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Quelques commentaires sur les motivations des structures

2. À la recherche d’une structure d’accueil

2.4. La réception des demandes de stage ou de contrat d’apprentissage par les structures

2.4.6. Quelques commentaires sur les motivations des structures

Les structures « accueillantes » ont ainsi au moins trois grandes catégories de motifs. Elles reçoivent des jeunes en formation professionnelle initiale car elles entendent leur « rendre service », ainsi éventuellement qu’à leur établissement de formation, à l’un de leur enseignant ou formateur, voire à l’un au moins de leur parent ou à un client, ou bien les recruter à terme, ou bien encore tirer profit du travail qu’ils sont susceptibles de fournir. Ces diverses motivations se retrouvent aussi bien pour les PFMP que pour l’apprentissage.

La première motivation citée et dans une moindre mesure la deuxième semblent dominer clairement ici sur la troisième, en probabilité de fréquence et en poids accordé. Cependant, il est très probable

que les acteurs des structures ont tendance à minorer dans leurs discours la troisième catégorie de motifs, moins valorisante en soi et donc susceptible d’être moins admise, moins mise en avant explicitement.

En outre, il est à noter que ces trois catégories de motivations peuvent très bien se retrouver partagées toutes les trois ou en partie par la même structure d’accueil, avec une importance qui leur est chacune accordée de nature variable. Cette présence simultanée des trois grands types de motivations ou au moins de deux d’entre eux se révèle notamment au fil du temps, en fonction de l’évolution de la structure et de son expérience en matière d’accueil de stagiaires ou d’apprentis. Quand la structure épouse pleinement la logique du service rendu, en particulier dans le cadre d’une relation partenariale suivie avec un établissement de formation, il semble qu’elle aura alors tendance à accueillir le plus souvent possible (selon son organisation, son fonctionnement…) des jeunes en formation, sans pratiquer outre mesure de la sélection ou de la présélection au préalable. A titre d’illustration, le service Prévention et sécurité du musée enquêté, qui s’investit avant tout dans leur accueil et leur tutorat pour leur être utile et leur rendre service, reçoit depuis au moins trois-quatre ans un nombre maximal de stagiaires. Dans la limite que se fixe ce service, pour ne pas en prendre trop en même temps et risquer de perturber son fonctionnement, cet accueil est désormais « systématique » : « On dit toujours oui à une demande de stage au sein du service « Prévention et sécurité. […] Toujours oui en gardant la limite de deux stagiaires simultanément présents » (tuteur, chef du service Prévention et sécurité, musée). Il n’y a donc pas de sélection des stagiaires pratiquée en amont par le musée. Ce sont ceux qui se montrent les plus rapides pour formuler leur demande de stage qui remportent la mise.

A l’inverse, mais toujours dans le cadre d’une relation partenariale, la structure aurait tendance à limiter quelque peu son accueil sur le plan quantitatif lorsqu’elle privilégie clairement la logique du pré-recrutement. Elle se centrerait alors de préférence sur la qualité de son accueil, au regard de ses besoins et de ses propres critères. De même, elle chercherait à donner plutôt la primeur aux PFMP de dernière année de bac pro, c’est-à-dire à celles qui précèdent l’entrée sur le marché du travail pour un certain nombre de jeunes. En outre, elle ferait plus couramment la promotion de pratiques de présélection des jeunes de la part de l’établissement de formation, et demanderait de fait plus souvent la possibilité de venir y conduire elle-même des entretiens, de quasi-embauche.

On présélectionne les stagiaires comme un candidat, on reçoit les CV, on fait un entretien, on les forme pendant le stage, c’est-à-dire qu’on essaie vraiment de leur montrer nos pratiques. Après, bien sûr, sur des compétences qui sont à leur niveau, mais l’idée c’est quand même de pouvoir déjà évaluer si après la formation on pourrait les embaucher […]. Alors bien évidemment que c’est bien plus léger que la sélection d’un recrutement. On n’attend pas d’eux qu’ils soient tout à fait au fait d’un entretien d’embauche, mais on les prépare à ça. Et puis ça nous permet aussi de voir parmi tous ceux qu’on rencontre ceux qui sont plus motivés à rentrer chez nous. Si en entretien ils arrivent, ils se sont déjà renseignés, ils ont regardé le site Internet, des petites choses comme ça, ça montre qu’ils sont vraiment intéressés à venir chez nous en stage, plus qu’ailleurs, et donc c’est plutôt ceux-là qu’on va retenir. [...] Je pense qu’on est plutôt une entreprise accueillante pour ces jeunes, on essaie en tout cas de l’être et tous les ans on a un certain nombre de stagiaires. On a un peu baissé cette année le nombre de stagiaires qu’on a intégrés, pour être encore un peu plus dans la qualité, justement. C’est un vrai objectif d’être plus dans la qualité, donc de vraiment encore plus prendre un stagiaire là où il y a un besoin dans l’avenir en termes de recrutement, et donc le chef d’équipe sera d’autant plus investi en espérant plus tard le recruter, ça c’est important (directrice des ressources humaines, PME dans la fabrication aéronautique).

Il semble également intéressant de se demander si des différences se manifestent pareillement, au moins en termes de grandes tendances, au niveau des modalités de prise en charge effective des jeunes en entreprise et des pratiques de coordination avec les établissements de formation. Bref, dans quelle mesure la principale logique d’inscription dans le tutorat qui caractérise telle ou telle structure contribue-telle à influer sur les formes qu’il prendra ensuite concrètement ?

Nous retiendrons du chapitre 2 :

 La recherche des structures d’accueil est une source constante d’interrogation et d’inquiétude pour les jeunes et les équipes pédagogiques, elle débute parfois un an avant. 

A

en croire leurs propos, les enseignants ont peu de temps alloué pour faire cette recherche,

et évoluent dans des systèmes d’organisation qui ne se révèlent pas forcément des plus favorables.

 Le passé professionnel d’un enseignant ou d’un formateur peut lui permettre d’accéder à des terrains de stage ou des places d’apprentissage, de même le développement de partenariats au fil du temps constitue un atout pour tous les enseignants ou formateurs qui s’engagent dans pareille recherche.

 Les jeunes sont d’abord invités à rechercher par eux-mêmes leur structure d’accueil surtout en première et en terminale. Les élèves mineures ont plus de difficulté. De plus en plus de lieux accueillent uniquement des majeurs. L’apprentissage (qui démarre en première dans les cas étudiés) recrute d’emblée un nombre toujours plus élevé de majeurs.

 La recherche de structures d’accueil par les élèves peut venir percuter celle réalisée par les établissements de formation

 Sollicitées très en amont par les établissements scolaires pour un accord de principe sur l’accueil de stagiaires, certaines structures peuvent rencontrer des difficultés pour se projeter aussi loin dans le temps compte tenu de leur taille (ce sont de petites structures, avec peu de personnel).

 Les établissements acceptent d’accueillir des élèves pour trois grandes raisons principales en ordre d’importance :

o Pour rendre service aux jeunes ou aux établissements de formation (en jouant le jeu du partenariat), voire à des acteurs tiers (parents, clients) ;

o Pour recruter à terme et plus largement former les professionnels du métier de demain ;

o Pour avoir une main d’œuvre accessible, capable de fournir à peu de frais un travail utile.

 Dans des contextes professionnels où l’apprentissage reste peu développé, les petites structures sont plus en difficulté pour accueillir des apprentis. Elles ont en particulier peu de personnel disponible pouvant être tuteur sur une plus longue période.

3. Les trois phases clés des périodes de formation au sein des