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2. LES ÉMOTIONS

2.2 Les principales caractéristiques des émotions

Les émotions sont généralement caractérisées selon leur type et leur polarité. Pour ce qui est des types d’émotions, on retrouve les émotions primaires et secondaires qui semblent s’imposer dans les écrits. En ce qui concerne les émotions primaires ou de base, leur nombre est variable selon les auteures et les auteurs. Panksepp (1994) en relève quatre, Johnson-Laird et Oatley (1992) en ciblent cinq, Ekman et al. (1984) en identifient six, alors que Tomkins (1962) en propose huit. Selon ces auteurs, ces émotions semblent être davantage reconnues comme étant innées et universelles, ce qui fut toutefois récemment contesté par les travaux en neuroscience de Barrett (2017). Cette dernière précise que les émotions ne sont pas universelles et qu’elles n’ont pas d’empreinte spécifique. Pour parler des émotions primaires, on réfère le plus souvent aux travaux de recherche d’Ekman (1973) qui a identifié six émotions : la joie, la peur, la colère, la surprise, la

tristesse et le dégout. Par ailleurs, on retrouve d’autres émotions comme l’excitation, l’intérêt, la honte, la détresse, la rage et la panique (Panksepp, 1994; Johnson-Laird et al., 1992 et Tomkins, 1962). En ce qui a trait aux émotions secondaires ou sociales (Damasio, 1999, 2000; Fineman, 2007) ou encore complexes (Oatley et Johnson-Laird, 1987), on croit plutôt qu’elles seraient apprises. Un apprentissage de la culture influencerait l’interprétation de la signification des émotions ainsi que de leur expression (Damasio, 1999; Fineman, 2007). Parmi celles-ci, on y retrouve l’inconfort, la jalousie, la timidité, la peine, la résignation, l’embarras, la culpabilité et l’orgueil (Ibid.). En ce qui concerne leur polarité7, on retrouve les pôles positif et négatif. Selon

les auteures et les auteurs (Clore, 1994; Cottraux et al., 2007; Damasio, 2000; Fineman, 2007; Frijda, 1994; Gallagher et Lopez, 2007; Gallo, 2004; Greenberg et al., 2003, Lazarus, 1994; Pugh, 2006; Safran et Greenberg, 1991; Tsahuridu, 2009; Uttl, Ohta, Siegenthaler, 2006), certaines émotions sont qualifiées d’agréables, positives, adaptatives alors que d’autres sont perçues comme désagréables, négatives ou inadaptées

Les émotions sont également caractérisées par leur durée et leur intensité. Il est soutenu par plusieurs auteures et auteurs (Criggler et Marion, 2012; Ekman, 1994; Frijda, 1994; Gallo, 2012; Greenberg et Paivio, 1997; Lazarus, 1994; Clark et Watson, 1994) que les émotions sont de courte durée. Elles possèdent également des intensités différentes et peuvent être mesurées par diverses méthodes (Berkowitz, 2000; Borod, 2000; Cottraux et al., 2007; Criggler et al., 2012; Damasio,

7 La terminologie « polarité » est utilisée dans cette thèse afin de faire référence au mot anglais « valence » présent

2000; Dantzer, 2002; Uttl et al., 2006), notamment par l’analyse des expressions faciales (Dantzer, 2002; Ekman, Friesen et Ellsworth, 1972; Izard et al., 1980), verbales (Dantzer, 2002), des mesures relatives à la température corporelle et au taux d’oxygène (Damasio, 2000), des outils technologiques sophistiqués comme l’imagerie numérique (Criggler et al., 2012, Damasio, 2000), des récits émotionnels et des analyses de mots (Dantzer, 2002; Ekman et Davidson, 1994), des positionnements sur des échelles de mesure de type de Likert ou des inventaires (Borod, 2000; Watson et al., 1988). Parmi ces différentes possibilités, il apparait que les quatre derniers outils de mesure des émotions semblent plus adéquats et accessibles pour cette recherche.

Les émotions sont également caractérisées par leur interaction dans l’environnement. Les émotions surviennent par l’interaction d’un individu dans son environnement et ont tendance à porter la personne à passer à l’action à la suite d’une situation ou d’un élément déclencheur (Birbaumer et al., 1993; Borod, 2000; Ellsworth, 1994; Greenberg et al., 1997; Greenberg et al., 1987; LeDoux, 2005; Levinson, 1994; Plutchik, 1984; Safran et al., 1991). Leurs impacts positifs et négatifs dans la vie des gens sont observés sur la santé humaine (Brillon, 2006; Damasio, 1999, 2000; Dantzer, 2002), tant du point de vue physiologique, psychologique que somatique que dans les relations sociales et les relations de travail (Fineman, 2012; Goleman, 1997; Greenberg et al., 1997; Mikolajczak et al., 2009; Saarni, 1999; Servan-Schreiber, 2003; Tsahuridu, 2012; Zerbe, Ashkanasy et Härtel, 2006).

Les émotions sont caractérisées comme étant des expériences subjectives pour les personnes qui les ressentent (Berkowitz, 2000; Birbaumer et al., 1993; Borod, 2000; LeDoux, 2005; Clore, 1994; Cottraux et al. 2007; Frijda, 1994; Greenberg et al., 1997; Greenberg et al.,

1987; Lazarus, 1991; Mandler, 1975; Miller et Kozak, 1993; Plutchik, 1984; Pugh, 2006; Safran et al., 1991; Scherer, 2000). Elles mettent en relation la subjectivité d’une personne à celle des autres dans la vie de tous les jours (Miller et al., 1993) et se déclenchent par ce qui est significatif pour une personne (Birbaumer et al., 1003). Les émotions peuvent être ressenties inconsciemment, c’est-à-dire que les individus ne prennent pas conscience de leur présence comme le soutien de nombreuses théories psychanalytiques dont celle de Freud, Jung, Horney et Sullivan, Rogers (Greenberg et al., 1987) et sont parfois spontanées et involontaires (Ekman, 1973; LeDoux, 2005). Les émotions peuvent également être ressenties de façon consciente lorsque la personne a conscience de ce qu’elle croit qui se produit en elle et qu’elle peut expliquer la signification que prend son expérience (Greenberg et al. 1987). Pour Fonagy et Target, 1996, une personne est consciente de ses émotions par le regard intérieur et privé qu’elle porte sur elle, tant sur le plan biologique que sur le plan des activités mentales et interpersonnelles. D’un point de vue neurologique, Damasio (1999) et Servan-Schreiber (2003) indiquent des rapprochements entre la conscience des émotions et le cerveau cognitif alors que les émotions inconscientes se rapportent davantage au cerveau émotionnel.

Eu égard aux différentes caractéristiques des émotions relevées, il apparaît possible d’identifier des émotions par leurs types (primaires et secondaires) et leur polarité (positive ou négative). Elles sont de courte durée, d’intensités variables et peuvent être mesurées par différents moyens. Les émotions semblent être déclenchées par l’interaction d’un individu dans son environnement et leurs impacts se répercutent dans la vie des gens. L’expérience subjective de ressentir des émotions pourrait se réaliser de façon consciente ou inconsciente.