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tâches. Par conséquent, en tant qu’enseignante primaire, je me questionne : comment pourrions nous susciter l’intérêt des élèves de l’école primaire pour la grammaire ?

2. Questions de recherche et hypothèses

2. 1 Première question de recherche

Le champ des représentations des enseignants vis-à-vis de la grammaire a déjà été exploré et il semblerait que l’image d’une discipline “poussiéreuse”

et dénuée de sens lui “colle à la peau”, tant chez les enseignants que pour les élèves. Cependant, considérant tous les changements mis en place pour donner à nouveau du sens à la grammaire, en l’inscrivant notamment dans un but utilitariste – pouvoir s’exprimer correctement dans des situations discursives de la vie quotidienne – il semble quelque peu contradictoire que cette image persiste dans notre société actuelle. Ainsi, il serait intéressant de comparer ce que nous dit la littérature à ce sujet avec le discours d’enseignants de l’école primaire, cette fois-ci. En effet, seuls les représentations des enseignants du secondaire ont été relevées jusqu’à présent et à ma connaissance. Cela me permettrait de vérifier, modestement et à petite échelle bien sûr, cette vision, au demeurant, négative de la grammaire : les représentations des enseignants sur l’enseignement de la grammaire correspondent-elles à la littérature sur le sujet ? Il s’agirait également de questionner plus précisement le lien entre la grammaire et la motivation pour les enseignants eux-mêmes et l’idée qu’ils en ont, concernant leurs élèves.

Hypothèse

Je fais l’hypothèse que les représentations des enseignants ne correspondent pas totalement à la littérature qui l’étudie. La représentation que l’on peut se faire d’une discipline reste très subjective et repose sur plusieurs facteurs

; notre parcours, nos préférences, nos compétences et connaissances, etc.

Nous pourrions alors nous demander si les “idées reçues” concernant la grammaire ne provoqueraient pas un effet de généralisation selon lequel personne n’apprécierait la grammaire, les enseignants y compris. Ainsi, sans toutefois remettre en questions les études et les recherches menées à ce sujet, il serait possible que, dans une volonté de “suivre le mouvement” le discours des enseignants interrogés ait été inconsciemment biaisé. De plus, les

études étant ancrées dans le contexte du secondaire, il est probable qu’au vu de l’âge et des savoirs plus complexes en jeu, le rapport à la grammaire ne soit pas le même chez des élèves plus jeunes et leurs enseignants.

2. 2 Deuxième question de recherche

Après avoir exploré les champs étudiés par les auteurs, je me suis rendue compte qu’ils ne s’attardaient pas – ou très peu – sur le type de tâche motivante pour les élèves en grammaire. Certes, ils donnent des pistes très précieuses concernant la démarche à suivre, les activités à privilégier ou encore les modalités sociales et l’attitude de l’enseignant, mais ils n’abordent pas ce qui se situe “en dessous de l’iceberg”. La démarche est une chose, mais elle dépend également du type de tâche; identification, manipulation ou production et plus précisément, des actions qu’elle cherche à mobiliser de la part des élèves. En effet, Bulea Bronckart, Marmy Cusin et Panchout Dubois (à paraître) expliquent que les exercices grammaticaux impliquent diverses actions attendues de la part des élèves. Les auteures regroupent les actions attendues des élèves en cinq catégories illustrées par leur schéma ci-dessous (p. 7).

Les actions de type 1 et 2 pourraient s’inscrire dans une tâche de type manipulation, dans le sens où ces actions se prêtent bien à la manipulation d’un corpus de phrase par les élèves, qui aboutirait à définir la notion. Les actions 3 et 4 seraient relatives à une tâche de discrimination : comparer et nommer les fonctions grammaticales par exemple permet de les repérer et de pouvoir les identifier clairement. L’action 5 semble faire référence à une tâche de production. Nous pourrions ainsi questionner l’influence du type de tâche; manipulation, discrimination ou production et des actions qu’elle induit, sur la motivation de l’élève : quelle(s) tâche(s) serai(en)t plus propice(s) à capter l’attention de l’élève durant les leçons de grammaire, et pour quelles raisons ?

Hypothèse

Je fais le postulat que selon le profil des élèves, le type de tâche qui les motiverait le plus pourrait lui aussi varier. L’élève sans difficultés pourrait trouver les activités de production et de manipulation davantage intéressantes que celles de repérage (discrimination) de la notion, qu’il pourrait juger trop simple, repérée une première fois. En effet, réaliser des transformations sur la phrase pourrait présenter un challenge chez ce type d’élève et réveiller sa curiosité. La tâche de production serait l’occasion pour lui de tester l’appropriation du contenu, ce qui pourrait à nouveau être perçu comme un « défi » à relever. A l’inverse, un élève avec davantage de difficultés sera peut-être plus à l’aise et ainsi plus motivé dans les tâches de discrimination qui ne demandent pas de sa part une multitude d’actions différentes comme c’est le cas pour les tâches de manipulation ; « observer, supprimer, déplacer, remplacer » (Bulea Bronckart, Marmy Cusin et Panchout Dubois, 2017, p. 7). Je postule que ce type de tâche pourrait provoquer une surcharge cognitive chez l’élève qui finirait par le décourager. Les tâches de production supposant une bonne assimiliation de la notion ainsi qu’une remobilisation des caractéristiques pourrait également s’avérer trop complexe.

2. 3 Troisième question de recherche

Enfin, les auteurs se sont souvent intéressés aux manuels d’enseignement de la grammaire, d’ailleurs régulièrement considérés comme source de son image “ moyenâgeuse”. Là encore de nombreuses modifications ont vu le jour afin de moderniser les ouvrages, mais peu d’attention a été prêtée aux autres supports utilisés en grammaire (mais aussi dans d’autres disciplines

scolaires). En effet, les fameuses fiches d’exercices semblent avoir participé au désintérêt des élèves, ce qui peut, de nos jours être relativement compréhensible. Il est vrai qu’avec l’arrivée des tableaux interactifs et autres technologies, on peut se demander si l’on ne pourrait pas utiliser ce genre de supports pour “ redorer le blason” de la grammaire. En effet, il existe une variété de supports que l’on pourrait exploiter pour traiter la grammaire, à défaut du mode papier-crayon, tels que l’utilisation du projecteur, les jeux de cartes ou les exercices sur ordinateur. Je pose donc la question suivante : lequel de ces quatre supports serait le plus enclin à développer l’intérêt des élèves pour la grammaire ?

Hypothèse

J’avance l’hypothèse selon laquelle l’utilisation du projecteur susciterait plus de motivation chez les élèves que les supports papier-crayon, ce matériel attirant déjà davantage l’œil de l’élève. Les dispositifs tels que les jeux de cartes ou des cartes effaçables pourraient être plus efficaces en donnant peut-être moins l’impression aux élèves d’être réellement en train de travailler la grammaire. Enfin, il serait intéressant de pouvoir “vérifier” le postulat – qui me semble correct – selon lequel les activités sur ordinateur seraient les plus probantes en termes d’intérêt des élèves.