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111 la population et bénéficier du potentiel de la région dans les secteurs fournissant des revenus et de l’emploi et

pour aider à réparer les dégâts faits aux ressources naturelles.

Risques majeurs Atténuation proposée

Disponibilité de la nourriture

La nouvelle focalisation sur les exploitations de plus de 5 ha de coton présente des risques pour les petites exploitations qui auront plus de difficulté à l'avenir pour obtenir le soutien nécessaire de la SDCC et du CNPC-C.

Différencier le soutien en deux grandes catégories de producteurs avec des stratégies appropriées : grands (>5 ha) et assez grands (3-5 ha) vs petits (<3 ha).

Accessibilité

des aliments Si une partie excessive des terres agricoles (>60-90% si grandes) est utilisée pour le coton et que les exploitations s’agrandissent, la production céréalière pourrait baisser considérablement à l'avenir et réduire la sécurité alimentaire locale.

Le gouvernement, la SDCC et la CNPC-C devraient assumer la responsabilité de ne pas exagérer l'espace du coton dans le système agricole du Grand-Nord. Réviser la stratégie pour les petits paysans et tester le coton biologique comme stratégie socio-écologique pour l'Extrême-Nord.

Utilisation et adéquation nutritionnelle

La spécialisation vers une exploitation cotonnière dans le cadre d'une structure de petits exploitants et d'institutions publiques médiocres pourrait nuire à la qualité nutritionnelle.

Meilleur suivi de la situation nutritionnelle grâce à des enquêtes régulières. Analyser l'impact des différents pesticides sur la santé humaine.

Stabilité La sécurité alimentaire et nutritionnelle doit être prise en charge par les différentes couches de la société (associations) et de l'Etat (régional à communal) et ne pas être confiée aux seules organisations fortes et bien organisées de la filière coton (principalement la SDCC).

Renforcer les institutions publiques en charge de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.,n particulier le MINADER et l'IRAD.

TABLEAU 4-7:RISQUES RELATIFS A LA SECURITE ALIMENTAIRE ET MITIGATIONS PROPOSEES Est-ce que les conditions de la sécurité alimentaire et nutritionnelle sont acceptables et sécurisées ? Pour l’instant, la sécurité alimentaire et nutritionnelle est significativement améliorée grâce à la CV coton. Une concentration et spécialisation sur le coton avec moins de 60% de la surface pour les cultures céréalières et non-coton pourrait réduire la sécurité alimentaire.

4.3.5 Capital social

Les éléments structurants de cette dimension sont les communautés villageoises, les GP et l’ensemble social des acteurs individuels et institutionnels de la CV coton. Cette « famille » a crée un tissu et un mécanisme qui façonnent aujourd’hui le paysage socio-économique du Nord et même au niveau national avec les 6 ministères impliqués. Cependant, la structuration hiérarchique de cette CV et sa faible articulation avec les autres secteurs et CV réduisent le bilan de cette forme de capital importante. Il n’est pas trop tard pour tirer des leçons pour le futur.

Le capital social est-il renforcé et distribué équitablement sur toute la CV ? Le capital social est significativement renforcé avec la structuration par la CNPC-C et les trois fonctions de la SDCC. Mais il risque de s’éroder (Tableau 4-8) si une spécialisation centrée sur le coton se matérialise et si les petites exploitations sont formellement exclues de la CV coton.

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Risques majeurs Atténuation proposée Force des

organisations de

producteurs

Les groupes villageois et le CNPC-C pourraient être affaiblis si un plus grand nombre de grandes exploitations cotonnières étaient indépendantes des communautés au niveau du village.

Améliorer les compétences d'auto-organisation et d'auto-assistance des groupes villageois. Tester l'idée d'un " magasin de conteneurs à énergie solaire" de la SDCC dans le cadre d'un projet pilote (voir plus bas).

Formation et

confiance Le système d'information plutôt fermé sur le système cotonnier conduit à sur-accentuer le rôle du coton.

Engagement en faveur de systèmes agricoles diversifiés et basés sur l'agriculteur et l’éleveur (homme et femme). Organiser la formation des utilisateurs d'Android (smartphones) avec les villageois sur l'utilisation de l'information numérique pour le développement. Implication

sociale La fragmentation des communautés réduit les chances de succès du développement local.

Formation au leadership au niveau villageois pour mettre fin à l'attitude d'"assistentialisme" et plutôt renforcer la confiance en soi pour

l'auto-développement. Renforcer les nouvelles Communes. Utiliser le Fulfulbé comme langue régionale et si possible les langues locales lors des réunions.

TABLEAU 4-8:RISQUES RELATIFS AU CAPITAL SOCIAL ET MITIGATIONS PROPOSEES 4.3.6 Conditions de vie

Les éléments structurants de cette dimension sont les infrastructures sociales de base, comme les classes, les centres de santé, les points d’eau et les pistes rurales, tous réalisés avec l’argent du cotondes producteurs. Ces structures ont beaucoup contribué à améliorer la vie de la population, même celle qui n’est pas dans le coton (maintenant la majorité). Sans coton, la puissance publique aurait dû investir de grands montants financiers pour arriver à ce niveau, bien que très modeste comparés aux standards internationaux et nationaux. A part ces aspects matériels, il faut ajouter la fierté, la cohésion au village et la vie conviviale et appréciée par les jeunes qui préfèrent rester au village plutôt que de s’aventurer dans les grandes villes ou migrer vers l’Europe. C’est l’argent du coton et sa redistribution qui ont favorisé cela.

Quel est l’état des infrastructures et des services sociaux (santé, éducation, formation) et quelle est la contribution de la CV pour leurs améliorations ? L’état actuel du niveau de vie des cotonculteurs dépend majoritairement du succès de la CV coton. Cette dépendance présente un risque (Tableau 4-9), car elle est confrontée à la fragilité de l’Etat, au contexte géopolitique de la région du lac de Tchad, au marché mondial, et finalement à la performance de la SDCC. Le problème structurel est que l’Etat délègue toute la responsabilité du bien-être de la population du Grand-Nord à la SDCC sans assumer les multiples tâches indispensables pour le développement social durable. Dans le cas concret des infrastructures sociales la contribution de la CV est très importante pour les trois catégories (santé, éducation, formation). Il faut ajouter la contribution à l’entretien de 4000 km de pistes rurales, qui évitent l’enclavement.

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Risques majeurs Atténuation proposée

Services de

santé L'affaiblissement de la CV coton détériore les conditions des infrastructures sanitaires dans les deux régions du nord.

Maintenir une industrie cotonnière rentable et attrayante pour les agriculteurs, basée sur des groupes villageois qui investissent également dans la construction de postes de santé. Par ailleurs, c'est le ministère de la Santé qui assume cette responsabilité.

Logement L'affaiblissement de la CV coton détériore l'état de l'eau potable dans les deux régions du nord.

Garder une industrie cotonnière rentable et attrayante pour les agriculteurs, basée sur des groupes villageois qui investissent également dans les infrastructures d'eau potable (puits, fourrages). Le Ministère de l'Eau et de l'Assainissement prend également en charge cette responsabilité.

Education et

formation L'affaiblissement de la CV coton détériore les conditions de l'éducation de base dans les deux régions du Nord.

Maintenir une industrie cotonnière rentable et attrayante pour les agriculteurs, basée sur des groupes villageois qui investissent également dans la construction de classes scolaires (infrastructure). Par ailleurs, le ministère de l'Éducation assume cette responsabilité.

Mobilité La mobilité géographique et sociale (liberté) pourrait être réduite si la terre devenait plus rare pour les agriculteurs (même loin du village ; où les jeunes peuvent migrer) et pour les éleveurs (notamment dans la région du Nord, où le coton continue de remplacer les pâturages) et peu d’alternatives économiques s’ouvrent dans le proche futur. Cela peut accroître la probabilité d'une escalade des conflits entre les divers groupes d'intérêts.

Deux mesures sont souhaitables : (i) La SDCC doit mieux intégrer le contexte social et environnemental dans sa Planification du développement. L'Etat et ses partenaires financiers internationaux doivent investir davantage dans l'éducation, l'économie locale (réformes fiscales, potentiel de transformation, ciblage des jeunes et des femmes, diversification, droits civiques) ainsi que dans la gouvernance locale centrée autour des communes.

TABLEAU 4-9:RISQUES RELATIFS AUX CONDITIONS DE VIE ET MITIGATIONS PROPOSEES

4.4 Discussion

4.4.1 Conflits sociaux et impasses institutionnelles

La combinaison de l’analyse sociologique avec sa sa vision des structures et l’analyse sociale donnant un profil de la CV nous permet de mieux comprendre la situation « sociale » de la CV coton actuelle au Cameroun. Se basant sur les observations empiriques ci-dessus, nous pouvons tirer des conclusions plus précises et structurelles sur les aspects sociaux de la CV. Les conflits sociaux au niveau villageois dans la zone coton, qui préoccupent actuellement les cotonculteurs, ont des causes spécifiques locales. Dans la région Nord, ils sont liés aux interactions agriculture-élevage et à la complexité des rapports « autochtone-migrants ». Dans l’Extrême-Nord les conflits trouvent leur origine dans l’insécurité causée notamment par la pauvreté, Boko Haram (comme effet direct de la pauvreté) et les dévastations par les éléphants dans certains villages, qui sèment la méfiance envers l’Etat et divisent les opinions sur les démarches à entreprendre. L’insuffisance des institutions et organisations du service public accentue ces conflits et ils peuvent être même la cause de ceux-ci. Chaque visite additionnelle aux villages permet de dresser un inventaire plus précis, mais toujours avec la même constante : l’absence de l’Etat et ses services indispensables pour le développement local. Les victimes sont principalement les femmes, les jeunes et les futures générations. La bonne organisation actuelle de la CV coton sous le leadership de la SDCC permet jusqu’à aujourd’hui à atténuer les conflits et éviter certaines

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impasses. Elle contribue comme structure exceptionnelle (ensemble avec la CNPC-C) à fournir des services nécessaires pour le fonctionnement de la CV coton notamment l’accès aux infrastructures sociales (pistes rurales, eau potable, poste santé, classe écoles et enseignants école primaire). Les aspects de l’organisation technique pour la production de la fibre sont assez bien maitrisés et performants. Mais au-delà de la « CV technique », si on considère les dimensions sociales et écologiques, la SDCC ne dispose ni de mandat précis ni de ressources suffisantes pour répondre aux besoins. Pour satisfaire les multiples besoins des populations villageoises, notamment pour l’eau potable, la santé, l’éducation, la sécurité et le développement de la petite industrie (transformation et autres), l’État reste silencieux, notamment pour les familles et les villages qui ne produisent pas de coton et ne profitent guère de la CV coton.

Tout d’abord, la sociologie des deux régions cotonnières est assez différente. L’Extrême-Nord est beaucoup plus ancré dans les coutumes et traditions avec des tissus sociaux fonctionnels. La distance avec les centres urbains (villes) du Cameroun est géographique mais aussi sociale. Même si la fertilité naturelle des sols est plus élevée (vertisol etc.), l’ancienneté de la culture coton a déjà réduit considérablement le potentiel agronomique et les femmes et les hommes ne voient pas de solutions pour faire face au déclin et sortir des cercles vicieux. Le coton « pilote » (coton produit par des amis ou contractuels des producteurs de coton) falsifie les statistiques de la productivité du coton (voir 1.4.4). Par rapport à l’insécurité, c’est l’impact de Boko Haram dans la partie Ouest de la région qui se fait sentir, et moins les rançons et le banditisme comme dans la région du Nord (et de l’Adamaoua).

Les villageois sont assez isolés et la distance sociale avec les grands centres urbains Maroua et Garoua et les villes est considérable. Les experts, consultants et fonctionnaires visitant la région passent assez de temps en ville et ne sont pas assez immergés, semble-t-il, dans les réalités pénibles des paysans dans les multiples villages. La démographie galopante laisse craindre des développements socio-économiques encore plus défavorables s’il n’y a pas de changements systémiques, permettant de renverser le cycle destructeur, qui impacte notamment l’environnement naturel, mais aussi le social : les droits des femmes et des ainés (réduisant ainsi la pression sur les jeunes et les femmes), la pauvreté au niveau des ménages ruraux. La situation de la jeunesse dans le système coton est remarquable: ici, elle est presque entièrement constituée des garçons et de jeunes hommes (par convention pouvant aller jusqu’à l’âge de 35 ans), étant donné que les femmes se marient jeunes et constituent ensuite le groupe social important des femmes. L’emploi des jeunes reste précaire hors de la saison cotonnière, donc entre Janvier et mi-Mai, générant du sous-emploi.

Le système actuel s’explique par la gouvernance politique et institutionnelle du Cameroun (Figure 4.7). Les villages font administrativement partie des Communes et ainsi des collectivités territoriales décentralisées. Les citoyens, donc les producteurs agricoles durant les élections (2018 exécutive ; 2019 législatives prévues -conseils aux niveaux régional, départemental et communal-) ont des moyens limités de participer à la gouvernance. L’élite, qui vit presque exclusivement dans les 2 centres urbains et la capitale, n’est pas assez à l’écoute et réagit rarement aux doléances, d’après les témoignages des villageois. Une fatigue politique se fait sentir ainsi qu’un fatalisme et attentisme dangereux. Le degré d’auto-organisation au niveau villageois, là où se trouvent les actions à mener (investir dans les fermes plus résilientes, fertilité de sol, création d’emplois hors du secteur agricole, lancement des initiatives privées, etc.), est minime. Le « concept de planification », si important dans la psychologie et sociologie du développement, est presque inconnu à tout niveau (personnel, ménage, groupe/association, villages etc.). Il est par contre la base pour s’imaginer un changement et s’émanciper de la lourdeur de la tradition, là où des options s’ouvrent grâce au développement technologique et culturel. Le réseau (hiérarchique) de la CNPC-C est trop faible et rigide et n’est pas assez largement ancré à la base pour combler le vide. Mais comparé avec les communautés des villages sans coton, la base est solide et prête pour les transformations nécessaires.

Les stratégies pour une intensification durable des exploitations agrosylvopastorales- car la grande majorité pratique au moins 4-6 cultures, possède des arbres et arbustes et des animaux (petit et grand ruminants, volaille) - doivent prendre en considération la diversité socio-économique, culturelle et écologique. La complexité de ces programmes exige que les villageois et producteurs soient mis au centre. Il faut commencer aussi tôt que possible d’améliorer l’éducation de base, d’encourager les initiatives villageoise et associatives, aussi allant au-delà du quartier et du village, et d’initier et renforcer une culture d’auto-organisation. L’idée concrète de la SDCC de piloter des containers solaires pour des groupes de jeunes avec l’objectif de créer des

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cellules d’initiatives, de créer de l’emploi et ainsi de stimuler l’espoir pour un futur possible est à saluer. La majorité des mères qui nous ont parlé souhaitent que leurs enfants aient une vie plus facile qu’elles.

L’agriculture de contractualisation (« contract agriculture ») entamée par la SDCC contribue sans doute positivement à la réduction de la pauvreté.

Le coton a atteint des résultats étonnants et louables. Il n’est pas facile de s’imaginer le destin du Grand-Nord sans la présence de la CV coton. Mais il est sûr, que les prochaines 20 ans vont être plus difficile pour les acteurs-décideurs de la CV (notamment la SDCC mais aussi la CNPC-C et les Ministères impliqués).

FIGURE 4.7:GOUVERNANCE POLITIQUE ET INSTITUTIONNELLE DU CAMEROUN La reproduction sociale autour du coton comme moteur de l’économie doit changer les paramètres suivants pour retourner sur une voie de développement durable, et notamment dans sa dimension sociale :

- La transformation sociale et la cohésion supra-ethnique doivent se baser sur une éducation poussée ; - Les droits des femmes : elles doivent co-décider concernant le nombre de leurs enfants et doivent être

prises au sérieux. La patriarchie ne correspond plus ni aux valeurs des femmes ni des jeunes ni de la société toute entière. Le taux extrêmement élevé des enfants par femme ainsi que le nombre de femmes par homme (parfois >10) coûtera très cher aux futures générations ;

- Le Fulfulbé pourrait fonctionner comme lingua franca du Nord et plus de travail de développement en langues locales est à encourager ;

- Plus de transparence entre les systèmes de gouvernance traditionnelles/ coutumières et étatique est requis pour réduire les exclusions et renforcer la cohésion et le développement. La cohabitation est possible et aussi nécessaire pour garder la paix et l’ordre à condition qu’elle soit transparente ; - Les femmes et les jeunes sont les catégories sociales les plus disposés à porter ces réformes urgentes

au niveau des villages et des communes ;

- La discussion sur le foncier devrait reconnaitre l’importance de mieux connaitre le pourcentage des terres louées. Car c’est ici que les obstacles d’investir dans l’intensification et dans la gestion de la fertilité des sols sera décidé. La formalisation du foncier (cadastre) ne va pas fournir des solutions pour la masse des producteurs et contribuera à déstabiliser les sociétés rurales. Pour le problème

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individuel « manque de terre agricole disponible », il n’y a pas de solution sous le régime du système CV actuel. Il faut donc transformer ce « problème individuel et de famille individuelle » en potentiel et opportunité collective. A examiner la possibilité de créer une institution ou mécanisme qui permettrait d’établir des contrats de location de terre allant à 5-6 ans, ceci pourrait améliorer la gestion du

territoire et des sols ;

- La SDCC doit mieux définir les stratégies spécifiques pour les petits producteurs de coton (3 à 5 ha) et les grands (5-20, >20 ha). Par exemple, la mécanisation peut être rentable à partir de 60 à 100 ha et théoriquement plusieurs grandes fermes pourraient être établies si seulement une petite partie des GIC était déclassée. Mais la question se pose, si cette mesure fera du sens dans un contexte où la création d’emplois est prioritaire (et la nature des sols dans les ZIC peu apte à la production intensive). En plus il fallait alors que ces entrepreneurs prennent des risques sans absorber trop de ressources publiques (car une stratégie basée sur les grandes fermes ne sera pas possible à long terme sans des subventions, comme les aléas naturels et du marché ne manqueront pas) ;

- La diversification agricole, inclus l’intégration agriculture-élevage et l’agroforesterie restent indispensables pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle ;

- La gouvernance doit s’approcher des citoyens, des villages, des femmes,des jeunes et des GP. La responsabilité des pays « partenaires » doit y être inclus. Plus de transparence et de dialogue est nécessaire et doit trouver sa réflexion dans les différents budgets des projets et programmes (voir Figure 4.8) ;

- La fonction et la performance de la radio, institution existante mais peu écoutée, doivent être utilisées comme moyen de communication de masse;

- L’agriculture biologique et notamment le coton bio pour la région de l’Extrême-Nord devrait être étudiée. Les exploitations relativement petites avec max 1 -3 ha de coton faisant face aux défis de fort déclin de la fertilité, ainsi que les femmes et les jeunes susceptibles de travailler dans la durabilité sans prendre trop de risques (crédit coton), constituent un potentiel pour au moins 20 000 exploitants et 10 000t de coton graine par an. Ceci ferait des revenus annuels liés aux primes biologiques et équitables de plus de 800 Million FCFA (au prix de 80F CFA/kg) pour la région la plus pauvre du Cameroun (sans compter les épargnes en devises par le remplacement des intrants toujours plus chers et les dégâts pour la santé des ouvriers/producteurs et de la nature ; pour l’instant pas connu du tout). La base actuelle avec le standard CmiA fournit une autre précondition favorable pour aller plus loin avec le standard bio-équitable, plus exigeant et ambitieux que CmiA. Un système de coton biologique, même si partiel et couvrant seulement 10% de la production de coton, changerait déjà la constellation des structures sociales (Figure 4.8). vu le nouveau rôle de l’utilisation du capital national et local (financier, humain, social, naturel).

Les conflits sociaux, d’après les témoignages multiples, et leurs causes structurelles méritent toute l’attention