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Des Freestyles dans l’espace public

* Lors des Rencontres 2000, Grande Halle, Parc de La Villette, Paris Dimanche 12 novembre 2000 - vers 21h30 (rs)

En sortant du spectacle dans la salle Charlie Parker, on grignote avec Isabelle au restaurant ; pendant qu’on mange on entend qu’il se passe quelque chose. On y va. C’est un défi entre les danseurs du groupe danois qui vient de se produire et des amateurs anonymes (pour moi ! peut-être qu’Isabelle les connaît). Pendant le quart d’heure durant lequel j’ai observé, il s’agissait surtout de deux Blacks, dont un que j’avais vu aux Halles.

Le cercle s’est formé dans un recoin de la Grande Halle, côté nord, au pied d’un des escaliers de fer qui mène au niveau supérieur, et non loin du carré où passent les films et vidéos. Il y a beaucoup de monde, surtout des hommes, mais également une minorité importante de femmes : de 20 à 30 %. Une centaine de personnes au total ? 120 ? Les gens sont distribués sur deux ou trois rangs, assis à l’intérieur du cercle, debout sur la frange extérieure. Une jeune fille (une beurette ?) se met dans le cercle intérieur. S’apprête-t-elle à participer au défi ?

Il n’y a pas de musique. Les participants tapent des mains en rythme. Cinq ou six gars de la sécurité regardent depuis les marches au bas desquelles s’est constitué le cercle. Deux d’entre eux filment. Trois sont debout sur un des rangs extérieurs du cercle, ainsi qu’un pompier. Ils ont le sourire aux lèvres, et semblent bien apprécier ce spectacle improvisé, comme tout le monde.

Les défis sont surtout en danse debout : locking, popping. Je pars au bout de vingt minutes, vers 22 heures.

On aperçoit F….. assis avec des amis du côté du bar, qui semble indifférent à tout cela. C’est un danseur connu, nettement plus âgé ; il a près de 40 ans. Le cercle, le défi, ce n’est peut-être « plus de son âge ». Il n’a peut-être pas ou plus le niveau technique des plus jeunes. Par ailleurs, il n’a rien à prouver ; il bénéficie à la fois de la reconnaissance des danseurs hip-hop et d’une reconnaissance qui lui vient du monde du théâtre et des institutions publique, fondée non pas tant sur la performance physique (qui est réelle cependant), mais surtout sur une danse hip-hop « artistique » et théâtrale qu’il pratique comme danseur et comme chorégraphe, depuis vingt ans maintenant. Se sent-il membre de la « communauté » du cercle des danseurs qui se défient ?

Le défi m’a semblé très bon enfant. Quelques jours plus tard Isabelle, qui est restée plus tard, me dira qu’ensuite cela a « dégénéré ».

* Place de la Rotonde, Forum des Halles, Paris Dimanche 28 janvier 2001 (ik)

Un freestyle entre Français et Américains (il s’agit des danseurs américains du groupe PureMouvement qui se produisent au théâtre Jean-Vilar de Suresnes, dans le cadre du festival Cité-Danses Suresnes) : 21h45-23h30

(…) un free style commence à la suite du défi, mais près des caisses du cinéma UGC, devant Wadi B. qui se retrouve ainsi en position de quasi jury (c’est un breakeur « première génération », très respecté). Je m’éloigne de lui, mal à l’aise dans cette position centrale. Rien ne la désigne objectivement comme centrale si ce n’est qu’elle jouxte le seul mur, tangente du cercle en formation et qu’elle se trouve sous les spots de l’UGC.

Quelques danseurs commencent à danser « devant » Wadi, esquissant quelques passe-passe, notamment Habib, qui resté debout, descend un peu en rock steady.

J’entends des commentaires du style : « mais qu’est-ce qu’il fout ? » Un peu plus tard, alors qu’il retourne au centre Nassim, le regard très enthousiaste lui dira : « Allez Habib ! » Le freestyle commence réellement quand Extra se lance. Aussitôt un membre des Hobo’s déclare: « le freestyle a commencé ».

Des spectateurs, trois grands Blacks, s’insèrent soudainement dans le cercle, nous sommes légèrement décalés vers la droite et un peu plus compressés. J’entends un peu plus tard un autre spectateur dire « Eh, frère te mets pas devant moi là. – Et comment tu veux que je fasse ! » Un grand est debout devant lui mais il ne lui demandera pas de s’asseoir alors que ce dernier est au premier rang. Je suis très bien placée, au deuxième rang derrière un gars assis par terre. Lorsque celui-ce se relèvera je lui demanderai s’il peut se rasseoir « comme toute à l’heure, c’était bien » en souriant, il me répondra lui aussi en souriant.

Le freestyle entre les Américains et les Français est serré, malgré le sous-effectif des représentants de Pure Movement (ils ne sont que deux). Nassim commente et anime, alors que Extra réalise un enchaînement de toprock recherché, « regardez, c’est ça qu’il faut faire ; vous, vous descendez trop vite au sol ». Ou bien : « imaginez-vous seuls aux États-Unis »…

Wadi breakera un peu après que la rencontre freestyle entre Américains et Hobo’s soit terminée, une série impressionnante de 99 très rapides. Voyant cela Hassan, qui passe dans le cercle dit : « alors c’était le vrai, voilà le faux ». Ses 99 sont effectivement moins nombreux et moins rapides mais ses enchaînements, sa créativité et sa virtuosité sont cependant remarquables. Lorsque Wadi passe des rumeurs d’admiration parcourent le cercle. Nassim lui lance en riant un « allez le vieux ! »

Je discute un peu avec Marc, et lui demande pourquoi ce sont toujours les mêmes au centre, il me répond qu’il pourrait y aller, sans grand enthousiasme, que ce sont les Hobo’s qui ont répondu à l’invitation des Américains. (…)

Forest (un des danseurs US) m’adresse quelques mots mais je comprends mal ce qu’il dit. Je lui demande où sont les autres… ils auraient dû les rejoindre… Il me demande ensuite comment rentrer à l’hôtel, j’essaie de lui expliquer.

U

NE AUDITIONPOUR LA REPRISE D

UN BALLET HIP

-

HOP

PARIS, PARCDE LA VILLETTE 3 octobre 2001, 10h-15h (fm) Audition puis déjeuner.

[Note: no mirror, no warm up]

• Audition was called for 10 a.m. Saturday because being on time is a major criteria for César. At 10:30 doors were closed and audition began although approx. 10 dancers hadn’t arrived.

• César begins by saying “nous n’avons pas encore decidé” but audition is for reprise de rôles in L’Armure. Potential danseurs futurs de remplacement. Sol et debout. He explains two dancers will give variations then freestyle at end.

• The dancers are mostly what I would call intermediate level. Good dancers, not professional. Overall César is disappointed by quality of dancers. Says at the end he

is looking for « des danseurs complets », who can do it all (for spectacle, debout et sol). [NB Hervé says he can no longer lock; even a year ago he could but now he’s lost it because of learning to break? Or because of diversification in general. Says he’s been dancing 4 years? Started his speciality 3 years ago?]

• Claire S…. says: First notice for “Audition “ prompted too many calls from dancers of all stripes. Second version “Audition Hip Hop” was sent by fax, and still many dancers called claiming to be professional, in one company or another, but… Their comportment was not really professional at the audition. Example: second group to do variation au sol didn’t learn it with the first group, which would have been « de rigueur » in New York.

• Dancers mostly did not warm up and took the stage somewhat timidly when César was out of the room, to close the doors at 10:30. At one point, he asked Gilbert to show variation and had dancers come sit in the « salle » to see it theatrically. He asked Gilbert to perform it without counting.

During the final part, a freestyle, a circle was formed onstage but again dancers were mostly timid. One good dancer (perhaps trained in modern) impressed César with his Valentin-le desossé routine but his strange behavior, leaving the circle to go sit next to his friend (which I described as shyness, etc.) did not jive with the general feeling.[César: « on kiffait, et lui… il provoquait mais ensuite il est parti, c’etait pas pour nous mais pour son pote. On partageait quoi… »]

On one hand it is a dance of anonymity and on the other it is crucial to have an individual identity, and style. They speak about style but in fact the steps require a kind of anonymity (in danse debout; perhaps not the case for break)

• César gives pointers on movement quality for « danse debout »: « les coudes supendus, suspension, relacher les avant-bras et les poignets », etc. Later he says this part was « catastrophe ».

• For the « partie sol », dancers do better, s’éclatent. César says it’s more spectaculaire, etc.

• At end, César explains he has no preference for left/right coupole etc. But needs « danseurs complets ». Lots of « patin » in spectacle. Also says he wants « musicalité » in dancers.

• Cinq« femmes » total, sometimes they « se désistent » (during sol). Most are quite good.

• « Variation debout » isn’t counted; Daniel says “tac-tac” and is later made fun of. Guillaume counts variation « au sol » and tells them “essayez d’etre dans les comptes, sinon on ne sera pas ensemble. 4-on est la” etc. Gilbert makes the whole group count together while breaking. Asks if there are questions, etc. César later says he needs to give a pedagogy lesson to Daniel who never looked at his group. • At end, Gilbert says “merci d’avoir venu” and company later makes fun of him. César describes him as previously an « ado avec son nounours » and now with a girlfriend (who was at the audition with him, kissing, watching,etc.).

• César didn’t have company so for L’Armure ! Dancers were hired through same kind of audition. (except he said Gilbert has been with him “from the beginning”). The tour for the spectacle is a production of the Parc de la Villette (second time they’ve done this). And since César no longer has status as “young artist etc.” it’s no longer

the Cellule d’Initiative d’artistes en danses urbaines” (Fondation de France).

• I remark on general quality of women there today, try to solicit a reply. César agrees without really adding. Hubert says something like so-and-so she is really progressing. As a general commentary on « les filles », César says something like: « j’ai vu des filles super-bien-sapées, elles avaient pris quelques cours avec Andréa-Lou, elles arrivaient dans l’audition mais… faisaient de la télé » (by this I understood « danse tres commercialisée, des clips-video » etc.); or « c’était une danse de télé » (of course, NB César himself was on tele; his next project is a documentary…)

• sometimes their students are asked to teach classes (banlieue/province) and thus the quality of teaching goes down.

[• César says he taught but was never a good technician. Stopped dancing after 3 operations on knees, and bad back. Today he is limping, says he took a « calmant » for his back.]

• Hubert says they should be « agrégés » but not « diplômés ». • The other says it’s important to earn a living, get paid, etc.

• both agree that « diplôme » will flatten out styles and suppress creativity; that developing an individual style is crucial to hip hop.

• both agree that it is crucial to have good explanations in teaching; some students can learn without but teachers need to be able to explain in different situations for different bodies, how to do a certain movement.

• both agree that their status as artists is not yet widely accepted in France. People say hip hop is good for youths in the « quartiers » but hip hop as a « danse de scène », as art is not yet respected broadly.

• both agree that the situation in US is one in which hip hop is much worse off, still a « danse de rue ».

• both agree that so-called “soirées hip hop” in France have become chic affairs where people dress up, and if they arrive in baggies-baskets they are turned away. Where is the hip hop « là-dedans »? they ask.

• Both agree that they have no power to change things. That at the highest levels of hip hop people se mangent. I ask about possiblity of organizing, as Jean Djemad suggested at La Villette ’96, as group of dancers. “syndicat or whatever” Hubert thinks a syndicat would be worse in some ways, demand things.

[N.B. At the same time, they have cell phones, they have shoes and clothes, they go on vacations; Hubert is going skiing, etc.; their contract for tour sets them up with nice things, if not star treatment much better than in US similar level.]

César says he worked three months/5 days a week with dancers for L’Armure!

Promotional materials (in spite of perfect English, for the most part) simply do not translate into English. Descriptive terms, the way the French talk about choreography and creation doesn’t work in English, not unlike Michel Serres’ thinking!

Future dates: « Répétition, Halle aux cuirs à la Villette » (which will be re-aménagé), fin avril. They rehearse for a few days before going on the road.

ANNEXE 3