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Compte tenu de ces derniers éléments, il semble important de se questionner sur les conditions de la construction de relation de confiance préalables aux actrices et aux acteurs et associées à leurs comportements, attitudes, pratiques ou actions qui peuvent être liées aux caractéristiques institutionnelles, organisationnelles, relationnelles et individuelles. Cette recherche sera conduite et ce questionnement sera traité à partir de perceptions de directions d’établissement quant aux conditions associées à la construction de relations de confiance dans leur école. Ce point de vue

de la direction est privilégié, car c’est elle qui fait principalement l’interface entre l’école et la communauté et cette dernière détient un rôle important dans la gestion de l’école. De plus, c’est l’angle qui semble le plus riche pour alimenter les pratiques de gestion.

Cela dit, suivant une posture constructiviste et interprétativiste, la question de recherche principale peut être formulée comme suit :

Quelles conditions influencent la construction de relations de confiance au sein d’équipes-écoles d’établissements situés en milieux autochtones du Québec selon les perceptions de leur direction ?

Aussi, de façon à disposer d’éléments de réponses à cette question et pour orienter plus précisément la collecte et l’analyse des données, des questions spécifiques de recherche peuvent être énoncées, la première portant sur les conditions externes aux actrices et aux acteurs, celles sur lesquelles ils n’ont pas ou peu de contrôle ou qu’ils subissent et la deuxième portant sur des conditions internes que mettent en place les actrices et les acteurs impliqués dans les relations de confiance à bâtir. Elles se lisent comme suit :

 Quelles conditions préalables à l’action des actrices et des acteurs influencent la construction de relations de confiance ?

 Quelles actions, quelles pratiques, quels comportements, quelles caractéristiques ou quelles attitudes des actrices et des acteurs des écoles sont considérées comme des conditions ou sont associées à des conditions de la construction de relations de confiance ?

Cette recherche se veut à la fois analytique, interprétative et compréhensive. Ainsi, les objectifs principaux consistent à analyser des entretiens avec des directions d’établissements scolaires autochtones à la lumière du cadre conceptuel afin de les

interpréter et de les comprendre au regard de la notion de confiance et des conditions associées à sa construction au sein de leur établissement. De plus, cette recherche a comme ambition de réaliser une analyse transversale permettant de déterminer ces conditions. Enfin, elle vise la proposition d’un cadre analytique suggérant divers éléments de compréhension des dynamiques de construction de relations de confiance selon différentes perspectives.

Bref, une contribution fondamentale de cette recherche consiste à l’étude des perceptions relatives aux dynamiques de construction de relations de confiance entre les actrices et les acteurs au sein d’équipe-école d’établissements autochtones québécois. Cette dynamique est étudiée à partir de perceptions de directions d’établissement selon leurs observations de leur équipe-école et du milieu, leur expérience, leurs pratiques professionnelles, leur vécu et les significations qu’elles en donnent. Enfin, elle se veut une démarche globale contribuant à une meilleure compréhension du contexte de la gestion et de l’administration des écoles en milieu autochtone.

DEUXIÈME CHAPITRE — LE CADRE THÉORIQUE ET CONCEPTUEL

Ce chapitre s’intéresse à la confiance en tant qu’objet de cette recherche. Après une introduction sur les domaines de connaissances interpelées, il introduit ses fondements, en propose une définition, puis fait l’examen des relations entre la confiance et les différents mécanismes de régulation en place dans les écoles.

La notion de confiance est polysémique et multifactorielle. Sa nature complexe provient des différences de regard qu’on pose sur elle et elle peut être abordée selon différents contextes. Diverses disciplines scientifiques s’y intéressent, plusieurs s’appuient sur des principes de la psychologie et il est difficile de ne pas en tenir compte dans les fondements mêmes de ce qu’est la confiance, et ce, peu importe la discipline (Rousseau, 1998). Toutefois, aux fins de cette recherche, ce sont principalement les bases de certains courants sociologiques qui sont retenus, dont ceux de la sociologie des organisations ou ceux de la sociologie de l’intervention. De façon plus générale, certains aspects des sciences de l’administration, dont ceux de la gestion des ressources humaines (GRH), sont également retenus et, dans une moindre mesure, ceux des sciences politiques, de l’ethnologie et, dans certains cas, de l’anthropologie structurale. Ces disciplines seront suffisantes afin de comprendre l’approche qui a été privilégiée pour traiter de la confiance dans cette recherche. Enfin, si la discipline de la psychologie est volontairement mise de côté, c’est que le point de vue de la confiance étudié ici concerne moins, voire pas du tout, la confiance en soi ou très peu d’autres aspects de la psychologie individuelle et de groupe.

La question de la confiance peut être appréhendée comme une qualité recherchée entre les membres d’une organisation particulière (Thuderoz, Mangematin et Harrisson, 1999). Elle permet l’anticipation des comportements d’autrui, car lorsqu’elle est présente, ceux-ci sont basés sur des attentes réciproques. Par ailleurs,

cette réciprocité d’attentes entre les individus fait en sorte que les incertitudes reliées aux comportements des autres sont réduites. Les interactions deviendraient alors plus fluides. Un aspect sociologique de cette notion réside, entre autres, dans les relations entre l’organisation et les employés lorsqu’il est question d’une confiance qui permet d’éviter des couts transactionnels. Par exemple, d’accorder d’office sa confiance est un comportement beaucoup plus avantageux pour une organisation qui, alors, n’a pas à mettre en place un système élaboré de contrôle des employés pour obtenir de leur participation. L’approche sociologique de la confiance se concentre donc davantage sur les normes dans les relations de groupe.

Enfin, le point de vue de la confiance adopté dans cette thèse s’inscrit en sciences de l’administration dans des théories de la gestion des ressources humaines. Dès la fin des années 90, les théories de l’échange social et de la justice organisationnelle intégraient cette notion dans leur modèle. La compréhension du fonctionnement organisationnel a plus récemment passé par l’étude de l’engagement affectif et de ses liens avec la justice et la confiance (Camerman, Stinglhamber et Vandenberghe, 2002). Enfin, certains auteurs l’ont considérée dans un contexte de mobilisation du personnel (Tremblay et Simard, 2005) ou d’autres pratiques de gestionnaires.