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Corpus et méthodologie de la recherche

1.3.2.2.1. Le quotidien d’Oran

Le Quotidien d'Oran est un journal algérien d'une périodicité quotidienne, un quotidien d’information francophone implanté à Oran en 1994 par Mohamed Abdou Benabbou. Il est beaucoup plus consulté et lu à l'ouest de l'Algérie que dans le reste du pays et c'est sans le moindre doute le plus répandu des journaux d'expression française à l'ouest algérien. Aussi se distingue-t-il par son ambition de conquérir un lectorat important en lui offrant une large palette d’informations, touchant à tous les aspects de la vie de tous les jours, et par son originalité dans la diffusion des informations et dans le mode de lecture.

A ce propos, le directeur du journal commente :

Ma première préoccupation en tant que responsable de cette édition est de veiller à maintenir et à sauvegarder dans le traitement de l’information ce qui est commun à tout le monde sans préjugés et sans tabous, c’est-à-dire l’intérêt commun de tous, ceux qui sont braqués à l’ouest comme ceux qui le sont à l’est, [...]. Ceci fait que nous sommes estimés par l’opposition comme par le pouvoir. (Benabbou, 2009, p. 48)

Quant aux journalistes activant au sein du quotidien, il ajoute : « j’ai veillé à ce que

leurs colorations politiques soient les plus larges possible. Leurs origines géographiques et ethniques aussi. » (Benabou, 2009, p. 4)

En même temps, le Journal a la valeur d’un document extraordinaire avec une dignité et une fiabilité sûres, on peut le feuilleter d’une main légère, sautant d’un sujet à l’autre et se laissant accrocher par les nouvelles les plus intéressantes.

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En dépit de la spécificité régionale du quotidien en question, il se donne aussi comme tâche de traiter différents sujets nationaux et internationaux en leur réservant une partie considérable. Il touche également à tous les domaines de la vie et reflète une vision intellectuelle des faits majeurs chaque jeudi ; une sorte d’analyse politique renforcée par des idées lumineuses émanant des plumes d’intellectuels locaux et étrangers.

1.3.2.2.2. Le chroniqueur « El Guellil »

Après une courte expérience dans des études cinématographiques, « El Guellil », de son vrai nom Baba Ahmed Fodil, se consacre avec un groupe de journalistes aux écrits journalistiques (billets et chroniques) pour devenir célèbre en signant la chronique « Tranche de vie ». Il se distingue par son style original et son maniement unique du français et de l’arabe pour traiter des sujets sociaux tout en puisant de la langue orale de la société algérienne.

Il s’agit d’un pseudonyme qui signifie « le pauvre », « le malheureux » ou « le sous-estimé ». Un surnom déjà significatif et accueillant pour la grande majorité de la population algérienne, car la situation économique et le niveau de vie l’exigent. Ainsi capte-t-il un large lectorat partageant les mêmes soucis quotidiens et le même statut social, ou encore, les mêmes aléas de la vie quotidienne.

1.3.2.2.3. La chronique « Tranche de vie »

« Tranche de vie » est une chronique qu’on trouve à la treizième page du journal « Quotidien d’Oran » signé par « El Guellil ». Le nom de la chronique se peint d’une description réaliste et fidèle de la vie de tous les jours. Et qui signifierait une partie de la vie quotidienne algérienne. Cette chronique a pour thème récurrent la vie sociale des Algériens avec des titres souvent péjoratifs et un dessin caricatural représentant le sujet traité.

Concernant le style, ces chroniques, tranches de la vie de tous les jours des Algériens, favorisent la simplicité, le jeu de mots et le ludique dans les écrits renvoyant toujours à une réalité qui se nourrit, en permanence, de l’imaginaire du chroniqueur. Ce dernier tient à produire des textes humoristiques le plus souvent ambigus et qui traitent des sujets variés.

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La chronique « Tranche de vie » se caractérise, différemment des autres chroniques, par l’incongruité, l’ambigüité et l’ambivalence qui se manifestent par le passage facile du registre sérieux au registre ludique, par l’ironie et enfin par une inadéquation entre le thème et les propos en usant de mots avec des sens complètement absurdes par rapport au contexte. Elle se caractérise également par une grande richesse en termes d’emprunts et de néologismes usités librement en alternant entre codes (langues) et registres de langue. L’implicite et le jeu de mots sont aussi des traits pertinents aux yeux, même, des nouveaux lecteurs de cette chronique qui s’ébahissent et se noient aussitôt dans la profondeur et la sympathie des cacographies et des calembours signifiant, respectivement, mots volontairement mal orthographiés et des jeux de mots fondés sur l’homophonie et la paronymie pour des fins et connotations humoristiques.

Ce sont-là des caractéristiques de la chronique « Tranche de vie » que nous allons mieux élucider à travers une analyse qualitative par la suite.

1.3.2.2.4. La période

Nous avons entamé nos travaux de thèse par des lectures sur le thème de notre recherche en 2009. Notre choix du corpus portait sur la chronique « Raina, raîkom »1 de Kamel Daoud comme nous l’avons signifié précédemment. Toutefois, pour des raisons pratiques relatives à la pauvreté de la chronique en matière de création lexicales, nous avons changé de terrain tout en restant sur le même quotidien.

Nous avons donc, entre temps, opté pour la chronique « Tranche de vie », ce qui justifie le choix de la période. Donc, notre champ d’investigation porte sur un ensemble de chroniques publiées dans un journal quotidien d’expression française s’étalant du 1er aout 2012 jusqu’au 31 janvier 2013.

Extraire les nouvelles entrées néologiques pendant six mois, est l’équivalent du traitement de 180 chroniques, ce qui est largement suffisant pour mesurer la récurrence réelle des unités néologiques de façon large et précise.

1 L’intitulé de la thèse étant encore moins précis, nous avons opté pour un autre corpus. « Raina, Raîkom » est une chronique riche, beaucoup plus, en matière d’expression figées que de néologismes.

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1.3.2.3. Le corpus d’exclusion

Dans ce genre de recherches ou l’on doit repérer les néologismes, le corpus d’exclusion s’impose logiquement du moment où le sentiment de nouveauté vient à l’esprit du chercheur face à des mots déjà intégrés dans les dictionnaires de la langue et qui ne sont plus donc considérés comme néologismes. Ou, dans le cas inverse, lorsqu’un mot n’est pas intégré et que son usage est tellement fréquent qu’il ne semble pas innové récemment.

Mais la tâche est plus ardue1 qu’elle ne parait. En effet, la question du choix et du nombre de dictionnaires à consulter en corpus d’exclusion se présente comme problématique.

Sablayrolles affirme :

Un mot absent d’un dictionnaire n’est pas nécessairement un néologisme. Inversement, ensuite, -et ce phénomène est bien méconnu- la présence d’un mot dans un dictionnaire n’empêche pas que celui-ci constitue un néologisme dans l’énoncé où il se trouve. (Sablayrolles, 2008, p. 19)

Afin d’exclure donc de notre corpus toute entrée néologique déjà intégrée dans les nomenclatures, il est nécessaire de recourir, au minimum, à deux dictionnaires monolingues de la langue française ; l’un en version papier, l’autre électronique mis à jour incessamment. La version papier utilisée est Larousse 2013 ; quant à la version électronique, nous avons opté pour le Robert.