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et occupation gallo-romaine

Annexe 1 – Carte et liste des sites mentionnés dans le chapitre 4

5.6 Répartition spatiale

5.6.1 Données tirées des collages

La céramique présente plusieurs atouts au niveau de l’analyse spa-tiale : tout d’abord son abondance régulière sur les sites d’habitat en tant que déchet de consommation, sa résistance à l’enfouisse-ment et enfin sa capacité à évoquer des mouvel’enfouisse-ments taphono-miques grâce aux remontages. Pour la seule céramique médiévale, 727 collages ont en effet pu être effectués sur des pièces localisées. L’étude de la disposition dans le terrain des tessons étroitement liés par les collages constitue un excellent moyen de dégager des tendances dans les remaniements de terrain ultérieurs à leur dépôt.

La majorité des collages ont eu lieu entre des tessons de la zone centrale du site, résultat de l’accumulation des pièces de mobilier en raison du pendage nord-sud (fig. 219). Un deuxième groupe de collages relie la ferme nord, située en hauteur, avec la zone centrale située en bas de pente. On constate en outre que dans cette ferme, les alentours des cabanes 4, 7, 8, 113, 115, 123 et 184 sont relativement dépourvus de mobilier, le piégeage ayant bien fonctionné. Le mobilier céramique n’a eu d’autre choix que de tomber dans les dépressions des anciennes cabanes ou de rouler dans la pente. Il convient également de souligner ici l’effet de laté-ralité conséquent dans la zone centrale qui s’explique éventuelle-ment par un effet de barrage partiel de la digue 222.

Dans la ferme sud, en revanche, on trouve beaucoup de tessons en dehors des structures, mais aussi beaucoup moins de collages. L’effet de pente se manifeste également dans ce cas, quoique de façon plus atténuée que dans la zone centrale du site.

Plusieurs collages confirment qu’il y a eu des déplacements conséquents de terre, non seulement dans le sens de la pente, mais également latéralement entre les fermes nord et sud : le pot

131 (pâte 2a) remonté avec des tessons trouvés près de

l’empier-rement 13/71 et un tesson ramassé 104 m en amont, dans la couche 2 ; l’individu non représenté 1805 avec des tessons du fond de cabane 184, r1, r4, r5, r8, r9 et la fosse 265, r1 (81 m) ; le pot en pâte 3c avec des fragments des fonds de cabanes 371 et 526 (103 m).

5.6.2 Données tirées des groupes technologiques

On peut aussi doubler la répartition spatiale de la céramique

d’une dimension chronologique 382 en regroupant les types

de pâte plus anciens (1, 2, et 3 ; fig. 220) et les types les plus récents (4, 5 et 7 ; fig. 221). Si l’on fait abstraction du fait que les représentants du groupe ancien sont plus nombreux que les plus récents, on remarque que tous les deux parsèment presqu’également le site dans toutes ses parties : dans la ferme sud les pâtes récentes ne représentent qu’un quart du corpus alors que la ferme nord en compte un tiers, suggérant que la partie méridionale du site était moins utilisée à partir de la

seconde moitié du 7e siècle. Le sous-groupe 6.2 le confirme :

comptant parmi les plus récents de l’ensemble alto-médiéval, il est totalement absent de la zone sud du site. De même, la pâte 7 est presque totalement absente du groupe de cabanes les Pâte Pot verseur Pot Gobelet Ecuelle

1a 1b 1c 1 1c1 2a 2 1 2b 1 3a 5 1 3c 1 28 2 3 3c1 2 15 1 3c2 1 2 2 3f 3g 3h 8 32 7 4 37 7 5b 1 6.1 1 6.2 6.3 3 7 3 1 9 1

Fig. 218. NMI portant des traces de feu (cara-mels, traces noires) par sous-groupe de pâte et par types de récipients.

Fig. 219. Vue générale du site. Remontages de toutes les céramiques du Haut Moyen Age dotées des coordonnées x, y et z (N=727). Les nuances des ronds symbolisant les tessons correspondent aux altitudes: noir pour l’altitude la plus haute, blanc pour l’altitude la plus basse (amplitude maximale 4,22 m).

0 20 m N Ferme sud Ferme nord 0 20 m N 0 20 m N

Fig. 220. Répartition des groupes anciens du Haut Moyen Age (pâtes 1, 2 et 3).

plus septentrionales. La raison en est peut-être le faible nombre de ses représentants, mais peut constituer un argument dans l’attribution des durées d’occupation de chaque zone. Seules les cabanes 113, 53 et 467 sont exemptes des groupes récents, ce qui signifie qu’elles ont été abandonnées et rebouchées avant l’apparition de ces nouveaux types, donc avant 630 ap. J.-C. La ferme sud regroupe l’ensemble des tessons en pâtes 3f et 3g, deux sous-groupes rares de céramique, alors que la ferme nord rassemble les sous-groupes 1c1, 5a et 5b, 6.2, 7 et 9, ce qui semble marquer une particularité qui reste difficile à définir pour chaque ferme.

Malgré le fait que leur ensemble soit restreint, il est intéressant de constater que les pâtes rugueuses sont totalement absentes du groupe de fonds de cabanes le plus septentrional du site, à l’ex-ception du remplissage sommital de la cabane 115 (r1) attribuée à la transition entre les phases 2 et 3 (chap. 4.4.2).

L’apport de la céramique tournée à pâte claire dans la datation des structures concerne surtout la cabane 4 (ferme nord), puisque quatorze des seize tessons constituant du pot globulaire 459 se trouvent dans les remplissages de la cabane en fosse 4, avec des collages entre r1, r2, r3 et r4, permettant ainsi de dater la phase

d’abandon de ce dernier après le dernier quart du 7e siècle. Cette

cabane dont le comblement intervient dans la deuxième moitié

du 8e siècle, est interprétée comme la structure la plus récente du

site (chap. 4.4.2). Un collage de ce même pot avec un tesson de la couche archéologique trouvé 45 m en contrebas, montre une fois de plus l’écoulement des objets par érosion naturelle dans la pente. La bipartition chronologique du groupe 7, dont les deux tiers

des individus environ se situent au 7e siècle, les autres dans le

8e, voire même le 9e siècle, semble avoir une incidence au niveau

spatial : les tessons les plus récents (NMI=8, NR=29) sont concen-trés dans la ferme nord.

5.6.3 Données tirées de la fonction des récipients

Si on divise les récipients en deux catégories fonctionnelles, pots à cuire et récipient pour le service des boissons (pots verseurs, gobelets et écuelles), leur répartition peut fournir des indices sup-plémentaires quant aux activités réalisées dans certaines zones. La figure 222, qui résume la répartition des récipients à boire et à cuire en fonction des types de pâtes, montre non seulement que les pâtes fines du groupe 1 dominent largement parmi les récipients à boire anciens (74,4 %), mais aussi qu’il y a beaucoup plus de récipients à boire parmi les pâtes anciennes que parmi les pâtes récentes (92 %). Le premier phénomène s’explique par le fait que ce type de pâte ne convient pas à la cuisson. Le second phénomène s’explique sans doute par le fait que les pâtes récentes sont moins nombreuses sur le site.

En outre, les récipients à boire sont légèrement plus représentés que les pots à cuire sur l’ensemble des céramiques, phénomène que l’on retrouve dans le corpus céramique de la ferme nord (fig. 223). La ferme sud ne présente qu’un tiers du mobilier céra-mique identifiable du site.

Récipients

Ferme à boire à cuire

nb % nb %

nord 179 68 159 63

sud 83 32 93 37

Total 262 100 252 100

Fig. 223. Synthèse de la répartition des réci-pients à boire et à cuire en fonction des fermes nord et sud.

Récipients Chrono Pâte à boire à cuire

nb % nb % ancien P1 180 2 P3 62 138 Sous-total 242 92 140 56 récent P4P7 141 5913 Sous-total 15 6 72 29 PO 1 20 8 indét. divers 4 2 20 8 Total 262 100 252 100

Fig. 222. Synthèse des fonctions des céra-miques en fonction de la pâte.

On peut dire que les cabanes 113 et 116 n’ont que des repré-sentants du service des boissons. On constate d’ailleurs un lien récurrent entre les pots verseurs et les gobelets dans tous les cas, sauf dans deux cabanes : dans la cabane 113, il n’y a que des pots verseurs et dans la 116, que des gobelets. Dans les autres cabanes en fosse, il y a un mélange de pots à cuire et de récipients pour les boissons.

La zone située aux alentours du petit bâtiment hypothétique S8 se distingue par une extrême rareté de récipients pour le service des boissons alors que les pots y foisonnent. Peut-on y reconnaître un espace de consommation ou de préparation des aliments ? 5.7 Conclusion et perspectives

Malgré l’absence d’ensemble clos, l’analyse des tessons du site de Courtedoux - Creugenat permet, par le recours systématique aux comparaisons régionales, de dresser un panorama de la

céramique d’usage en Ajoie, entre la fin du 6e et le début du 8e

siècle ap. J.-C.

5.7.1 Les assemblages céramiques

Courtedoux - Creugenat et Develier - Courtételle divergent au niveau des assemblages de pâtes (fig. 224). Plusieurs groupes et sous-groupe présents à Develier - Courtételle font en effet tota-lement défaut à Courtedoux, comme la céramique montée à la

main (groupe 8) ou le sous-groupe 3b 383. D’autres au contraire

n’apparaissent pas dans la vallée de Delémont, mais seulement en Ajoie, surtout dans les nouveaux sous-groupes définis parmi les céramiques orange et « exotiques », tout comme la céra-mique du groupe 9. Ces assemblages ne divergent pas seule-ment au niveau de la présence ou de l’absence, mais égaleseule-ment au niveau des proportions des représentations des divers types de pâtes. L’exemple le plus frappant concerne les groupes 3 et 4 : alors qu’à Courtedoux, l’ensemble des pâtes orange représente plus de la moitié des céramiques médiévales, ce chiffre fond à 34,8 % à Develier - Courtételle, alors qu’au contraire, les céra-miques sableuses constituent le groupe le mieux représenté à Develier - Courtételle, mais n’occupent que la troisième place à Courtedoux.

Deux explications peuvent être avancées concernant ces dispa-rités numériques entre les groupes de pâtes : l’une touche à la proximité – la vallée de Delémont est plus en relation avec la

région bâloise, d’où une céramique rugueuse puis sableuse plus abondante, alors que l’Ajoie se tourne spontanément vers l’ouest, raison pour laquelle les céramiques orange sont les plus abon-dantes –, la seconde s’accrocherait au volet chronologique : le site de Develier - Courtételle serait éventuellement plus concerné par la tranche chronologique de l’apparition de ces céramiques

(après le début du 7e siècle), mais cette hypothèse est contredite

par la présence des céramiques rugueuses, elles aussi bâloises et plus anciennes que les sableuses.

Le sous-groupe 3b, défini comme « régional » à Develier -

Courtételle quoique assez peu représenté (1,9 %), est complète-ment absent du vaisselier de Courtedoux. Le critère chronologique n’entrant pas en considération, puisque les pièces caractéristiques du sous-groupe 3b de Develier - Courtételle datent également des

6e et 7e siècles, la seule hypothèse plausible expliquant cette

dis-parité devrait donc relever de la provenance.

La céramique sableuse bâloise est bien connue, grâce aux fouilles d’ateliers dans la campagne bâloise et fournit de bons repères chronologiques. C’est une concurrente de la céramique culinaire

orange à laquelle elle semble se substituer au cours du 7e siècle.

La céramique à pâte claire du nord du Rhin supérieur ainsi que la céramique micacée mixte sont encore moins représentées à Courtedoux qu’à Develier - Courtételle, ce qui pourrait s’expliquer par la fin de l’occupation du site de Courtedoux parallèlement à la diffusion de ces céramiques, alors que celui de Develier - Courtételle

perdure un peu plus longuement au début du 8e siècle.

5.7.2 Formes et fonctions

Le répertoire formel semble moins varié à Courtedoux - Creugenat qu’à Develier - Courtételle, où l’on observe l’absence de certaines formes comme le mortier ou le pichet, mais ces formes sont de toute façon rares au Haut Moyen Age, d’où une probabilité moindre d’apparaître dans un corpus relativement faible. Le pot biconique, une influence du monde franc, est également très rare en céramique fine, à l’inverse de ce qui se passe dans la région

bâloise 384, une raison de plus de penser que l’Ajoie est plutôt

englobée dans la sphère économique de la Bourgogne.

5.7.3 Le décor comme indice chronologique et d’influence

Comme sur les autres sites de la région, tous les décors sont plastiques et jamais peints. Trente-trois décors différents ont été recensés dans le corpus des céramiques du Haut Moyen Age de Courtedoux. Si six techniques ont été utilisées pour les réaliser, l’une prédomine nettement, tant en terme qualitatif (25 motifs différents) que quantitatif : la molette ; les décorations estampées, incisées, modelées, lissées ou en technique mixte ne sont en effet présentes que de façon anecdotique.

Douze groupes et sous-groupes de pâtes présentent des ornemen-tations, alors que sept autres, souvent de très petits sous-groupes, n’en ont pas, peut-être simplement par faiblesse numérique et mauvais état de conservation (2a, 2b, 3a, 5a, 5b, 6.1 et 9). Les deux tiers des motifs recensés (22 sur 33) ne sont liés qu’à un seul sous-groupe de pâte et semblent donc constituer une spécificité propre à chaque sous-groupe (fig. 190, cercles blancs). Ce phénomène s’observe d’ailleurs particulièrement pour les motifs complexes (à partir de 1.17). Comme déjà souligné par ailleurs, il concerne d’avantage le sous-groupe 3h qui présente à lui seul sept motifs uniques.

Par contre, d’autres ornementations sont beaucoup plus répan-dues, en particulier les cordons et les cannelures horizontales, les lignes de carrés simples ou doubles et la résille. Ces derniers traversent le temps sans changement : ils sont présents également dans les groupes les plus anciens (groupes 1 et 3) comme dans les plus récents (groupes 4 et 7), manifestant un lien de continuité

malgré la rupture du premier tiers du 7e siècle (concentration de

la production, nouveaux centres de production, simplification des formes). On ne peut donc pas les utiliser pour affiner les datations.

Les décors à la molette apparaissent dès le milieu du 6e siècle,

d’abord avec les quadrilatères sur double ligne, puis les résilles 385.

La rupture du 7e siècle se manifeste par la diversification croix de

Saint-André, traits obliques, résille fine). La seconde moitié du

7e siècle voit l’apparition du décor lissé.

Par comparaison avec le répertoire ornemental de Develier - Courtételle, celui de Courtedoux est à la fois plus limité (absence de guillochis, héritage de l’Antiquité, et de rosettes estampées de tradition germanique) et plus riche (types de molettes), un indice de plus pour affirmer d’une part que l’occupation du site est légèrement plus tardive, d’autre part que l’influence germanique est moindre au nord des Rangiers que dans la vallée de Delémont.

5.7.4 Datations

D’après la céramique, le site de Courtedoux est plus ou moins contemporain de Develier - Courtételle, bien que la durée

d’occu-pation soit un peu plus brève sur le site ajoulot (fin 6e - début

8e siècle à Courtedoux, se prolongeant un peu plus longtemps

dans le 8e siècle à Develier - Courtételle). Cette étude a donc

permis d’appréhender pour la première fois environ un siècle et demi de céramique d’usage en Ajoie. Concernant le début de Fig. 224. Comparaison des proportions des différents groupes et

sous-groupes de pâtes par rapport au NMI : Courtedoux - Creugenat ; Develier- Courtételle (*pour pouvoir comparer les données des deux sites, le sous-groupe 3c comprend les individus 3c indéfinis, 3c1 Sevrey et 3c2 ; ces deux derniers ensembles sont détaillés uniquement à Courtedoux).

0 5 10 15 20 25 30 35 40 1a 1b 1c 1d 2a 2a? 3a 3c 3c1 3c2 3d 3e 3f 3g 4 5a 5b 5c 6 6.1 6.2 7 8 9 % 3c

l’occupation, il est impossible d’affirmer une présence entre la fin de l’Epoque romaine et le Haut Moyen Age, car les témoignages éventuels de cette époque ne sont jamais spécifiques puisqu’il s’agit de formes héritées de l’Antiquité qui ont perduré sans changement notable. Les datations proposées le sont toujours sous forme de fourchettes, car très peu de formes ont une durée de vie brève (fig. 225).

5.7.5 Provenances

La contemporanéité des deux sites de Develier - Courtételle et de Courtedoux - Creugenat ayant été posée, on peut comparer son approvisionnement en vaisselle céramique.

Sur le territoire du canton du Jura, comme en Alsace ou en Pays

de Bade 386, on ne connaît pour l’instant aucun atelier de potier

pour la période altomédiévale, ce qui ne signifie pas qu’il n’y en a pas eu, puisque des groupes bien définis correspondant à une géologie particulière ont été reconnus (groupes 5, 7). En Ajoie en revanche, pour l’instant, aucun groupe n’a pu être iden-tifié comme une production locale du Haut Moyen Age, malgré les efforts consentis dans les analyses archéométriques, ce qui contredit l’hypothèse de R. Windler supposant que « les produc-tions locales doivent avoir constitué partout la majorité de la

vaisselle en céramique » 387 ainsi qu’à l’affirmation de R. Legoux

concernant la Lorraine où la céramique mérovingienne reste de production locale, à l’échelle de la région, avec des échanges

limités 388. Pourquoi, alors que les ressources en argile abondent

localement, n’a-t-on pas produit sur place ?

Bilan des provenances : quel pourcentage de vaisselle supposée locale ? Groupe 3 : quelle raison a présidé à l’importation de pote-ries du Val de Saône ? Répondent-elles à des besoins spécifiques ? Leur caractéristique est d’être réfractaire, mais des argiles locales le sont également naturellement 3C1 : Pourquoi cette importation de céramique kaolinitique de provenance si lointaine, alors que des ressources en argile réfractaire locales existent, notamment

à Bonfol 389 ? Si toutes les céramiques de cuisson proviennent

d’ailleurs, cela pourrait constituer un argument ex silentio pour suggérer que les argiles réfractaires de Bonfol n’étaient pas encore exploitées à cette époque. Tout le répertoire formel et fonctionnel défini sur les lieux de production de la région de Chalon est représenté (coupes, pots, cruches), à l’exception du mortier. Les pâtes orange importées sont beaucoup trop nombreuse pour signifier autre chose qu’une importation volontaire ; on peut en effet éliminer les cadeaux diplomatiques, taxes en nature, dots, tributs, vols et pillages, migration de personnes avec leurs propres biens, marchandises rapportées de voyages, conteneurs pour des

marchandises 390. D’ailleurs, plus on se rapproche de sa zone

de fabrication, plus elle est abondante : très rare dans la région bâloise, elle est déjà plus nombreuse à Develier - Courtételle dans la vallée de Delémont et très nombreuse en Ajoie. Au contraire, la rugueuse bâloise est quasi absente du site de Courtedoux, alors qu’elle est relativement abondante à Develier - Courtételle et très présente dans la région bâloise. Le vaisselier de Courtedoux cristallise donc à sa manière les diverses influences qui se sont relayées à cet endroit : tout d’abord une très forte tradition

romaine (céramiques orange : forme et pâte oxydée), puis une influence germanique, quoique moindre, lisible dans les céramiques sableuses bâloises, les micacées mixtes alsaciennes et les céramiques à pâte claire de la région de Soufflenheim et du Pays de Bade.

Ces importations impliquent des contacts et des échanges, donc une ouverture vers l’extérieur possible seulement dans un contexte politique supposé stable et relativement serein.

Continuité d’occupation : pas de rupture au début du 7e siècle :

les céramiques fines et orange sont peu à peu concurrencées par les sableuses bâloises, les micacée mixtes du sud de l’Alsace et, dans une moindre mesure, par les céramiques claires de la région de Soufflenheim et du Pays de Bade. Les fonctions restent les mêmes (petits pots à cuire, surtout ; or, identité culturelle marquée dans la cuisine), ce qui change ce sont les sources d’approvisionnement. Comment expliquer cette réorientation commerciale qui passe des céramiques fines et orange provenant de l’ouest à un approvisionnement presqu’exclusivement tourné vers le nord-est, mais toujours pas à une production régionale ? Pourtant, la région de Chalon-sur-Saône continue de

produire sans rupture au début du 7e siècle, mais les formes plus

récentes de cette région font totalement défaut dans le Jura. Il est difficile de ne pas mettre en relation les changements dans l’approvisionnement en céramique des événements politiques. En effet, toutes les céramiques qui remplacent les groupes « anciens » (fines et orange) en usage exclusif jusqu’au début du

7e siècle et qui disparaissent peu à peu jusqu’au milieu du 7e

siècle 391, proviennent du territoire du nouveau duché d’Alsace,

crée en 640 392, qui fait partie du royaume mérovingien (sableuse

de la région bâloise, micacée mixte du sud de l’Alsace, céramique claire alsacienne de la région de Strasbourg). Ce mouvement

régionaliste, déjà constaté par G. Ayala en 1998 393, est une des

caractéristiques de la période mérovingienne, mais comment

s’explique-t-il ? Au début du 7e siècle, le pouvoir franc est faible ; il

est alors relayé par l’émergence de pouvoirs régionaux 394, ce qui

signifierait que le duc d’Alsace aurait eu le pouvoir d’imposer un