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Répertoire des « radio-sermons » du recueil n° 6 : L’Évangile de la douleur Série

L E CORPUS DES R ADIO SERMONS

B. Présentation des « radio-sermons » Préambule

7. Répertoire des « radio-sermons » du recueil n° 6 : L’Évangile de la douleur Série

Ainsi que l’intitulé du recueil l’indique, le sujet s’articule autour de la douleur quelle qu’en soit l’origine et le degré de souffrance.

a) Liste des « radio-sermons »

1. Vœux de nouvel an, 27 décembre 1931, Radio-Toulouse, p. 9-17.

2. Bonjour, France ! 14 février 1932, Radio-Paris, p. 18-29.

3. « Mandatum novum »119, 24 mars 1932, Radio Hilversum (Hollande), p. 31-40. 4. L’enfance infirme, 21 février 1932, Radio-Paris, p. 43-56.

5. Les prunelles éteintes, 28 février 1932, Radio-Paris, p. 57-72. 6. La chute des feuilles, 6 mars 1932, Radio-Paris, p. 73-85.

7. La passion du lépreux, 13 et 27 mars 1932, Radio-Paris, p. 87-107. 8. La frange effleurée, 20 mars 1932, Radio-paris, p. 109-120.

9. L’agonie de Gethsémani, Vendredi-Saint, 25 mars 1932, Radio-Paris, p. 121- 133.

10. La « Mie de pain », 19 mars 1932, Paris, (le média ne figure pas) p. 135-150. 11. Les sans-travail, 3 avril 1932, Radio-Paris, p. 151-164.

12. Les allongés, aucune date ni média ne figurent, p. 165-191.

Les pages suivantes sont consacrées aux interviews : à Radio-Bruxelles (p. 195- 200), Radio-Schaerbeeck (p. 201-209), à l’almanach de Radio-magazine 1932 (p. 211-213), au Haut-parleur (p. 215-221), à Lectures pour tous (p. 223-236).

b) Lecture du « radio-sermon » « Les sans-travail » (p. 151-164)

Il convient de se reporter à l’étude du « radio-sermon » Les pauvres dans

l’Évangile, car Pierre Lhande reprend en effet le même intitulé. Dans son

introduction, il invite les auditeurs à se remémorer dans quelles conditions il les avait appelés au secours, par l’intermédiaire de la radio, au cours du long et rigoureux hiver en 1929. Il renouvelle ses remerciements aux donateurs pour leur générosité vis-à-vis des ouvriers sans-travail, du fait des intempéries et par conséquent, dans l’incapacité de subvenir aux besoins de leur famille. Il souligne, dans le même temps, le rôle de l’Église dans son action à venir en aide aux démunis, à chaque fois que les circonstances l’imposent, soit de façon ponctuelle, soit sur un temps plus ou moins long. Il recommande aux auditeurs de ne pas oublier cet élan de solidarité, il y a trois ans de cela et qui est resté très présent dans sa propre mémoire :

Voilà pourquoi je ne suis pas bien sûr que vous vous rappeliez avec quel empressement vous aviez répondu, pendant l’hiver de 1929, à l’appel que je vous adressais en faveur des maçons, terrassiers et manœuvres de la banlieue parisienne réduits par les grands froids à un chômage forcé. Moi je n’ai pas oublié. Je revois encore ces arrivages de colis variés au 3 de la rue Oudinot où la douce Sœur Geneviève – qui est allée recevoir au Ciel sa récompense – et ses actives auxiliaires laïques travaillaient fébrilement à les classer et les distribuer dans les foyers d’ouvriers les plus éprouvés par la crise.

La formule « Moi je n’ai pas oublié », déclarée une première fois ci-dessus devient anaphore, scandée trois fois dans le paragraphe, qui se termine par un « Non, je n’ai pas oublié ». Cette répétition a pour fonction de ranimer le souvenir des auditeurs, qui avaient participé activement à une opération de solidarité de grande ampleur. Le prédicateur insiste sur les élans de générosité du public dans le passé. Il les rappelle :

Moi je n’ai pas oublié : auprès du don princier de cinquante mille francs de coke et d’anthracite, envoyé par un bienfaiteur riche et généreux, il y avait les très modestes paquets contenant le surplus du linge familial, toujours parfaitement entretenu et présenté avec la grâce française. Moi je n’ai pas oublié : à ces offrandes substantielles vos petits-enfants, dans leur exquise délicatesse, avaient joint, parfois, pour leurs petits

frères de misère, des jouets ou même les gâteaux, le chocolat, les bonbons de leurs desserts ou de leurs goûters. Non, je n’ai pas oublié.

Cette insistance à solliciter la mémoire des auditeurs est une entrée en matière qui capte leur attention immédiatement. Ils vont se souvenir de cet épisode où ils ont su se montrer généreux. Pierre Lhande va en quelques mots, souligner à nouveau cette réactivité qui a permis de résoudre rapidement un problème grave, mais ponctuel. S’il le signale comme tel, avec le « mais », c’est qu’il laisse envisager, avec quelque suspens, une problématique qui le préoccupe aujourd’hui, plus alarmante que la précédente :

Mais ce ne fut là qu’une crise partielle, momentanée. Et votre générosité put subvenir sans peine à des besoins ainsi transitoires et localisés.

Ce préalable annonce effectivement une nouvelle sollicitation de Pierre Lhande pour les populations en situation de grande précarité, en raison d’une crise profonde. Il entre alors dans le vif du sujet : il appelle les auditeurs à venir à nouveau en aide aux populations en difficulté, cette fois sur un temps plus long :

Hélas ! la crise dont je viens vous entretenir aujourd’hui, sur la demande du Cardinal Archevêque de Paris, est autrement plus grave, universelle et menaçant de défier, si elle dure, toutes les solutions envisagées par les pouvoirs, tous les secours accumulés par la générosité privée. À Paris, comme partout ailleurs sans doute, nous ne pouvons plus sortir dans la rue sans rencontrer de ces petits groupes lamentables de sans-travail qui, un sac sur l’épaule, les traits tirés par la faim et par l’angoisse, la casquette rabattue sur des visages mal lavés et mal rasés, battent le pavé à la recherche, moins d’un problématique embauchage que d’une obole ou d’un morceau de pain. Et ce qui, l’an dernier encore, était une rareté dans la capitale est devenu courant aujourd’hui : le regard qui s’attache avec insistance sur votre regard, le pas qui se ralentit, enfin le geste de la main tendue, sous la complicité apitoyée de l’agent de ville qui se détourne : « Monsieur, Madame, pouvez-vous me donner un petit secours ? »

Le prédicateur continue son propos en sollicitant la bonne volonté des auditeurs les moins pauvres et à faire de petits dons aux personnes démunies en fonction de leurs possibilités. Il indique également qu’heureusement, à ce jour, il n’a vu aucun enfant contraint à mendier. Il compare la différence des conditions de vie des enfants avec ceux de Madagascar qu’il a découvertes à l’occasion d’un voyage effectué il y a peu. Il donne une description de ce qu’il a constaté à ce sujet :

Dans le sud de Madagascar durement éprouvé par la famine, j’ai vu, il y a quelques mois, des scènes d’un tout autre genre. Parmi les tribus d’Antandroys que n’ont pu atteindre encore, dans leurs déserts, ni le christianisme, ni la civilisation, il était courant de voir des parents dénaturés chasser les enfants de la case au moment de l’arrivée des

vivres et dévorer avec avidité, en leur absence, la ration entière de la famille. […] Nous savons que, dans nos foyers ouvriers et paysans, tant qu’il resterait une miette de pain, elle serait exclusivement réservée aux tout petits. Mais nous avons confiance que la dureté de la crise actuelle n’ira pas jusqu’à prescrire de tels partages ; dans sa pauvreté même, la charité de la France et de toute l’Europe saura subvenir à d’aussi redoutables besoins.

Si l’on se réfère aux modèles de prédication habituelle, en chaire, destinés à faire appel à la générosité du public, ce discours du Père Lhande n’aurait rien de très original. Ici, deux éléments au moins indiquent ce qui différencie les deux modes d’expression : premièrement, la forme, qui est adaptée au média, et qui touche un nombre exponentiel d’auditeurs. Deuxièmement, le fond. Car la démarche décrite dans ce « radio-sermon » est inédite, puisque, contrairement aux appels aux dons collectés pour être redistribués ensuite, l’argent sera utilisé pour embaucher des salariés. Il ne s’agit plus dans ce cas, de venir en aide aux indigents, en leur faisant la charité, mais de leur rendre leur dignité en leur procurant du travail, pour subvenir à leurs besoins sur un plus long terme. La proposition émane du Cardinal Verdier, qui a chargé Pierre Lhande de diffuser le message.

Après avoir plaidé la cause des sans-travail, une dernière exhortation clôt le « radio-sermon » :

Allons, mes frères, répondez à l’appel de l’Archevêque de Paris, répondez au S.O.S de vos petits curés de campagnes ! Donner, quand on se sent menacer soi-même de disette, c’est une imprudence peut-être : mais il est des « imprudences » qui sauvent, des gaspil- lages qui rapportent. Défier notre pauvreté – même par de plus grandes largesses, – répondre à l’intimidation de la gêne par une libéralité plus audacieuse ; tenir la gageure de mettre à profit la crise elle-même pour restaurer, sur le front abattu de la France, les joyaux spirituels de sa couronne : voilà, mes frères, un idéal de tous points grandiose, digne en vérité d’enthousiasmer une génération comme la nôtre, éprise d’un immense besoin de charité et ambitieuse d’accomplir, pour Dieu et pour la Patrie, les plus magnifiques exploits.

8. Répertoire des « radio-sermons » du recueil n° 7 : Carillons de fête. Série