• Aucun résultat trouvé

Répertoire des « radio-sermons » du recueil n° 7 : Carillons de fête Série

L E CORPUS DES R ADIO SERMONS

B. Présentation des « radio-sermons » Préambule

8. Répertoire des « radio-sermons » du recueil n° 7 : Carillons de fête Série

Plusieurs de ces sermons présentent une similitude avec un discours prononcé par le Révérend Père Lhande à la cathédrale de Bayonne lors de la journée

d’ouverture du Congrès Eucharistique les 3-7 juillet 1929120. D’une longueur d’environ une heure (d’après son auteur), celui-ci est d’une grande solennité, protocolaire dans la forme et non dénué de lyrisme à certains endroits, témoignant ainsi du talent et du charisme de l’orateur sacré. Outre le développement du thème de l’Eucharistie, de larges références au Pays Basque émaillent ce qui peut être considéré comme un texte-matrice de plusieurs sermons radiodiffusés rassemblés dans Carillons de Fêtes. Il ne s’agit pas de reprise d’extraits mis bout à bout, in

extenso. Ils se renouvellent, réajustés dans un contexte précis de fêtes catholiques

où la joie prédomine. Les fêtes chrétiennes sont à l’honneur dans les « radio- sermons de 1933. Les musiques diverses des célébrations joyeuses de la population sont au diapason avec les carillons des églises.

a) Liste des « radio-sermons »

1. Sainte Jeanne d’Arc, 14 mai 1933, Radio-Paris, p. 33-47. 2. La première communion, 21 mai 1933, Radio-Paris, p. 51-64. 3. Le rosaire des mamans, 28 mai 1933, Radio-Paris, p. 67-82. 4. La fête de la Pentecôte, 4 juin 1933, Radio-Paris, p. 85-95. 5. La fête de la Sainte-Trinité, Radio-Paris, 11 juin 1933, p. 99-110. 6. La Fête-Dieu, 18 juin 1933, Radio-Paris, p. 113-123.

7. La fête du Sacré-Cœur, 25 juin 1933, Radio-Paris, p. 127-141. 8. La fête de la Visitation, 2 juillet 1933, Radio-Paris, p.145-156. 9. Le miracle des Roses, 9 juillet 1933, Radio-Paris, p. 159-169.

10. Les fêtes jubilaires de Lourdes, 23 juillet 1933, Radio-Paris, p. 173-188. 11. Clochers vus du ciel, la date et le lieu ne sont pas indiqués, p. 191-208. 12. Sainte-Cécile, la date et le lieu ne sont pas indiqués. p.211-224.

120 Dans le compte-rendu de la journée d’ouverture du Congrès, le mercredi 3 juillet 1929 à la cérémonie solennelle d’ouverture à la Cathédrale Notre-Dame de Bayonne, il est indiqué qu’après Mg Audollent, président du Congrès, « Le R.P Lhande, de la Compagnie de Jésus, lui succède en chaire. L’apôtre de la banlieue rouge de Paris, prédicateur renommé de l’Évangile par la T.S.F. est l’un des plus célèbres enfants du pays basque. Il dira dans sa langue magnifique les triomphes de l’Eucharistie sur sa terre natale » (dans VIIe Congrès Eucharistique National de Bayonne, 3-7 juillet 1929, Compte-Rendu Officiel, secrétariat du Comité Local, Évêché de Bayonne 1930, p. 60).

b) Lecture du « radio-sermon » La première communion

1° Dans le discours officiel d’ouverture prononcé à la Cathédrale de Bayonne le 3 juillet 1929, Pierre Lhande retrace les grandes lignes de l’histoire de l’hérésie janséniste qui a pris racine à Bayonne et qui a meurtri l’Église Catholique. Il insiste sur l’obéissance sur-le-champ du peuple basque aux directives des papes Pie IX, Léon XIII, relatives à la communion des petits enfants. L’hommage est encore plus appuyé vis-à-vis des injonctions du pape Pie X à ce sujet, qui ont été le véritable

déclencheur des communions précoces des enfants.

2° Dans La Première Communion, p. 51, le « radio-sermon » est d’une grande simplicité, adapté au jeune public que Pierre Lhande interpelle volontiers en lui confiant ses souvenirs d’enfant basque :

Ah ! mes bons petits enfants, comment n’aurais-je pas pensé à vous ? Et ici, à Paris, c’est tous les dimanches et tous les jeudis qu’on voit des premiers communiants […]. Combien tout cela me rappelle de souvenirs ! Ma première communion à moi, tout d’abord, vous pensez bien là-bas, dans le petit village basque, où on n’avait pas encore d’habit de cérémonie, mais seulement le petit complet neuf, taillé par sa maman et un brassard qui fit sensation parce qu’on n’en n’avait pas encore vu dans le pays […].

Pierre Lhande donne un sobre mais indispensable cours d’« histoire du Jansénisme expliqué aux enfants ». Il met en évidence l’importance de la première Communion qui est une étape dans le monde « des grands ». Il souligne qu’à son époque et plus particulièrement dans sa région natale, le jansénisme n’était pas encore totalement éradiqué et l’accès à l’Eucharistie n’avait lieu que vers dix, onze ans. Il explique cette doctrine finissante mais qui a encore laissé des stigmates dans certaines provinces de France :

Il est vrai qu’en ce temps-là les premières communions ne se faisaient qu’à onze ou douze ans et alors seulement on recevait l’absolution – après une bonne demi-douzaine de confessions et autant de longues pénitences, pour des peccadilles où il n’y avait pas de quoi fouetter un chat. C’étaient, alors le temps du jansénisme. Des hommes solennels, très pénétrés du respect dû à la majesté divine, gardaient les abords du tabernacle, répétant le mot de Jéhovah dans le Lévitique : « Pavete ad sanctuarium meum ! Ego Dominus ! – Prosternez-vous avec effroi devant mon sanctuaire ! Je suis, moi, le Seigneur ! »

Dans une démarche pédagogique – Pierre Lhande a été enseignant en France et à l’étranger – il imagine un dialogue entre les adeptes du jansénisme et un enfant qui s’apprête à recevoir l’Eucharistie et qui en est empêché parce que jugé trop jeune pour recevoir Jésus :

L’enfant qui allait librement vers son Jésus se présentait devant eux : « Où allez-vous, enfant ?

Eh bien… Je vais communier !

Communier !… Y pensez-vous ?… Quel est votre âge ? L’âge de raison !

Jeune insensé !… Pour un tel acte, attendez au moins votre quinzième année ! »

Pierre Lhande dénonce le détournement des paroles du Christ qui recommandait de laisser les petits enfants venir vers lui. Il réagit en ridiculisant l’attitude des jansénistes :

Oui ! Oui ! Oui ! C’était-il pour de gros gaillards de quinze ans que Jésus disait : « Laissez venir à moi les petits enfants ?… »

Il explique que leur pouvoir était tel que personne ne pouvait déroger à leurs règles sous peine de sanctions :

Mais ces hommes étaient les maitres de la loi ; il fallait bien leur obéir, et longtemps, longtemps, Jésus qui chérit les tout-petits, ne put descendre dans leurs gentils cœurs tout blancs.

Il explique la décision du Pape Pie X qui a appelé à la communion les petits enfants après des siècles d’interdiction d’accès à ce sacrement :

Il fallut qu’un grand pape, le saint Pape Pie X, nous ramenât au véritable esprit et aux anciens usages de l’Église primitive, disons simplement, à l’intime pensée du divin Ami des enfants, Notre-Seigneur Jésus-Christ. S’armant du fouet dont s’était servi le Christ lui-même pour chasser les vendeurs du temple […] il a banni hors du sanctuaire les hommes au cœur dur qui n’obéissent qu’à la crainte et ne croient pas à l’amour. Maintenant, point de barrières entre Jésus et vous ! La voie est libre. La Table Sainte elle-même s’est abaissée dans les églises pour permettre aux petites lèvres de s’élever jusqu’à sa barre et vous êtes devenus les petits rois et les croisés de l’Eucharistie. (p. 52- 56)

c) Lecture du « radio-sermon » La Fête-Dieu

Les mêmes remarques s’appliquent à ce « radio-sermon » où de nombreuses similitudes apparaissent avec le discours d’ouverture du Congrès Eucharistique de Bayonne.

1° Dans le discours d’ouverture prononcé à la Cathédrale de Bayonne, p.67-68, Pierre Lhande témoigne de la traditionnelle dévotion eucharistique du peuple basque : « La piété envers le Saint-Sacrement est chez nous » écrit-il, « est une tradition de race ». Il nomme les « poètes les plus illustres » qui, depuis le XVIIe

siècle, ont « chanté l’Hôte divin de nos tabernacles ». Ils continuent à être honorés, leurs chants clamés dans les églises. Les danses font partie également des fêtes religieuses :

[…] Les danses sacrées continuent à escorter dans nos villages les processions de la Fête-Dieu. Alternant avec les graves versets du Magnificat, la flûte et le tambourin jettent dans l’air léger leurs cascades de notes gracieuses et sautillantes ; et soudain, le cortège des jeunes garçons au manteau de soie bigarrée sur l’uniforme blanc, dignes et beaux sous la tiare aux fleurs étincelantes et au miroir chatoyant, les bras sagement rangés le long du corps gracile, esquissent les pas du ballet liturgique […]

Pierre Lhande résume en quelques mots le sens profond de ces expressions d’allégresse propres au Pays Basque qui ne peuvent être confondues avec celles d’un folklore superficiel :

[…] Ces manifestations populaires ne sont qu’un aspect extérieur de la dévotion qui est dans les âmes.

2° Dans La Fête-Dieu, p. 115, l’introduction se situe dans le temps présent. Pierre Lhande informe les auditeurs de la préparation du thème du sermon qu’il va prononcer dans quelques instants depuis le studio de la radio. Le tintement des cloches de la capitale accompagne sa réflexion :

À cette heure matinale où je prépare mon radio de midi, derrière mes portes inexorablement closes, je les écoute : Mi, ré, do ! mi, ré, do ! Parfois le vent les emporte à l’infini, en une sorte de fading mystérieux. Elles sont parties, on les croit perdues. Puis au fond de Paris on entend survoler un lointain do très grave […]. Et le carillon tout entier, enfin retrouvé, passe et repasse en apothéose sur nos toits et sur nos jardins : Mi, ré, do ! Mi ré do ! Mi, ré, do !

Très vite, il évoque ses souvenirs d’enfance aux auditeurs, petits et grands. Il décrit les manifestations traditionnelles avec davantage de détails que dans son discours de Bayonne. À la cathédrale, il pouvait animer son propos, grâce à sa gestuelle qui accompagnait ses paroles, il pouvait réagir en fonction de l’attitude du public. À la radio, il ne peut compter que sur les intonations de sa voix et sur sa capacité à décrire pour maintenir l’attention, sans lasser son auditoire. Il fait le choix de le transporter, comme dans La première Communion, loin de Paris, jusqu’au Pays Basque pour décrire avec conviction la ferveur qui accompagne les fêtes religieuses. Il plante le décor pour permettre aux auditeurs de se situer dans le contexte de l’époque de ses huit ans et des souvenirs qu’il en a gardé :

Voici Bayonne en 1885. Sur la place d’Armes, sous nos balcons où nous passons la tête entre les barreaux, laissant la rampe aux grandes personnes, nous contemplons le grand reposoir tout d’or qui, dans ses cierges vacillants, attend l’arrivée de la procession. La voilà. Derrière leurs musiques, défilent baïonnettes au canon, d’abord les « petits vitriers », les chasseurs à pied, puis, l’artillerie, enfin le 49e de ligne dont la marche scandée, rigide, contraste avec la molle coulée qui suit : celle des jeunes filles en blanc, des orphelinats, des écoles, des séminaires précédant le Saint Sacrement porté par Mgr l’Évêque de Bayonne. […]

En une longue narration très détaillée, il poursuit la description du cortège qui s’avance en vagues alternant défilés militaires, danses, musiques traditionnelles, y compris espagnoles et cantiques latins. Au moment du passage du Saint-Sacrement, c’est le silence. La participation de l’armée au défilé fait partie de la tradition. Cette fois, c’est elle qui ordonne le silence :

Soudain, le long des bataillons, un ordre militaire, transmis par les officiers : « Genou terre ! » A ce signal, les milliers de pompons rouges, verts et bleus, piqués en flèche sur les képis s’affaissent brusquement, les gants blancs s’étalent en bordure des visières et tandis que les clairons sonnent aux champs, par-dessus une marée humaine enfin apaisée, le Saint-Sacrement passe, se hausse sur le reposoir.

À travers cette description racontée de manière vivante, les auditeurs peuvent se représenter aisément cette scène extraite de souvenirs très personnels de son auteur. Pierre Lhande n’oublie pas l’objet de son « radio-sermon » : la Fête-Dieu. À l’exemple de l’affirmation ci-dessous, « C’est la Fête-Dieu » devient une anaphore utilisée à huit reprises dans le récit :

Là-bas, dans les arbres de la Citadelle, au-dessus de l’Adour où les navires ont arboré le grand pavois, les canons mêlent leur fracas à la voix sombre du grand bourdon de la cathédrale. C’est la Fête-Dieu […]

Le cortège de la Fête-Dieu se poursuit au rythme de la danse, de la musique. La décoration de l’itinéraire du Saint-Sacrement dans la ville est détaillée avec minutie. Nous retrouvons la scène des danseurs retracée dans le discours de la Cathédrale de Bayonne à quelques détails près :

Maintenant, ce sont les danseurs. Cinquante, soixante jeunes gens, tout de blanc vêtus, des pompons aux lisières des pantalons, des clochettes aux pieds et, tombant de l’épaule, des flots de longs rubans multicolores qui, soudain, quand ils virevoltent, au rythme de la flûte et des tambourins, les enveloppent d’un immense enroulement de serpents rouges, bleus, verts et violets. (p. 118-119)

Après ce long récit où il a invité les auditeurs à participer aux traditions hautes en couleurs des fêtes et processions religieuses au Pays Basque, Pierre Lhande revient au temps présent sans nostalgie à Paris, ce jour de Fête-Dieu en union et en prière avec les auditeurs.

9. Répertoire des « radio-sermons » du recueil n° 8 : L’Évangile par-dessus les frontières. Série 1934

Pierre Lhande avait été contraint d’interrompre brusquement les « radio- sermons », en raison des débats autour de la laïcité, à la suite de la nationalisation de la station de Radio-Paris, par le gouvernement français121. Cette série de 1934 est par conséquent diffusée depuis les studios de Radio-Luxembourg où a été accueilli le prédicateur. 1934 signe par ailleurs la fin des « radio-sermons » prononcés par Pierre Lhande, en raison d’une aphasie foudroyante. La maladie l’a frappé peu de temps après sa dernière prédication, la douzième, intitulée La conscience endormie, le 25 mars 1934. Les sermons, récits, extraits de textes qui complètent le recueil ne donnent pas de précision quant aux dates et aux lieux de leur rédaction.

a) Liste des « radio-sermons »

1. La paix du foyer, 14 janvier 1934, Radio-Luxembourg, p. 19-27.

2. La paix dans les persécutions, 21 janvier 1934, Radio-Luxembourg, p. 29-34.

3. L’appel au spirituel, 28 janvier 1934, Radio-Luxembourg, p. 35-42.

4. L’heure de Dieu, 4 février 1934, Radio-Luxembourg, p. 43-50.

5. Haut les cœurs !, 11 février 1934, Radio-Luxembourg, p. 51-57. 6. Le rosaire de Pâques, 1er avril 1934, Radio-Luxembourg, p. 59-63. 7. La violence, 18 février 1934, Radio-Luxembourg, p. 65-76.

8. Les maîtres de la terre, 25 février 1934, Radio-Luxembourg, p. 77-88. 9. Le vertige, 4 mars 1934, Radio-Luxembourg, p. 89-95.

10. Le puits désenchanteur, 11 mars 1934, Radio-Luxembourg, p. 97-109. 11. La fête, 18 mars 1934, Radio-Luxembourg, p. 111-119.

12. La conscience endormie, 25 mars 1934, Radio-Luxembourg, p. 121-127.

13. La Cité Universitaire, p. 137-139. 14. Saint Ignace en pénitence, p. 141-145.

15. Saint-Jean-Baptiste Vianney… à Bicêtre, p. 147-151. 16. À Sainte-Odile d’Antony, p. 153-161.

17. La ferme de Contin, p. 163-170. 18. Autour du Mont-Valérien, p. 171-174. 19. Chez les troglodytes d’antan, p. 175-181.

20. Le curé-poète et menuisiers des Joncs-Marins, p. 183-189. 21. Sur le plateau d’Avron, p. 191-193.

22. Romainville ; Saint-Luc des Grands-Champs, p. 195-204. 23. Sainte-Solange des Pays-Bas, p. 205-207.

24. Promenade à travers les beaux chantiers, p. 217-228. 25. L’Église du Saint-Esprit à la Porte-Dorée, p. 229-235. 26. Sainte Agnès d’Alfort, p. 237-249.

b) Préalable au « radio-sermon » Le puits désenchanteur

Ce « radio-sermon » est une reprise de l’étude du texte de La Samaritaine, que Pierre Lhande affectionne particulièrement. Il en témoigne, p. 98 :

Chaque année, quand le cycle liturgique ramène dans son cours la semaine du troisième dimanche de carême à celui de Laetare et celui de la Passion, je ne puis réprimer une émotion profonde en ouvrant mon missel pour ma messe matinale, sur ces beaux évangiles qui s’appellent : la Samaritaine, la Multiplication des pains, les Vendeurs du Temple […]. L’Évangile de la Samaritaine, par-dessus tout… Je l’ai déjà commenté plusieurs fois… devant un autre micro, mais aux mêmes oreilles, je le sais… Il est inépuisable…

Il a effectivement commenté ces pages d’Évangile à deux reprises auparavant dans les « radio-sermons » : 1° dans « La Samaritaine », recueil n° 1 L’Évangile

par-dessus les toits, Série 1927 où il cite le texte en sa totalité et explique la grâce,

la source de Vie, le don de Dieu. 2° dans « Au puits de Jacob » recueil n° 4 De

Bethléem au Golgotha. Série 1930 où il développe le processus de la conversion de

la Samaritaine puis de son apostolat et exhorte les auditrices à devenir à leur tour une « des convertisseuses d’âme ». (p. 102)

L’Évangile de Jn 4, 1-42 est un classique de la prédication. Il a été prêché par les orateurs les plus prestigieux. Rappelons les exhortations du Père Longhaye à Pierre

Lhande : « soyez le Bourdaloue du XXe siècle» ! Ce sermon prononcé par l’un et par

l’autre à trois siècles d’écart présente des similitudes quant à son objet principal : le commentaire du texte sacré, dans l’optique d’édification de l’Église catholique. Ainsi, dans Pour le Vendredi de la troisième semaine, sur la Grâce, par Louis Bourdaloue122, apparait l’idée principale de la conversion de la Samaritaine, une pécheresse, par la« Douceur et la Force de la Grâce » de Jésus-Christ. Le discours édifiant de Bourdaloue s’adressait en premier lieu au roi et à ses courtisans, pour le Carême. Il s’agissait de convaincre le monarque et la Cour de mettre en pratique l’enseignement contenu dans la Parole. Quant à la forme, au XVIIe siècle, le prédicateur Louis Bourdaloue s’adressait solennellement au roi : « Sire, ». Il était devant un public choisi qui l’observait et scrutait ses gestes. En ce début de xxe siècle, la métamorphose du genre littéraire signe le décalage du discours avec le précédent, alors que le texte sacré résiste : Pierre Lhande s’adresse aux auditeurs de la T.S.F. par la formule: « Mes frères ». Pierre Lhande est seul dans un studio. Ses paroles sont captées, grâce à la technique parfois défaillante, par des milliers d’auditeurs de toutes conditions. Le texte de l’Évangile, par exemple La

Samaritaine, nourrit la réflexion et s’ouvre à l’infini en s’enrichissant au fil du

temps du temps grâce entre autres, à la pluralité des échanges, à la confrontation des idées123.

Dans les commentaires de Pierre Lhande la Grâce est toujours une constante dans la conversion de la Samaritaine, mais il s’y ajoute un élément nouveau : la liberté de choix d’une femme libre face à l’offre du Christ, sans contrainte. Le tableau schématique ci-dessous met cet aspect inédit en évidence :

122 Sermons du Père Louis BOURDALOUE de la Compagnie de Jésus : Pour le Caresme, Tome Second, Nouvelle Édition, Lyon, Frères Bruyset, 1758, p. 213.

123 Signalons à ce sujet, la participation régulière de Pierre Lhande à des forums culturels et multiconfessionnels dans l’auditorium de Radio-Paris. Ces conférences radiodiffusées ont été éditées bimensuellement dans « Les Cahiers de Radio-Paris » à partir de l’année 1930. Voir Pierre LHANDE, « La Samaritaine : la vocation à l’apostolat », dans Les Cahiers de Radio-Paris. Conférences données dans l’auditorium de la Compagnie Française de Radiophonie, 1ère année, n° 2, 15 mai 1930, Paris, C.F.R., 1930, p. 153-156.

Bourdaloue

Titre du sermon : Sermon pour le vendredi de la troisième semaine. Sur la grâce.

Citation : « Jésus-Christ lui répondit : Si vous

connaissiez le don de Dieu. En saint Jean, chap. 4 ».

Bourdaloue indique qu’il scinde son propos eu deux arguments :

Premier argument : la Douceur de la Grâce. « La grâce de Jésus-Christ employant tous les charmes de la douceur pour convertir la Samaritaine. Ce sera la première partie ». Deuxième argument : la Force de la Grâce. « La grâce de Jésus-Christ par son efficacité et par sa force, convertissant en effet la Samaritaine et de l’abime du péché dans lequel elle était plongée, l’élevant tout à coup au comble de la sainteté, ce sera la seconde partie » Il précise : « l’une et l’autre referment tout mon dessein et va faire le partage de ce discours ».

Le cadre de la scène de la conversion est dessiné. Bourdaloue précise que la rencontre a été choisie par Dieu à l’insu de la Samaritaine. Le lieu est un endroit désert avec un point