivalent de se déplacer dans le quartier plutôt qu’ailleurs à Montréal.

Résultats des entretiens individuels

Les entretiens individuels avec des personnes invitées dans le secteur d’étude a permis d’interroger 30 personnes dont 17 avec une déficience visuelle, 9 avec une déficience motrice, 2 avec une déficience intellectuelle et 2 avec une déficience auditive. Il est à noter que les entretiens individuels ont été menés pour leur apport qualitatif à l’étude et n’ont pas de validité quantitative scientifique.

Répondants avec une déficience visuelle

Les répondants avec une déficience visuelle ne sont pas familiers avec le Quartier des spectacles. Les trois quarts (76 %) viennent rarement ou effectuaient leur première visite dans le quartier lors de l’entrevue. Les répondants habitués à venir dans le quartier le font principalement pour des raisons de divertissement (spectacles, concerts, magasinage, promenade).

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Plus de la moitié des répondants sont généralement insatisfaits de la facilité de s’orienter (59 %) et de se déplacer (53 %). Les répondants sont plus critiques envers l’orientation que le déplacement.

Enfin, les répondants trouvent à 70 % qu’il est généralement plus difficile de se déplacer dans le quartier plutôt qu’ailleurs à Montréal. Ils évoquent comme raison le manque de points de repère, comme le manque de délimitation physique entre les trottoirs et la rue Sainte-Catherine (Photo 1), de marquage, de feux sonores, que les différents usagers sont mal séparés (Photo 2), un manque de régularité dans les textures et un manque de contraste dans les couleurs utilisées (Photo 2).

PHOTO 1. Rue Sainte-Catherine PHOTO 2. Piste cyclable Boulevard Maisonneuve

Répondants avec une déficience motrice

Tous les répondants avec une déficience motrice sont très familiers avec le Quartier des spectacles et y viennent pour des raisons de divertissement (spectacles, promenade, concerts).

Les répondants présentent les plus hauts taux de satisfaction face à la facilité de s’orienter (89 %) et à se déplacer (100 %) et trouvent par ailleurs qu’il est plus facile de se déplacer dans le quartier plutôt qu’ailleurs à Montréal.

Ils mentionnent comme raisons de leur satisfaction, la présence d’espaces larges, l’aménagement du trottoir au même niveau que la rue sur Sainte-Catherine, la présence de peu d’obstacles (sauf durant les événements) et la surface uniforme.

Répondants avec une déficience intellectuelle

Les deux répondantes interrogées sont peu familières avec le quartier. Elles sont généralement satisfaites de la facilité à s’orienter et à se déplacer dans le Quartier des spectacles bien que le montage et démontage de scènes les insécurise et que l’absence de délimitation entre le trottoir et la rue soit déconcertante.

Pour faciliter leur capacité à s’orienter, les répondantes suggèrent la présence de cartes et plans de quartier à plusieurs endroits et l’installation systématique des noms de rues aux intersections, en plus d’augmenter les balisages de sécurité autour des aménagements temporaires liés aux festivals.

Répondants avec une déficience auditive

Les deux répondantes interrogées sont assez familières avec le quartier. Elles sont très satisfaites de la facilité à s’orienter et à se déplacer dans le Quartier des spectacles et justifient leur opinion par la présence d’espaces larges et plats comme simplifiant leur déplacement.

Suggestions des personnes invitées

Malgré les besoins souvent différents des clientèles à limitations fonctionnelles, certaines suggestions se recoupent, soit :

 L’ajout de bandes réfléchissantes de couleur contrastante partout où il y a une dénivellation ou une séparation d’usage (piste cyclable, secteur 2, secteur 3, secteur 4 et le long de la rue Sainte- Catherine)

 L’ajout de plans et de cartes intuitives du quartier

 L’ajout de traverses piétonnes contrastantes aux grandes intersections  Un meilleur éclairage

 L’ajout de feux sonores, principalement le long de la rue Sainte-Catherine et du Boulevard Maisonneuve

 Un meilleur encadrement des travaux lors du montage / démontage de scènes

Ce qu’il faut retenir

Les résultats obtenus par l’administration des sondages et des entretiens individuels nous indiquent que les nouveaux aménagements du Quartier des spectacles sont très appréciés par les répondants avec une limitation fonctionnelle.

Par contre, ces réponses restent nuancées en fonction du type de limitation. Ainsi, les répondants avec une déficience visuelle sont généralement insatisfaits de l’orientation et du déplacement dans le Quartier des spectacles tandis que les répondants avec une déficience motrice sont satisfaits.

Par ailleurs, il est également possible de faire des distinctions au sein même des personnes avec une déficience visuelle. Ainsi, la satisfaction augmente chez les aveugles de naissance, chez les répondants les plus jeunes et chez ceux qui ont plus l’habitude de se déplacer dans des lieux qu’ils ne connaissent pas.

Les aspects appréciés du quartier sont : les espaces larges, l’espace piéton important, un quartier bien entretenu, l’absence de trottoirs, l’animation des lieux, le parcours fluide et uniforme, un quartier sécuritaire.

Les aspects peu appréciés du quartier sont : l’absence de points de repère (trottoirs), le manque de signalisation visuelle (carte, repères), les obstacles dans le quartier (surtout durant le montage/démontage de scènes), une surface pas assez uniforme, des espaces insécurisants.

CONCLUSION

L’étude, effectuée par l’entremise d’un acteur neutre et au moyen d’une démarche rigoureuse a permis de constituer une banque de données vaste au plus près de la réalité. Les données recueillies ont été présentées à un ensemble de parties prenantes de la mobilité afin de partager la connaissance et de bien comprendre la situation réelle. En offrant à tous la possibilité de travailler à partir d’une base commune, il a ainsi été possible de désamorcer les préjugés.

Les données d’observation des déplacements des personnes et des conflits aux intersections permettent de mieux comprendre l’utilisation de l’espace public et les répercutions que peuvent avoir certains types d’aménagement. Ces données offrent également au concepteur la possibilité de prioriser les interventions sur le terrain en fonction des zones identifiées comme plus contraignantes.

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Les commentaires et nuances obtenues auprès des personnes présentant une limitation fonctionnelle et au sein même des personnes avec une déficience visuelle offrent un niveau de détail supplémentaire et une meilleure compréhension quant aux exigences de déplacement de ces personnes. Ces connaissances sont particulièrement utiles pour apporter les correctifs nécessaires.

Comme de fait, il a par la suite été possible d'amorcer en collaboration, une approche pertinente visant à apporter des solutions aux aménagements sur l'espace public.

RÉFÉRENCES

1. Morency, P, Archambault, J, Cloutier, M.S., Tremblay, M., Plante, C. & Dubé, A.S. (2013). Sécurité des

piétons en milieu urbain : enquête sur les aménagements routiers aux intersections. Rapport (pp.

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