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87 L'application de la méthode est problématique dans le cas des exploitations familiales dont le produit est du

coton-graine et pour lequel il n'existe pas de marché mondial, ce dernier n'existe que pour le coton fibre, c'est-à-dire un produit issu de la transformation du coton-graine. Il faudrait disposer des budgets de la production chez les paysans et à l'égrenage pour pouvoir envisager d'appliquer la méthode. L'un des rares cas d'application dont nous avons connaissance sur le coton concerne la production irriguée et mécanisée chez les gros planteurs du Zimbabwe28 au début des années 1980. Pour ces planteurs qui payaient un service d'égrenage et qui vendaient du coton fibre, on a déterminé un coefficient de ressources domestiques de 0,62 qui témoignait d'un certain avantage comparatif.

La pertinence de l'application de la méthode est aussi quelque peu discutable dans une agriculture familiale avec encore un caractère fort de subsistance. La notion de spécialisation, telle qu'elle est sous-jacente dans le concept d'avantage comparatif, est encore peu concrétisée, même si la part du coton dans l'assolement varie et est plus forte chez les plus gros producteurs de coton.

Même en faisant fi de la réserve ci-dessus, nous n'avons pas été en mesure d'appliquer la méthode car les éléments comptables obtenus de la SDCC sont trop agrégés pour nous le permettre. Par exemple, le seul compte 60 des achats comportent une dizaine de lignes d'achat, chacune étant la consolidation d'achats très divers. Il en est de même pour les comptes agrégés de services extérieurs. Le temps alloué pour l'étude ne permet pas non plus de s'engager dans l'estimation des prix de parité (shadow prices) associés aux nombreux facteurs marchands, réellement échangés ou pas, utilisés dans les fonctions d'appui, de commercialisation, d'égrenage et d'exportation de la SDCC.

En nous limitant à la phase de production chez les paysans, l'efficacité de l'utilisation des ressources domestiques nous paraît être soutenue par :

• La faiblesse de capital engagé, surtout sous forme d'agriculture attelée investie de longue date et qui sert à la culture cotonnière comme aux autres cultures en rotation

• L'allocation du travail et de la terre par les paysans selon leur perception de l'attrait de la culture du coton relativement aux autres cultures. La désaffection de cette culture entre 2005 et 2010 est révélatrice d'un manque d'attrait et qui est totalement inversé aujourd'hui. Le risque lié au crédit intrants est contenu. Le prix d'achat du coton est jugé favorable. Et ce d'autant plus que les prix des autres cultures pâtissent de réduction de la demande provoquée par la politique économique du Nigéria.

3.4 Redistribution et effets sociaux

3.4.1 VA et distribution

Pour l'ensemble de la CV, avec les acteurs directs et indirects pris en compte, la VA totale est de 95,9 milliards FCFA, composée d'une VA directe de 77,7 milliards FCFA et d'une VA indirecte de 18,2 milliards FCFA. Au regard de la production de CG de la campagne étudiée, la VA unitaire est de 377 FCFA par kg de CG produit.

La SDCC et les producteurs de coton contribuent pour plus de 85% à la VA totale et à des niveaux proches, avec respectivement 43,4% et 42,4% (Figure 3.9). Si on ajoute aux producteurs les VA créées par les GP et les artisans textiles qui sont aussi des producteurs agricoles, la part totale des producteurs agricoles passe à 49,4% de la VA totale. L'ensemble des prestataires, à savoir les transporteurs, les autres prestataires de service et les prestataires de biens, ne représente que 2,8% de la VA totale. Le taux de VA est cependant très variable entre les acteurs (Annexe 89), il est de 57,1% pour les producteurs et les GP, mais seulement 17,0% pour la SDCC qui concentre la plus grosse partie du chiffre d'affaires.

28 Morris, M.L., 1986. Determining comparative analysis through DRC analysis. Guidelines emerging from CIMMYT’s experience, Mexico, CIMMYT.

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FIGURE 3.9:REPARTITION DES CONTRIBUTIONS DES ACTEURS A LA VA TOTALE En termes de distribution de revenu, en pourcentage de la VA totale hors amortissement, les producteurs occupent la première position avec 37,6%, cette part passe même à 45,4% avec le cumul des travailleurs ruraux et les artisans qui sont aussi

des producteurs agricoles (Figure 3.10). Les employés, par les salaires qu'ils touchent, viennent en seconde position avec 20%. Les parts de la SDCC, de l'Etat et des institutions financières (IF) sont proches, entre 9 et moins de 11%.

FIGURE 3.10:REVENU NET DES ACTEURS (HORS AMORTISSEMENT) EN % DE LA VA TOTALE

3.4.2 Répartition de la VA, des salaires et du revenu d’exploitation

En termes de VA, ce sont les producteurs qui contribuent le plus alors que la contribution des artisans est minime. Nous avons vu que les producteurs contribuent pour 42,4% de la VA totale, et même près de 50% si on

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les combine avec les GP et les artisans textiles (section 3.4.1). Cela est encore plus vrai pour la VA directe pour laquelle les producteurs seuls comptent pour 47,5% du total et 51,1% si on intègre les artisans textiles (Annexe 97). Ces valeurs sont inférieures à celles habituellement indiquées, plus proches de 60%. Elles sont aussi à apprécier par rapport au taux de 66% retenus dans le mécanisme de gestion du risque prix pour fixer la part des producteurs dans le prix obtenu à l'exportation.

Les salaires, d'un montant de près de 22,0 milliards FCFA, ont représenté 22,9% de la VA totale. Le personnel de la SDCC est le plus gros bénéficiaire des salaires distribués avec près de 60% du total (Figure 3.11). Les producteurs agricoles se positionnent comme les seconds, avec 18,6% et un montant de 4,0 milliards FCFA dont 1,7 milliards distribués dans le cadre du fonctionnement des GP. Une plus grosse partie, 2,3 milliards FCFA, est distribuée sous forme de rémunération de travail temporaire que les producteurs de coton exécutent mutuellement entre eux.

FIGURE 3.11:REPARTITION DES SALAIRES ENTRE LES ACTEURS

La part des producteurs est encore plus prédominante en considérant le revenu net d'exploitation (Figure 3.12). La part spécifique de l'ensemble des producteurs est de 62,2%, elle passe même à 66,5% en cumulant les producteurs avec les GP dont les membres sont fondamentalement des producteurs de coton. On pourrait même ajouter la part des artisans de confection textile (5,4%) pour arriver à 71,9%. La SDCC ne bénéficie que pour 16,1%. Ainsi, les producteurs sont les principaux gagnants du revenu issu de la VC.

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FIGURE 3.12 :REPARTITION DU RESULTAT NET D'EXPLOITATION (MILLIONS FCFA) 3.4.3 Inclusion des groupes vulnérables

Les informations directes manquent sur la participation à la production des groupes vulnérables, généralement considérés comme représentés par les jeunes et les femmes. Pour autant, on peut penser que leur sole cotonnière est petite et qu'ils sont essentiellement représentés par les producteurs cultivant moins d'un ha de coton. C'est le cas des femmes selon les données que nous avons exploitées (Annexe 17). Ce doit être aussi le cas des jeunes car l'âge moyen des producteurs cultivant moins d'un ha est en effet plus faible (Tableau 8-1de l'Annexe 15).

En dépit de la sélection des producteurs pour assurer la durabilité du système de crédit intrants, l'intégration des plus petits producteurs (à moins d'un ha de coton) est relativement bonne selon la Figure 3.13 établie en répartissant29 les paysans semenciers dans les quatre types de producteurs par taille de la sole cotonnière. La part des très petits producteurs dans la VA de tous les producteurs est de 26,2% alors que celle des très gros producteurs est de 12,2%. La part des petits producteurs à moins de 5 ha de coton étant de 62,7% de la VA de l'ensemble de tous les producteurs, les très petits producteurs en représentent 41%. C'est la même distribution si l'on considère le résultat net d'exploitation, les comptes d'exploitation des quatre types de producteurs étant synthétisés dans l'Annexe 91.

29 En supposant que la distribution des paysans semenciers entre les 4 types de producteurs est la même que pour l'ensemble des producteurs. Cette hypothèse est plausible compte tenu du système de production semencière reposant sur le choix de villages semenciers.

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