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3.3.1 La vue aux KUB, KOL et ALL

Dans le cas du Musée d’art de Bregenz, le sens de la vision semble jouer un rôle de premier plan dans l’expérience perceptive globale. L’œil serait particulièrement actif lors de l’expérience des espaces du KUB. « The eye finds natural conditions (as with light and changeable clouds) - it must “work”, it must adapt. » (Achleitner, 1998, p. 53) Les écrits d’Achleitner et de Moldoveanu témoignent d’éléments qui se dévoilent de façon manifeste ou qui se dérobent à la

vue du visiteur.« One can grasp the gallery at a glance. » (Achleitner, 1998, p. 52)

The skin is surprising at close view, being an endless succession of “scales” made of translucent glass. Their disposition creates the optical effect of a vibrating surface, but in fact they are the same smooth panels that make up the inside ceilings. (Moldoveanu, 2000, p. 60)

« Peter Zumthor denies them (visitors) a view onto the lake. » (Achleitner, 1998, p. 55) « All these “workings” are hidden
away between the external façade and the corners of the rooms, as well as behind
ceilings and underneath floors. » (Moldoveanu, 2000, p. 59)

En ce qui concerne le Musée Kolumba, la vue participe plutôt à un effet d’ensemble, à une lecture des différentes ambiances qui ne s’appuierait pas sur un appareil sensoriel plutôt qu’un

autre. La vision est mise au service de la découverte des effets atmosphériques (la qualité particulière de la lumière, par exemple). Kraus et Schmidt soulignent que les vues vers la cathédrale, entre autres, instaurent un dialogue intérieur-extérieur ponctuel. « In reviewing an exhibition, one journalist wrote that in Kolumba everything was so well assembled, the viewing axes so clear, that one could almost get the impression that we had shifted the Cologne Cathedral to here. […] Peter Zumthor understood this very well and stages wonderful views to the city from the new building. » (Kraus et Schmidt, 2011, p. 31) Norbert Schmidt va jusqu’à dire que, depuis l’intérieur du bâtiment, d’aucuns pourraient avoir l’impression que la cathédrale s’est tournée vers Kolumba. Le guide d’observation directe annoté par la chercheuse témoigne de contrastes visuels marqués. « Contrastes – Ombres et lumière surtout […] Contrastes – Ajouts de matières découpées sur fond de béton (bancs de cuir) » (Parenteau, 2016a)

Les documents portant sur le Musée de la mine de zinc font état de vues minutieusement cadrées sur les potentiels narratifs du site. « Linked by narrow paths that traverse the site

choreographing a changing sequence of views, the museum overlooking the cliff face down which the zinc ore was originally thrown. » (Slessor, 2017) « The industrial archaeology of the site is scarce, but by walking the trail picked out by the architect you see traces of what came before […]. » (Bell, 2016) L’oeil est stimulé par la différenciation marquée entre architecture et nature. « […] their intense, light-sucking blackness against the snow has a curiously concentrated visual potency. » (Slessor, 2017)

3.3.2 Le corps dans l’espace aux KUB, KOL et ALL

Le rapport du corps à l’espace au KUB est dépeint de manièere éloquente par Achleitner. Il s’agit d’un ressenti très particulier, celui d’un phénomène « statique dynamique ». Le corps du visiteur fait l’expérience du mouvement dans l’immobilité. « This spatial concept of a “dynamic static” (as if Zumthor wanted to emphasize the solemn peace of his spaces by means of slight movement) corresponds to the “atmosphere” of a Kunsthaus to a particular degree. » (Achleitner, 1998, p. 52)Le déambulatoire est directionnel, un parcours obligé ; le visiteur « suit le courant ». « Only those taking the shorter way along the « stair slab » move “against the tide” for a short distance. » (Ibid.) Son système vestibulaire est interpellé, il ressent le poids, la gravité. « (…) the

supporting concrete walls (…), an additional moment of physical and psychological stability joins the visual. » (Id., p. 53)

Au KOL, le corps est guidé, attiré par les circulations verticales étroites et les points de clarté. Certaines salles aux volumes surdéterminés et dépouillés donnent au visiteur l’envie « d’habiter l’espace ». D’autres plus bas et restreints suggèrent une « impression de

resserrement ». (Parenteau, 2016b) La déambulation est lente et facile, la chercheuse la décrit comme « presque cérémonieuse ».

À Allmannajuvet, le corps se sent oppressé par les espaces confinés, la lourdeur est perçue physiquement. « Dark, seamless walls contrive a sensuous intimation of physical mass, giving the structures an introverted quality interrupted by strategic slashes of glazing. » (Slessor, 2017) Le visiteur traverse le site afin d’atteindre les pavillons. Plutôt qu’un déambulatoire contemplatif, le parcours extérieur consiste plutôt en une courte pérégrination durant laquelle le corps confronte le caractère abrupt et historiquement chargé du paysage. « The industrial archaeology of the site is scarce, but by walking the trail picked out by the architect you see traces of what came before […]. » (Bell, 2016)

3.3.3 L’ouïe aux KUB, KOL et ALL

Moldoveanu est le seul à parler des qualités acoustiques des espaces du KUB « All the interior
spaces are “enveloped” by very large
technical chambers in order to be able to
control […] not only
the diffusion of light but also the heating system, the various changes required by
 museum activity, air circulation and
acoustics. » (p. 60)

L’atmosphère sonore de la rue parvient jusqu’à l’intérieur de l’espace des fouilles situé au rez-de-chaussée du KOL. « The so-called filter brickwork allows for light and air to pass through, thus creating a lively connection between inside and outside, optically as well as acoustically. » (Mennekes, 2011, p. 69) Le son, tantôt magnifié par l’écho, tantôt quasi absent, devient une

présence connotée qui accompagne le visiteur dans sa lente progression. La chercheuse note : « Acoustique - Omniprésente - Église, monastère - Contamination de pièces en pièces - Matériaux + hauteur = écho ». (Parenteau, 2016a)

À Allmannajuvet, l’expérience auditive est complètement absente des récits bien qu’on puisse imaginer la présence du vent, les chants d’oiseaux, l’écho.

3.3.4 Le toucher aux KUB, KOL et ALL

L’expérience tactile au KUB se résume à l’allusion unique d’une surface lisse. « Their disposition creates the optical effect of a vibrating surface, but in fact they are the same smooth panels that make up the inside ceilings. » (Moldoveanu, 2000, p. 60)

Au Musée Kolumba, la chercheuse note que les textures sont parfois granuleuses et crayeuses « Surfaces crayeuses (répulsion) murs, planchers, pierres, murs des salles », parfois douces et lisses « Main-courantes, soie +++ (vaporeux, doux, fin) ». Les reliefs de l’ancienne pierre et de la nouvelle brique appellent à l’exploration tactile. « The visitor’s contemplative gaze encounters the field of history as a room. With all his senses, he takes in the testimonies of the past, the open vaults, the spolia, fragments, foundations, and wall remains. » (Mennekes, 2011, p. 69) Une unique mention de ressenti thermique est relevée par la chercheuse : le métal est « froid et lourd ». (Parenteau, 2016a)

En ce qui concerne les expériences tactiles au ALL, le visiteur est en relation de proximité avec les textures du zinc et de la jute enduite. « Handles of rough forged zinc are the first things visitors touch as they enter each structure, a reminder of the utility, beauty and tactile power of this often disregarded metal. » (Slessor, 2017) « Zumthor […] became convinced the walls should be black after appraising the textural and visual impact of the pitch walls at the Serpentine. » (Ibid.)