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3. Les trois phases clés des périodes de formation au sein des structures

3.3. Le retour au lycée ou au centre de formation

3.3.2. L’écrit, le rapport de stage

Dans le domaine de la voie scolaire, les PFMP sont également exploitées sur le plan pédagogique à travers les rapports de stage ou les « dossiers professionnels » auxquels elles donnent lieu. Remis souvent peu de temps après la fin d’une PFMP, le rapport de stage est noté et pris en compte dans l’évaluation globale des élèves. En première, il sert à l’obtention du CAP, en tant que certification intermédiaire, et fait donc l’objet d’une exploitation pédagogique à part entière. En terminale, il intervient grandement dans la notation et l’obtention du bac. A noter qu’il prend alors la forme d’un dossier professionnel à réaliser en sécurité, faisant la synthèse des différents stages réalisés pendant le cursus, soit en sécurité-incendie, soit en sûreté, selon l’orientation prioritaire choisie par le jeune. En principe, les stagiaires commencent à concevoir et à rédiger leurs rapports de stage pendant le déroulement des PFPM, en prenant au moins des notes et en récupérant des documents. Les enseignants les accompagnent pour la réalisation de ces rapports, en amont sur le plan méthodologique et en aval sur le plan rédactionnel.

En 1re on fait la même chose. Les PFMP 3 et 4, donc, c’est les 1res. Toujours le même type de présentation, sauf que là on ne leur donne plus de trame, ils

doivent rédiger par eux-mêmes. Donc ils nous rendent un dossier rédigé, on leur donne ça, de toute façon ils ont toujours cette grille avant de partir, de façon à pouvoir prendre des notes. Et en plus on leur explique, quand même, toutes les grilles. Et souvent il y a un travail particulier à faire. Par exemple, pour la PFMP n° 3, on leur a demandé un travail plus spécifique sur tout ce qui était projet d’animation au sein de la structure, puisque dans les évaluations de PFMP il y a une évaluation – qui se fait soit en fin de 1re, soit en fin de terminale –, qui est une évaluation sur le projet d’animation. Donc déjà à la PFMP n° 3, donc en début de 1re, on leur demande de regarder un petit peu comment ça se passe. Et c’est la même chose pour la PFMP n° 4, donc en fin de 1re : il y a toujours cette partie commune de présentation de la structure qui ne bouge pas, et là on leur demande un travail sur le projet d’accompagnement d’une personne. Tout simplement parce que au cours de la première PFMP de terminale, donc la n° 5, il va falloir qu’ils suivent une personne, et qu’ils montent un dossier qu’on appelle le dossier E13. Et le dossier E13, c’est celui qui va être présenté au baccalauréat. Donc on essaie à chaque fois, à la PFMP précédente, de déjà préparer ça (enseignante professionnelle, lycée 3).

Quant aux tuteurs, leur contribution varie fortement. Certains apportent une aide considérable en termes informatifs et même rédactionnels, permettant même parfois à leur stagiaire d’avoir fini la rédaction de leur rapport de stage avant la fin de la PFMP. D’autres tuteurs restent largement en retrait à ce niveau, laissant le stagiaire se débrouiller totalement dans la rédaction de son rapport. Dans tous les cas de figure, les tuteurs sont censés toujours vérifier son contenu, notamment pour contrôler que ce qui est écrit est correct et s’assurer que l’élève n’a pas récupéré une pièce ou fait part d’informations de nature confidentielle.

En première et en terminale sous statut scolaire, les rapports de stage donnent lieu à des soutenances orales, qui constituent autant d’autres occasions d’exploitation pédagogique : « Les questions sont posées en lien avec le rapport, sur les références du référentiel. Donc oui, c’est un réel travail sur leur stage, on l’exploite, on l’exploite vraiment ». Dans le secteur des services à la personne, ce rapport est soutenu à l’oral et constitue l’épreuve E13.

Et en fait l’objectif c’est de préparer leur épreuve E13, parce qu’à la première PFMP l’an prochain elles vont devoir suivre une personne pour préparer cette épreuve dite E13 qu’elles soutiendront au baccalauréat. Et la grille de notation de l’épreuve E13, ce n’est pas une notation sur le lieu de PFMP, c’est nous qui la notons en oral, mais c’est quand même à partir de la PFMP qu’elle se passe. […] La lecture du dossier, et un entretien de 45 minutes. Il y a un oral qui dure 45 minutes pour cette épreuve E13 (enseignante professionnelle, lycée 3).

En apprentissage, notons qu’il y a aussi des examens oraux qui se déroulent au sein des CFA ou des UFA, et qui requièrent la présence des tuteurs.

Dans les deux voies de formation, l’implication des tuteurs est à nouveau disparate concernant ces soutenances ou examens oraux. Certains y participent, d’autres non. Sans doute, l’éloignement géographique et le manque de disponibilité jouent-ils dans la non-participation de nombreux tuteurs à ces oraux. Mais certains enseignants et formateurs dénoncent plus ou moins directement le manque d’implication de ces tuteurs et même parfois de respect vis-à-vis des jeunes qu’ils ont encadrés ou encadrent.

En définitive, ce sont bien ces moments de débriefing collectif ou individuel, ces rapports de stage, ces soutenances, qui servent aux enseignants et aux formateurs pour exploiter pédagogiquement les actions de tutorat, et construire/ajuster leur propre action au sein de l’établissement de formation, pour s’inscrire dans une optique de co-formation et de construction de parcours diplômants. En

effet, ils disposent là de nouvelles sources d’informations sur les tâches exécutées et non-exécutées par les jeunes en entreprise, au regard du référentiel du diplôme visé, outre les livrets ou les carnets de liaison qu’ils sont censés regarder aussi dans cette perspective. Ils peuvent dès lors influer sur les prochaines PFMP des élèves de façon à ce que ces derniers aient le plus de chances de couvrir les tâches à effectuer, et aménager au sein de leur établissement des situations pour les tâches non- abordées et à l’évidence non-abordables en entreprise – même si un tel aménagement ne pourra jamais être aussi enrichissant et apprenant qu’une situation réelle de travail. Cela renvoie à la professionnalité de l’enseignant ou du formateur, en tant qu’accompagnateur du processus de formation et d’accès au baccalauréat professionnel.

Ils ont quand même cinq périodes, donc on arrive à scanner pratiquement toutes les tâches, et s’il y a des tâches qui n’ont pas été abordées, elles seront abordées en atelier ici (professeur de dessin industriel et de construction, lycée de l’Aéronautique)

Ensuite on va retravailler derrière, c’est-à-dire que quand ils sont revenus de PFMP c’est pareil, on va s’appuyer sur ces connaissances et compétences qu’ils ont eues, et donc on va retravailler, revoir, approfondir tout ce qu’ils ont vu. Par exemple en 1re on fait le feedback de la 2de, et puis ils sont allés plus loin en 1re, normalement c’est comme ça, c’est une progression. […] En théorie, toutes les compétences qu’on ne peut pas faire valider sur place pour des raisons pratiques, comme cette histoire de feu, on les crée ici. On ne met pas le feu à l’établissement mais… pas loin ! [Rire] (professeure de droit, lycée de la sécurité). Certaines sociétés ne peuvent pas tout faire. Prenons l’exemple d’une société : on a un apprenti qui travaille pour le service d’incendie des aéroports de [X], dans des espaces clos, fermés au public, avec une société externe, privée, qui s’occupe du filtrage. Donc en fait lui ne peut pas s’occuper du tout de malveillances. Donc là on ne peut pas demander à cette entreprise de voir tout le volet « malveillances », il va falloir que nous, ici, au sein de l’UFA, on compense ça par des exercices pratiques. C’est un exemple, mais il y a des sociétés, on ne peut même pas essayer de voir comment négocier, puisque ça n’existe pas dans la société (DDFPT, lycée de la sécurité)

Pour coller au référentiel, on leur fait faire des petites pièces, ou des réalisations, des déposes, des diagnostics essais qu’on fait sur nos appareils ici, dans nos ateliers, mais normalement ça aurait dû être développé en entreprise. Donc ils l’auront vu ici, mais pas suffisamment approfondi (formateur en techniques aéronautiques 1, CFA de l’Aéronautique).

Si les tuteurs n’apparaissent pas toujours partie prenante dans cette exploitation pédagogique des périodes de formation en entreprise, on remarque en contrepoint que les établissements de formation ne leur en font eux-mêmes aucun retour. En PFMP, les tuteurs et leur structure sont destinataires d’une lettre de remerciements et du rapport de stage, mais n’ont pas d’écho, de la part du lycée, de l’évaluation de ce rapport quand elle ne donne pas lieu à une soutenance ou lorsqu’ils n’ont pas pu y assister. Pas plus qu’ils sont informés par ce lycée sur la réussite ou non du jeune à ses examens en terminale. Sauf problème particulier évoqué par le jeune, les tuteurs ne sont pas non plus tenus au courant du contenu des échanges au cours des débriefings en apprentissage. La restitution de ces diverses informations est finalement laissée à l’initiative des jeunes. Beaucoup d’entre eux, notamment en sécurité où les tuteurs s’intéressent en général à leur évolution et à leur devenir, le font d’ailleurs.

Le rapport de stage leur est donné, ça c’est une évidence. Est-ce qu’il y a un retour ?… Pas forcément. Qu’est-ce qu’on a comme retour par rapport aux tuteurs ? Ils ont leur rapport de stage, et puis on a une lettre de remerciement

particulière, on entretient notre réseau, on remercie chaleureusement, voilà (professeure de droit, lycée de la Sécurité).

Disons qu’il n’y a pas une information systématique de notre part, de dire au tuteur : « Voilà, la soutenance s’est passée comme ça, comme ça et comme ça », sachant qu’il faudrait qu’on reste quand même global puisque c’est une note d’examen, donc tant qu’elle n’est pas passée au jury final elle est confidentielle. Et puis il n’y a pas d’information non plus quant au résultat, de notre part. On pourrait systématiquement envoyer un courrier aux entreprises en disant : « Le stagiaire que vous avez eu telle année pendant tant de temps, il a eu son examen » (DDFPT, lycée de la Sécurité).

Une fois que le stagiaire est parti, on n’a plus de retour. On sait même rarement s’il a été diplômé ou pas. On le sait parce qu’ici en interne, ils ont gardé des contacts avec le chef d’équipe ou avec les autres collaborateurs, mais sinon on n’a pas de retour, très peu. » (directrice des ressources humaines, PME dans la fabrication aéronautique).

— Par exemple, les débriefings que réalisent les établissements scolaires, vous n’avez jamais d’éléments d’information dessus ?

— Ah, ils en font, des débriefings ?

— Euh… de ce que j’ai compris, oui.

— Ah oui ?… […] Ah, si ! Si, si, M. [X] m’en avait parlé lors de la réunion, oui. — Mais vous n’avez jamais de retour sur ça ?

— Ah non, non. La preuve, voyez, c’est que j’avais oublié. J’avais oublié. Mais même un mail ou quelque chose… Est-ce qu’à l’école il travaille bien ? Est-ce qu’il fait le bazar ? Est-ce qu’il est leader ? Est-ce qu’il dort ? J’en sais rien, il peut même dormir, je n’ai même pas le résultat de ses notes… » (tuteur, TPE dans le domaine de la sécurité-incendie)