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Qu’est-ce qui caractérise la professionnalité des animateurs socioculturels romands dans un métier marqué la pratique militante et bénévole ?

Comment se forme l’identité professionnelle dans un métier émergent et lié à l’évolution de la société ? Est-ce que le modèle de la professionnalisation peut s’appliquer à ce type de métier ?

Chapitre 6 - Dispositif méthodologique

La démarche se situe dans une approche qualitative et holiste qui permet d’appréhender une réalité dans un ensemble complexe. L’approche biographique permet d’aborder la dynamique, le parcours dans la temporalité pour une analyse des processus.

CORPUS

Recueil d’un corpus de 3 entretiens biographiques auprès de professionnels vaudois, récemment retraités de l’animation socioculturelle. La production des données s’appuie sur le récit biographique, ce dernier est orienté sur le parcours professionnel en ASC.

ACTEURS CIBLÉS

Cela donne accès à une population ayant travaillé dans la même région et la même période, donc en lien avec des contextes socio-historiques similaires. Il s’agit de s’adresser à des personnes ayant travaillé dans l’ASC au moins 20 ans, voire plus si possible. En l’occurrence, les 3 personnes interviewées s’approchent toutes de 40 ans d’exercice du métier.

Compte tenu que le métier est exercé tant par des hommes que des femmes, il s’agit aussi dans la recherche d’accéder au point de vue d’hommes et de femmes dans les récits.

Ces éléments déterminent des critères pour créer une liste de personnes à approcher. Une première liste d’animateurs récemment retraités peut être établie sur la base de figures connues de la profession, par contacts avec le réseau de la plateforme romandes de l’ASC, la FASL, l’Intercentre vaudois et les écoles de formation HETS, aussi afin d’obtenir les coordonnées. Pour identifier les personnes à contacter, les personnes interviewées peuvent être des ressources également. Il se trouve que les premières personnes contactées nomment les mêmes que ceux identifiés initialement via les 2 entretiens exploratoires, et possèdent des coordonnées qu’ils me transmettent.

Se pose la question de la délimitation des champs de pratiques, ou de la prise en compte de divers champs d’intervention. Auquel cas, il faudrait aussi prendre en compte des animateurs issus de l’animation en EMS5, de l’organisation communautaire ou d’associations diverses à buts non lucratif.

TRAITEMENT DES ENTRETIENS

Il s’agit de traiter les données dans une dimension compréhensive à partir du cadre théorique qui définit certains concepts et dans une démarche exploratoire selon ce qui émergera des récits sur le parcours. Il ne s’agit pas de faire « la preuve » ni de vérifier des hypothèses mais plutôt d’en produire à travers l’analyse des récits pour mieux comprendre ce qui caractérise la professionnalité des animateurs socioculturel des premières générations.

Le cadre théorique développé sur la base du concept de parcours professionnel délimite le cadre de la production des données afin de dresser des portraits significatifs de parcours professionnel. Il s’agit d’établir aussi des liens avec les dimensions socio-historiques et les thématiques identifiées par le cadre théorique initial.

Cependant, ces thématiques sont aussi évolutives. Une part découlera des éléments et des catégories qui émergeront et supposera dès lors de définir les notions théoriques qui se rattacheront à ces catégories ou registres de l’activité.

5 Etablissements médicaux-sociaux, principalement auprès d’aînés

LA QUESTION DE LANONYMISATION

Compte tenu des acteurs ciblés, figures de l’animation socioculturelle vaudoise, et de la nature publique de leur action, il serait illusoire de penser pouvoir réellement anonymiser les entretiens. D’autant plus que le milieu de l’animation est relativement petit et qu’il serait facile pour des acteurs du champ de reconnaître les personnes à travers leur histoire. Cela supposerait de les décontextualiser ce qui est un non-sens.

Dès lors, cet aspect est clairement annoncé dans la préparation des entretiens (il a été également renégocié pour le premier entretien) et un formulaire a été préparé pour leur accord de principe et obtenir leur consentement (en annexe). Celui-ci reprend le guide d’entretien pour un accord situé et un consentement éclairé. Il reprend la structure du formulaire proposé par la commission d’éthique, toutefois celui-ci a été reformulé pour être adapté à l’épistémologie dans laquelle ce projet de recherche s’inscrit6.

Les entretiens sont malgré tout partiellement anonymisés dans la mesure où les acteurs citent d’autres personnes qui n’ont pas eu leur mot à dire. Les changements de prénoms sont mis entre [ ] dans les transcriptions. Certains passages sont également supprimés des transcriptions étant impossibles à anonymiser et mettant en cause des tiers sur des aspects sensibles. A noter aussi, deux interviewés se font mutuellement référence dans leur parcours ayant travaillé ensemble et moi-même étant une actrice de ce champ j’ai un lien plus ou moins étroit avec ces acteurs.

CONDUITE DES ENTRETIENS

Cette proximité avec les acteurs a permis de créer un cadre pour les entretiens où l’écart de statut est minime, dans la mesure où l’intérêt pour le champ de l’animation est partagé et que cela implique aussi un langage partagé. J’ai présenté ma démarche d’étude pour solliciter les entretiens, et envoyé au préalable le guide d’entretien pour préparer au récit. Ces éléments ont été aussi repris au début des entretiens, le guide posé sur la table pour que chacun puisse s’y référer.

Il s’agissait avant tout de recueillir un récit. Le guide servait à poser le cadre de la recherche et oriente l’objet du récit sur le parcours professionnel. Il n’y avait pas de questions formulées d’avance mais des points d’attention et des grandes thématiques en lien avec les sphères personnelles et professionnelles qui traversent les parcours en général. Ces éléments d’attention orientent la production des discours mais restent non inductive sur les objets du propos.

De manière générale, je me suis mise dans une posture d’écoute active, et les questions au cours de la première partie des entretiens visent à éclaircir des éléments abordés par les interviewés, ce sont principalement des questions de compréhension soit pour situer les époques, soit pour amener des explicitations plus approfondies sur des propos tenus. Dans un 2e temps, certaines questions visaient à amener la parole sur des points d’attention qui n’avaient pas été directement abordés comme le sens et les valeurs attribuées au métier. Dans un 3e temps, je me suis aperçue qu’au fil de l’entretien j’ai été amenée à partager des points de vue d’acteur, notamment en lien avec une expérience partagée avec eux et d’évoquer aussi certaines hypothèses qui émergeaient au fil du travail. Cela amenait aussi les personnes à se positionner par rapport à ces objets.

6 A noter, que ce projet a été initié avant l’obligation de soumission des projets d’étudiants à la commission d’éthique

Globalement, cela démontre aussi à quel point l’entretien de recherche est une co-construction, et que dans le récit biographique un pacte se scelle entre le chercheur et l’informateur. Un partenariat se construit dans la recherche avec l’acteur – auteur de son histoire de vie. Dans une perspective interactionniste, nous voyons ici ce que ce paradigme de l’action amène dans la recherche en sciences de l’éducation et dans le travail d’analyse personnel qui dans sa dimension interprétative conduit à ce dialogue intra-personnel et la conversation avec « un autrui généralisé » qui participe de la construction de la connaissance. (Schurmans, 2008, p.304)