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5. L’INTERRELATION ENTRE LA RECHERCHE, LA FORMATION ET LA PRATIQUE

4.1 Le questionnaire de mesure des émotions

Avant de présenter l’outil qui sert à mesurer les émotions, certaines précisions concernant les émotions sont apportées. Tout d’abord, il est observé dans la littérature que la terminologie utilisée pour désigner les émotions est diversifiée (Davidson, 1994). En effet, dans le domaine de la psychologie, on fait référence aux émotions, mais aussi à plusieurs termes comme les affects, les sentiments, les humeurs, les états émotionnels sont souvent utilisés de façon interchangeable et sans distinction entre eux (Davidson, 1994; Pugh, 2006). Ainsi, dans cette recherche, le mot émotion est employé pour parler de l’ensemble de ces termes. D’ailleurs, Watson et al. (1988) ont également développé le questionnaire de mesure sélectionné, le Positive and negative affect schedule (PANAS), dans cette optique. Pour eux, la structure des expériences émotionnelles repose sur deux éléments théoriques importants : les émotions discrètes et les dimensions des émotions (Watson et Clark, 1997). Les émotions discrètes réfèrent aux émotions de base comme la peur et la tristesse. Ces dernières ont été relevées dans différentes études et se mesurent par leur intensité (Watson et Clark, 1994; Zuckerman et Lubin, 1985), alors que les dimensions des émotions renvoient aux polarités positives ou négatives qui les caractérisent comme étant plaisantes ou désagréables (Feldman, 1995; Watson et Tellegen, 1985; Watson, et al., 1997). Bien que des critiques reprochent au PANAS d’utiliser une définition controversée des émotions (Ekman et Davidson, 1994) dont les mesures produites ne concernent pas exclusivement des émotions, mais aussi un mélange d’humeurs et d’affects (Ekkekakis, 2013), sa robustesse et sa fiabilité sont bien

démontrées (Watson et Clark, 1997). Cette chercheure et ce chercheur soutiennent que les émotions surviennent de façon passagère, par épisodes intenses alors que la vie quotidienne tend à se dérouler dans des états émotionnels d’intensité faible à moyenne (Diener et Iran-Nejad, 1986; Watson et al., 1988).

Le PANAS est un instrument construit à partir d’un échantillon d’adultes soumis à une liste de nombreux descripteurs dans le but d’en extraire les plus représentatifs. Des auteures et des auteurs (Huebner et Dew, 1995; Laurent et Ettelson, 2001; Lonigan, Phillips et Hooes, 2003; Nelis, Bastin, Raes, Mezulis et Bijttebier, 2016) reconnaissent sa grande valeur psychométrique et indiquent qu’il peut aussi être utilisé auprès des enfants et des adolescentes ou des adolescents. D’ailleurs, les travaux menés par Allan, Lonigan et Phillips (2015) démontrent bien la validation de l’instrument après l’avoir soumis à plus de 600 adolescentes et adolescents américains. Cet instrument d’auto-évaluation est l’un des plus fréquemment utilisés pour mesurer l’expérience émotionnelle dans le domaine de la psychologie (Harmon-Jones, 2016 ; Weidman, Steckler et Tracy, 2016). Il a également l’avantage d’être court et simple à utiliser (Watson et al., 1988).

Le PANAS est constitué de 20 mots (indicateurs) qui se divisent en deux échelles : les émotions positives et négatives. Pour chacun des mots indiqués, la personne qui complète cette échelle doit déterminer dans quelle mesure elle ressent chacune de ces émotions, en se positionnant sur une échelle de Likert à cinq points (1 : Très peu ou pas du tout, 2 : Un peu, 3 : Modérément, 4 : Beaucoup 5 : Énormément). Le vocabulaire utilisé pour les indicateurs est constitué de dix termes positifs et dix négatifs. Les résultats du test informent sur les émotions en présence à certains moments ciblés, c’est-à-dire qu’il est possible de demander aux participantes et aux

participants d’évaluer comment ils se sentent au moment présent ou encore, comment ils se sentaient à un autre moment, comme au cours d’une journée, d’une semaine, d’une année ou en général (Watson et al., 1988). Les résultats indiquent donc l’intensité des émotions ressenties qu’elles soient positives ou négatives. Deux sous-échelles d’émotions sont calculées par l’instrument. Un score d’émotions positives est calculé par la somme des réponses obtenues aux dix items référant aux termes positifs et un score d’émotions négatives est calculé par la somme des réponses obtenues aux dix items référant aux termes négatifs. Les scores de chacune des sous- échelles varient donc entre 10 et 50. Un score élevé d’émotions positives indique que la personne se sent enthousiaste, active et alerte, qu’elle est dans un état de grande énergie, de concentration et d’émotions plaisantes. Tandis qu’un faible score d’émotions positives est caractérisé par de la tristesse et de la léthargie. Un score élevé d’émotions négatives correspond à de la détresse subjective, des émotions négatives et déplaisantes, alors qu’un faible score d’émotions négatives indique un état émotionnel calme et serein (Watson et al., 1988). Il est également possible d’obtenir un score final en soustrayant le score des émotions négatives au score des émotions positives.

L’instrument original possède un coefficient alpha de Cronbach de 0,86 à 0,90 pour les émotions positives et de 0,84 à 0,87 pour les émotions négatives, ce qui permet de constater sa fidélité. Il semble également valide puisque « la comparaison avec d’autres échelles semblables a établi sa supériorité » (Bouffard et Lapierre, 1997, p. 279). Le coefficient alpha de Cronbach calculé pour la présente recherche est de 0,88 pour l’échelle d’émotions positives et de 0,83 pour l’échelle d’émotions négatives. Considérant que le seuil d’acceptation de ce coefficient se situe à 0,7 (Hogan, 2007 ; Nunnally, 1978) et que ces résultats sont très comparables à ceux de l’outil

d’origine, la cohérence interne de l’échelle de mesure utilisée dans le cadre de la recherche appuie sa fidélité.

La version française et validée du PANAS de Gaudreau, Sanchez et Blondin (2006) est employée. La traduction a été effectuée selon la technique de la double traduction. Ces auteurs ont d’ailleurs utilisé cette version traduite auprès d’un échantillon d’athlètes francophones du Canada (Gaudreau et Blondin, 2002; Gaudreau et al., 2006) constitué d’adolescentes et d’adolescents. Des travaux de recherches menées en français ont également eu recours à cette traduction du PANAS (Barsics, Rebetez, Rochat, D’Argembeau et Van der Linden, 2017; Bouvet, Grignon, Zachariou et Lascar, 2015; Lalande, 2016). Le questionnaire de mesure du PANAS (Watson et al., 1988) traduit par Gaudreau et al., (2006) apparait en annexe E. L’autorisation d’utilisation a été obtenue auprès du professeur Gaudreau. Les consignes spécifiaient aux élèves qu’ils devaient indiquer, pour chacun des mots exprimant des émotions, à quel point ils se sentaient face à leur choix de carrière, et ce, depuis le mois de septembre précédant le 1er mars.