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Nature du verre étudié et techniques

et occupation gallo-romaine

Annexe 2 – Céramiques caractéristiques

7.6 Nature du verre étudié et techniques

Le verre traité est en règle générale de bonne qualité. La présence de filandres y est rare et celle de bulles plutôt discrète. Il est toute-fois à signaler que de très rares fragments présentent partoute-fois une irisation voire même une forte altération suite à un long séjour en zone inondable. Mais ceci demeure exceptionnel, l’ensemble étant plutôt homogène.

Du point de vue technique les gobelets rencontrés ont été soit soufflés au moule (T.55, T.57), soit à la volée (T.60) puis repris au pontil pour en rebrûler l’ouverture. Dans le cas des T.60, la lèvre a été retournée à l’extérieur pour constituer un bandeau de hauteur variable (0,6 à 2,3 cm). Toutefois la coupe Isings 116, de technique différente et plus ancienne puisqu’elle est bien attestée au Bas Empire, possède une lèvre découpée et laissée brute sans être rebrûlée. Elle évoque donc un horizon antérieur à l’ensemble,

le 5e siècle peut-être, où ce type est bien diffusé.

7.7 Origine

Aucun élément ne nous permet actuellement d’envisager avec cer-titude une origine précise pour la vaisselle en verre de Courtedoux-Creugenat. Nous ne saurions donc que renvoyer à la précédente étude consacrée à celle de Develier - Courtételle tout en y ajoutant toutefois deux remarques.

Le hameau étant sis sur le versant comtois du Jura suisse, il sem-blerait plus logique que tout comme en Franche-Comté proche, son approvisionnement provienne des verreries de

Champagne-Argonne 13. Toutefois, sa proximité avec la vallée du Rhin n’exclut

Un autre point est à signaler : la présence de deux T.60 de couleur verte, totalement inconnus à Develier - Courtételle, pourrait aussi expliquer, tout au moins temporairement et partiellement, une origine différente de celle de la verrerie de Develier - Courtételle même si en règle générale les qualités de verre sont plutôt com-parables.

C’est donc sans doute en confrontant pour une période donnée les données quantitatives, typologiques et chromatiques de nos verrerie avec celles d’habitats comtois que l’on pourrait savoir si nos récipients ont une origine commune, même si, certes, des analyses chimiques seraient déterminantes. Ce qui cependant ne nous éclairerait en rien sur leur provenance. Malheureusement, seul le site de Pratz (Jura, F) a fait l’objet de publications et il est bien distant pour pouvoir être pris en compte dans une telle

étude 14.

Demeure enfin la solution, comme nous l’avons déjà envisagé pour Develier - Courtételle, d’une origine jurassienne locale. Un proche vicus battant monnaie ne saurait-il pas, pour autant que le matériau soit disponible sur place, avoir aussi ses propres ateliers de verriers ? Mais ceci reste à démontrer faute de découvertes.

7.8 Conclusion

Les 35 récipients identifiés sur le site (NMI) sont essentiellement des gobelets appartenant au service des boissons. Les rares formes attestées, quatre seulement pour le Haut Moyen Age, six si l’on comptabilise aussi deux formes de l’Antiquité tardive, témoignent du faible répertoire utilisé par les verriers de l’époque. Les coupes

n’étant qu’épisodiques 15, il y a donc fort à penser que ces gobelets

étaient accompagnés dans le service de table par des récipients en

céramique ou en bois 16. Ces derniers, disparus, ne peuvent être

comptabilisés dans le vaisselier général.

Ce luxe dans le boire démontre donc une nouvelle fois l’in-térêt porté au vin, denrée de prestige nécessitant un conteneur

coûteux 17. Symbole de l’eucharistie en cette époque

profondé-ment croyante, il est coupé et épicé, consommé régulièreprofondé-ment par les classes supérieures. Les moines en sont par ailleurs large-ment dotés et il demeure d’un usage festif pour les plus pauvres. Il scelle aussi le liant social : dans la vie de saint Rémi, Hincmar n’affirme-t-il pas que c’est faire offense à son hôte que de ne pas lui

offrir de vin ? Comment dès lors s’étonner de voir ces fragiles

réci-pients sur toutes les tables, de la plus riche à la ville jusqu’à la Fig. 233. Carte de répartition de la vaisselle en verre.

Ferme sud

Ferme nord

0 20 m

N

plus humble au plus profond des campagnes. Cette habitude déjà remarquée à Develier - Courtételle dans un même horizon doit être toutefois nuancée. A Sens, par exemple, les coupes abondent à côté des gobelets, dans un horizon légèrement antérieur

(5e siècle) il est vrai.

Et si l’on compare Courtedoux - Creugenat avec

Develier-Courtételle et Pratz - Le Curtillet, deux sites considérés comme riches en verrerie, on constate que la proportion représentée par la verrerie en termes de fragments dans le vaisselier général est,

avec 3 %, plus importante qu’à Develier - Courtételle (0,9 %) 18

mais moins importante qu’à Pratz (8 %). Ce constat est étonnant,

et cela d’autant plus que des sites proches comme Bourogne 19 ou

Vellechevreux 20 n’en ont pas livré du tout. Peut-être faut-il

ratta-cher la présence et le nombre de tels récipients à des paramètres spécifiques : proximité des circuits de distribution ou niveau de

statut social. Ainsi une certaine aisance pourrait s’expliquer dans le cas de Develier - Courtételle et de Pratz par l’importance sur ces sites de la production métallurgique, alors génératrice de richesse. Ce ne semble pas être le cas pour notre hameau où l’artisanat du fer n’atteint pas un tel degré de développement. Pourtant si l’on y considère l’ensemble du mobilier, le hameau de Courtedoux-Creugenat est assez riche, mais la source de cette richesse n’est pas aussi évidente.

Si l’origine exacte de cette vaisselle en verre nous demeure tou-jours inconnue, sa présence locale atteste pour le moins de cir-cuits de diffusion bien en place et d’une activité économique non négligeable. Gageons que la multiplication des publications de sites d’habitat du Haut Moyen Age nous permettra un jour de progresser dans la connaissance de l’origine et des lieux de pro-duction de ces récipients.

Notes

1 Mazimann 2006. 2 Feyeux 2003. 3 Rütti 1991.

4 Ont-ils été récupérés pour une raison qui nous échappe, l’épaisseur du verre par exemple ?

5 Mazimann 2006, p. 122 ; Foy 1995, p. 210.

6 Bourogne, par exemple, n’a quasiment pas livré de verrerie (Billoin 2004c). 7 Feyeux 2003, fig. 6.XX.3l.

8 Feyeux 2003, fig. 6.XX.2f. 9 Feyeux 2003, fig. 6.XX.3k. 10 Feyeux 2003, fig. 6.XX.6r. 11 Mazimann 2012, p. 90.

12 Mazimann 2006, p. 123 ; Fellner, Federici-Schenardi et al. 2007, p. 53. 13 Feyeux 2003, p. 219-221.

14 Billoin 1999 ; Billoin 2007, p. 262-264.

15 « Elles disparaissent courant 6e siècle » (Fünfschilling 2003, p. 104). Sont-elles donc résiduSont-elles dans un contexte tardif ?

16 « L’absence d’assiettes et de plats dans le mobilier céramique correspond vraisemblablement plus à la marque en négatif des récipients en bois qu’à l’abandon de ces types de formes ouvertes dans des usages domestiques. En effet ces formes ouvertes en bois existent sans doute toujours puisque un siècle plus tard, les habitants de Charavines se servent de cuillers et plats de toutes dimensions en bois. » (Gourarier 1994, p. 66).

17 « La civilisation alimentaire du Haut Moyen Age européenne est marquée par le triomphe du vin, boisson à la fois très prisée et de consomma-tion quotidienne. » (Flandrin et Montanari 1996, p. 287) ; « L’angoisse à propos du prix du blé, du vin et des fruits hante la littérature médiévale. » (Doehaerd 1990, p. 328).

18 Mazimann 2006, p. 124. 19 Billoin 2004c. 20 Peytremann 2001.

Ursule Babey

Les objets tels que les perles en verre et en ambre, les fusaïoles en os ou en pierre, les peignes en bois de cervidé et les autres petits objets plus ou moins isolés, sont présentés au sein d’un seul chapitre. Bien qu’ils ne soient exceptionnels ni par leur forme ni par leurs matières premières, leur étude complète, à son niveau, le tableau des connaissances acquises grâce aux corpus plus étoffés – céramique, objets métalliques, etc. – découverts à Courtedoux - Creugenat. Leur présence plus ou moins ténue témoigne d’activités diverses, allant de l’hygiène (peignes) à la parure (perles) en passant par le combat (bouton de fourreau, balle de fronde) et l’artisanat (fusaïoles, aiguille, creusets). Issus d’un site à l’histoire taphonomique mouvementée, leur survie est un signe que l’on ne peut négliger.

8.1 Les perles

(pl. 25.573-590)

Le corpus des objets de parure se compose de 28 perles en verre et de sept perles en ambre. Leur état de conservation est très bon pour les cinq exemplaires intacts, satisfaisant dans treize cas permettant encore une bonne représentation graphique, et très fragmentaire dans les dix-sept autres restants, non représentés. Découvert isolément sur le site, chaque individu a été décrit pour lui-même selon des critères macroscopiques : matière première (verre, ambre), forme (globulaire, cylindrique, spiralé, annulaire, en forme de tonnelet, biconique, polyédrique en amande), opacité (transparente/translucide/opaque), nombre de couleurs et décor (monochrome/polychrome), dimensions (longueur, diamètres du corps et de la perforation, poids) dans le but de pouvoir comparer les exemplaires de Courtedoux avec des séries de perles trouvées dans des tombes datées. La validité des comparaisons sur tout le territoire mérovingien ayant été posée

par U. Koch dès 1974 1 et confirmée par B. Sasse et C. Theune

une génération plus tard 2, cette hypothèse a été retenue et

appliquée pour le corpus de Courtedoux. Comme ce genre d’étude spécifique s’est beaucoup développé dans le domaine germanique, les comparaisons s’appuient essentiellement sur

ces travaux 3. Au niveau régional, la comparaison avec les perles

découvertes à Develier-Courtételle a également été effectuée 4.

Aucune analyse n’a été tentée, ni pour la composition du verre, ni pour la provenance de l’ambre.

8.1.1 Les perles en verre

Statistiquement, les perles en verre 5 transparentes (1) ou

translucides (4) sont nettement minoritaires par rapport aux opaques (80 %), rapport que l’on retrouve dans tous les ensembles

découverts en nécropoles 6. Huit exemplaires comportent un

décor (32 %), dont six parmi les 20 perles opaques (30 %) et deux parmi les perles translucides ou transparentes (40 %). La proportion de perles ornées s’élève à 13 % à Develier - Courtételle, les sites d’habitat pouvant se révéler très différents les uns des autres à cet égard.

petit ou égal à 0,5 cm), monochromes, généralement jaunes, mais qui peuvent également être verts. Toujours jaunes à Courtedoux, ils se subdivisent en trois sous-groupes s’échelonnant dans le temps.

Un exemplaire isolé (573), quoique très fragmenté, se distingue par son mode de fabrication spiralé qui se remarque à son aspect côtelé. Un parallèle trouvé dans la tombe 82 de Westheim, est

datée du début du 6e siècle 7.

L’individu bien conservé (574) illustre six exemplaires non

représentés également réalisés en fritte de verre poreuse 8,

alors que d’autres petites perles globulaires ou annulaires

monochromes jaunes et également non représentées 9, sont

en verre opaque dense. Les petites perles en verre compact

semblent plus anciennes (fin du 6e siècle) que celles en fritte

de verre (début du 7e siècle). Les auteurs ayant étudié les sites

les plus proches (nord-ouest de la Suisse, Soleure, Kaiserstuhl) ne sont pas tous d’accord sur la chronologie des micrograins en fritte de verre, mais leur point commun est le premier tiers du

7e siècle 10.

Le modèle segmenté (2x) (575), découvert à une seul exemplaire sur le site, semble plus tardif que les perles simples, à partir du

deuxième tiers du 7e siècle 11. On en trouve surtout au sud du

Pays de Bade (espace des Alamans de l’ouest sur le Rhin et le

Rheinpfalz) 12.

Perles globulaires

La perle globulaire monochrome rouge foncé (576) est poreuse et trouve un de ses rares parallèles à Kirchheim (Ostalbkreis, D) : l’auteur insiste sur la fritte de mauvaise qualité et très poreuse qui la compose, comme sur l’exemplaire de Courtedoux, et propose

une datation dans la seconde moitié du 7e ou au 8e siècle 13.

Les deux autres exemplaires globulaires sont mouchetés (fig. 234). Une perle globulaire jaune opaque d’aspect poreux (fritte), (577), est magnétique. Son décor, constitué de mouchetis de couleurs jaune, rouge et blanche, se remarque plus par le léger relief qu’il donne que par le contraste chromatique : ce relief semble dû au fait que les inclusions colorées ne sont

pas fondues dans la masses, mais ont seulement été plaquées à chaud ; plus dures, elles ont mieux résisté à l’érosion ; aucun parallèle exact doté d’un fond jaune n’a pu être trouvé, mais on peut la rattacher aux perles à décors mouchetés que l’on trouve

entre 600 et 720 14, comme l’individu 578, une perle globulaire

brun foncé ornée de taches jaunes, rouges et vertes de taille irrégulière, rajoutées en roulant la perle sur des éclats de verre ; de telles perles sont plus précisément datées et plus récentes que celles portant d’autres teintes de fond, soit entre 650 et 720 environ, suivant les auteurs.

Forme de tonnelet

Cette forme apparaît sur deux exemplaires, dont l’un est orné et l’autre non : 579 est une perle opaque jaune d’aspect poreux (fritte) non ornée dont l’apparition est assez rare selon R. Marti qui situe ce type vers 600/625 - 720 pour la Suisse

septentrio-nale 15, comme B. Sasse pour Eichstetten 16. En France du Nord

et en Allemagne du Sud, il apparaît plus précocement, dès le

troi-sième tiers du 6e siècle 17.

La perle en verre opaque rouge 580 porte un décor appliqué de deux lignes sinueuses qui se croisent et des points. D’après U. Koch, il s’agit d’une production de masse, surtout ceux à fond

rouge 18. Il semble que leur apogée se situe dans la seconde moitié

du 6e siècle, quoique quelques exemplaires subsistent durant le

7e siècle 19.

La forme de tonnelet est supposée en raison de l’état de conser-vation de cette petite perle bleu clair opaque 581. La plupart des auteurs s’accordent à placer l’apparition des perles cylindriques

monochromes dans le dernier quart du 6e siècle, mais la couleur

bleu clair n’apparaît nulle part ; ce type pourrait cependant dater

du début du 7e siècle 20.

Forme cylindrique

La perle cylindrique 582 présente un corps rouge opaque panaché orné d’une spirale en verre de couleur blanche légèrement trans-lucide (fig. 235). Ce type de perles spiralées traverse toute la période mérovingienne, mais le fait que cet exemplaire soit assez grand et que le décor spiralé soit monochrome le place au début de la période, peut-être même de la phase 1 de U. Koch, vers

525/30 - 545/50 21.

Forme polyédrique

La seule perle polyédrique de l’ensemble est de couleur turquoise et légèrement translucide (583). On peut la situer entre 650 et

720 22.

Forme biconique

La version rouge foncé opaque de la forme biconique, illustrée par 584, constitue un véritable fossile directeur, car on observe une concentration particulière de ce genre de perles dans le

premier tiers du 7e siècle 23 Les autres variantes blanc-gris 585 et

turquoise 586 et 587, peuvent se ranger dans la même série par assimilation. Cette dernière est en outre identique à une perle de

Develier -Courtételle 24.

Forme annulaire

L’exemplaire 588 est la seule perle transparente, ce qui ne constitue pas une anomalie, puisque d’une façon générale, les perles transparentes sont rares, y compris dans les nécropoles

riches en perles. Présent en France du Nord dès le 5e siècle, ce

modèle semble apparaître plus tardivement (6e siècle) dans le

domaine germanique et y persister jusqu’au début du 8e siècle 25.

Propriété magnétique

Cinq perles réagissent au test de l’aimant, une propriété qui a été remarquée dès la fouille pour la perle 577 : 578, de couleur brune, réagit très fortement, 577, jaune, fortement, et les trois exem-plaires rouge foncé 580, 582 et 584, n’ont qu’une faible réaction face à l’aimant. Toutes les autres perles de verre, qu’elles soient jaune fritté, blanches ou turquoise ne réagissent pas du tout. A Develier - Courtételle, six perles en verre réagissent

positive-ment au test de l’aimant 26 : ni leurs lieux de découverte ni leur

datation n’expliquent cette aimantation. La moitié du corpus des perles de la nécropole de Bassecourt - Saint-Hubert ont

également été testées 27: onze perles ont réagit à l’aimant ; leur

couleur va du jaune au noir en passant par le rouge foncé : c’est leur principal point commun avec les perles des deux autres corpus, d’un point de vue macroscopique (fig. 236). Comme aucun composant nécessaire à la fabrication du verre (sable siliceux, potasse, soude, etc.) ne possède de qualité magné-tique intrinsèque naturelle, deux possibilités se présentent : soit il pourrait s’agir d’oxydes servant de colorants pour teinter la masse (ce qui pourrait se comprendre pour le rouge et le brun, mais pas pour les perles jaunes, bleues ou vertes), utilisés dans des proportions différentes, soit il s’agit d’oxydes de fer présents naturellement dans le sable siliceux. De tels oxydes sont pré-sents dans les sables vitrifiables de la région, ce qui pourrait laisser supposer une production locale. Comme la forme et le décor des perles en question sont connus ailleurs (sauf pour 5 pour laquelle aucun parallèle exact n’a pu être trouvé avec fond jaune), il pourrait donc s’agir d’imitations locales. Cette hypo-thèse demanderait à être vérifiée, d’autant qu’à notre connais-sance, la caractéristique magnétique n’a jamais fait l’objet d’une étude relative aux perles. De plus, aucun atelier de production de perles en verre n’a pu être identifié jusqu’à présent dans la région. Il est à noter que la perle 576, bien que rouge, ne réagit pas au test de l’aimant, de même que le creuset 596. Ce dernier contient un verre transparent quasi incolore qui pourrait avoir été transporté sous forme de lingot de verre brut jusqu’à son Fig. 235. Vue de la perle cylindrique 582.

lieu de transformation. Aucun tesson de verre creux issu de la fouille ne réagit au test de l’aimant non plus. Pour le moment, la meilleure hypothèse réside donc dans l’origine des matières premières utilisées, supposée locale. Il n’est pour l’instant pas possible de l’expliquer : cette question nécessiterait une analyse archéométrique approfondie.

8.1.2 Les perles en ambre

L’ambre étant sensible aux influences du milieu, les pièces sont souvent fragmentées et les parois de tous ces morceaux portent une pellicule de corrosion, y compris sur les cassures anciennes. Ce phénomène renforce la douceur des contours de ces petits objets dont il est difficile de préciser la forme d’origine. Sur les huit fragments d’ambre retrouvés sur le site, trois seulement – formant deux individus – peuvent être assimilés à des perles de façon certaine. Quatre autres présentent des traces de façonnages (paroi extérieure polie, tronçon de perce), enfin, un quatrième individu informe et à la paroi très endommagée a provisoirement été placé dans la période protohistorique. Si l’ambre est attesté tout au long du Haut Moyen Age dans les nécropoles sous forme de perles et qu’il a été exporté de contrées lointaines sous forme de blocs bruts, il n’a pas été transformé sur place à Courtedoux. On peut également rejeter l’hypothèse d’un remploi de matière première importée dans des époques antérieures. Le nombre restreint de fragments retrouvés renforce également cette hypothèse. Au niveau Suisse, pour l’instant, aucun atelier de transformation de l’ambre n’a pu être identifié.

Il est difficile de préciser l’origine de cette matière première. Si l’on se réfère à des recherches portant sur des ensembles géographiquement proches, il semble que les objets de parures franc-comtoises proviennent d’Europe du Nord et

orientale 28.

La typologie des perles en ambre est malaisée à établir du fait de la faible standardisation des formes liée au matériau lui-même. Pour cette raison, les auteurs les classent généralement en deux catégories : les grandes et les petites perles. Parmi le mobilier de Courtedoux, seule une grande perle en forme d’amande (590),

est susceptible de trouver des comparaisons entre le début du 6e

et le milieu du 7e siècle 29. Il est à remarquer que des deux côtés de

cette pièce, il y a de courtes entailles rectilignes d’environ 2 mm, profondément creusées, mais disposées sans ordre apparent (comme la surface est attaquée par l’érosion et les coups de truelle, il est impossible de dire s’il y en avait d’avantage). Il reste par conséquent difficile d’interpréter ces traces qui paraissent toutefois ne pas être le fruit du hasard : décor abstrait, empreintes d’un scellement provisoire durant le percement ou encore scellement d’un décor métallique en applique ? Malgré l’état de conservation assez médiocre de la perle 589, on pourrait la

rapprocher des types P 34 ou P 35 de R. Marti, datés du 7e siècle.