Présentation des Radio-sermons Préambule

Le corpus des Radio-sermons constitue un vaste champ de recherches, quelle qu’en soit la discipline. Pierre Lhande se décrit lui-même « prêtre, pasteur, écrivain, chroniqueur ». Cette définition donne des indications sur les principaux points qui caractérisent son œuvre singulière. Ainsi, le prêtre y affirme sa foi ; le pasteur enseigne, guide si besoin et propose des pistes de réflexion ; l’écrivain-chroniqueur se révèle témoin et transmetteur d’événements sociétaux notamment grâce à l’essor des nouvelles technologies telles que la radiodiffusion.

1. Structure de l’ensemble de l’œuvre

Le corpus des Radio-sermons se présente sous la forme d’une collection composée de huit recueils, au format identique, rédigés en plus ou moins deux cents cinquante pages chacun. Il constitue une œuvre homogène dont l’agencement, par ordre chronologique, s’échelonne de l’année 1927 à l’année 19341. Chaque recueil comporte une préface, une retranscription des sermons prononcés à la radio, appelés les « radio-sermons » et des documents divers comme les courriers des auditeurs, ou une conclusion de l’auteur. Bien que chacune de ces parties soit d’un genre littéraire distinct, l’ouvrage forme un tout cohérent qui place la prédication à la radio en thématique principale. Les « radio-sermons » sont prononcés à l’antenne de Radio-Paris, jusqu’en 1933 et les derniers, retranscrits dans L’Évangile par-dessus

les frontières, en 1934, à l’antenne de Radio-Luxembourg.

Rappelons les titres des huit ouvrages de la collection :

1° L’Évangile par-dessus les toits. Radio-sermons, série 1927, Paris, Spes, 1928 ;

2° Le Bon Pasteur. L’Évangile par-dessus les toits, Radio-sermons, série 1928, Paris, Spes, 1928 ;

3° Les Pauvres dans l’Évangile. L’Évangile par- dessus les toits, Radio-sermons,

série 1929, Paris, Spes, 1929 ;

4° De Bethléem au Golgotha. L’Évangile par-dessus les toits, Radio-sermons,

série 1930, Paris, Spes, 1930 ;

5° La France Missionnaire. L’Évangile par-dessus les mers, Radio-sermons, série

1931, Paris, Spes, 1931 ;

6° L’Évangile de la Douleur. L’Évangile par-dessus les toits, Radio-sermons,

série 1932, Spes, 1932 ;

7° Carillons de Fête. L’Évangile par-dessus les toits, Paris, Spes 1933 ;

8° L’Évangile par-dessus les frontières, Paris, Spes, 1934.

Les titres des deux derniers ouvrages ne portent pas la mention Radio-sermons2. Ils sont néanmoins pris en compte dans notre étude, car ils font partie à part entière de l’ensemble tant par le fond que par la forme. Tous les recueils sont répertoriés par ordre chronologique à partir du premier prononcé en France, sur les ondes de Radio-Paris, en 1927, au dernier, sur l’antenne de Radio-Luxembourg, en 1934. Chaque ouvrage comporte « Évangile » en première de couverture, soit immédiatement après le nom de Pierre Lhande, avant le titre Radio-sermons, soit inclus dans ce titre, comme c’est le cas pour le premier, le sixième et le huitième livre où Évangile figure en début de titre3.

Il convient de compléter cette liste par six petits livrets, contenant également des retranscriptions des « radio-sermons » prononcés par Pierre Lhande. Il s’agit, pour la plupart, d’une reprise à l’identique, (ou légèrement modifiée), de textes prélevés

2 Nous ignorons si c’est du fait de l’éditeur ou d’une décision de Pierre Lhande. 3 Le titre du premier recueil L’Évangile par-dessus les toits est devenu le nom de la

dans les recueils. Ils peuvent être aussi totalement indépendants de ceux-ci. Ils ont pu être édités à l’occasion d’une circonstance précise, ou prêchés lors d’un événement particulier, comme le Carême, par exemple. Ces écrits constituent un appareil critique, très utile pour l’étude du corpus. Ils témoignent de l’expérience vécue par son auteur sur le déroulement de son apostolat de prédicateur d’un genre nouveau réalisé grâce aux « radio-sermons ». Ils apportent par ailleurs des indications supplémentaires sur l’histoire de la radio en France, toujours en lien avec l’expression religieuse à la radio.

Ces livrets sont répertoriés ainsi :

1° Radio-Carême (1927). La Lumière du monde, Paris, Spes, 1927 ;

2° Les Béatitudes. L’Évangile par-dessus les toits, Paris, Spes, 1929 ;

3° Le Pater. L’Évangile par-dessus les toits, Paris, Spes, 1931 ; 4° Le Rosaire des mamans, Paris, Spes, 1933 ;

5° Paraboles. L’Évangile par-dessus les toits, Paris, Spes, 1933 ;

6° Petites Béatitudes pour les jours d’épreuves. L’Évangile par-dessus les toits, Paris, Spes, 1934.

En outre, un discours, « en hommage chrétien »4 sur les ondes de Radio-Paris, a été exceptionnellement prononcé en lieu et place du sermon prévu, pour les funérailles du Maréchal Foch.

2. Caractéristiques globales de chaque recueil

Le titre de chaque recueil comporte le mot « Évangile », ce qui annonce d’ores déjà l’essence même de son contenu5. La date de l’écriture de chaque ouvrage

4 Pierre LHANDE, Un grand Croyant, Le Maréchal Foch, Discours prononcé par T.S.F. à Radio-Paris le Dimanche 24 Mars 1929 par le R.P. Lhande s.j., Paris, Spes, 1929.

5 Par exemple, le titre du premier recueil L’Évangile par-dessus les toits, Radio- sermons, série 1927, annonce la problématique de fond, l’Évangile, prêchée à la radio au cours de l’année 1927. Il en sera ainsi pour les suivants.

figure sur les six premiers6, elle donne ainsi un repère précis sur la période de leur rédaction. La présentation de chacun des recueils en triptyque (préface, sermons, conclusion) permet au lecteur d’en visualiser aisément le contenu et de prendre connaissance des sujets présentés, qui se continuent et évoluent en fonction des événements, année après année, de 1927 à 1934. Chacune des parties peut être lue indépendamment ; elle constitue à elle seule un document à part entière, mais elle présente également une continuité visible dans l’ensemble du corpus. Il arrive en effet à Pierre Lhande de reprendre les idées, non seulement du sermon précédent à l’intérieur d’un même recueil, mais également d’un recueil, d’une année à l’autre, comme s’il reprenait une conversation inachevée pour la poursuivre ou l’affiner7.

La partie centrale constitue la retranscription des « radio-sermons » tels qu’ils ont été prononcés sur les ondes. Ces textes sont courts, rédigés en quelques pages, ce qui correspond au temps imparti pour prononcer le discours, dans un créneau horaire préétabli par les responsables de la station radio, c’est-à-dire une vingtaine de minutes au maximum. Quant à la teneur du propos, elle reflète l’enthousiasme ou au contraire la gravité en fonction du thème abordé, où l’aspect pédagogique prend une large part, ce qui est le cas dans la prédication habituelle. Ce qui est inédit, c’est le rôle du nouveau média radio. À ce sujet, Pierre Lhande insiste régulièrement sur les enjeux de cet extraordinaire transmetteur de la parole évangélique, qui est également vecteur d’apport culturel et trait d’union entre les humains8.

6 Les années 1927, 1928, 1929, 1930, 1931, 1932, figurent respectivement sous le titre, en première de couverture.

7 Citons l’exemple du « radio-sermon » La Samaritaine qui a été repris de manière récurrente et souvent dans le prolongement du précédent. Cette continuité dans le récit est nette dans les préfaces du corpus des Radio-sermons que nous examinerons dans le chapitre III de cette thèse.

8 Pierre Lhande fait l’éloge de la T.S.F. régulièrement dans le corpus des Radio- sermons. Nous retrouverons ses impressions sur le sujet dans le chapitre III de cette thèse.

La préface et la conclusion, constituent les premiers et troisièmes volets. Leur problématique respective s’articule autour du nouveau moyen de diffusion du sermon, partagée entre le point de vue de l’auteur et celui des auditeurs9.

B. Présentation des « radio-sermons »