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65.

L'analyse environnementale a étudié l'impact de la chaîne de valeur de la culture au

champ jusqu'à à la mise à disposition des balles de coton fibre pour l'exportation dans les

ports de Douala et de Kribi.

66.

Dans le domaine de la santé humaine, 51 % de l’impact -le long de la chaîne de

valeur de la fourniture d'une balle de coton fibre pour l'exportation- est dû au potentiel de

réchauffement climatique. Les émissions de particules fines et les effets toxiques

non-cancérigènes pour l'homme représentent respectivement 35 % et 12 % de l'impact dans le

domaine considéré.

67.

Dans le domaine de la qualité des écosystèmes, 87 % de l'impact par balle de coton

fibre mise à disposition pour l'exportation est causé par la consommation de sol associée

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principalement à la production au champ du coton-graine. Le potentiel de réchauffement

planétaire contribue également pour 9 % à la dégradation des écosystèmes et pour 3 % à

l'acidification des habitats terrestres.

68.

Plus de 99 % de l’épuisement des ressources est due à la consommation de

combustibles fossiles tout au long de la chaîne de valeur, de la culture du coton à la

fourniture de balles de coton fibre pour l'exportation.

69.

En ce qui concerne les différents processus de la chaîne de valeur, la production au

champ du coton est responsable de 68 % des effets sur la santé humaine (par les émissions

de gaz à effet de serre et de particules fines), 96 % de la dégradation des écosystèmes et 17

% de l’épuisement des ressources. L’épuisement des ressources est dominé par les

processus de transport (66 %) Dans l'ensemble, c'est la production au champ du coton qui a

le plus fort impact environnemental tout au long de la chaîne de valeur du coton au

Cameroun.

70.

L'analyse détaillée de la production de coton montre que les différences d'impact

environnemental par kg de coton-graine sont faibles entre les différents systèmes de

production. Cependant, les systèmes de production à petite taille (<1 ha) ont tendance à

être plus éco-efficaces. Dans l'ensemble, l'éco-efficacité de la production dans le Nord est

légèrement supérieure à celle de la production dans l'Extrême Nord.

71.

Le fait que les systèmes de production d'une taille de 5-10 ha offrent des

rendements plus élevés, mais sans manifester une plus grande éco-efficacité par kg de

coton-graine, indique qu'il est peu probable que celle-ci puisse être améliorée par

l'intensification de la production. Dans le cas d'une intensification, la quantité d'intrants

appliquée à la superficie consacrée au coton augmenterait également en termes absolus et

renforcerait encore les effets environnementaux locaux. L'accent est mis ici sur la

dégradation des sols et la dégradation des écosystèmes naturels et semi-naturels. Les

émissions de gaz à effet de serre dues à l'application d'engrais azotés sur les surfaces

cultivées en coton augmenteraient également en termes absolus.

72.

Une analyse du système considéré peut être réalisée selon les produits (coton fibre

à l'exportation et produits de trituration). Une telle analyse montre que la production de

balles de coton fibre (incluant la production au champ et l'égrenage) contribue pour plus de

95 % à l'impact environnemental. La trituration pour produire de l'huile ajoute 2-5 % à

l'impact environnemental de la CV. L'impact environnemental de la production de linter et

d'aliments de bétail est insignifiant (<1 %).

73.

Le plus grand potentiel pour rendre la chaîne de valeur du coton au Cameroun plus

écologique réside dans une production agricole plus durable. Afin d'assurer la durabilité à

long terme de la culture du coton, la préservation effective de la fertilité des sols est

essentielle, ce qui suppose une utilisation plus efficace des engrais organiques existants et

une intensité de production adaptée au site.

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74.

La CV de coton détermine la gestion des terres rurales dans la région Nord. C'est

particulièrement le cas de l'acteur SDCC par sa présence sur le terrain et son partenariat

étroit avec la CNPC-C, dans un contexte de dynamique démographique, d'abandon relatif

par l'Etat central, d'opérationnalité limitée des communes et de prégnance des lamidats

dans le fonctionnement local.

75.

La forte dépendance économique au secteur agricole induit même que l’évolution

de toute la région Nord est déterminée par la CV coton.

76.

La CV-Coton devra traiter la question de biodiversité du fait que le territoire de la

région Nord est aujourd’hui à 45% classé en zones destinées à conserver (parcs nationaux)

ou à exploiter (zones d’intérêt cynégétique) la biodiversité. La question de mise en défens

des territoires concernés ne peut être esquivée.

77.

La prise en compte de la question de biodiversité est pertinente dans un contexte

d'objectif politique d'augmentation importante de la production alors que des pays voisins

fournissent des exemples d'impacts socio-économiques tragiques à éviter dans la gestion

des territoires.

78.

La gestion des territoires par le soutien des aires protégées constitue une

opportunité à saisir pour stabiliser et sécuriser les territoires que requiert l'évolution de

l'insécurité et des conflits croissants entre divers usagers des territoires, en s'inspirant des

expériences engagées dans divers pays.

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1. INTRODUCTION

1.1 Géographie et démographie

La production de coton est localisée au nord du Cameroun, précisément dans les régions administratives du Nord et de l'Extrême Nord. Cette zone est bordée à l’Est par la frontière avec le Tchad et à l’Ouest par la frontière avec le Nigéria (Figure 1.1). Elle s’étend sur une superficie d’environ 102 526 Km². Le climat est de type soudanien à une saison des pluies de mai-juin à octobre sur 5-6 mois, entre les isohyètes 700 mm au Nord et 1 400 mm au Sud. Economiquement, la zone cotonnière est défavorisée. Le taux d’analphabétisme y est le plus élevé du pays. La prévalence de la pauvreté s'est accentuée

alors qu'elle a reculé au niveau national.

Le fait d'être géographiquement adossé contre le Nigéria a pour avantage de conférer à plusieurs espèces cultivées un statut mixte de culture de rente et de culture vivrière. Cette réalité doit amener à nuancer la perception habituelle de la concurrence entre le coton et les cultures vivrières. Plusieurs espèces vivrières complètent ou concurrencent potentiellement le coton pour la satisfaction des besoins monétaires. C'est incontestablement le cas pour le niébé dont le Nigéria est friand. Il en est de même pour le maïs, l'arachide, le riz et le soja mais aussi l'oignon comme nous avons pu nous en rendre compte lors de nos déplacements sur les routes.

FIGURE 1.1 :LOCALISATION DES ZONES COTONNIERES Sur le plan démographique, la population est jeune dans les deux régions, avec près de la moitié dans la tranche d'âge de moins de 15 ans, mais la région de l'Extrême Nord est bien plus densément peuplée que celle du Nord. Le troisième recensement général de la population de 2005 a projeté que la région de l’Extrême-Nord compterait aujourd'hui près de 4 millions d'habitants sur une superficie de 34 300 km2 contre 2,4 millions dans celle du Nord sur une superficie presque double (66 100 km2). On a ainsi une densité de population de 115 habitants/km2 contre 36.

La pression foncière est davantage ressentie dans la région de l'Extrême Nord et elle a engendré des mouvements de migrations spontanées de l’Extrême Nord vers le Nord. Ces mouvements ont même été accompagnés par la SDCC à la fin des années 1970 pour l'installation des jeunes vers Touboro. L'expérience gagnée a inspiré la proposition récente d'un nouvel épisode d'accompagnement de la migration dans cette même région de Touboro.

La localisation géographique de la production cotonnière fait coïncider les zones de production avec plusieurs zones d'intérêt cynégétique (ZIC) de la région administrative du Nord. L'interdiction de l'exploitation agricole des terres dans les ZIC n'est plus strictement respectée, plus particulièrement aux environs de Mayo Galké.

1.2 Contexte d'insécurité et de conflits croissants et multiformes

La zone cotonnière de la région administrative de l'Extrême Nord a d'abord souffert de la proximité de l'aire d'actions des Djihadistes de Boko Haram au Nigeria. Les attaques, ou les attentats par des kamikazes, ont endeuillé la capitale régionale de Maroua à plusieurs reprises. Les attaques sont certes devenues plus sporadiques mais il est difficile d'affirmer qu'elles sont totalement révolues.

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