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Les récipients : formes et fonctions Ursule BabeyUrsule Babey

et occupation gallo-romaine

Annexe 2 – Céramiques caractéristiques

6.2 Les récipients : formes et fonctions Ursule BabeyUrsule Babey

6.2.1 Le corpus

Le corpus de Courtedoux est composé de 65 fragments de pierre ollaire ; on peut en dégager un minimum de douze individus, déterminés par le bord et/ou la base ou par le type pétrographique

lorsqu’il s’agit du seul élément déterminant 13. Indépendamment

de l’aspect chronologique 14, les sites de consommation qui

livrent de la pierre ollaire ne présentent généralement pas de

grands corpus (p. ex. 0,2 % en ville de Genève 15). Le cas de

Courtedoux ne constitue donc pas une exception. La répartition dans les cinq types pétrographiques est la suivante (fig. 228): Au Haut Moyen Age, il ne semble pas y avoir de régularité entre le nombre d’artefacts consommés et la distance par rapport

aux ateliers : certains sites du massif jurassien comme Pratz -

Le Curtillet (Jura, F) 16 recèlent un assez grand nombre

d’indi-vidus, alors que le site de Develier-Courtételle n’en a révélé

que peu 17.

Fig. 229. Proportions des différents types de pierre ollaire en fonction du nombre de restes. F1 2% F2 14% G1 27% G2 40% G3 17%

Suivant les types de roche, la typologie peut être assez variée ; les chloritoschistes, dont est exclusivement constitué le corpus de Courtedoux, restent cependant dans un répertoire limité à des

formes simples, généralement tronconiques 21. Comme il n’y a

pas eu d’évolution typologique marquante au fil du temps, leur étude ne permet pas d’affiner beaucoup la fourchette de datation de ces objets, attribués au Haut Moyen Age par leur contexte de

découverte. Grâce aux analyses en cours 22, on pourra peut-être

préciser la fourchette chronologique, si on arrive à déterminer à quel moment ont été exploitées les différentes carrières.

– F1 : récipient indéterminé à panse légèrement arrondie (535) ; – F2 : mis à part le pot tronconique standard, un pot/marmite

à couvercle emboîtant (537) est à mentionner : son bord (D=12 cm) est aménagé pour recevoir un couvercle encastrant (vertical et aminci). Or, aucun couvercle ne figure à l’inventaire des trouvailles de Courtedoux. Pour l’instant, aucun parallèle

exact daté n’a été trouvé dans la littérature 23 ;

– G1 : marmite tronconique à panse légèrement arrondie et bord arrondi (538) ;

– G2 : pot tronconique à panse droite (541) et pot à panse légère-ment arrondie (539) ;

– G3 : gobelet tronconique à panse droite (544).

6.2.3 Les contenances

Comme à Develier - Courtételle, les dimensions conservées

montrent qu’il s’agit surtout de petites marmites ; un exemplaire

pouvant même éventuellement représenter la forme gobelet

(544) 24. Les contenances étant du même ordre que celles des pots culinaires en céramique, elles ne peuvent donc pas expli-quer la raison du choix de ce matériau utilisé conjointement à la céramique.

6.2.4 Le cerclage métallique

Un exemple de cerclage métallique est attesté à Courtedoux : la marmite 538 présente en effet des restes de corrosion, vestige probable d’un cerclage de fer large de 2 cm environ. Le cerclage métallique est surtout lié au moyen de suspension au-dessus du feu par une anse accrochée à une crémaillère, raison pour laquelle le cerclage est toujours situé au moins dans la partie supérieure de la panse. Cependant un gobelet doté d’un cerclage métallique dans la tombe 29 de Stein-am-Rhein - Hofwiesen (SH),

cime-tière de l’Epoque romaine tardive 25, suggère qu’il ne s’agit pas

toujours d’une armature liée à la suspension pour la cuisson, mais peut-être tout simplement d’un renforcement des parois.

En bronze à l’Epoque romaine 26, il est en fer au Moyen Age. Si

quelques exemples de ce système avec négatif d’un cerclage de fer

sont attestés durant la période romaine et le Haut Moyen Age 27, il

se développe surtout au Moyen Age 28. Comme il ne semble pas y

avoir d’exemple pour l’est de la France au Haut Moyen Age 29, cet

individu constitue donc une première dans le Jura, son contexte de découverte étant clairement daté du Haut Moyen Age.

6.2.5 Le décor

Il reste difficile de départager ce qui est décoratif de ce qui résulte du tournage, surtout en ce qui concerne les rainures. Le seul décor

gravé dessine une sorte de V retourné sur la paroi externe de 543 30.

En outre, un bourrelet se détache de la panse de 536, mais il s’agit peut-être simplement du bas de la panse, marquée ainsi

sur quelques parallèles trouvés à L’Isle (VD) pour le 6e siècle 31,

à Sévery (VD) 32 ou encore à Château-Gaillard - Le Recourbe

(Ain, F) 33.

6.2.6 Les traces d’usage : fonction et utilisation

Les traces d’usage, facilement observables à l’œil nu lorsqu’elles existent, sont de deux ordres : les caramels alimentaires et les marques de feu (fig. 230). Ces dernières peuvent être parfois confondues avec les stigmates laissés par un incendie ou un événement secondaire, non lié à l’usage premier des marmites en pierre ollaire : les coups de feu sont parfois non couvrants et n’affectent jamais l’intérieur du vase ou l’épaisseur entière de la tranche.

Une partie seulement des fragments conservés montre claire-ment des traces d’utilisation au feu, mais il faut se rappeler que la pierre ollaire a la capacité de maintenir le froid autant que le chaud, car elle se réchauffe et se refroidit lentement. Peut-être les récipients non soumis à la chaleur ont-ils été utilisés pour conserver des aliments au frais (beurre, p. ex.) ? Leur forme ne permet pas de les distinguer les unes des autres.

Le faible nombre de restes de caramels alimentaires (23 frag-ments) s’explique certainement par le mauvais état de conserva-tion de ces récipients sur lesquels le caramel se trouve surtout sur les bords qui sont rarement conservés.

6.2.7 Les indices de datation

Les premiers objets en pierre ollaire apparaissent dans le monde alpin à la fin de l’âge du Fer, mais c’est à l’Epoque romaine que se multiplient les récipients dans ce matériau dans les zones de

fabrication. Jusqu’au 4e siècle, leur utilisation reste confinée au

territoire alpin, pour se diffuser ensuite le long du Rhin, par le pied sud du Jura, et sur le Plateau suisse, ainsi que par l’Italie jusque sur la côte méditerranéenne. Cette diffusion se poursuit

sans interruption jusqu’aux 8e - 9e siècles en tout cas. Plusieurs

centaines d’artefacts ont été inventoriés en Franche-Comté 34,

Fig. 230. Proportions de restes de caramel dans chaque type.

0 5 10 15 20 25 F1 F2 G1 G2 G3 avec caramel total nb

Fig. 231. Carte de répartition des types de pierre ollaire.

sur le Plateau suisse occidental 35, le nord de la Suisse 36,37 et le

sud de l’Allemagne 38. Il semble que les premiers témoignages

de l’utilisation de la pierre ollaire comme récipients à proxi-mité de notre région remontent à l’Antiquité tardive en France

du Nord-Est 39.

L’absence de changements morphologiques marquants au cours du temps, de par la technique de fabrication, induit une impossi-bilité chronotypologique. Les propositions de datation reposent ainsi principalement sur le contexte stratigraphique, la compa-raison avec d’autres sites d’habitat et la datation de l’exploitation des types de roche. Si la diffusion de la pierre ollaire se poursuit dans l’est de la France sans interruption entre le Bas-Empire et le Haut Moyen Age, on remarque une différence dans les types de

roche exportés pendant ces deux périodes 40.

Cette dernière approche permet un premier resserrement de la fourchette chronologique : en effet, l’absence de talc-schistes uti-lisés à l’Epoque romaine et de talc-carbonates, typiques des

expor-tations de l’Antiquité tardive 41, laisse penser que les importations

vers Courtedoux, exclusivement des chloritoschistes, font partie de la deuxième vague d’exportations, celle de l’époque mérovin-gienne qui alimente la vallée du Rhône, la Bresse, le Lyonnais, le

Dauphiné, le Plateau suisse ? et l’est de la France vers les 6e - 8e

siècles 42. Les fragments du type F2 sont datés entre le 3e et le 7e

siècle. Dans la région bâloise proche, la pierre ollaire est attestée

dès le tournant des 4e - 5e siècles. En Suisse occidentale, elle se

rencontre en tout cas jusqu’au 7e siècle dans les tombes 43. On

peut donc situer les fragments de pierre ollaire de

Courtedoux-Creugenat entre le 4e et le 7e siècle ap. J.-C.

6.2.8 La répartition spatiale (fig. 231)

Seuls les remplissages de cinq des treize fonds de cabane contiennent des pierres ollaires (4, 123, 184, 371 et 467). Les autres structures concernées sont le fossé récent 56, l’empierre-ment 222 et le chemin 260. De surcroît, aucun fragl’empierre-ment n’a été retrouvé à proximité des quelque 21 foyers reconnus (structures 2, 9, 34, 37, 43, 46, 47, 59, 77, 102, 114, 133, 229, 240, 245, 257, 261, 265, 283, 326 et 345), une association pourtant attendue étant donné l’usage de ces objets comme vaisselle réfractaire. Parmi les pierres ollaires retrouvées en contexte altomédiéval (25 individus), 19 font partie de l’ensemble de la ferme nord (88 %).

On remarque toutefois une anomalie dans la répartition spa-tiale des fragments des types de roches du groupe F : tous ont été découverts exclusivement dans la ferme sud, zone où les indi-vidus des sous-types G1 et G2 font en revanche défaut, à une exception près. Faut-il y voir une utilisation particulière (comme pots à beurre, p. ex., tous les fragments étant exempts de marques de feu) ou plutôt un indice chronologique ?

Ferme sud Ferme nord 0 20 m N G1 G2 G3 F2 F1

6.3 Conclusion

Ursule Babey et Gisela Thierrin-Michael

Les pierres ollaires sont relativement rares sur le site de Courtedoux - Creugenat. Cette faiblesse numérique pourrait s’ex-pliquer par l’hypothèse que les importations n’ont commencé que vers la fin de l’occupation du site, à l’image des céramiques

mica-cées qui, elles aussi, sont rares pour cette raison 44. De plus, sur les

65 restes retrouvés, seuls 25 étaient dans la couche archéologique ou dans les structures médiévales. Parmi ceux-ci, 88 % sont des chloritoschistes grossiers provenant de la Vallée d’Aoste retrouvés dans la ferme nord, alors que les trois chloritoschistes fins du Valais ont été trouvés dans la ferme sud exclusivement. Faut-il lire dans cette ségrégation un indice de la possibilité de choisir entre deux matériaux (roche fine ou grossière) ou d’un approvisionne-ment différent imposé par des changeapprovisionne-ments de lieux de

produc-tion au cours du temps?

Quoiqu’il en soit, et malgré sa relative modestie, ce corpus témoigne à sa façon des liens commerciaux étendus dont bénéficiaient les habitants du hameau de Courtedoux - Creugenat au Haut Moyen Age. En ce sens, les analyses contribuent de façon déterminante à la connaissance des provenances de ces matériaux. Provisoirement, la question du cheminement entre le monde alpin et l’Ajoie reste encore ouverte : si les marmites en pierre ollaire ont transité par

le Plateau suisse, il s’agit du seul témoignage glané sur le site de liens économiques avec cette partie du pays. Si par contre c’est le couloir rhodanien, les vallées de la Saône et du Doubs qui ont été privilégiés comme voies commerciales, la pierre ollaire a cheminé parallèlement aux importations de céramique orange. Cette

der-nière hypothèse, déjà émise à propos de Develier - Courtételle 45,

se voit néanmoins objecter qu’il n’y a pas de pierre ollaire à Lyon. Comme déjà constaté sur d’autres sites du Haut Moyen Age, un

lien doit exister entre la pierre ollaire et l’artisanat du fer 46, d’une

part, et avec les établissements religieux, d’autre part 47. Mais à

Courtedoux l’aspect religieux est absent, et la confrontation des indices n’aboutit pas à un résultat probant quant à l’industrie du fer. Enfin le rôle de récipient culinaire de la pierre ollaire doit éga-lement être discuté, car force est de constater qu’il est assumé essentiellement par la céramique : la pierr e ollaire ne repré-sente que 1,2 % de la vaisselle utilisée sur le site et tous les tessons ne présentent pas de traces évidentes de cuisson. A cette rareté s’ajoute la valeur intrinsèque du récipient (difficulté d’extraction, distance zone de production-zone de consomma-tion déterminant la durée d’acheminement et par conséquent le coût, travail spécialisé, temps de production, accessibilité des gise-ments, exploitation par concession, volume limité des gisements) pour supposer une certaine aisance sur le site.

Notes

1 Nos remerciements à Maëlle Lhemon, doctorante au Département de géosciences de l’Université de Fribourg (CH), pour sa relecture attentive du manuscrit et ses pertinentes remarques.

2 Billoin 2003. 3 Lhemon 2002.

4 Paratte Rana et Thierrin-Michael 2006.

5 Définitions des types F et G selon Mannoni et al. 1987. 6 Paratte Rana et Thierrin-Michael 2006, p. 116-117. 7 de Quervain 1969 ; Dietrich 1980.

8 Mannoni et al. 1987 ; Lhemon 2002. 9 Aubry-Voirin 2008.

10 Résultat présenté lors d’Archaeometry 2008. 11 Manonni et al. 1987.

12 Deslarzes et al. 2009.

13 Deux pièces informes mais individualisées grâce à leur type de roche ne sont pas représentées dans le catalogue.

14 Paunier 1987, p. 47. 15 Paunier 1981, p. 274. 16 Billoin 1999 et 2004a. 17 Windler 2005, p. 356.

18 154 fragments représentant 30 individus (CAJ 15, p. 115). 19 Deslarzes et al. 2009.

20 Burzler et al. 2002, p. 28.

21 La nomenclature et la typologie sont reprises de Lhemon 2002, p. 102 et Billoin 2003, p. 265.

22 Lhemon 2011.

23 Couvercle encastrant (dit « très convexe ») provenant de Martigny (VS), daté du 2e siècle, dimensions inconnues ; angle pas assez franc (Paunier 1987, p. 57, n° 37 ; Paunier 1983, p. 167, fig. 13).

Pot cylindrique trouvé à Martigues (Bouches-du-Rhône, F), époque indé-terminée (Lhemon 2002, Pl. 16.175-27). Plat creux cylindrique provenant de la nécropole de Genthod (GE), daté de la fin du 3e ou du début du 4e

siècle ; le bord vertical et aminci est bordé d’un bourrelet à section carrée, peut-être destiné à retenir le couvercle. Bien que les dimensions ne soient pas fournies, ce récipient est plus bas que 537 (Paunier 1987, p. 54, n° 11). Pot haut et étroit (dimensions inconnues), d’origine inconnue mais trouvé en Valais et daté du Haut Moyen Age sur présomption ; lèvre aménagée pour recevoir un couvercle encastrant (Paunier 1983, p. 162, fig. 6).

Marmite à couvercle encastrant provenant de Muralto - San Vittore (TI), datée vers 1520-1530 ; diamètre trop grand par rapport à la pièce de Courtedoux (Donati 1986, p. 90).

Marmite portant le négatif d’une bande en fer, provenant de Zurich-Münsterhof (ZH), datée entre le 9e et le 11e siècle ; l’amincissement de la lèvre verticale est souligné par un bourrelet à section carrée, ce qui n’existe pas à Courtedoux (Schneider et al. 1982, p. 379, n° 8).

Deux récipients tronconiques de Payerne - Champ Aubert (VD) avec lèvre amincie pour recevoir un couvercle, datés des 6e - 7e siècles ; tous deux sont dotés d’une perforation traversante située sous cette lèvre (Castella et Eschbach 1999, fig. 6.41-42).

24 Suivant les auteurs, D inférieur à 12 cm (Billoin 2003) ou D inférieur à 14 cm (Lhemon 2002).

25 Höneisen (dir.) 1993, p. 127.

26 Par exemple, petit récipient comportant une armature de bronze avec une anse provenant d’Yverdon - Castrum (VD), entre 370 et 470 (Paunier 1987, p. 56 ; Roth-Rubi 1980, p. 194, n° 258).

27 Par exemple pot culinaire de Morrens (VD), fin 6e - première moitié 7e siècle (Haldimann et Steiner 1996, p. 149-150 et fig. 5.22). La localisation de ce cerclage n’est malheureusement pas clairement signalée, ni sur la photo dans Bouffard 1947, ni sur le dessin.

28 Par exemple, Zurich - Münsterhof, 9e - 13e siècles : nombreux exemples de cerclages en fer sous forme de négatifs.

29 Billoin 2003, p. 263.

30 Chiffre renvoyant à une éventuelle marque de contenance (chiffre romain ?) ou de fabrication (Billoin 2003, p. 255) ? Un parallèle exact est cité à l’oppidum de Saint-Blaise (Bouches-du-Rhône, F), 5e-7e siècles (Vallauri 1994, p. 198-199). Pot cylindrique trouvé à Martigues - Campeu, datant de l’Epoque romaine (Lhemon 2002, pl. 16.174-25).

31 Haldimann et Steiner 1996, p. 153. 32 Bouffard 1947, pl. 47.6-7.

33 Faure-Boucharlat (dir.) 2001, p. 192, fig. 11.9-10. 34 Billoin 2004b. 35 Haldimann et Steiner 1996. 36 Marti 2000. 37 CAJ 15, p. 115-119 et pl. 58-59. 38 Lhemon 2011. 39 Billoin 2003, p. 256. 40 Lhemon 2002, p. 24. 41 Billoin 2004b, p. 185. 42 Billoin 2003, p. 263. 43 Marti 2000, p. 235. 44 Groupe 7 : NR=81 ; PO : NR=65. 45 CAJ 15, p. 118.

46 Liestal - Röserntal (Marti 2000) ; Pratz - Le Curtillet (Billoin 2004a) ; Schleitheim (Burzler et al. 2002).

Jean-Pierre Mazimann et Carine Deslex

7.1 Introduction

Les fouilles du hameau de Courtedoux - Creugenat ont exhumé 266 fragments de verrerie, le plus souvent de très petite taille, ce qui n’en a pas rendue aisée l’attribution typologique. Dans ce lot, 172 pièces mérovingiennes ont pu être identifiées ainsi qu’une petite vingtaine de pièces gallo-romaines ; 228 objets se trou-vaient en contexte Haut Moyen Age (fig. 232).

Comme pour la vaisselle en verre de Develier - Courtételle 1, nous

avons eu recours à la typologie de J.-Y. Feyeux qui nous a semblé la plus appropriée pour la région du Grand-Est ; elle vient de plus de

faire l’objet d’une publication réactualisée 2. Pour ce qui concerne

la verrerie gallo-romaine, rare par ailleurs, nous sommes restés fidèles à celle de B. Rütti pour le site d’Augst en raison de

l’impor-tance locale de cette capitale de civitas 3.

Les quelques rares types émergeant de la présente étude concernent essentiellement des formes hautes, en l’occurrence des gobelets. Les formes basses, bien qu’indubitablement pré-sentes sur le site, sont quant à elles très mal attestées, avec une à deux coupes au maximum.

En l’absence des fonds, curieusement manquants 4, ce sont

surtout les lèvres des gobelets qui ont permis leur identification. Elles sont en effet très bien conservées, tout particulièrement celles des T.60, mais ne facilitent guère à elles seules la distinc-tion entre T.55 et T.57 (chap. 7.2). L’approche chronologique par le décor, rare ici, s’est avérée décevante, les décors dominants – les côtes hélicoïdales ou les fils de verre appliqués – étant quasi pérennes. Dans la gamme chromatique s’impose largement le

bleu, typique des 7e et 8e siècles 5. Il est suivi par le vert et ses

nuances qui, nous le verrons, ne saurait être confiné au 5e siècle

du moins sur notre site, excluant de ce fait toute attribution tem-porelle précise.

La comparaison de notre verrerie avec celle de l’habitat de Develier - Courtételle, pour importante qu’elle soit au niveau du statut social, est délicate. Les deux sites, bien que relativement proches (25 km), sont séparés par la barrière des Rangiers qui culmine à 856 m. Quant aux sites franc-comtois environnants, ce sont surtout des nécropoles (Delle, Bourogne), les habitats leur

correspondant étant à ce jour inconnus ou mal connus 6.

L’extrême morcellement des fragments recueillis dans la couche et dans les structures du Haut Moyen Age n’a pas permis, malgré un bon état de conservation – bien peu sont irisés ou dégradés –, d’individualiser plus de six types différents se répartissant entre le

5e et le 7e siècle.

Les formes hautes des gobelets T.51, T.55, T.57 ou T.60, surtout tardifs, dominent le lot. Seule une coupe, peut-être Isings 116

(564), sans doute précoce car sa lèvre n’a pas été rebrûlée, a été

reconnue. C’est également le cas des récipients ouverts par rapport aux formes fermées, même si quatre fragments d’un même indi-vidu évoquent une cruche, voire un barillet (566, 572),

possé-dant une anse qui n’existe plus au 6e siècle et même si la présence

d’un bouteillon à fond carré, de type non restituable, n’est pas à exclure.

L’abondance manifeste des T.60 pourrait peut-être s’expliquer par leur meilleure conservation et leur moindre fragmentation dues à l’épaisseur de leur lèvre qui nous permet de surcroît une identifi-cation immédiate, ce qui demeure aléatoire au seul vu de la lèvre d’un T.55 ou d’un T.57.

Certains décors, le trait gravé à la meule (non illustré), évoquent la probable présence d’au moins une autre coupe dont nous ne saurions malheureusement reconnaître le type faute de lèvre. Quant aux récipients gallo-romains résiduels ou rapportés, ils sont rares et de type difficilement discernable à l’exception d’une aryballe de type AR, d’une bouteille carrée Isings 50 et d’un flacon (non illustrés), restituables à partir d’un seul fragment pour chacun. Une coupe précoce rubanée et mosaïquée (AR 3.1, non illustrée) retiendra particulièrement notre attention par sa surprenante présence. Elle a peut-être été collectionnée pour ses remarquables couleurs.

7.3 Les couleurs

Bien que la palette des couleurs semble vaste, surtout si l’on consi-dère les variantes (ou nuances), ce sont en réalité quatre couleurs qui émergent de la vaisselle appartenant à l’horizon Haut Moyen Age. Le bleu domine largement l’ensemble avec, comme nuances, un bleu outremer et un bleu acier (159 pièces). Il est suivi du vert-olive, de noir à foncé jusqu’à une teinte claire jaunâtre (26 pièces). Le verre incolore est lui aussi bien attesté (26 pièces). La dernière couleur enfin, lie-de-vin, n’est qu’épisodique (5 pièces).

Il est par contre difficile de tenter une approche chronologique par la couleur car si le bleu est, comme il est de règle,

attri-buable au 7e siècle et c’est aussi le cas ici, le vert-olive loin d’être

confiné au 5e siècle est indubitablement présent au 7e siècle

sur notre site sous la forme de deux fragments de bols apodes T.60 (556).

Quant aux rares fragments lie-de-vin, ils pourraient éventuel- lement provenir de verre sodique, une tache semble en effet se détacher sur un fond laiteux. Ce phénomène bien étudié est propre à la verrerie tardive.

Contexte Objets

mérovingiens gallo-romainsObjets Autres(indét. modernes) Total Contexte HMA Structures HMA (r1-r8) 57 6 9 72 Couches ensemble 3.1.1 99 10 47 156 Hors contexte HMA Couches ensemble 2 9 1 3 13 Remblais, déblais 6 5 11 22 Autres 1 2 3 Total 172 22 72 266

Fig. 232. Décompte des objets en verre par période et par contexte