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La presse écrite et l’environnement linguistique en Algérie

1.2.6. La notion de communication dans la presse écrite

La communication est l’un des aspects essentiels du rapport de l’homme à l’existence, à l’existant et à la société. Elle permet de connaitre, de se faire connaitre et de faire connaitre. La presse aujourd’hui est devenu un nouveau moyen de communication car elle répond à un besoin fondamental, individuel et social qui se satisfait principalement par le langage et donc à travers un code linguistique.

1 Dans la terminologie récente dans le domaine, l’étymon arabe est appelé arabisme par analogie à l’anglicisme.

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Parler d’une communication entre journalistes et lecteurs, c’est parler d’une relation entre une institution et un public, c’est donc une communication unilatérale à sens unique. Les lecteurs ne pouvant réagir aux messages reçus d’une manière effective, ils consomment l’information et réagissent psychiquement. Car, même si la communication est unilatérale, il y a toujours réaction, ne serait-ce que psychologiquement en modifiant les comportements ou en changeant les idées et les jugements de valeurs du destinataire.

Ce nouveau moyen de communication, la presse, participe pleinement à la dynamique sociale en répondant aux exigences de la conjoncture socioculturelle et économique. La presse tâche donc de donner un sens au monde et à l’histoire, elle propose une représentation objective du réel social et assume la fonction de produire un « effet de réel », tel qu’il est exprimé par Barthes.

A cet effet, Benzelikha souligne :

Cette inscription socio-historique soumettra les journaux à des conditions de production particulières d’ordre économique et politique. Moyen de communication, la presse est une praxis socioculturelle, fondée sur la praxis linguistique et constituée selon une vision du monde, celle de l’idéologie dominante de la société où elle voit le jour. (Benzelikha, 2005, p. 12)

La presse peut être appréhendée comme le résultat d’un procès de production à double volet, social et linguistique ; ces derniers sont déterminés par une exigence socioculturelle et ils sont mutuellement déterminants.

En effet, d’un côté, le produit écrit sert à faire changer une idéologie ou à en installer une autre au sein d’une société, il véhicule des valeurs socioculturelles, politiques et économiques, aussi propose-t-il une interprétation du réel social et donc contribue à l’organisation et à la modification du volet social. Ceci est d’ailleurs l’objectif premier de la presse.

De l’autre côté, le statut de la presse comme moyen de communication de masse et les fonctions qu’elle assure ainsi que les enjeux dont elle est l’objet sont autant de facteurs qui influencent la manière d’écrire (le volet linguistique). L’acte de communication est donc soumis aux contraintes sociales, culturelles et économiques.

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1.2.6.1. Le contrat de communication entre journaliste et lecteurs

Dans son acception la plus large, le contrat de communication signifierait une convention communicative virtuelle qui assure la fluidité du message, et pour l’établir, plusieurs facteurs sont de l’ordre du nécessaire, tel que le code commun entre émetteur et récepteur, un canal permettant le passage du message et un sujet d’échange intéressant les interlocuteurs voire même une intention de communication partagée.

Pour les sémioticiens, pour les analystes du discours et pour les psychosociologues du langage, toute communication consiste à faire passer un message de la source vers une cible, le passage du message n’est possible que si les deux pôles (émetteur et récepteur) partagent, plus au moins, un minimum de sens commun sur le contenu du message.

Dans ce sens, Charaudeau parle de « contrat de parole », le définissant comme :

L’ensemble des conditions dans lesquelles tout acte de communication (quelle que soit sa forme, orale ou écrit, monolocutive ou interlocutive). Il est ce qui permet aux partenaires d’un échange langagier de se reconnaitre l’un l’autre avec les traits identitaires qui les définissent en tant que sujets de cet acte (identité), de reconnaitre la visée de l’acte qui les surdétermine (finalité), et de s’entendre sur ce qui constitue l’objet thématique de l’échange (propos) et de considérer la pertinence des contraintes matérielles qui déterminent cet acte (circonstances). (Charaudeau, 1983, p. 50)

Il semble pertinent, à travers cette citation, que la conformité notionnelle et sémantique des deux termes est évidente. « Contrat de parole » et « contrat de communication » versent sur la convenance entre les interlocuteurs des propos du message, des circonstances de la production du message, de la finalité des propos échangés et de l’identité des deux pôles de la communication.

Dans la perspective de notre cas de recherche, nous focalisons notre attention sur les facteurs relatifs au code (propos ou langue) et à l’identité, lesquels revêtent une grande importance, aux yeux des spécialistes en sciences de communication médiatique, quant à cette relation de complicité censée se nouer entre lectorat et journalistes. En effet, l’usage d’une langue plus proche de la réalité linguistique des lecteurs, entre autres, les proverbes et les expressions populaires, la néologie et l’emprunt voire même le registre de langue familier favorisent cette relation de rapprochement. Aussi, journaliste et lecteurs doivent-ils partager les mêmes traits sociaux pour une situation potentiellement communicative.

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Pour plus de clarté, nous empruntons le schéma de communication de Delbecque (2002, p. 225), à partir de son œuvre Linguistique cognitive. Comprendre comment

fonctionne le langage qui centre l’interprétation du message sur le fond culturel partagé

entre émetteur et récepteur :

COMMUNICATION

Mode d’expression Monde du locuteur / interlocuteur Fonds culturel

Connaissance du monde Idées et sentiments Non Para- Verbal

Verbal verbal

Ecrit Oral

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