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5. LES PROCÉDURES

5.2 La deuxième phase : collecte et analyse des données qualitatives

Le tableau suivant (Tableau 5) expose les différentes étapes de la deuxième phase.

Tableau 5. Étapes de la phase 2 : collecte et analyse des données qualitatives Étapes de la collecte et analyse des données qualitatives COLLECTE DES DONNÉES

Sélection du sous-échantillon

Contacter les sujets via le ou la spécialiste en orientation (communication, moment, local)

Préparation à l’entrevue Entrevues semi-dirigées

- consentement libre et éclairé - entretien

ANALYSE QUALITATIVE

Transcription du contenu des entrevues Exportation des données vers NVivo Lectures flottantes

Annotation des entrevues (rubrique) Annotation des entrevues (thèmes) Création des catégories conceptualisantes

Validation interjuges et validation des catégories (définir, propriété, conditions d’existence)

En ce qui concerne la deuxième phase de la recherche, la cueillette des données et l’analyse qualitative sont organisées de la façon suivante. Pour la collecte des données, les élèves sont sélectionnés, pour le sous-échantillon, selon la méthode d’échantillonnage décrite au point 2.3. Par la suite, ils sont contactés par une conseillère ou un conseiller d’orientation du milieu qui agit en tant que personne-ressource afin de faciliter la communication entre les élèves et la doctorante. Une date et une heure de rencontre entre l’élève et la doctorante sont fixées afin de procéder à l’entrevue semi-dirigée individuelle à l’école d’appartenance de l’élève selon les modalités

prévues dans l’entente de collaboration. Les réponses obtenues par le questionnaire de l’élève interviewé sont consultées pour servir de soutien lors de la préparation de l’entrevue semi-dirigée ou de son déroulement pour approfondir certains éléments, s’ils ne sont pas abordés spontanément par l’élève.

Le déroulement de l’entrevue semi-dirigée débute par une ouverture permettant d’obtenir le consentement de la participante ou du participant ainsi que son autorisation à être enregistré. Ce formulaire est présenté en annexe L. L’entrevue est conduite en se référant au guide d’entrevue. Une préparation permettant à la doctorante de s’approprier le matériel, de prévoir la gestion du temps ainsi que l’approche employée est préalablement effectuée. Une attitude d’écoute et de compréhension empathique est adoptée lors de l’entrevue. La durée de l’entrevue est évaluée approximativement entre 60 et 75 minutes, ce qui correspond également à la durée d’une période de classe au secondaire. Le moment de la rencontre est précisé lors de l’entente de collaboration avec les personnes représentantes des établissements scolaires. Dans tous les milieux, les entrevues ont été réalisées pendant les périodes de classe. La localisation d’un bureau permettant la confidentialité est requise ainsi qu’un appareil permettant l’enregistrement audio de l’entrevue. Pour clore l’entrevue, une synthèse de certains éléments est reformulée afin d’en vérifier l’exactitude et la compréhension de la situation. Puis l’état de l’élève est vérifié à la fin de l’entretien, de sorte à s’assurer que l’entrevue semi-dirigée ne porte pas atteinte à l’élève. Des remerciements pour avoir collaboré à la recherche sont adressés et une compensation monétaire est versée, selon l’entente conclue avec les représentants des écoles.

Afin de procéder à l’analyse des données qualitatives, une transcription du contenu des entrevues à partir de l’enregistrement audio est produite avec le logiciel de traitement de texte Word. Par la suite, ce matériel est transféré dans le logiciel NVivo 12 permettant d’effectuer une recherche qualitative mixte. Ce logiciel organise, analyser et de trouve des contenus pertinents parmi les données non structurées (QRS International, 2019). Des lectures flottantes des contenus des entrevues sont effectuées. Une annotation initiale manuscrite du corpus est réalisée directement sur les transcriptions dans le but de classer l’information recueillie pour la totalité des entrevues. La première méthode d’analyse utilisée dans NVivo concerne la création de rubriques qui « renvoie à ce dont il est question dans l’extrait du corpus faisant l’objet de l’analyse » (Paillé et Mucchielli, 2008). Par la suite, une considération particulière est accordée aux différentes thématiques qui émergent des rubriques, considérant que le thème réfère à ce qui est abordé lors de l’entrevue tout en fournissant des indications sur la teneur des propos (Ibid.). L’analyse thématique porte donc sur les thèmes liés à la compréhension de l’expérience émotionnelle des élèves au cours de leur processus décisionnel de carrière. Elle possède une visée plus descriptive. Les regroupements de thèmes portent sur le choix de carrière des élèves, les actions posées, les émotions ressenties et le soutien social.

Le recours à une seconde méthode d’analyse, à l’aide de catégories conceptualisantes, est employée. Ce type d’analyse a pour objectif de qualifier les expériences, les interactions et les logiques selon une perspective théorisante (Paillé et Mucchielli, 2008). La construction de sens et la conceptualisation de l’essence sont donc recherchées (Ibid.). La catégorie conceptualisante se définit comme une production textuelle qui se présente sous la forme d’une expression brève et qui permet de dénommer un phénomène perceptible à travers une lecture conceptuelle du matériel

à l’étude (Ibid.). Tandis que le concept correspond à des mots évoquant les idées contenues dans les données (Corbin et Strauss, 2008). Ce sont des interprétations, des produits de l’analyse (Ibid.). Pour effectuer cette analyse, des lectures flottantes des verbatim d’entrevues sont d’abord nécessaires afin de laisser émerger des catégories du corpus. L’analyse, à partir de catégories conceptualisantes, porte sur des sections spécifiques. Il s’agit des sections où la personne intervieweuse demande à la personne interviewée de reprendre chacune des actions qui ont été préalablement relevées dans la première portion de l’entrevue et de plonger dans le vécu émotionnel de son expérience lors du processus décisionnel de carrière. Au fil des lectures, des catégories sont identifiées puis annotées dans NVivo. Une attention particulière est portée afin de s’assurer que les catégories identifiées soient empreintes de sens et de compréhension du phénomène observé concernant les émotions ressenties au cours du processus décisionnel de carrière et les actions posées. Bien qu’une certaine proximité avec des concepts existants soit possible, il n’en demeure pas moins que la démarche est essentiellement inductive par la construction de la catégorie qui est ancrée dans la situation (Ibid.). Une recherche d’émergences suscite l’approfondissement de la construction des catégories. Afin d’interpréter les données empiriques, Miles et Huberman (2003) proposent treize tactiques : 1) Repérer les « patterns », les thèmes, 2) Rechercher la plausibilité, 3) Regrouper, 4) Utiliser la métaphore, 5) Compter, 6) Établir des contrastes et/ou des comparaisons, 7) Subdiviser les variables, 8) Subsumer le particulier sous le général, 9) Factoriser, 10) Repérer les relations entre les variables, 11) Trouver des variables intervenantes, 12) Construire une chaîne logique d’indices ou de preuves, et 13) Atteindre une cohérence conceptuelle ou théorique. Ces recommandations sont prises en compte lors de l’analyse afin d’en arriver à créer des catégories. Pour poursuivre le développement

et la validation de la catégorie, Strauss et Corbin (1990) suggèrent trois étapes : 1) La définition de la catégorie, 2) La spécification de ses propriétés, 3) L’identification de ses conditions d’existence. Ces étapes sont appliquées à chacune des catégories affichant une saturation théorique à travers les extraits des entrevues. Une validation des catégories par accord interjuges soutient la rigueur de cette démarche. La correspondance des catégories au corpus a été validée par trois personnes doctorantes, soit deux conseillères et un conseiller d’orientation. Les définitions des catégories, leurs propriétés ainsi que leurs conditions d’existence apparaissent en annexe M. Seules les catégories ayant été validées par au moins deux juges en plus de la doctorante ont été retenues.

Il est observé que le temps consacré à la collecte des données de la deuxième phase est condensé. Les élèves qui participeront à l’entrevue semi-dirigée doivent faire appel à leur mémoire puisqu’ils auront déjà fait leur choix de programme et d’établissement pour la poursuite de leurs études. Comme le souligne Rimé (2004), une rémanence des expériences émotionnelles de la vie courante est possible de différentes : la réactivation, la rumination mentale et le partage social. Cela permet donc aux élèves d’avoir accès à des expériences émotionnelles passées pouvant évoquer à nouveau des images mentales vives, des changements corporels intenses ainsi qu’une expérience subjective semblable à celle éprouvée lors de l’épisode initial, même si cela s’effectue après coup.