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L’accessibilité universelle dans le Quartier des spectacles : Enjeux, constats et éléments de solutions

MÉTHODOLOGIE ET OUTILS

Le secteur d’étude est délimité par les rues de Bleury, Président Kennedy, Clark et Sainte-Catherine (Fig. 1)

FIGURE 1. Délimitation du secteur d’étude

La période d’étude et de collecte des données s’est déroulée sur une période de sept mois entre les mois de mars et septembre 2012. De façon à obtenir un échantillon représentatif, quatre phases de collecte ont été identifiées pour refléter au mieux les divers événements du quartier (Fig. 2). La première et deuxième phase de collecte se sont déroulés durant les mois de mars (hiver) et, mai (printemps) respectivement

alors que les rues étaient encore accessibles aux automobilistes (hors piétonnisation). Les troisième et quatrième phases de collecte se sont déroulées respectivement durant le mois de juillet durant un grand festival et lors des mois d’août et septembre alors qu’il n’y avait pas de festival. Ces deux dernières phases ont eu lieu en période de piétonnisation, c’est-à-dire que la circulation automobile y était interdite.

FIGURE 2. Périodes de collecte

Les données factuelles et les informations d’ordre qualitatives recherchées ont été obtenues à l’aide d’observations terrain ainsi qu’avec l’aide d’entretiens auprès des usagers de l’espace public (Fig. 3). Les observations ont permis d’obtenir des renseignements d’une part sur les habitudes de déplacement des usagers du Quartier des spectacles et d’autre part, d’identifier et documenter les conflits et les principaux usagers impliqués. L’observation des conflits s’est déroulée uniquement aux intersections du secteur d’étude, car, un plus grand nombre d’usagers y transige et s’y rencontre, le potentiel de conflit y est plus élevé (1).

Les entretiens, menés d’une part sous forme de sondages, administrés uniquement auprès des personnes avec une limitation fonctionnelle, ont permis de connaître leur perception quant aux récents aménagements et complétaient l’information sur les habitudes de déplacements des usagers.

D’autre part, les entretiens sous forme de rencontres individuelles, effectuées auprès de personnes invitées avec des limitations, ont permis une lecture plus approfondie du site afin de mieux connaître les raisons derrière les éléments les plus et les moins appréciés.

FIGURE 3. Types d’informations colligées

Les personnes ciblées par ces observations comprenaient tous les usagers avec et sans limitation fonctionnelle qui étaient présents dans le secteur d’étude. Les personnes présentant les limitations fonctionnelles apparentes suivantes ont toutes été observées : les personnes avec une canne, une poussette, un déambulateur, un quadriporteur, un triporteur, une canne blanche, un chien guide, les personnes en fauteuil roulant, les femmes enceintes, les personnes âgées ainsi que les personnes de petite taille.

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L’élaboration des outils de collecte de données a été faite en collaboration avec les représentants de la Ville de Montréal et de Société Logique. Les données ont été recueillies par des observateurs et sondeurs engagés par Convercité.

Déplacement des personnes

Pour faciliter les relevés de déplacement des personnes, le territoire d’étude a été segmenté en quatre sous-secteurs (Fig. 3) :

 Secteur 1 : le long de la rue Jeanne-Mance incluant l’intersection Sainte-Catherine, Jeanne-Mance et l’intersection Sainte-Catherine, De Bleury

 Secteur 2 : le long du boulevard de Maisonneuve et de l’avenue du Président Kennedy entre la rue Jeanne-Mance et avant la rue Saint-Urbain

 Secteur 3 : le long de la rue Saint-Urbain entre l’avenue du Président-Kennedy et un peu avant la rue Sainte-Catherine et la rue Clark au nord de la rue De Montigny

 Secteur 4 : le long de la rue Sainte-Catherine passée la rue Saint-Urbain et un peu avant la rue Jeanne-Mance.

FIGURE 4. Carte des sous-secteurs d’étude

Les observateurs avaient comme responsabilité de dresser, en deux heures, le portrait des déplacements des personnes avec et sans limitation fonctionnelle sur deux cartes distinctes. Le parcours d’une personne choisie de façon aléatoire était tracé sur une carte (en bleu pour les piétons, en vert pour les cyclistes) du début à la fin de sa présence dans le secteur d’observation. Les chemins les plus utilisés étaient représentés par des traits plus épais. Les observateurs devaient également compter le nombre de personnes avec une limitation présentent dans le sous-secteur en plus d’identifier leur limitation. Les résultats obtenus nous informent sur qui, quand et où se déplacent les personnes avec et sans limitation et combien de personnes avec limitation étaient présentes. Le tracé des parcours empruntés permet également d’identifier la présence d’obstacles et d’éventuels conflits. Chaque sous-secteur a été observé

durant 4h soit 2h en semaine et 2h en fin de semaine et ce, pour chacune des quatre périodes (piétonnisation, hors piétonnisation, piétonnisation avec festival et piétonnisation hors festival) pour un total de 64 heures d’observation durant lesquelles les déplacements de 869 personnes avec une limitation ont été retranscrits.

Conflits aux intersections

Les relevés de conflits aux intersections se sont déroulés sur les huit intersections suivantes (Fig. 4) :  Intersection 1 : Jeanne-Mance et Maisonneuve et Président-Kennedy

 Intersection 2 : Saint-Urbain et Maisonneuve et Président-Kennedy  Intersection 3 : Maisonneuve et Clark

 Intersection 4 : Saint-Urbain et De Montigny  Intersection 5 : De Montigny et Clark

 Intersection 6 : De Bleury et Sainte-Catherine  Intersection 7 : Jeanne-Mance et Sainte-Catherine  Intersection 8 : Saint-Urbain et Sainte-Catherine

FIGURE 5. Carte des intersections à l’étude

Trois différents types de comportements ont été retenus comme étant un conflit et devaient être comptabilisés :

 tout usager qui doit s’arrêter brusquement dans sa trajectoire à cause d’un autre usager,  tout usager qui doit dévier de sa trajectoire à cause d’un autre usager,

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Les observateurs devaient indiquer sur une carte l’endroit où avait lieu le conflit en y inscrivant les initiales des usagers impliqués. Par exemple, si un piéton et un cycliste étaient impliqués dans un conflit, l’observateur devait retranscrire sur sa carte les initiales PC là où le conflit avait eu lieu.

Les observateurs devaient également compter le nombre de personnes avec une limitation qui empruntaient l’intersection de manière à connaître la proportion d’entre eux impliquée dans un conflit (Fig. 5).

Il est à noter que les observations effectuées visaient à dresser un portrait global des conflits aux intersections et non pas le nombre exact de conflits.

Par ailleurs, les observateurs avaient reçu la consigne de concentrer leurs observations sur les conflits impliquant des piétons et cyclistes. Ainsi, la présence d’un conflit entre deux automobilistes n’était vérifiée qu’à la suite un coup de klaxon ou un crissement de pneus.

FIGURE 6. Grille de relevé des conflits – intersection 7

Les résultats nous informent sur qui, combien, quand et où ont lieu les conflits aux intersections pour les personnes avec et sans limitation. Chaque intersection a été observée durant 2h soit 1h en pointe du matin et 1h en pointe du soir et ce pour chacune des quatre périodes de collecte (piétonnisation, hors piétonnisation, piétonnisation avec festival et piétonnisation hors festival) pour un total de 64 heures d’observation où 745 conflits ont été répertoriés.

Sondages auprès des personnes avec une limitation fonctionnelle

Le troisième outil de collecte de données est un questionnaire qui a été administré aux personnes avec une limitation fonctionnelle uniquement. Le questionnaire comportait une quinzaine de questions notamment sur leurs habitudes de déplacement, leur satisfaction face aux aménagements et à leur capacité de se déplacer et de s’orienter dans le quartier. Enfin, le profil du répondant a été recueilli ainsi que des suggestions d’amélioration. Les sondages ont été réalisés en semaine et en fin de semaine, de jour comme de soir et administrés à l’aide d’un Palm Pilot. L’utilisation des ordinateurs de poche permet

de réduire la manipulation des données et les erreurs de retranscription par rapport aux formulaires papier. 196 répondants avec une limitation fonctionnelle ont été interrogés de façon aléatoire par les sondeurs.

Entretiens individuels auprès des personnes invitées

Des entretiens individuels de 30 à 45 minutes ont permis de recueillir des données qualitatives auprès de personnes avec une déficience visuelle, motrice, auditive et intellectuelle. La personne invitée devait d’abord effectuer un parcours dans le quartier d’étude avec un point de départ et d’arrivée prédéfini afin de prendre connaissance des nouveaux aménagements publics. Par la suite, ces personnes étaient invitées à nous livrer leurs impressions, commentaires et suggestions face à leur capacité de s’orienter et de se déplacer.

Les entretiens individuels ont été réalisés en collaboration avec le Regroupement des Usagers du Transport Adapté et accessible de l’île de Montréal (RUTA). Le RUTA a collaboré à cette étape par la prise de rendez-vous auprès des personnes invitées ayant une limitation fonctionnelle, par la rédaction d’une infolettre pour le site d’AlterGo et de Société Logique pour inciter les gens avec des limitations à se rendre au QDS lors des observations ainsi que par l’accompagnement lors des entretiens individuels sur le terrain. Au total, 30 personnes ont répondu à l’invitation et ont ainsi pu être interrogées lors de la deuxième, troisième et quatrième période de collecte (non piéton, piéton avec festival et piéton sans festival). Les thèmes abordés étaient les mêmes que ceux du sondage, mais les réponses étaient de type ouvertes.

RÉSULTATS DES OBSERVATIONS