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3.1. D EMARCHE GENERALE

3.2.1. Le questionnaire

Quelquefois définie comme une méthode, d’autres fois comme une technique ou encore comme une procédure de la recherche en sciences sociales, l’enquête est le moyen par excellence permettant de mesurer les AL et celui que nous privilégions dans ce travail. Afin d’éviter des confusions, et pour des raisons pratiques, nous gar- derons le terme méthode pour la manière directe ou indirecte d’entamer une recherche dans ce domaine, le mot technique pour les petites tâches associées aux procédures à

suivre, et le mot procédure pour regrouper l’ensemble des techniques, outils et instru- ments utilisés dans la collecte de données lors de la recherche.

L’enquête se démarque des autres procédures non seulement par son traditio- nalisme, mais aussi par la précision potentielle à laquelle elle peut nous conduire tout en recherchant de l’information d’une manière méthodique. Elle peut comporter diverses techniques. L’entretien direct avec les étudiants est, par exemple, une excel- lente technique pour mesurer leurs AL, grâce à la fluctuation dans la conversation des questions spontanées de la part de l’enquêteur, notamment pour clarifier toute possible incompréhension, en profitant de la présence de l’informateur au moment où elle se produit (González, 2008). Nonobstant, elle exige beaucoup de temps dé- dié à la collecte des données.

C’est pourquoi, nous privilégions comme technique associée à l’enquête, très utile et pratique, la conception et application d’un questionnaire écrit visant à mesu- rer les AL du public ciblé, tout en restant consciente de l’une de ses faiblesse les plus importantes : il peut filtrer de l’information.

Or, pour être efficaces, les techniques utilisées dans une enquête doivent être envisagées consciencieusement tout en prenant en compte plusieurs éléments les rendant fiables, valides et objectives. Pour ce faire, il est nécessaire de considérer lors de leur conception tous les éléments associés aux AL, mentionnés jusqu’à pré- sent et de les conjuguer avec les caractéristiques techniques proposés par les cher- cheurs (Labov, 1968) et que nous résumons ainsi.

1. Une enquête étant basée essentiellement sur une séquence de questionne- ments, ceux-ci doivent s’ériger autour d’un sujet déterminé et d’intérêt géné- ralisé, appelé « le module ».

2. Si besoin, il est possible de présenter plus d’un module, mais il est nécessaire qu’ils soient interconnectés pour créer de la cohérence dans l’instrument et éviter des distractions chez l’informateur. Cette imbrication de modules reliés s’appelle un « réseau ».

3. Il est également important d’éviter d’utiliser comme module ou sous-module des sujets tabous ou bien des sujets pouvant provoquer des polémiques, des débats et des controverses.

4. Il faut éviter aussi l’utilisation de mots pouvant mener vers l’incompréhension. Le format d’un entretien ou d’un questionnaire doit être simple et le langage utilisé doit être en adéquation avec le public ciblé.

5. Les questions doivent être aussi courtes que possible.

6. La personne qui fait passer l’outil choisi pour l’enquête ne doit pas se placer dans une position de supériorité face aux informateurs, mais elle doit quand même, maintenir son autorité pour contrôler la situation et atteindre son ob- jectif.

7. L’outil choisi doit être d’application rapide pour éviter le malaise et la fatigue chez l’informateur.

8. Pour ce faire, nous pouvons nous servir majoritairement de questions fer- mées avec des réponses à choix multiple qui évitent, d’un côté, que les indi- vidus passent beaucoup de temps dans l’élaboration de leurs réponses et, d’un autre côté, que le chercheur ait à faire face à un univers extrêmement varié de réponses, empêchant une analyse homogène. Ceci serait dû à l’énorme charge de subjectivité ou d’ambiguïté qui les caractériserait.

9. Cependant, nous pouvons compléter l’information recueillie par certaines questions ouvertes qui apporteront plus d’informations pour l’analyse, no- tamment qualitative.

10. Pour finir, il est important de garder l’anonymat des informateurs.

Avec toutes ces précautions, le questionnaire s’avère un excellent instrument permettant d’atteindre les deux objectifs principaux du chercheur mentionnés plus haut (recueillir une grande masse de données sans trop d’effet de l’observateur), tout en présentant quatre grands avantages : a) le gain du temps, qui permet pareil- lement d’élargir le nombre d’informateurs, b) la présence du chercheur facultative (voire pas du tout nécessaire), c) la possibilité d’y inclure des questions ouvertes et fermées, directes et indirectes qui se complètent entre elles, et d) la grande fiabilité statistique en comparaison à d’autres techniques (González, 2008, p. 230-232). Ce sont toutes ces raisons qui ont guidé notre choix, faisant du questionnaire l’objet central de notre proposition méthodologique.

Pour son élaboration, il reste également indispensable de prendre en considéra- tion les aspects théoriques du thème de la recherche. De cette manière, une étude sur les Attitudes Linguistiques d’une population s’érigera autour des questions tou- chant :

1. La définition de cette notion : les Attitudes Linguistiques étant des réactions évaluatives favorables et défavorables, il faudrait observer ces réactions. 2. Ses composantes ou dimensions : il faudrait observer respectivement les pen-

sées/descriptions, les sentiments/émotions et les comportements/actions éveillés chez l’individu par la langue, la culture et les locuteurs faisant l’objet de la recherche, selon que l’on se concentre sur la dimension cognitive, affec- tive et/ou comportementale.

3. Les facteurs sociaux qui déterminent les AL. Nous conseillons dans ce sens l’observation des variables sociolinguistiques individuelles (âge, genre, classe sociale, etc.) et contextuelles (liées à la famille, l’institution de formation, les groupes fréquentés, etc.). En effet, les AL ont un caractère individuel, mais aussi collectif et elles interagissent avec les facteurs contextuels entourant les personnes ou les communautés linguistiques. Dans ce sens, Huguet et Mada- riaga affirment que

ce qui prendra de l’importance dans la définition des attitudes des individus est de déter- miner quels sont les référents significatifs exerçant de la pression sur les sujets. Il s’agit,

fréquemment, de la famille, les amis, les collègues et les mass média78.

(Huguet et Madariaga, 2005, cités par Janés, 2006, p. 120)

On peut aussi trouver non seulement de une certaine influence, mais, dans quelques cas, les origines à part entière des AL dans le contexte histo- rique et social où les attitudes surgissent (D’Anglejan et Tucker, 1973 et Álvarez, 2009).

78 Notre traduction du texte original : “aquello que cobrará importancia en la definición de las actitudes de los

individuos será determinar cuáles son los referentes significativos que ejercen presión sobre los sujetos y que a menudo son la familia, los amigos y los compañeros de trabajo, y también los mass media”.

4. Les caractéristiques des AL. Compte tenu de leur bidirectionnalité, il serait intéressant de mesurer les influences ayant lieu entre les langues et les atti- tudes. Leur dichotomie nous poussera, de son côté, vers la recherche de la prise de position des sujets/informateurs, sans donner lieu à des ambigüités pour savoir si leurs AL sont plutôt positives ou négatives. L’intensité nous guidera vers la détermination du degré de positivité ou négativité des AL. En ce qui concerne leur caractère individuel et collectif, il serait avantageux de les observer à plusieurs échelles. Afin d’analyser leur aspect actif ou passif, il faudra prendre en considération les actions entamées par les individus vis-à- vis des langues. Le fait qu’elles ne soient pas innées nous incitera à chercher leurs origines.

En prenant en compte tous ces éléments, nous comptons créer un outil no- tamment à partir de l’analyse des représentations et des connaissances des ensei- gnants de FLE de la ULA par rapport aux AL de leurs étudiants envers le français. Nous avons considéré aussi, pour ce faire, les représentations de la langue et culture francophones d’un premier groupe d’étudiants ayant des caractéristiques similaires à celles de la population cible de notre étude.

3.2.2. Définition des populations estudiantine et