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Réseaux socionumériques ou médias sociaux

2.5. Entre faits et chiffres

3.1.3. Réseaux socionumériques ou médias sociaux

106 Les réseaux socionumériques définis par Stenger et Coutant (2011), en citant Boyd et Ellison : Ce sont des services web permettant aux utilisateurs: 1) de construire un profil public ou semi- public au sein d’un système, 2) de gérer une liste d’utilisateurs avec lesquels ils partagent un centre d’intérêt, 3) de voir et naviguer sur leur liste de liens et sur ceux établis par les autres au sein du système. Ainsi, les réseaux socionumériques donnent lieu à des activités guidées par la sociabilité, par l’amitié. Il s’agit de se retrouver. Ces réseaux se caractérisent par un modèle multipolaire de communication en réseau de groupe à groupe et en favorisant la communication horizontale (Castells, 2009).

Dans une interview réalisée par Stenger et Coutant (2011), Nicolle Ellison (Michigan State University) définit les réseaux socionumériques comme une plate-forme de communication en réseau dans laquelle les participants 1) disposent de profils associés à une identification unique qui sont créés par une combinaison de contenus fournis par l’utilisateur, de contenus fournis par des « amis », et de données système ; 2) peuvent exposer publiquement des relations susceptibles d’être visualisées et consultées par d’autres ; 3) peuvent accéder à des flux de contenus incluant des informations générées par l’utilisateur, notamment des combinaisons de textes, photos, vidéos, mises à jour de lieux et/ou liens fournis par leurs contacts sur leur page.

D’autre part, pour définir ce qu’est un média, reprenons la définition de Balle (2009) : Ce sont des institutions sociales avec des résultats aux initiatives calculées, avec des équipes techniques, des professionnels qui sont régis par des règles spécifiques qui peuvent être écrites ou non. Où alors, c’est une technique qui se transforme, de par son utilisation continue, en un véritable art. Donc on peut dire, par exemple, que la presse imprimée donne naissance au journalisme. Un média est avant tout un outil, une technique ou un intermédiaire permettant aux hommes de s’exprimer et de communiquer une information à autrui. Mais un média se

définit également par son usage, lequel désigne un rôle ou une fonction ayant fini par s’imposer, ainsi que la meilleure façon de remplir ce rôle ou cette fonction.

Balle fait également un inventaire des types de médias : 1) des moyens autonomes comprenant tous ceux qui possèdent des supports sur lesquels sont inscrits des messages et ne nécessitent pas de connexion particulière sur un réseau (livres, journaux, disques, vidéos). Pour en permettre la « lecture », certains équipement sont indispensables : magnétophones, magnétoscopes, ordinateurs, consoles de jeux ; 2) les médias de diffusion, que celle-ci soit large ou étroite, se sont multipliées dès 1975 : câbles, satellites, télévision numérique terrestre, Internet ; 3) les médias de communication, qu’il s’agisse d’une télécommunication bipolaire ou multipolaire, comprend tous les moyens de télécommunication permettant d’instaurer, à distance et à double sens, soit une relation entre – d’un côté – une personne ou un groupe, et – de l’autre – une machine, comprenant une batterie de programmes ou de services.

Donc, pour parler de médias sociaux seront considérés ceux qui abritent effectivement des activités guidées par un intérêt particulier : regroupement autour de passions ou de pratiques, usage professionnel, création ou partage de contenu, rencontre amoureuse, entre autres (Stenger y Coutant, 2011).

Dans ce travail, nous allons parler des réseaux socionumériques dans la plupart des cas et des médias sociaux, seulement lorsqu’ils exercent leur fonction de médiation et de diffusion d’un message produit par les utilisateurs à des fins spécifiques et sur des questions et des intérêts partagés par un groupe. C’est un média social également quand il y a une réponse des deux côtés (de la part de celui qui émet le message et de la part du destinataire). Une autre distinction est faite pour parler de médias sociaux selon Garcia-Galera et Valdivia (2014) : Ils

108 offrent de plus, par rapport aux médias traditionnels, la possibilité de partager et de participer.

Mais il convient de préciser ici, comme le font Mercier, Plassard et Scardigli (1985) que les technologies en elles-mêmes n’ont aucune vertu magique qui leur permettrait de réduire ou d’augmenter les inégalités et/ou le développement des individus. En fait, l’utilisation des médias consiste à créer de nouvelles formes d’action et d’interaction dans la société, de nouveaux types de relations sociales et de nouveaux modes de relation avec les autres et soi- même (Thompson, 1998).

Ainsi, les sociétés ont toujours été plus stéréotypées par la nature des médias par lesquels les hommes communiquent que par le contenu de la communication en elle-même. Il est donc impossible de comprendre les changements sociaux et culturels sans connaitre le fonctionnement des médias (McLuhan et Fiore, 1987). Toutes les communautés produisent une représentation ce qu’elles sont et ce qu’elles veulent être, mais personne ne peut engager une action sans le soutien des médias. Au final, le journalisme et les médias finissent par dominer toute la vie politique, scientifique ou intellectuelle (Bourdieu, 2005).

Il est donc intéressant de noter que la caractéristique la plus marquante de la communication de masse n’est pas le nombre de personnes (ou une proportion déterminée de la population) qui reçoivent les produits, mais plutôt le fait que les produits sont disponibles, initialement, à une pluralité de destinataires (Thompson, 1998).

Ainsi les media, loin d’étendre leur influence, sont soudainement forcés de la partager. Ils sont en train d’être vaincus sur de nombreux fronts à la fois, ceux que Toffler (1999) appelle les « médias de communication dé-massifiés ».

De cette manière, arrive une nouvelle forme de communication, de nouveaux outils et technologies qui font que l’information la plus récente arrive à un rythme toujours plus rapide, forçant les acteurs du secteur à changer des images basées sur la réalité du passé (Toffler, 1999). D’autant plus que, dans cette ère nouvelle de la communication, la majorité de l’information est adressée électroniquement, la technologie de l’email signifiant pour l’homme occidental une perte considérable de la composante visuelle de son expérience, et une augmentation corrélative de l’activité de ses autres sens (McLuhan et Fiore, 1987).

Pour Castells (2009, 2013), ces réseaux socionumériques permettent de parler d’une société en réseaux renforcée par les technologies de l’information et de la communication, basées sur la microélectronique. Bien qu’au milieu des années 90, le monde a connu le début d’un changement profond dans la façon dont nous communiquons, jusqu’à récemment nous avons vécu sous l’emprise des médias de masse, et de nos jours nous pouvons parler, dans certains cas, de la construction d’une communication qui se base sur les réseaux sociaux.

110 Figure 33. Processus de communication (Elaboration propre, basé sur Meunier & Peraya, 2010 et Castells,

2010).