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Répartition des pièces bachiques dans les volumes

II. Caractéristiques du corpus d’étude

2. Répartition des pièces bachiques dans les volumes

Dans notre corpus certains auteurs comme Rosiers, Chastelet, Sicard et Dubuisson peuvent proposer, outre leurs volumes mixtes (mélangeant registre bachique et registre sérieux), des recueils composés uniquement de musiques à boire4 alors que les publications collectives

comme les Chansons pour danser et pour boire, les Recueils d’airs sérieux et à boire et le Mercure galant sont systématiquement mixtes5. Peut-on repérer une constante dans la disposition des

pièces bachiques lorsqu’elles sont mêlées aux musiques sérieuses ? Y-a-il une différence entre la manière d’agencer ces musiques selon les volumes, l’auteur ou la période d’édition ? Dans les deux premiers tiers du XVIIe siècle, soit pendant la première période éditoriale, les

volumes d’airs et de chansons compartimentent les deux registres – à quelques exceptions près. Ainsi, que ce soit dans les recueils collectifs ou dans les recueils d’auteurs, les musiques bachiques sont le plus souvent placées en fin de volume, après toutes les autres, et l’éditeur notifie leur présence à l’aide du titre courant ainsi que de la table :

1 Extrait de l’épître intitulée « l’Auteur à sa fille », SICARD, Douzième livre d’airs sérieux et à boire, 1678.

2 Voir par exemple les épîtres de Rosiers publiées dans les livres de Libertés des années 1655, 1658, 1665, 1666 et

1672.

3 Peut-être n’en avait-il plus la nécessité financière sur la fin de sa carrière. La seule pièce liminaire qu’il délivre ensuite

est une préface au lecteur, publiée en 1679.

4 On peut ajouter le Premier livre d’airs […] contre les incommodités du temps constitué par Pinard qui propose uniquement

des pièces bachiques.

5 Néanmoins, deux recueils composites qui contiennent uniquement des chansons pour boire et incluant des extraits

des Chansons pour danser et pour boire comme des pièces issues de recueils d’auteurs ont été confectionnées en 1636 et 1644.

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Figure I.8 : Intitulé précisant quel est le registre des chansons dans un recueil collectif.

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Figure I.9 : Intitulé précisant quel est le registre des chansons dans un recueil d’auteur

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Cas isolé, tiré hors de notre corpus, Boyer ouvre son Recueil de chansons à boire et à danser1

(1636)2, par des pièces bachiques :

Figure I.10 : Inversion de l’ordre de présentation des chansons dans un volume mixte Table alphabétique du Recueil de chansons à boire et à danser, Boyer, 1636.

D’autres, tel Chancy, n’ont pas souhaité marquer de différences éditoriales entre les pièces bachiques et sérieuses. Par conséquent, les airs à boire (dont l’incipit est entouré en bleu) sont fondus parmi les autres, tant dans la table que dans le volume :

1 Le titre du volume suit d’ailleurs cet ordre.

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Figure I.11 : Pièces sérieuses et bachiques mélangées, table alphabétique des Airs de cour, Chancy, 1635. La seconde période éditoriale est témoin d’un changement de taille puisque musiques bachiques et sérieuses se mêlent souvent au cœur des volumes d’airs sérieux et à boire. Si pour des raisons d’indexation la table alphabétique cloisonne encore ces deux registres1, les livres

sont bien constitués d’airs offrant globalement une alternance de musiques « à boire » et « sérieuse ». Regardons tout d’abord différentes tables de fin de volumes, publiées entre 1668 et 1710, et issues des Recueils d’airs sérieux et à boire et de recueils d’auteurs :

1 Quelques auteurs ne proposent pas toujours de classement par registre dans la table. Par exemple, dans son Recueil

d’airs de 1691, Brossard organise sa table des airs selon des critères d’effectifs : « Récits », « Airs à deux », « Airs à

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Figure I.12 : Tables partitionnant airs sérieux et airs à boire

De gauche à droite : Troisième livre d’airs de Sicard, 1668 ; IIIelivre d’airs de Dubuisson, 1695 ; XVIelivre d’airs de Bousset, premier quartier de l’année 1669 ; Recueils

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Il apparaît clairement que dans ces tables de fin de volume, une différence entre airs à boire et airs sérieux est encore marquée ; ceci permet au lecteur d’accéder directement au type d’air souhaité, sans avoir à porter les yeux sur le titre courant de chaque pièce. Il a été ensuite évoqué que ces airs, de registres différents, étaient mélangés au sein des volumes : prenons comme premier exemple le corpus Dubuisson. Le tableau ci-après présente deux échantillons ; un premier prend en compte l’intégralité des airs du livre I de 1686, un second, ceux des livres IV et V 1695 publiés presque dix ans plus tard :

Airs du livre I de 1686 Registre Airs des livres IV et V de 1695 Registre

I.1 À boire IV.1 Sérieux

I.2 Sérieux IV.2 À boire

I.3 Sérieux IV.3 Sérieux

I.4 À boire IV.4 À boire

I.5 À boire IV.5 Sérieux

I.6 Sérieux IV.6 Sérieux

I.7 Sérieux IV.7 À boire

I.8 Sérieux IV.8 Sérieux

I.9 À boire IV.9 Sérieux

I.10 Sérieux V.1 À boire

I.11 À boire V.2 Sérieux

I.12 À boire V.3 Sérieux

I.13 À boire V.4 À boire

I.14 À boire V.5 Sérieux

I.15 À boire V.6 Sérieux

I.16 À boire V.7 À boire

I.17 À boire V.8 Sérieux

I.18 Sérieux V.9 À boire

I.19 À boire

I.20 À boire

I.21 À boire

I.22 À boire

Tableau I.6 : Registre des airs du livre I de 1686 et des livres IV et V du corpus Dubuisson Airs présentés par ordre d’apparition dans les volumes

Il est possible d’effectuer pour Dubuisson la même remarque que pour le corpus de Sicard : les livre d’airs peuvent être de « distribution libre où les deux genres se mélangent »1. En

outre, notons que le livre d’airs publié en 1674 par Sicard contient une alternance stricte d’airs sérieux et à boire, à l’exception des deux derniers airs qui sont des pièces bachiques et du troisième air, qui est un air hybride2, mais classé comme sérieux dans la table. Ces

exemples montrent que la séparation rigoureuse des musiques sérieuses et bachiques n’est plus de mise en cette seconde période : elles peuvent désormais être mêlées3. Chez

Dubuisson, cette alternance d’airs sérieux et à boire n’est pas systématique puisque plusieurs

1 OSTADALOVA, Les livres d’airs de J. Sicard, p. 13.

2 Concernant la définition de l’« air hybride », voir notre partie 191.

3 Même s’il existe encore des ordonnancements par registre chez certains auteurs, comme Sicard, qui gardent des

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airs du même registre se suivent parfois1. Sicard semble quant à lui explorer toutes les

configurations possibles, proposant des organisations internes variées au fil des volumes. En définitive, si au sein de certains recueils un classement par registre existe encore, plus on avance dans le siècle, plus le décloisonnement des genres bachiques et sérieux devient important. Dubuisson ne classe plus ses airs de cette manière tandis que les corpus de Bousset et des Recueils d’airs sérieux et à boire tendent même à proposer une alternance assez régulière entre ces deux types de pièces musicales.

Dans les Recueils d’airs sérieux et à boire (entre 1694 et 1710) ainsi que dans les livres de Bousset (entre 1690 et 1699), ce sont les airs à boire qui ouvrent le plus souvent les volumes. Cette information est d’importance quand on connaît le soin qui était apporté à la sélection de l’air placé en tête des livres de musique. Dans le cadre de son travail sur les Livres d’airs de

différents auteurs, Anne-Madeleine Goulet explique que Ballard accordait une attention

particulière au premier air de chaque recueil, afin « d’attirer le chaland »2. Elle nomme ces

airs liminaires les « airs locomotives ». Clémence Monnier ajoute que :

Plusieurs de nos livres[3] s’ouvrent avec un air issu d’un ballet de cour ou d’une comédie-ballet : il

s’agit de pièces connues qui bénéficiaient sans doute d’une grande notoriété en leur temps. En outre, ce sont souvent des compositeurs prestigieux qui ont les honneurs de la première place des

Livres d’airs… : sur les trente-sept recueils, quinze s’ouvrent par un air de Michel Lambert ou de

Sébastien Le Camus. Ces airs inauguraux étaient certainement choisis pour « attirer le chaland » : leur intérêt commercial paraît évident4.

À la lumière de ces exemples, il apparaît que la place accordée aux pièces bachiques évolue significativement dans le siècle. D’abord majoritairement voilés par les chansons à danser ou les airs sérieux dans les volumes mixtes, elles sortent ensuite de l’ombre jusqu’à occuper une place de choix dans la collection des airs sérieux et à boire. Cette évolution dans la manière d’utiliser et de disposer les airs à boire témoigne du changement de perception qui s’opère envers les musiques bachiques, progressivement acceptées par la société dans la seconde partie du XVIIe siècle.

b. Une évolution des proportions et du nombre de pièces bachiques ? Si la disposition de ces pièces au sein des volumes mixtes évolue, qu’en est-il de la proportion de chansons et d’airs à boire dans tous ces livres ? Peut-on dire qu’une place de plus en plus importante est réservée aux musiques bachiques dans les volumes ? Ou que la quantité de musiques à boire publiées augmente ? Assiste-t-on à une évolution similaire dans les livres d’auteurs et les corpus collectifs ?

1 Nous verrons qu’il est possible de trouver des chaînes d’airs, reliés par une thématique commune et pouvant

dépendre de l’univers bachique.

2 GOULET, Poésie, musique et sociabilité, p. 169. 3 Les Livres d’airs de Différents Auteurs. 4 MONNIER, Histoire et analyse, p. 83.

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Concernant les recueils monographiques de notre corpus, la réponse est loin d’être évidente. Dans ce premier cas, plus qu’une proportion d’airs qui évoluerait suivant un facteur chronologique, il serait plutôt question d’affinités avec ce type de musique en fonction de tel ou tel compositeur ou de ce que le contexte social et éditorial permet. Souvenons-nous que certains musiciens ne publient que des musiques bachiques, d’autres pas du tout, tandis que d’autres encore mélangent ces deux registres au sein d’un même volume, publiant jusqu’à quelques dizaines de pièces par volumes. Il apparaît alors difficile, voire absurde, d’effectuer un calcul statistique global en incluant dans le même compte tous les auteurs ayant publié des airs bachiques à l’échelle d’un siècle. Délivrons toutefois quelques chiffres sur les principaux compositeurs.

Au sein de la première période, Rosiers est le compositeur qui publie le plus de musiques à boire1 avec 720 pièces bachiques qui paraissent dans ses livres d’auteurs entre

1634 et 1672 : une majorité écrasante de ses volumes dépend exclusivement du registre bachique. On compte par ailleurs 39 de ses chansons éditées dans les Chansons pour danser et

pour boire2 ainsi qu’un air publié dans les Recueils d’airs sérieux et à boire 3 qui est inspiré d’une

de ses chansons, mais qui n’est pas signalé en tant que tel. A contrario, les volumes mixtes d’auteurs ne contiennent très souvent qu’une faible proportion de pièces bachiques. Dans les Équivoques puis les Chansons de Chancy par exemple, on atteint difficilement le quart de la production, et pour un volume seulement, en 1655 :

Graphique I.12 : Évolution de la présence de pièces bachiques dans les Équivoques de Chancy (de 1639 à 1655). Les valeurs exprimées sont en pourcentage de pièces bachiques par volume.

Au cours de la seconde période, ce sont surtout Sicard, Dubuisson et Bousset qui se montrent assez prolifiques, mais en termes de proportion d’airs à boire par rapport aux airs sérieux surtout, car la quantité de pièces bachiques publiées est bien moindre que chez

1 Tous corpus confondus au XVIIe siècle.

2 Dans les volumes de 1634, 1637, 1638, 1639 et 1652. Une chanson est en doublon, harmonisée à quatre parties

dans Rosiers (R 2631-18) et présente avec le dessus seul dans les Chansons pour danser et pour boire (16345-07). 3 Le volume du Recueil d’airs sérieux et à boire de décembre 1698 contient une pièce (l’air 16981-47) présentant des

similitudes (du point de vue du texte poétique et de la musique) avec la chanson de Rosiers R 2636-37 publiée dans le volume des Libertés de 1649. Cf. an. III.

17%

10% 10% 10%

26%

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Rosiers. Ainsi, Sicard publie 194 airs à boire au sein de ses 17 livres parus entre 1666 et 1683 sur 3361 airs au total, ce qui représente 58% de sa production. Dubuisson publie quant

à lui 163 airs à boire dans ses 17 livres parus entre 1686 et 1696 sur 236 airs en tout, ce qui équivaut à 62% de sa production. Bousset édite enfin 118 airs à boire de 1690 à 1699. Ces trois auteurs publient également quelques airs à boire dans les recueils collectifs2. Sicard

édite quatre airs à boire dans les Recueils d’airs sérieux et à boire entre 1701 et 1705 et deux airs dans le Mercure en 1678 et 1684 ; Dubuisson publie 30 airs bachiques dans les Recueils d’airs

sérieux et à boire entre 1697 et 1710 ; enfin Bousset édite 22 airs à boire dans les Recueils d’airs sérieux et à boire entre 1697 et 1708 et quatre dans le Mercure entre 1690 et 1705. Si l’on

additionne à présent le nombre d’airs à boire publiés par Sicard, Dubuisson et Bousset dans leurs recueils d’auteurs, un total de 475 pièces musicales éditées entre 1666 et 1699 est atteint. En incluant celles publiées dans les recueils collectifs, 537 airs à boire édités entre 1666 et 1710 sont comptabilisés pour ces trois compositeurs. Comparativement à la seule production de Rosiers, celle de ces trois auteurs semble donc moindre. Est-ce à dire que chez les compositeurs de la seconde partie du siècle, l’intérêt pour les musiques bachiques déclinait ? Il serait plutôt question – entre autres – des conséquences du glissement qu’opèrent ces musiques bachiques des volumes de chansons aux volumes d’airs et par là même de la nouvelle cohabitation que vivent musiques à boire et musiques galantes. Dans cet ordre d’idée, plusieurs facteurs sont à prendre en compte.

Il faut souligner tout d’abord que la production bachique de ce trio d’auteurs reste conséquente proportionnellement parlant puisqu’elle frôle les 2/3 de leurs airs. Ainsi, même si dans cette seconde période aucun équivalent aux monumentales publications bachiques de Rosiers ne peut être trouvé, la proportion de musiques à boire augmente globalement dans les recueils d’auteurs mixtes : on passe de moins d’1/4 à quasiment 2/3 de pièces bachiques. La raréfaction des volumes exclusivement consacrés à l’univers bachique est donc compensée par une plus forte représentation des musiques à boire dans les recueils d’airs mixtes. Ce premier état de fait révèle l’importance que ces auteurs portent au répertoire bachique pendant plusieurs dizaines d’années3 – d’autant que chez Sicard4 et

Dubuisson, quelques livres constitués uniquement d’airs à boire sont à signaler.

Secondement, il faut noter que si Rosiers a été en mesure de publier autant de chansons, c’est qu’il est resté actif pendant presque 40 ans, contre 10 ans pour Dubuisson et à peine 20 ans pour Sicard. Sur une hypothétique tranche de 10 ans, la productivité de ces auteurs n’est donc pas si éloignée, même si Rosiers reste plus prolifique.

Enfin et surtout, les chansons et airs n’appartiennent plus au même type de musique et ne sont pas conçues pour la même consommation musicale ; elles ne sont pas comparables en termes de quantité par volume. Il a déjà été évoqué que de manière générale,

1 OSTADALOVA, Les livres d’airs de J. Sicard, p. 13.

2 Quelques doublons musicaux et/ou poétiques sont à signaler dans ce compte ; nous incluons ici tant les doublons

stricts que les textes poétiques ou musiques similaires. Cf. an. III pour les détails de ces doublons.

3 C’est en grande partie en tant que compositeurs de musiques bachiques que ces auteurs se sont fait connaître. 4 Il a dû être reproché à certains auteurs, comme Sicard, de ne publier que des airs à boire. Celui-ci se défend en effet

de ne publier que des airs bachiques dans la préface au lecteur de son livre de 1668, en expliquant qu’il est tout à fait en mesure de composer des airs sérieux, cf. p. 308.

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la musique prend de plus en plus d’importance face au texte poétique au cours du XVIIe

siècle. Les petites chansons courtes et efficaces s’effacent au profit des airs qui se complexifient, sont peu à peu mis en partition et prennent de plus en plus de place dans les livres de musique1. Ainsi, le fait qu’il y ait moins de pièces bachiques – ou de pièces

musicales en général – publiées chez certains auteurs ne signifie pas que ces dernières sont moins populaires, ni que l’engouement du public faillit. Il faut plutôt s’intéresser aux évolutions éditoriales, et au type de consommation musicale concernée.

Une situation similaire à celle des volumes d’auteurs est attestée dans les recueils collectifs. Signalons que l’étude de ces publications présente un intérêt supplémentaire étant donné que ce sont des volumes d’airs et de chansons directement compilés par Ballard2 et ne

dépendant donc pas du bon vouloir d’un seul auteur.

Dans les recueils collectifs des Chansons pour danser et pour boire, publiés sous l’ère de la Chanson donc, on constate une proportion de pièces bachiques plutôt faible, mais qui semble tout de même plus importante que celle présente dans les volumes monographiques que nous avons pu consulter et/ou dépouiller. En effet, le pourcentage de chansons à boire oscille entre 10% et 30%, pourcentage légèrement plus élevé que dans les volumes d’auteurs de cette première période :

Graphique I.13 : Évolution du pourcentage de pièces bachiques dans les Chansons pour danser et pour boire (de 1627 à 1669). Les valeurs sont exprimées en pourcentage de pièces bachiques par volume.

Un autre constat s’impose. Ce graphique nous informe que pendant une dizaine d’années, la présence de pièces bachiques augmente régulièrement (de 1627 à 1637) avant de décroitre lentement jusqu’à la fin de la décennie 1660. Seul un soubresaut en 1668, sous la direction éditoriale de Bacilly, vient perturber cette lente décroissance. Quelle explication trouver à

1 Le texte poétique prenant moins de place que le texte musical.

2 À l’exception des Livres de chanson pour danser et pour boire publiés à partir de 1663, dont l’édition musicale est confiée

à Bacilly. 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%

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cette chute ? Le second graphique (I.14) confronte la courbe du graphique précédent (I.13) aux dates de publications des Libertés et Alphabet de Rosiers :

Graphique I.14 : Parallèle entre l’évolution du pourcentage de pièces bachiques présentes dans les Chansons

pour danser et pour boire et les parutions des recueils Rosiers.

Le résultat est sans appel : à partir du moment où les publications de Rosiers se multiplient, la proportion des chansons à boire chute de manière drastique dans les Chansons pour danser

et pour boire. A contrario, trois « pics » de proportions de chansons à boire publiées dans les Chansons pour danser et pour boire en 1661, 1664 et 1668 interviennent à un moment où aucun

nouveau volume de Rosiers n’est publié. D’autre part, la concentration du nombre important de volumes de Libertés édités entre les années 1646 et 1660 (10 volumes) est sans doute à mettre en lien avec la faible présence des recueils de Chansons pour danser et pour boire dans cet intervalle de dates (5 volumes seulement). Est-il question ici de « concurrence » directe entre Rosiers et d’autres auteurs qui publient leurs chansons dans les Chansons pour

danser et pour boire ? Ou serait-il possible qu’une partie des chansons éditées dans ces volumes

collectifs soient en réalité de sa main ? Grâce au signalement de Ballard et à la présence d’une épître dédicatoire, on sait que les chansons à boire des volumes de 1637, 1638 et 1639 sont en grande partie de lui ; il est donc possible d’imaginer que Rosiers ait continué à publier certaines de ses compositions dans ces recueils. Or, pourquoi ne pas préciser qu’il est l’auteur des chansons comme c’était le cas dans les publications précédentes ? Nous ne privilégions pas l’hypothèse que les chansons soient de la main de Rosiers, d’autant que dans les volumes de 1661, 1664 et 1668 présentant les pics de proportions de chansons à boire, ces dernières sont majoritairement attribuées à Bacilly (notamment grâce aux indication fournies par le volume 14 des Recueils de vers mis en chant1 et ce que suggèrent les

pièces liminaires des volumes de Chansons). Il est plutôt probable que Ballard n’ait pas souhaité mettre en concurrence directe les chansons à boire issues de ces deux publications

1 Recueil de tous les plus beaux airs bachiques, Avec les Noms des Autheurs du Chant, & des Paroles, Paris, G. de Luyne ou R.