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107 alimentaires. Les fermes les plus vulnérables sont celles avec de petites surfaces ou dirigées par des hommes

ne visant pas le bien-être de leurs familles (mais le statut social à travers l’augmentation du nombre des enfants et des femmes) ou encore celles dirigées par une femme, elles ne sont pas épargnées par les crises alimentaires.

Capital social : plus de 2 000 GP constituent le capital social le plus visible, notamment au niveau village. Les liens étroits entre CNPC-C et SDCC à tous les niveaux sont remarquables et démontrent l’importance du coton pour tous les acteurs de la CV. La bonne cohésion sociale se démontre notamment quand il s’agit de réaliser des infrastructures sociales comme classes d’écoles, postes de santé, banques de céréales ou points d’eau. Toute la population en profite et ainsi le coton fonctionne comme « ciment » pour souder la communauté de base. Nous avons rencontré une communauté qui a construit un poste de santé en 1980 et l’équipe depuis régulièrement avec des médicaments, mais l’Etat n’a toujours pas affecté des infirmiers. Cependant il existe un clivage grandissant entre gros producteurs (qui ne sont plus dans un GP et fournissent à eux seul des containers de coton) et les petits qui dépendent toujours de la communauté villageoise. La rupture du capital social au-dessus du niveau village est dû à la structure de la gouvernance générale (voir Figure 4.8). Les liens entre village et commune/arrondissement ou entre villages et villes restent précaires, hors acteurs de la CV coton par le bais de la Sodecoton et la CNPC-C.

Conditions de vie : Les acteurs de la CV au Nord bénéficient beaucoup plus des services de santé comme nous venons de voir. Les producteurs de coton subventionnent une grande partie de ces services (54 établissements en 2018), mais souvent n’arrivent pas à organiser les personnels de santé. Par contre, dans le secteur de l’éducation, en plus de la construction de classes, les GP réussissent à d’engager des enseignants pour l’école primaire (payés misérablement autour de 15 000 FCFA/mois). Les femmes et cotoncultrices qui réussissent à faire des économies donnent priorité au paiement d’une éducation au-delà du niveau de base (et de village) à leurs enfants. Cette stratégie vers le futur (« je veux que mes enfants vivent un jour comme les employés de la Sodecoton ») est diamétralement opposée à la stratégie des hommes, qui investissent dans leur propre sécurité se basant sur des valeurs traditionnelles (« qui va me soigner si je suis vieux sans mes femmes ; plus d’enfants et mieux sera mon confort ». L’eau potable collective est le troisième domaine où l’argent des cotonculteurs est investi . Plus de 254 puits et 201 forages ont été reportés par SDCC récemment. Mais le manque d’eau reste toujours un problème pour de multiples villages. Aussi les habitants souffrent d’inondations, partiellement dues au déboisement et au durcissement du sol par les dosages d’azote depuis des décennies. Dans ces domaines, la sagesse villageoise n’a pas encore trouvé une réponse.

Les informations plus détaillées ainsi que leurs sources qui ont servi aux conclusions (aspects structurants, risques majeurs, atténuations ou mesures proposées) sont disponible dans le document Excel « Social profile VC2019 CotonCam ».

4.3.1 Conditions de travail

Les éléments structurants de cette dimension sont les organisations de la Sodecoton et à ses côtés la CNPC-C, elles définissent le travail dans les villages coton et dans les usines ainsi que sur les routes avec les multiples camions. Deuxièmement l’institution du patriarcat, en particulier la chefferie, détermine très fortement la logique du travail et ses conditions. Enfin, la délégation de responsabilité de l’Etat au couple Sodecoton/CNPC-C, comporte des risques qui consistent en la tendance à agrandir les structures de production (grands producteurs) et ainsi à réduire le potentiel de travail pourtant intéressant comme paysan/cotonculteurs, pour les remplacer par des ouvriers précaires indispensables pour la période de récolte entre octobre et janvier. Certains risques majeurs ont été identifiés concernant l’acceptabilité sociale des conditions de travail le long de la CV (Tableau 4-4), , dont le manque de main d’œuvre durant la récolte, le risque de travail des enfants en cas de pauvreté accentué et les intoxications.

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Risques majeurs Atténuation proposée

Respect du

droit du travail Seulement hypothétique : si la gestion et la stratégie de la SDCC changeaient radicalement et que le cadre général de développement se détériorait.

Pas nécessaire

Travail des enfants

Hypothétique : Si la situation de pauvreté des familles se détériorait ainsi que la pénurie de main d'œuvre pendant la récolte. Le travail des enfants pourrait alors devenir un problème pour leurs droits.

Suivi de la situation socio-économique des producteurs de coton

Sécurité du

travail Intoxications avec des pesticides particulièrement nocifs pour les femmes enceintes

Poursuivre la sensibilisation et la formation de tous les agriculteurs qui s'engagent dans la production de coton Attractivité Manque de main d'œuvre lors de la récolte

dans la région Nord Discuter des options pour envisager une meilleure rémunération des travailleurs, principalement pendant la récolte.

TABLEAU 4-4:RISQUES RELATIFS AUX CONDITIONS DE TRAVAIL ET MITIGATIONS PROPOSEES 4.3.2 Droits fonciers et accès à l’eau

Les éléments structurants de cette dimension sont la chefferie, présente du quartier villageois jusqu’à des étendues dépassant l’aire de couverture des usines Sodecoton et organisée dans le cadre ethnique (voir Annexe 100). Les structures de l’Etat sont plus faibles au niveau local (Commune/arrondissement), et moins présentes et accessibles pour la population aux niveaux supérieurs (Département avec le Préfet et Région avec le gouverneur). Le foncier comme élément crucial du droit formel devient toujours plus important vu la pression démographique, la détérioration écologique (déboisement, perte de biodiversité, baisse de fertilité des sols) et la régression des rendements du coton. La Sodecoton, sans mandat ni légitimité dans ce domaine, ne pourra jamais remplacer l’Etat. Ainsi se dessinent les risques pour le futur (Tableau 4-5) :

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Risques majeurs Atténuation proposée

Adhérence aux VGGT

Aucun risque Pas nécessaire

Transparence, consultation, participation La concertation pour la gouvernance et la participation, y compris la transparence,

l'absentéisme factuel de l'État au niveau local, augmentent la probabilité de conflits

interethniques (Nord) et sociaux violents pour les ressources foncières rares et en raison des niveaux de pauvreté

insupportables.

Utiliser les Communes nouvellement créées (encore au tout début de leur maturité) pour améliorer la situation de droit, en particulier si de nouveaux projets au sein de la SDCC sont prévus (ex. coton biologique).

Équité, compensation et justice

Voir ci-dessus : l'absentéisme de l'Etat est dangereux (la SDCC n'est pas perçue par les paysans comme "L'Etat")

Rôle plus actif du secteur public dans le développement, en prenant plus en compte le système coutumier et les langues vernaculaires. Diversifier l’engagement du gouvernement indépendant de la SDCC.

TABLEAU 4-5:RIRSQUES RELATIFS AUX DROITS FONCIERS ET A L'EAU

Les droits fonciers et l’accès à l’eau sont-ils socialement acceptables et durables ? Le déficit dans la transparence, la participation et la consultation- tous hors de l’influence directe de la CV- posent les risques majeurs, causés notamment par l’absentéisme de l’Etat dans les villages et dans les nouvelles communes du Grand-Nord. Voir plus bas dans le chapitre « Discussion » (4.4).

4.3.3

Égalité des genres

Les éléments structurants de cette dimension sont encore le patriarcat et le poids des mœurs sur les droits mais aussi la nouvelle politique de la Sodecoton d’agrandir les fermes coton et remplacer au fur et mesure les fermes de moins de 5 ha. Cette tendance va augmenter encore les disparités entre les genres et affaiblir la situation des femmes. La persistance de la domination de l’homme, légitimée par la tradition, combinée avec la stratégie d’agrandir les exploitations de coton, va encore accentuer une démographie galopante, qui affaiblit la situation de la femme et pose davantage de défis pour les générations futures et les jeunes. Cependant, l’égalité des genres s’est améliorée quand les femmes ont eu la possibilité de gérer leurs propres champs de coton et disposer de l’argent coton. Jusqu’à présent, notamment dans l’Extrême-Nord, l’égalité des genres a profité de la CV coton mais la situation pourrait changer.

Est-ce que les principes de genre et de l’inclusion sociale dans toute la CV sont reconnus, acceptés et renforcés ? Cinq risques majeurs sont identifiés (Tableau 4-6) selon le scénario de l’agrandissement des fermes coton sans réformes des structures sociales et des droits des femmes. Cette dimension exige beaucoup plus d’attention soit par la SDCC soit directement par le gouvernement et l’Etat.

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Risques majeurs Atténuation proposée

Activités économiques

Les hommes continuent

d'augmenter la surface de coton avec des femmes (polygamie) et des enfants supplémentaires quand la surface coton augmente. La rationalisation économique (augmentation de la production cotonnière) n'est pas suivie de transformations sociales correspondantes.

Donner l’accès au crédit aux femmes pour les petits ruminants, afin que les femmes puissent mieux faire face au problème de fertilité des sols et améliorer leurs revenus. Éducation (enfants, adultes) et sensibilisation accrue aux

transformations sociales

Accès aux ressources et aux services

Marginalisation des femmes en raison d'un accès limité à la terre et à d'autres ressources (animaux, etc.). Ce risque se situe à l'intérieur de la société, et en dehors de l'influence des acteurs actuels du capital-risque.

Programmes de transformation sociale, principalement par le biais de l'enseignement primaire, de la formation commerciale

(apprentissage du concept de "planification") et de meilleurs programmes radiophoniques et de leur accessibilité (voir ci-dessus).

Prise de décision Si les exploitations cotonnières deviennent plus grandes

(principalement dans le Nord), les femmes risquent d'être encore plus absorbées par le travail bon marché à la ferme de leur mari.

Attention à la stratégie consistant à ne se concentrer que sur les exploitations cotonnières de plus de 5 hectares ; davantage de projets d'entreprenariat d'entreprises pour les femmes. Tester l'introduction plus large du coton

biologique et équitable sur 2-3 communes (idéalement en collaboration avec GIZ). Leadership et

prise de responsabilité

L'absence de projets visant à promouvoir les activités

économiques des femmes pourrait réduire le leadership et

l'autonomisation acquis au cours des 30 dernières années.

Plus de projets féminins promouvant le

leadership combiné à des activités économiques (comme l'élevage, la fabrication de compost et de fumier) ; et de projets liés pour les jeunes, qui sont les autres couches négligées de la société villageoise).

Pénibilités et

division du travail Avec l'extension du coton, la charge de travail des femmes augmentera encore davantage.

Plus consulter les femmes leaders avant de lancer de nouveaux grands projets qui auront un impact sur elles.

TABLEAU 4-6:RISQUES RELATIFS AU GENRE ET MITIGATIONS PROPOSEES 4.3.4 Sécurité alimentaire

Les éléments structurants de cette dimension sont les actions de la Sodecoton (crédit coton) et de l’Etat (politique avec directives stratégiques pour la CV coton, )y compris la stratégie actuelle de restructuration du secteur enfaveur des exploitations de plus de 5 ha). Deuxièmement, le fonctionnement des marchés céréaliers et cotonniers (inclus du Nigeria) jouent un rôle dans la sécurité alimentaire dans le sens où ils déterminent la surface utilisée pour les différentes cultures. Ce facteur reste lié aux structures traditionnelles et modernes de gouvernance (depuis la famille jusqu’au niveau internationale, voir Figure 4.9). Depuisplus de 60 ans, la CV a sans doute eu un impact très positif sur l’alimentation, même si une plus grande diversification aurait pu encore améliorer le bilan concernant la sécurité alimentaire.

Réduire les risques liés à la sécurité alimentaire au Nord avec la nouvelle stratégie de Sodecoton est possible (Tableau 4-7), à condition que d’autres programmes et structures soient implantés pour satisfaire les besoins de

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