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Cette croissance économique est-elle inclusive ? (Question à analyser avec les

compléments de l’Analyse Sociale) INDICATEURS RESULTATS CQ2.1 Comment les revenus sont-ils répartis entre les acteurs de la CV ?

Revenu agricole total 32 730

Type 1 7 960

Type 2 12 052

Type 3 8 542

Type 4 4 176

Part (%) du prix aux producteurs

agricoles dans le prix final 55,4

Montant total des salaires et des

rémunérations 2 280

Type 1 1 666

Type 2 488

Type 3 111

Type 4 14

CQ2.2 Quel est l’impact du système de gouvernance sur la répartition des revenus ?

Répartition des revenus

Producteurs 67,8 SDCC 17,6 CICAM -8,3 Artisans 5,9 Acteurs directs 83,0 GP 2,7 CNPC-C 1,5 Transporteurs 1,4 Fournisseurs de biens 8,8 Fournisseurs de services 2,5 Acteurs indirects 17,0 CQ2.3 Comment l’emploi est-il réparti le long de la CV ?

Nombre d’emplois salariés, de travailleurs indépendants et d’auto-entrepreneurs

Emplois salariés

SDCC 1900

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Artisans Acteurs directs 2900 GP 6180 CNPC-C 128 Transporteurs Fournisseurs de biens Fournisseurs de services Acteurs indirects 6308 CV 9208 Autres Emplois SDCC 1500 CICAM Artisans 24000 Acteurs directs 25500 GP 16995 CNPC-C 41 Transporteurs Fournisseurs de biens Fournisseurs de services Acteurs indirects 17036 CV 42536

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4. ANALYSE SOCIALE

L’analyse sociale de la CV coton au Cameroun a été réalisée dans une perspective sociologique en appliquant la méthodologie du profil social (voir méthodologie de CVA4D). Six questions centrales vont permettre de répondre à la question structurante pour l’analyse sociale dans ce chapitre : « la CV coton au Cameroun est-elle durable d’un point de vue social? «. Les six questions structurantes sont :

1. Les conditions de travail dans la CV sont-elles socialement acceptables et durables ? 2. Les droits relatifs à l’eau et au foncier sont-ils socialement acceptables et durables ? 3. L’égalité des genres dans l’ensemble de la CV sont-elles reconnues, acceptées et promues ? 4. Les conditions de l’alimentation et de la nutrition sont-elles acceptables et sécurisée ? 5. Le capital social est-il renforcé et distribué équitablement dans l’ensemble dela CV ?

6. Quelles sont les conditions de vie et les normes en matière d'infrastructures et de services de santé, d'éducation et de formation, et les opérations de la CV contribuent-elles à les améliorer ?

En plus, nous allons répondre à une autre des questions structurantes, à laquelle il a déjà été partiellement répondu dans la perspective de l’économie, mais ici avec une perspective sociale :

7. La croissance économique de la CV est-elle inclusive ?

Ce chapitre 4 couvre donc les domaines sociaux, sans s’abstraire de l’économique et de certaines réalités agronomiques et environnementales comme la fertilité du sol et le pâturage. Pour comprendre les relations sociales complexes dans le secteur coton et donc les fait sociaux (Weber 1922, Mills 1958) de cette filière globalisée, nous incluons aussi les structures sociales dans l’analyse, une base parmi d’autres pour mieux comprendre la gouvernance et répondre aux questions structurantes. Des aspects qui pourraient apparaitre dans l’analyse fonctionnelle sont abordés dans l’analyse sociale. Les questions sur la gouvernance, le rôle des femmes et la dynamique sociale et institutionnelle sont donc développés davantage ici, en complément de l’analyse fonctionnelle (voir plus haut) ou même de l’analyse économique, de façon intégrée avec les autres éléments de l’analyse sociale.

Par ailleurs, nous faisons précéder les réponses aux questions centrales de l’analyse sociale d’une réflexion (que nous appellerons analyse sociologique) permettant de mieux comprendre le contexte historique, culturel et territorial dans lequel évoluent les acteurs de la CV.

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4.1 Méthodologie

Le travail a été réalisé en trois phases : étude de dossier et littérature en janvier, Mission M1 en équipe du 24 Février 2019 au 14 Mars 2019 à Yaoundé et dans la région du Nord et Mission M2 du 24 Avril 2019 au 6 Mai 2019 dans l’Extrême-Nord (seule cette fois).

Sur le terrain plusieurs interviews par groupes, 50 à 80 participants dans le Nord et 400-500 participants dans l’Extrême-Nord, tous producteurs de coton (hommes, femmes et jeunes) au niveau des villages, ont constitué la base de la collecte d’informations pour comprendre le contexte. Les visites interview dans la capitale ont complété le travail dans le Nord (voir la liste des interviews en Annexe 99).

A noter que la large majorité des rencontres faites sur le terrain était avec les producteurs de coton. Elles ont eu lieu dans les villages et/ou GP suivants (en parenthèse région SDCC) : a) Nord : Bah Tao et Landau 1 (Mayo-Galké) ; Lainda Gawtal, Ouarou Dandi et Lama Laouane (Ngong) ; Guider-Lamarde (Guider). Dans l’Extrême-Nord : Domba et Doyang (Kaéle) ; Saourigwa (Tschatibali). Les réunions duraient autour de deux heures. Les équipes de SDCC ainsi que de la CNPPC étaient sur place dans les réunions et ouvertes à répondre à toutes nos questions. A noter que la superficie de la zone où les enquêtes ont été menées correspond à peu près à celle de la Suisse. La situation d’insécurité dans l’Extrême-Nord n’a pas permis d’y effectuer des visites comme souhaitées.

Les informations sur les références marquées avec un « D » (Document) se trouve dans l'Annexe 99 (complété dans la bibliographie de l’Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Les marques « I » (Interview) indique la source des rencontres avec le lieu et la date (même annexe).

4.2 Résultats de l’analyse sociologique

4.2.1 Caractéristiques institutionnelles, historiques et structurelles

Le coton au Cameroun est aujourd’hui produit et égrené dans deux des trois provinces du « Nord », région créée par décret en 1983 et couvrant 30% du territoire national (Figure 1.1). Plus de 95% de la fibre est transporté à Douala pour l’exportation. Historiquement, la production du coton, ainsi que la fabrication des textiles et la confection, est une vieille tradition et précède largement l’époque coloniale car elle date du début du 19ième. Ce secteur a fourni beaucoup d’emplois, de richesse et de fierté. Lorsqu’en 1951 la CFDT (Compagnie Française pour le Développement des Fibres Textiles) s’implantait au Nord du Cameroun (Kaélé) pour y développer la production du coton, celui-ci faisait déjà depuis longtemps l’objet d’une culture traditionnelle (Boutrais 1984). Le même auteur décrit le rôle socio-économique, qui n’a pas changé fortement depuis :

« Le succès de la culture du coton au Nord du Cameroun est indiscutable. Il est dû à une convergence d’atouts favorables : densité de population élevée sans être excessive, sol propice, possibilité de pratiquer le mil de saison sèche. Son intérêt pour le pays n’est pas moins évident. Le coton apporte des devises à l’État et des ressources monétaires aux paysans. Il joue un rôle moteur pour le développement agricole de la région du Nord qu’il a fait émerger d’une économie de subsistance, et il a contribué à instaurer des techniques nouvelles comme la culture attelée. Il est largement responsable, comme on l’a montré plus haut, des migrations de population grâce auxquelles ont été atténués les déséquilibres du peuplement hérités de l’histoire. Ce sont précisément ces avantages qui incitent à considérer aujourd’hui comme prioritaire la nécessité d’assurer à la nouvelle culture un succès durable en plaçant le problème de la conservation des sols au premier rang des préoccupations. »

La société régionale du Nord se construit depuis les années 1980 sur la base de sa langue commune, le Fulfulbé, maitrisé par la majorité des adultes. Les migrants du Tchad et des autres pays voisins contribuent au métissage de la société, qui compte avec les trois villes Maroua, Garoua et N’Ggaounderé, trois pôles urbains importants, absorbant au moins 1/6 de la population. L’insécurité causée par le mouvement de Boko Haram depuis 2013 (Annexe 99 : D32) a causé la chute immédiate de l’industrie touristique ainsi qu’ajouté un fardeau lourd pour les

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