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La République Populaire du Kampuchea et le rétablissement de la stabilité politique

C. ENTRE 1979 ET 1993 : LES BASES DE LA STABILITE POLITIQUE

1. La République Populaire du Kampuchea et le rétablissement de la stabilité politique

73. Dans l'histoire du Cambodge moderne notamment à partir de la fin des années 1960, la question de la stabilité ne peut pas être dissociée du contexte de la lutte d'influence des grandes puissances mondiales. Ainsi en 1979, le conflit entre le Cambodge et le Vietnam qui se conclut par la chute du régime des Khmers rouges a pour résultat une opposition réelle entre ces deux pays sur le respect de leur souveraineté et la reconnaissance de leur frontière commune, mais également une instrumentalisation de cette opposition par le tandem sino- américain d'un côté et l'Union soviétique de l'autre96.

74. Après avoir renversé le Gouvernement proaméricain de LON Nol, le 17 avril 1975, les Khmers rouges ont instauré un régime autoritaire qui suivait l'idéologie forgée par SALOTH Sar (alias Pol Pot) et son groupe, qui avait pour principe de restaurer la grandeur historique d'une race khmère pure97. Par ailleurs, cette idéologie, qui s’est nourrie des prétendus droits historiques sur les « terres perdues », a engendré une hostilité très profonde du Kampuchéa Démocratique envers les Vietnamiens98. Les dirigeants khmers rouges ont à cet égard bénéficié d'un soutien constant de la Chine pour qui le Vietnam incarnait la menace prosoviétique le long de sa propre frontière méridionale.

96 La guerre qui s'en suit est qualifiée par Nicolas REGAUD, "la 3ème guerre indochinoise" qui était en fait une

guerre par procuration où les Américains, les Chinois et leurs alliés pour la circonstance (les pays d'Asie du Sud-Est) d'un part et Soviétiques, pays de l’Europe de l’est et Vietnamiens d'autre part ont instrumentalisé le peuple cambodgien à des fins qui lui étaient étrangères. - JENNAR Raoul, 30 ans depuis Pol Pot, le Cambodge de 1979 à 2009, L’Harmattan, Col. Points sur l’Asie, Paris, 2010, p. 38

97 KIERNAN Ben, The Pol Pot regime: race, power and genocide in Cambodia under the Khmer Rouge, 1975-

1979, Yale University, 1996. Traduit de l'anglais par Marie-France de PALOMERA pour l'édition française, KIERNAN Ben, Le génocide au Cambodge, 1975-1979, Race, idéologie et pouvoir, Gallimard, 1998, 730 pages : « idéologie qui a été appliqué dès les années soixante pour conquérir tout d'abord l'appareil du Parti communiste khmer créé en 1951, puis la prise de contrôle systématique de toutes les zones du maquis par l'élimination, individuelle ou massive, de la vieille garde communiste et, plus largement, de ceux que l'on juge avoir un cœur vietnamien dans un corps khmer. Elle dicte le processus mis en place dès 1970, l'éradication planifiée des minorités nationales non khmères : les Chams musulmans, les Vietnamiens, les Chinois, les Laotiens et les Thaïlandais. »

98 « Il en va de même des suspicions de Pol Pot à l'égard du parti communiste vietnamien, dont les dirigeants ont

fait preuve de condescendance envers leurs homologues cambodgiens pendant de nombreuses années et n'ont pas laissé la lutte armée cambodgienne s'épanouir qu'à l'ombre de celle du Viêtnam. [...] Les suspicions de Pol Pot redoublent en juillet 1977 lorsque le Viêtnam signe un traité de coopération avec le Laos, un geste interprété comme faisant partie du plan vietnamien pour encercler le Cambodge et reconstituer, tout en contrôlant, ce qui fut naguère l'Indochine française. » - CHANDLER David, P., A History of Cambodia, Boulder (Colorado), Westview Press, (4ème Edition), 2007, 365 pages. Traduit de l'anglais par Christiane

75. La montée des hostilités du Kampuchéa Démocratique et les raids meurtriers99 contre le voisin de l'Est furent accompagnée d'une série de purges sans précédent à l'intérieur même des rangs khmers rouges, notamment parmi les officiers et les cadres du Parti communiste khmer (PCK) de la zone Est100, près de la frontière vietnamienne, et à tous les niveaux. Dans la confusion qui s'ensuit, de nombreux soldats, notamment ceux de la zone Est101 qui échappèrent à l'élimination, cherchèrent refuge au Vietnam. Ils se constituèrent en embryons d'une résistance aux Polpotistes.

76. Du point de vue du Viet Nam, en plus des exactions frontalières, l'alliance entre Phnom Penh et Pékin, renforcée pendant la visite de Pol Pot en Chine vers le milieu de 1977, constitue une provocation à laquelle il faut répliquer102. D’après Marie Alexandrine MARTIN, les Vietnamiens ont osé faire ce que le principe de non-ingérence interdisait à l'Occident d'entreprendre.103 Pour légitimer son action au Cambodge, le gouvernement vietnamien a poussé à la création, le 2 décembre 1978, près de Snoul (une zone près de la frontière vietnamienne qui échappait au contrôle des autorités du Kampuchéa Démocratique), du Front Uni National du Salut du Kampuchéa (FUNSK)104 dont l'objectif était de renverser le régime du Kampuchéa Démocratique. Le 25 décembre 1978, l’armée vietnamienne répondait, officiellement, à l’appel du FUNSK, lançait l'assaut contre les troupes de Pol Pot et mettait fin au régime de terreur des Khmers rouges, le 7 janvier 1979 avec la libération de Phnom Penh et, des semaines plus tard, la quasi-totalité du territoire du Cambodge à l'exception de la zone près de la frontière khméro-thaïlandaise et de la chaîne des Cardamomes.

99 L'armée du Kampuchéa démocratique a lancée des raides meurtriers à partir de 1977 contre le Viêtnam suivant

le mot d'ordre de leurs commandement selon lequel ces opérations visaient à regagner les "provinces perdues"99 aussi loin que se trouvent des inscriptions en khmer et que pousse le "thnôt"99 (palmier à sucre). 100 Ces hommes et ces femmes sont considérés comme ayant "un cœur vietnamien dans un corps cambodgien" -

CHANDLER David, P., A History of Cambodia, Boulder (Colorado), Westview Press, (4ème Edition), 2007,

365 pages. Traduit de l'anglais par Christiane Lalonde, CHANDLER David, Une histoire du Cambodge, Les Indes savantes, Paris, 2011, 240 pages

101 L'un entre eux, HENG Samrin, deviendra par la suite chef de l'Etat de la République Populaire du

Kampuchéa, et une figure vénérée.

102 Sur le plan diplomatique, le Viêtnam signe un traité d'amitié de vingt-cinq ans avec l'Union soviétique afin de

contrebalancer la menace chinoise. Militairement, près d'une centaine de milliers de soldats vietnamiens sont massés à la frontière cambodgienne en avril 1978.

103 MARTIN Marie Alexandrine, « Le Gouvernement de coalition du Kampuchéa Démocratique : histoire, bilan

et perspective » in ASEMI Vol. XIII, 1.4, Cambodge I, 1982, pp. 443 – 478

104 Ce front est composé d’environ 200 cadres de la Zone Est (sous les Khmers Rouges, le Cambodge était divisé

en zones), des Khmers partis au Viêtnam en 1954 et de plusieurs milliers de soldats. Tous ont fui vers le Viêtnam, à partir de juin 1977. D’abord repoussés, ils ont ensuite été accueillis et ont reçu une formation politique et une préparation militaire. L'un des exilés, un jeune commandant adjoint de régiment du nom de HUN Sen qui avait fui le pays en 1977, deviendra en 1985 le Premier ministre de la République Populaire du Kampuchéa.

77. Le renversement du régime qui a provoqué environ deux millions de morts soulage la population cambodgienne qui accueille durant les premiers mois les soldats vietnamiens « Bodoi » en libérateurs. Mais très vite la communauté internationale condamne105 ce qu’elle qualifie d'invasion et d'occupation vietnamienne du Cambodge. Seule l'Union soviétique et ses alliés ou satellites apportent leur soutien. Par conséquent, de 1979 jusqu'en 1991, un embargo économique international a été imposé au Cambodge106. Raoul JENNAR a dénoncé une « diplomatie internationale obscène »107 en soulignant que les considérations géopolitiques l’ont emporté sur le droit du peuple cambodgien à ne plus vivre dans la terreur et l'esclavage ainsi que le droit du Vietnam à sa sécurité.108 C'est dans ce contexte que vont se réorganiser ou naître des mouvements de résistances (au Cambodge et dans la diaspora) à l'occupant vietnamien.

a. Les difficiles défis de la RPK pour l'instauration de la stabilité

78. Les constats dressés par les observateurs nationaux et internationaux sur la situation du Cambodge sont unanimes : le pays est exsangue.

« Les dirigeants de la République populaire du Kampuchea (RPK) sont en effet confrontés au vide et au chaos. Le vide, étant donné qu’il n’y a plus d’appareil

105 La veille de la libération de Phnom Penh, à la demande de la Chine, les Polpotistes prirent soin, d'emmener

avec eux le prince Sihanouk qui avait été en résidence surveillée depuis septembre 1975. Quelques jours plus tard, le prince Sihanouk a demandé, comme « porte-parole » du Kampuchéa Démocratique au Conseil de Sécurité de l'ONU de condamner l'invasion vietnamienne, de reconnaitre les dirigeants du Kampuchéa Démocratique comme le seul gouvernement légal du Cambodge, etc. Par la suite, la Chine a annoncé un conséquent soutien financier aux Polpotistes pour qu'ils combattent contre le régime installé par le Viêtnam en vue de revenir au pouvoir, etc. car Pour la Chine, l'invasion du Cambodge en janvier 1979 par les Vietnamiens qui risquent de réduire à néant les forces khmères rouges est inacceptable. D'où la "punition chinoise" de courte durée lancée le 17 février contre le Viêtnam, qui semble avoir eu pour but essentiel de diminuer la pression des Bodoi sur les soldats khmers rouges (yothea) : le Viêtnam, obligé de se battre contre la Chine, a dû mobiliser une partie de ses troupes à cet effet ; les forces khmères rouges ont eu le temps de souffler, de se reprendre. Il est probable que, sans cette intervention, leur chance de survie aurait été très faible. Les armes que la Chine continue de fournir aux Khmers Rouges depuis 1979 leur ont permis de résister et de survivre en tant que mouvement" - MARTIN Marie Alexandrine, "Le Gouvernement de coalition du Kampuchéa Démocratique : histoire, bilan et perspective" in ASEMI Vol. XIII, 1.4, Cambodge I, 1982, p. 458

106 Chaque année, une résolution de l’ONU interdit toute aide au développement du Cambodge.

107 Il s'agit d'une doctrine de Henry L. STIMSON, Secrétaire d'Etat américain, en 1931, selon laquelle les

changements dans l'ordre international amenés par la force des armes ne peuvent être reconnus diplomatiquement sans l'aval de la Société des Nations. Sur la base de cette doctrine, l'ONU refuse de reconnaitre la République Populaire du Kampuchea, mise en place après l'intervention vietnamienne. Elle déclare que le seul représentant légitime du Cambodge est l'ambassadeur désigné par Pol Pot et, en usant d'une distinction entre aide d'urgence et aide au développement, elle décrète un embargo sur cette dernière. - JENNAR Raoul, 30 ans depuis Pol Pot, le Cambodge de 1979 à 2009, L’Harmattan, Col. Points sur l’Asie, Paris, 2010, p. 47

d’État, plus de structures et d’institutions administratives, quasiment plus de ressources humaines compétentes pour les faire fonctionner. La plupart des archives de l’administration publique et du travail gouvernemental a disparu et ceux qui en détenaient la mémoire aussi. Enfin, ceux qui détiennent le pouvoir en sont dépourvus dans le sens où il s’agit de gouverner un peuple de survivants marqué par une perte de sens qui tente de revivre dans un pays totalement dévasté. La société cambodgienne est éclatée et déstructurée »109.

79. Les nouvelles autorités cambodgiennes tentent, dès le lendemain de la libération de Phnom Penh et jusqu’en 1985, d’instaurer la stabilité du pays en travaillant sur trois fronts simultanément : celui de la sécurité, en empêchant le retour des Khmers Rouges, celui de l’alimentation, en cherchant à retrouver l'autosuffisance alimentaire, celui de la quête de légitimité sur la scène internationale. Pour ce faire, elles doivent reconstruire l’État, c’est- à-dire réinventer les pouvoirs publics, former en urgence de nouveaux cadres dans tous les secteurs, et relancer l'économie du pays en restaurant les infrastructures, et en élargissant les bases de productions afin d'assurer la sécurité alimentaire110.

80. Cumulant les handicaps (occupation étrangère, condamnation internationale, embargo économique, guerre, pénurie de tout), les nouveaux décideurs cambodgiens, qui n'ont pas de formation supérieure, relèvent ces défis avec une vision et une approche pragmatique voire empirique (loin de toute théorie) où priment le bon sens et une intelligence de la situation, parfois derrière des discours marxistes stéréotypés. Dans leur manière de prendre les décisions, ils ménagent toutes les sensibilités présentes en vue de réaliser leurs objectifs. Ils agissent d'abord sous la tutelle vietnamienne, dont la présence et l'assistance111 sont indispensables pour empêcher le retour des Khmers rouges au pouvoir et reconstruire le pays. Il est primordial pour le nouveau régime de garder intact le loyalisme de la population, de sauvegarder les ressources du pays, tout en prêtant une attention particulière à l'opinion publique nationale au sujet des relations avec le Vietnam car pour des raisons historiques liées à la question de souveraineté et aux conflits territoriaux, elles constituent un point sensible. Il doit, en même temps, renforcer sa capacité dans tous les domaines, afin de contrer la pression sino-occidentale et les mouvements de résistances nationalistes. Il doit progressivement

109 JENNAR Raoul, (2010), op. cit. p. 58

110 Discours du Premier ministre, le 29 janvier 2014, à l'occasion de la dissémination des groupes de travail

gouvernemental à l'échelon local chargé de recueillir des informations sur les besoins de la population et d'y résoudre soit directement par ces groupes pour les petits projets et par les ministères concernés pour les grands projets.

s'affirmer en trouvant une voie de développement qui correspond à ses besoins, à ses aspirations, et qui lui permettra de réduire sa dépendance vis-à-vis de l'extérieur et de limiter le poids de chacun dans ses affaires.

81. L'attitude vietnamienne vis-à-vis du Cambodge consiste d’abord à soutenir les militants communistes qui ont fui au Viêtnam et à les aider à constituer en décembre 1978, dans un territoire cambodgien qu’ils ont libéré, le FUNSK. Après la chute du régime de Pol Pot, cette attitude fait l'objet d'une observation étroite des dirigeants de la RPK, des observateurs et pays étrangers. Chaque geste vietnamien fait l’objet d’interprétations contradictoires sur les intentions sous-jacentes. Face au soutien de la coalition sino- occidentale aux Khmers Rouges et la reconnaissance de ces derniers comme seul gouvernant légal du Cambodge et face à la condamnation de l'occupation vietnamienne par la communauté internationale jusqu'en octobre 1990, selon Alain FOREST, le Vietnam privilégie l'approche d'une apparence légaliste avec la mise en place d'une structure étatique et la promulgation d'une Constitution.112 Dans la pratique, les nouvelles autorités de Phnom Penh étaient placées alors sous la tutelle de conseillers politiques, techniques et militaires vietnamiens et la situation semblait vouée à devenir « à la laotienne ». La prolongation de la présence vietnamienne se légitimait par la lutte contre les polpotistes cherchant à revenir au pouvoir.113

82. Les observateurs de la vie politique cambodgienne voient dans cette approche légaliste deux intentions vietnamiennes qui sont complètement divergentes. D'un côté, il y a ceux qui considèrent que l'intervention vietnamienne au Cambodge en 1979 s'inscrit dans le cadre de la légitime défense ou du droit à la sécurité, du droit des insurgés à faire appel à l'aide d'un pays voisin. Ceux-là estiment que la prolongation de la présence vietnamienne après la libération de Phnom Penh est une réponse à la demande des Cambodgiens qui sont dans l’impossibilité totale d'empêcher le retour des Khmers Rouges au pouvoir et de reconstruire le pays.

83. D'un autre côté, il y a ceux qui considèrent que les dirigeants et l'armée vietnamiens de l'époque avaient la volonté de mettre le Cambodge sous tutelle et d’en faire un « protectorat » vietnamien114. Cette vision rejoint celle des dirigeants politiques cambodgiens,

112 C'est ainsi qu'un Conseil populaire révolutionnaire du Kampuchéa (CPRK) a été mis sur pied pour proclamer

la République Populaire du Kampuchéa (RPK) le 12 janvier 1979. Un Traité d'amitié khméro-vietnamien a été signé le 18 février 1979.

113 FOREST Alain (Dir.), Le Cambodge contemporain, Les Indes savantes, Paris, 2008, p. 102

114 Ils étaient encore sous l'emprise des idéaux formés dans le communiste de lutte des années 1930-1975, sous

en particulier, des mouvements de résistances nationalistes, d'une partie des intellectuels et de la population cambodgienne, que le concept de la « fédération indochinoise » dominée par le Viêtnam hante ou reste d'actualité, et des responsables politiques et spécialistes occidentaux, notamment américains, qui soulignent « l'ambition historique du Vietnam d'annexer le Cambodge ».115

84. Après plus de deux ans d'efforts intenses déployés par les nouveaux dirigeants de Phnom Penh dans la reconstruction du cadre politique et institutionnel de l'État, quatre organismes importants sont constitués. Le Parti Révolutionnaire du Peuple de Kampuchea (PRPK) est le parti dirigeant. Le Conseil Révolutionnaire du Peuple du Kampuchea (CPRK) ou Conseil des ministres est formé de dix-sept ministres116. Le Conseil d'État comportant sept membres est présidé par HENG Samrin. L'Assemblée nationale est composée de 117 membres qui ont été élus à l'issue d’un scrutin à candidatures multiples sur une liste unique (de 148 candidats) qui a eu lieu le 1er mai 1981. Elle adopte la Constitution117 le 27 juin, laquelle est rendue publique le 9 juillet 1981.118

85. Les institutions publiques créées dépendent étroitement du parti qui donne l'impulsion. Le nouveau régime dépendant de l’aide vietnamienne et des alliés communistes, en l’occurrence, l’URSS, dans les domaines de la politique extérieure, des affaires militaires et de la sécurité interne, mettent en évidence la tendance « démocratie populaire » de la République Populaire du Kampuchea. Les pays occidentaux et la Chine voient généralement la RPK comme une marionnette du Vietnam. Toutefois, les dirigeants de la RPK ont œuvré afin d'affirmer que leur régime a son identité propre et s'est de plus en plus démarqué du Vietnam.

86. Ainsi le pays n'est pas une copie fidèle du système vietnamien, dirigé par les Vietnamiens. Tous les postes du gouvernement et du parti sont occupés par des Khmers, non

reconstitution de "Parti communiste indochinois", de "solidarité indochinoise" dominée par le Viêtnam. - FOREST Alain, op. cit. p. 102

115 SHAWCROSS William, Le poids de la pitié, Paris, Balland, 1985.

116 Ce CPRK s’est constitué progressivement pour arriver à un effectif de 17 membres en 1981, en commençant

par la création de six ministères prioritaires le 8 janvier 1979 : la défense nationale, l’intérieur, les affaires étrangères, l’information, la presse et la culture, la santé et les affaires sociales, ainsi que l’économie et les conditions de vie. Sept autres ministères ont été créés le 14 octobre 1979 à savoir le commerce, l’industrie, l’agriculture, les finances, les affaires sociales et les affaires spéciales (le Tribunal et la Constitution). Enfin, les trois derniers ministères du premier gouvernement du Conseil Populaire Révolutionnaire du Kampuchéa, ont été mis sur pied en juin et octobre 1980, la justice, la Communication et la poste et le plan.

117 Voir VICKERY Michael, Kampuchéa Politics, Economics and Society, London, Pinter Publishers, 1986, p. :

"Un des membres du CPRK, M. Ros Samay, est chargé d’élaborer un projet de Constitution. En fait, plusieurs versions sont préparées par différents comités. L’examen de ces différents projets fait apparaitre l’existence d’un véritable débat au sein des organes dirigeants sur la nature du régime à définir"

des Vietnamiens, et lorsque les Khmers ou des coopérants étrangers doivent traiter avec l'administration de la RPK, ils ont affaire seulement à des Cambodgiens. De 1979 jusqu'à l’adoption de la Constitution en 1981, parmi les quatre groupes119 des forces de la résistance cambodgienne qui formaient le FUNSK, deux dominaient les quatre appareils les plus importants de l'État. Ce sont les « vétérans » (anciens combattants anti-communistes ou combattants nationalistes anti-français, Issaraks)120 et les communistes révolutionnaires qui ont déserté les rangs des Khmers rouges en juin 1977 et ceux de la zone Est.121

87. Le premier gouvernement de la RPK dirigé par le Premier ministre PEN Sovann a été mis en place avec 17 membres dont 12 étaient des vétérans et 5 étaient des transfuges khmers rouges122. Le gouvernement suivant de CHAN Si (1981-1984) voit ses effectifs augmenter à 38 membres. Le gouvernement a recours123 progressivement, pour des