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R ÉPUBLIQUE DEVIENT UN RÉGIME PARLEMENTAIRE

9. P RÉSENTATION DE LA RECHERCHE ET DÉFINITION DE LA PROBLÉMATIQUE

Nous avons observé au cours de cette introduction que les jugements des auteurs de droit constitutionnel et de science politique sur la cohabitation abordaient surtout la dénonciation et la déviance du fonctionnement normal des institutions même si une observation plus mesurée et tolérante des relations institutionnelles durant les cohabitations existe bien or la majorité des responsables politiques ne partageaient définitivement pas ce premier sentiment, du moins dans les années 1980 et 1990, puisque que nous avons connu trois cohabitations au fil de ces deux décennies.

Je pense personnellement que la relative faiblesse de ces analyses est l’insuffisance de l’importance consacrée aux déclarations, aux actés, aux jugements et aux prises de positions des hommes politiques vis à vis de la cohabitation au cours de la 5ème République. Je souhaiterais donc dans mon étude m’intéresser au positionnement des hommes politiques vis à vis de la notion de cohabitation au cours de leurs carrières et mettre en évidence la cohérence ou l’incohérence de leurs thèses sur la cohabitation. Mon travail consisterait ainsi à une confrontation entre les positions des hommes politiques aux moments où ils se situent dans la majorité, moments où ils ont politiquement intérêt à dénoncer la cohabitation, et les moments où ils se situent dans l’opposition, moments où ils ont au contraire intérêt à valoriser la cohabitation. J’ai souhaité étudier la représentation la plus exhaustive possible de la classe politique française des années 1958-2017, je m’intéresserais ainsi au cours de ce travail aux principaux responsables politiques qui ont eu à donner leur sentiment sur la notion de cohabitation et sur le déroulement des trois cohabitations de 1986-1988, 1993-1995 et 1997-2002 : les principaux responsables politiques socialistes, les principaux responsables politiques communistes, les principaux responsables politiques gaullistes et les principaux responsables politiques centristes ou libéraux. J’aimerais mettre en évidence, en confrontant les déclarations à la fois anciennes et récentes de ces responsables politiques sur la notion de cohabitation, la similarité de leurs thèses et idées ou en revanche la dissimilarité de ces mêmes thèses et idées. Je

serais ainsi à même de mettre en évidence les conversions stratégiques à l’œuvre durant les moments clés de leurs carrières et situations personnelles, et souligner de cette façon les positionnements et les postures utilisés pour se différencier de leurs alliés ou adversaires politiques. Je peux certainement révéler des paradoxes étant donné que durant leurs carrières, ils se sont souvent retrouvés confrontés à plusieurs situations politiques, à la fois dans la majorité et dans l‘opposition de 1958 à 2017, et il y a naturellement eu à certains moments des choix délibérés de leur part de se placer sur l’échiquier politique en augmentant sensiblement leurs divergences avec leurs adversaires du moment. Je souhaiterais en somme mettre en évidence les véritables convictions institutionnelles des hommes politiques sur la notion de cohabitation au cours de cette thèse et démontrer que ces responsables politiques se sont souvent servis de la notion de cohabitation afin de défendre leurs intérêts personnels. Je serais ainsi amené à commenter et à expliquer leurs différents positionnements vis à vis de la notion de cohabitation en fonction des circonstances. Nous pouvons donc nous demander si les principaux responsables politiques français, socialistes, communistes, libéraux, centristes et gaullistes ont eu des positionnements institutionnels cohérents ou incohérents vis-à-vis de la notion de cohabitation au cours de leurs carrières respectives et de l'histoire de la 5ème République ?

Nous chercherons ainsi à détailler au cours de cette thèse la construction et l’évolution de la doctrine institutionnelle des hommes politiques vis-à-vis de la notion de cohabitation et nous nous demanderons si la dénonciation ou la validation de cette notion est une constance ou une inconstance de leurs lignes politiques au cours de leurs carrières respectives. Nous chercherons aussi à voir si leurs commentaires sur la notion de cohabitation sont déterminés par leurs stratégies personnelles au cours des alternances successives ou encore s’ils sont déterminés, au moment du déroulement de la cohabitation, par leur appartenance au parti du président de la République ou du Premier ministre de cohabitation. Nous nous intéresserons également à l’évolution des réflexions institutionnelles des responsables politiques vis à vis de la notion de cohabitation, nous chercherons ainsi à mettre en évidence l’évolution de leurs approches et solutions afin de faire face au problème institutionnel de la cohabitation.

Nous allons nous intéresser à la cohérence et à l'incohérence des positionnements des hommes politiques vis à vis de la cohabitation et de la notion de cohabitation au cours de toutes les situations politiques et institutionnelles de la 5ème République entre 1958 et 2017. Nous réaliserons ainsi sous une première partie une première vision d’ensemble sur la notion de cohabitation au cours des années sans alternance entre 1958 et 1981, nous mènerons ensuite sous une seconde partie une analyse critique du diagnostic des responsables politiques sur la notion de cohabitation au cours des années hors cohabitation et donc de concordance des majorités entre 1981 et 2002, nous nous attarderons sous une troisième partie à un état des lieux sur la notion de cohabitation au cours des nouvelles années sans cohabitations entre 2002 et 2017 et nous mènerons enfin sous une dernière partie une nouvelle analyse critique du diagnostic des responsables politiques au cours des périodes de cohabitation et de discordance des majorités, c’est à dire entre 1986-1988, 1993-1995 et 1997-2002. Nous aurons plusieurs axes d’analyse au cours de cette étude : nous observerons l’évolution des doctrines institutionnelles des responsables politiques à travers l’étude de leurs commentaires vis à vis de la notion de cohabitation et nous serons ainsi amené à mettre en évidence plusieurs tendances relatives à la cohérence ou à la contradiction de leurs doctrines institutionnelles ; nous chercherons ensuite à mettre en évidence plusieurs pistes de réflexion vis à vis des stratégies sous-jacentes à leurs positionnements politiques ; et nous mettrons enfin en évidence l’évolution de leurs réflexions et solutions institutionnelles vis à vis de la notion de cohabitation.