• Aucun résultat trouvé

La danse à l’envers

3. La question du diplôme

Posée à la fois par des danseurs et par des représentants de la puissance publique, la question du diplôme est un enjeu de controverses dans le monde du hip-hop et l’objet de bien des doutes au sein de l’administration. Elle a fait l’objet de discussions passionnées lors de tables-rondes auxquelles nous avons assisté, aux Rencontres du Parc de La Villette en 1998 puis en 199973, et revient dans les interviews des

danseurs comme des entrepreneurs culturels. Il s’agit de savoir s’il faut ou non, pour enseigner la danse hip-hop, être titulaire d’un diplôme ; si oui lequel et dans quelles conditions. Est-ce de la récupération ? ou plutôt une protection, autant pour les danseurs que pour leurs élèves ?

Selon une responsable à la DMDTS c’est vers 1995, lors des premières formations pour danseurs hip-hop organisées par le TCD (puis le CND) que la question du diplôme s’est posée. « (..) je pense que c’est eux la première fois qui nous ont dit : ‘mais qu’est-ce que vous faites pour nous, vous voyez bien, on ne peut pas être dans la danse jazz, on n’est pas tout à fait dans la danse contemporaine’. (…) Donc ils ont été intégrés au diplôme d’État de danse jazz, mais ils ne trouvaient pas toujours vraiment leur place, parce que c’est une autre manière de transmettre ces danses. »74 Depuis ces premières demandes, plusieurs danseurs hip-hop ont passé

avec succès le diplôme d’État, soit en danse jazz, soit en danse contemporaine, d’après les informations fournies par le Centre national de la danse.

Le diplôme « c’est une vraie question » pour ce programmateur parisien, grand connaisseur de la danse hip-hop. « Parce que contrairement aux points de vue caricaturaux sur la question, c’est pas une question que les institutions ont posé d’emblée en disant on veut récupérer la danse hip-hop ( ..). Il y a une vraie question de loi, c’est-à-dire qu’à un moment donné, quand l’État donne des fonds publics à un organisme pour qu’il finance de la formation, il faut que cette formation soit authentifiée comme étant valable, comme étant à la hauteur, sinon on paye n’importe qui pour faire n’importe quoi. »75 De leur côté, beaucoup de danseurs hip-hop se

plaignent d’être payés pour des « animations » alors qu’ils « transmettent » les fondements d’une discipline. Être rémunéré comme enseignant plutôt que comme intervenant, ce serait voir son salaire doubler ou tripler.

73 En revanche, il n’y avait pas de table-ronde sur ce thème aux Rencontres des années ultérieures (2000 et

2001) et aucune n’est prévue pour 2002. Mais des modules de formation (master classes, ateliers) n’ont cessé d’être proposés.

74 Entretien recueilli par Roberta Shapiro, décembre 2001. 75 Entretien recueilli par Soisik Verborg, mars 2002.

Interpellés par ces situations, les agents de la puissance publique (notamment au ministère de la Culture et au ministère de la Jeunesse et des Sports) commencent donc de s’interroger sur l’opportunité de créer un ou plusieurs titres pour l’enseignement de la danse hip-hop, à peu près au même moment où sont organisées les premières Rencontres nationales des danses urbaines au Parc de La Villette en 1996. C’est en 1998 que nous trouvons la première trace d’une déclaration publique du ministère de la Culture sur ce point, dont le directeur du département danse, Didier Deschamps disait, en faisant référence à la loi de 1989 sur l’enseignement de la danse : « ce qui a été établi (..) dans un certain nombre de secteurs de la danse (..) doit aussi être défini dans ce que l’on nomme la danse hip- hop », tout en précisant que « il y a des étapes avant de créer un diplôme d’État » ; celles-ci pourraient consister, par exemple, en une mise en place de « qualifications qui ne se présenteraient pas forcément sous la forme de diplôme »76.

La référence, dans ces discussions, est le Diplôme d’État d’enseignement de la danse (DE), homologué Bac+2, dit « de niveau 3 ». Mis en place par une loi en 1989, et dans un souci de sécurité du public, le DE est obligatoire pour enseigner la danse classique, la danse contemporaine et la danse jazz dans les conservatoires et les écoles de musique. La loi prévoyait que pour d’autres types de danses (traditionnelles ou ethniques par exemple), des décrets d’application devaient être pris ultérieurement. Mais ces décrets n’ont jamais vu le jour. D’autre part, treize ans après la promulgation de la loi, les DE existants font l’objet de critiques. C’est pourquoi en mars 2001, le ministère de la Culture missionna Marc Sadaoui pour la rédaction d’un rapport sur l’enseignement de la danse, en vue d’une éventuelle réforme du diplôme d’État.

Il existe également un Brevet d’État d’animateur technicien d’éducation populaire (BEATEP) délivré par le ministère de la Jeunesse et des Sports, et qui dans certains cas, comprend des options en « danses urbaines » ou en « techniques expressives » pour la danse hip-hop. Ce Brevet est de niveau 4, équivalent du baccalauréat professionnel. Il est obligatoire, en principe, pour l’encadrement en danse hip-hop dans les institutions relevant de l’éducation populaire (maisons de quartier, centres sociaux, etc.). Mais l’engouement pour la danse hip-hop ne se démentant pas et le nombre de demandes excédant largement celui des animateurs diplômés, les employeurs doivent souvent trouver d’autres solutions pour proposer l’activité tout en respectant la légalité. En clair, beaucoup de danseurs hip-hop donnent des cours sans avoir de titre. Par ailleurs, le système des brevets du ministère de la Jeunesse et des Sports est également en train d’être réformé.

Faut-il exiger un diplôme des enseignants ? Faut-il créer un Diplôme d’État de danse hip-hop ? Faut-il l’harmoniser avec le BEATEP ? Faut-il généraliser ces derniers ? Si oui, avec quels contenus ? avec quel type de cursus et d’évaluation ? avec quels modes d’enseignement ? Ces questions, et toutes celles qui leur sont liées, mettent à la fois les danseurs et l’administration devant des contradictions qui semblent aujourd’hui inextricables.

Nous ne pouvons exposer dans le détail ici toutes les difficultés que ces questions soulèvent, ce qui dépasserait le cadre du présent rapport. Mais tentons d’évoquer rapidement les enjeux de la discussion.

76 La transmission en danse urbaine, Parc de La Villette, Rencontres des Cultures urbaines 1998 ; transcription

de la table-ronde du jeudi 29 octobre, 14h-17h ; page 8-9. Tous nos remerciements à Marie-France Ponczner, chef de projet déléguée au Parc, qui a bien voulu nous transmettre ces documents.

Un diplôme de danse hip-hop pour protéger un marché ?

Le programmateur que nous avons déjà cité souligne les contradictions que l’éventualité d’un diplôme pose à tous les acteurs : « Et puis il y a des gens du hip- hop, ils viennent nous dire : ‘ouais qu’est-ce que c’est là-bas, au Gymnasium, ils ont ouvert un cours de hip-hop, ils ont pas le droit’. Alors attendez, s’il y a un droit, alors il faut l’écrire. ‘Ah non, non il faut pas écrire un droit !’ Alors le Gymnasium, il fait ce qu’il veut. On est dans ce nœud de contradictions. (…) Dans la pratique ce sera vécu par les gens du hip-hop, comme la récupération, l’enfermement, l’emprisonnement du mouvement. Et ce sera fait par les institutions (…) par obligation, pas par conviction, voilà. (..) Le ministère et le CND (…) on pourrait leur dire, il y a pas de diplôme d’État une bonne fois pour toutes et on pourrait leur foutre la paix avec ça, mais ils seraient contents, contents ! »

Du point de vue des danseurs hip-hop, la création d’un diplôme obligatoire risque évidemment de ne convenir qu’à une partie d’entre eux. S’il voyait le jour, il contribuerait certes à la création d’un sous-marché du travail protégé, mais tout en augmentant le prix d’entrée sur ce marché. Certes, il devrait tirer les salaires vers le haut, inscrire les danseurs dans une convention collective et ouvrir sur des garanties d’emploi et de carrière. Mais avec l’apparition de la distinction entre diplômés et non diplômés, puis entre titulaires de différents types de titres (BEATEP, DE, etc.), il contribuerait à creuser le fossé entre catégories de danseurs et menacerait les fondements de la cohésion communautaire. De plus, le nouveau sous-marché ne serait pas protégé de ceux que l’on croit, car le prix d’entrée ne serait pas seulement augmenté mais sa nature modifiée : les danseurs hip-hop d’origine populaire, en majorité des hommes, risqueraient d’être perdants face à des danseurs formés dans l’institution et issus des classes moyennes. Ces derniers n’auraient alors qu’à obtenir quelques unités de valeur supplémentaires pour être titulaires d’un DE de danse hip- hop, là où beaucoup de danseurs hip-hop ayant appris sur le tas peineraient à remplir les obligations scolaires nécessaires à l’obtention d’un diplôme. On peut également prévoir une féminisation du recrutement, car le DE attire de manière privilégiée les jeunes femmes (Fabre, 2001). Le résultat pourrait être à la fois de faire disparaître une voie d’ascension sociale, de marginaliser ceux-là même qui ont développé cette danse, et de minorer l’esthétique dont ils sont porteurs. De fait, certains danseurs hip-hop estiment qu’un diplôme contribuerait à « homogénéiser les styles ».

Quant aux représentants de l’institution publique, ils sont bien conscients de ces craintes, qui les confrontent à une série de difficultés. Créer un diplôme d’État pour la danse hip-hop77 en reproduisant le référentiel existant pourrait revenir en effet à

exclure de l’enseignement de haut niveau une bonne partie des pratiquants actuels au bénéfice d’enseignants venus des disciplines chorégraphiques académiques ou du sport. En revanche, créer un DE hip-hop au référentiel spécifique ferait déroger au principe de l’égalité devant la loi. Mais encore, engager une refonte de tous les DE dans un souci d’égalité et pour tenir compte de l’arrivée des populations nouvelles risquerait de déstabiliser le fonctionnement de l’ensemble des marchés du travail de la formation en danse.

« Derrière, si vous voulez, il y a plusieurs enjeux : l’enjeu juridique, l’enjeu artistique et culturel ; mais c’est aussi une question patrimoniale, et puis c’est un enjeu

77 À noter qu’il s’agira dans ce cas de légiférer, non seulement pour la danse hip-hop, mais également pour les

commercial très, très fort, parce que c’est vraiment des danses qui se développent ; en même temps c’est le problème de la liberté : doit-on réglementer ? C’est pas sûr. » (Une responsable à la DMDTS)

C’est dans ce cadre que le ministère de la Culture a engagé une réflexion sur le front du hip-hop d’une part, sur celui de l’enseignement de la danse en général d’autre part.

Vers une réforme générale de la certification des enseignants de danse ?

La réflexion globale sur l’enseignement de la danse devra prendre appui sur le rapport Sadaoui, récemment publié, que nous avons évoqué ci-dessus chapitre 3. Le rapport a pour objectif de faire le point sur « la qualification des enseignants et la formation et le devenir des danseurs professionnels » toutes disciplines confondues, douze ans après la création des Diplômes d’État d’enseignement de la danse. Il passe en revue des aspects de l’enseignement de la danse classique, de la danse contemporaine et de la danse jazz, tout en se penchant sur la nécessité d’ « adapter le dispositif à la diversité croissante des formes de danse », et dont le hip-hop constitue l’exemple le plus visible.

L’un des scénarios proposés dans le rapport Sadaoui retient l’attention. Il s’agirait de faire une réforme globale du DE, en distinguant clairement la compétence à encadrer une activité physique de la compétence artistique. Dans ce cas, l’obligation du diplôme ne concernerait que la première, à savoir celle qui met en jeu la sécurité et l’intégrité physique des personnes, alors que la certification de la qualité artistique relèverait d’autres dispositions. On conçoit qu’une solution de ce type pourrait fort bien permettre une intégration de la danse hip-hop dans le dispositif. Mais à l’évidence, une telle option non seulement perturberait l’organisation actuelle des danses institutionnalisées, mais introduirait pour elles une incertitude accrue dans la détermination de la qualité artistique. Cela pourrait porter atteinte aux normes qui définissent la qualité et la spécificité esthétiques de ces danses, avec des effets imprévisibles sur leurs modes d’organisation, de production et de diffusion. Cela mettrait également sur le même plan des danses qui reposent depuis longtemps sur une palette d’institutions reconnues pour l’établissement de ces normes (telles que les conservatoires et les concours) et des danses comme le hip-hop qui auraient, éventuellement, à les construire.

Le ministère de la Culture et la formation à la danse hip-hop

Par ailleurs, le ministère de la Culture a engagé la discussion avec les danseurs hip- hop sur l’éventualité de la création d’un diplôme dans leur discipline.

Faisant suite aux stages organisés par le CND en 1998 et 1999, la DMDTS, le CND et le Parc de La Villette organisaient un séminaire sur « La formation en danse hip-hop » les 7 et 8 octobre 1999 à Paris. Le séminaire rassemblait des représentants de la DMDTS et du CND78 ainsi qu’une dizaine « de danseurs et chorégraphes repérés comme ‘aînés’ dans le milieu de la danse hip-hop »79. L’administration avait fait appel

à des danseurs connus dans le monde hip-hop, tout en tentant de respecter une répartition égalitaire par région, par genre (sol ou debout), par sexe et par génération. Le séminaire comprenait quatre ateliers : l’un portait sur les « contenus fondamentaux de la danse hip-hop », l’autre sur les « méthodes pédagogiques » 78 Selon le p.v. qui nous a été transmis : Geneviève Meley et deux autres personnes pour la DMDTS, Anne-Marie

Reynaud pour le CND.

79 Selon le p.v. qui nous a été transmis : Sébastien Lefrançois, Farid Berki, Maryse Myrtil, Mourad Merzouki,

pour sa transmission, le troisième sur les « critères d’évaluation de la compétence » et le dernier sur « les types de collaboration ». Il a donné lieu à un compte-rendu public lors d’une des tables-rondes des Rencontres des cultures urbaines au Parc de La Villette le 9 novembre 1999, ainsi qu’à un court document de synthèse qui indique, entre autres, à quel point les pouvoirs publics prennent la question au sérieux : « La danse hip-hop a pris depuis quelques années une place importante dans le paysage culturel français et européen, au sein de l’ensemble des expressions de cultures urbaines. Elle apparaît comme un acte de prise de parole et d’invention de modes spécifiques d’expression. Le ministère de la Culture et de la Communication, pour sa part, reconnaît les richesses artistiques de cette nouvelle expression chorégraphique et soutien les formes émergentes de création et de transmission et s’efforce de répondre à la demande de reconnaissance et de statut de ses artistes. Par ailleurs, la Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles est régulièrement saisie par les conseillers pour la musique et la danse des Directions régionales des affaires culturelles, les associations départementales de musique et de danse et les acteurs de terrain du manque de formateurs en danse hip-hop, des risques que présentent les pratiques actuelles menées sans repères précis de compétences artistiques et pédagogiques ainsi que des lacunes de la réglementation en ce domaine. (…) Il est donc temps de poser maintenant pour la danse hip-hop le principe d’une formation qualifiante ou diplômante, dont le caractère obligatoire reste à déterminer, qui donnerait aux enseignants un statut issu du ministère de la Culture qu’ils ne peuvent avoir aujourd’hui. »80

Dans la continuité de ce séminaire, et avec à peu près les mêmes personnes, semble-t-il, fut constitué un « groupe de travail sur les contenus de formation », qui devait se réunir tous les mois durant l’année 2000 en vue de poursuivre la réflexion et de faire des propositions sur une « formation qualifiante ou diplômante » pour la danse hip-hop. Ce groupe se réunit à Paris et à Lyon, mais on a peu de traces écrites de ses travaux. La dernière réunion dont nous ayons connaissance se tint en juin 2000 à Lyon. Il y eut également un deuxième groupe de travail constitué uniquement de membres d’institutions publiques, chargé de faire un état des lieux et des propositions en matière de formation ; la dernière trace que nous en ayons remonte à janvier 2001. Actuellement, ces groupes ne se réunissent plus.

Dans les quelques documents relatifs à ces réunions que nous avons pu consulter, on peut lire des réflexions d’une part sur les contenus de formation, d’autre part sur les modalités de sa mise en œuvre. Mais au moment où nous écrivons, il ne semble pas qu’une proposition nettement définie ait émergée, que ce soit de la part des participants aux groupes de travail ou de la part des ministères de tutelle.

Ainsi, après une période durant laquelle elle suscita un travail de réflexion important, parfois enthousiaste, la question de la formation et de son éventuelle réglementation reste désormais en suspens.

Pourquoi a-t-on interrompu les réunions des groupes de travail ? D’après les responsables de la DMDTS, il fallait d’une part faire le point sur l’enseignement de la danse dans son ensemble, et attendre les conclusions du rapport Sadaoui, d’autre part mieux analyser le rôle du ministère lui-même dans les développements de la danse hip-hop. Le ministère ne doit-il pas mieux soutenir la création et la diffusion, et

80 « Formation en danse hip-hop. Synthèse du séminaire des 7 et 8 octobre 1999 et perspectives de travail pour

donc favoriser le développement de débouchés professionnels pour les danseurs hip-hop avant de réglementer en matière de formation ? Doit-il agir aujourd’hui ou attendre de voir l’évolution de la danse hip-hop ? Celle-ci se fondra-t-elle dans la danse contemporaine ou maintiendra-t-elle sa spécificité ? Le versant sportif de la danse hip-hop s’imposera-t-il ? Voilà quelques unes des questions qui, selon leurs dires, conduisent les responsables de la DMDTS à sursoeir à toute nouvelle action.81 Mais ils expliquent également cette situation en faisant l’analyse suivante : « tant que les danseurs hip-hop ne se sont pas rassemblés dans un mouvement collectif qui les représente, c’est très difficile pour nous. Un mouvement ou deux, parce qu’en danse classique on en a plusieurs, c’est pas le problème, mais qu’ils soient représentés. Tant qu’on a que des individus, (…) tant que la profession elle même ne s’est pas organisée pour dire et ben voilà, nous sommes représentatifs et n’a pas fait le chemin de se mettre d’accord, c’est très difficile pour nous (…) ».

Un danseur lyonnais, 32 ans, qui fut membre du groupe de travail, corrobore : « les danseurs, les protagonistes du hip-hop ils n’arrivaient pas à se retrouver autour d’une table, chacun c’était moi j’ai inventé le hip-hop, moi j’ai fait ci, moi j’ai fait ça, donc on n’arrivait pas à se mettre d’accord, donc forcément tout s’est cassé la gueule et on n’a jamais pu mettre en place vraiment le DE, et je crois effectivement que la raison c’était parce que c’était trop tôt.»82